Eryn transplana jusque dans la grande rue de Pré au Lard. La journée était en train de s'achever tandis qu'elle se dirigeait vers les Trois Balais. Rosemerta l'acceptait encore dans son établissement uniquement parce qu'elle y louait une chambre, mais depuis qu'elle avait à moitié détruit son pub avec John Pears, la propriétaire semblait n"espérer que son départ.
Elle poussa la lourde porte de la taverne et savoura la chaleur de la pièce. Il y avait du monde, difficile de rester tranquille mais elle avait besoin d'un remontant d'urgence. La jeune femme s'installa au bar et commanda une Bièraubeurre. La boisson dans les mains, Eryn soupira. Sa vie sombrait de plus en plus, ça en devenait alarmant. Sa rencontre avec Dante di Dinozzo n'arrangeait rien. Après avoir fait sa petite crise de deuil, voulant se prouver qu'elle méritait de s'amuser, elle n'avait fait rien d'autre que de sombrer encore plus bas.
Lamentable.
Un homme s'approcha d'elle soudainement.

- Ca te dis un verre, ma jolie ?
- Casse-toi, répliqua Eryn en sortant sa baguette.

Il ne se fit pas prier deux fois.
Eryn soupira une nouvelle fois.

- Une autre, commanda-t-elle.

Eryn bu son nouveau verre quand la porte de la taverne s'ouvrit. Par réflexe, elle se retourna pour voir qui entrait.
Lorsqu'elle vit son visage, son coeur descendit au niveau de son estomac.
Aaron Smith se tenait là, à l'entrée et ne semblait pas savoir s'il devait rester, attaquer ou l'ignorer. Eryn elle, senti son coeur battre plus vite. Différents sentiments se disputaient en elle mais il était incontestable que la haine et la peur dominaient.
Faute de mieux, elle lui tourna le dos, décidant de l'ignorer, de le provoquer. A croire qu'elle ne pouvait rien faire d'autre en sa présence.

Eryn serra les dents. Il ne prit même pas la peine de lui demander l'autorisation de s'asseoir à sa table, pensant surement que sa présence était pour elle un délice. Quel prétencieux ! Quand leurs regards se croisèrent, Eryn ne parvint à s'empêcher de rougir. Et dire qu'il l'avait vu presque nue...

- Bien, jusqu'à maintenant, Smith, répondit-elle avec un léger sourire.

Leur petit jeu de provocation allait se répéter, elle le sentait. A croire qu'ils n'avaient d'autre moyen de communication.

- Alors Smith, dit-elle d'un air dégagé. Tu prends un verre entre deux Doloris ? J'espère que le prochain ne sera pas pour moi.

Eryn l'observa d'un regard enflammé. Comme à chaque fois, le voir sourire lui donnait envie de sauter par dessus la table et de le rouer de coups. Il était d'une telle arrogance que c'en était effrayant. La jeune femme rousse se redressa sur sa chaise, tendue à l'idée de constater que Smith exerçait encore et toujours son aura fascinante sur elle.
Sa baguette, elle n'était pas loin. Avec un frisson, Eryn se dit que même si elle parraissait détendue, elle craignait un autre combat face au Mangemort bien que tout son corps ne désirait que de lui faire du mal.

Eryn éclata d'un grand rire, plusieurs têtes se tournaient vers elle maintenant.

- Smith, dit-elle avec des airs de mère parlant à un enfant particulièrement naïf. De nous deux, qui a rejoint la table de l'autre ? Si fascination il y a, je ne crois pas en être victime. (elle appuya sa tête sur son poing gauche) Tu ne fais que de te mentir, Smith.

Eryn but une autre gorgée de Bièraubeurre. Comme la fois précédente, ils avaient beau savoir que la situation pouvait dégénérer à la moindre phrase de trop, ils semblaient éprouver un plaisir commun à se provoquer ainsi.
La jeune femme rousse eu un sourire rayonnant.

- J'aurais aimé te faire autant d'effet que tu en as eu sur moi Smith, je l'avoue. Mais je crois que ma nudité ne pouvait rivaliser avec un petit garçon de huit ans.

Elle arqua un sourcil.
Décidément, Smith était le Mangemort qu'elle aimait hair. Sa tendance à se croire aussi exceptionnel et attirant le rendait presque sympathique. Et pourtant, son envie de le frapper était toujours présente.

- As-tu réglé ton problème d'incapacité sexuelle Smith ? demanda-t-elle d'une voix un peu trop forte. Je sais que ça te rend malaimable.

Une regard de feu et un sourire charmant aux lèvres, Eryn savoura le plaisir de le provoquer.

Eryn comprit lorsqu'elle avait dépassé la limite. Une seconde plus tard elle traversait la salle accompagnée par la table qui se fracassa contre elle. La jeune femme cligna des yeux, aveuglée par la douleur l'espace d'un instant. Son souffle fut coupé sous la force du choc et ne parvint pas à respirer immédiatement.
Smith s'était emporté plus vite qu'elle l'avait supposé.
La salle était devenue silencieuse. Rosmerta sembla exaspérée à l'idée qu'Eryn provoque une bagarre presque à chaque fois.
Tremblante, elle repoussa la table en bois qui s'était fracassée mais ne se releva pas. Sa bouche était en sang mais elle fut rassurée de sentir que ses dents n'étaient pas cassées.
Smith se tenait debout, face à elle.
Eryn lui souria avec haine, le regard empoisonné.

- Je suis déçue de réaliser que tu as de moins en moins de répartie, Smith. (elle se redressa) Je suis prête à perdre tout mon sang pour le simple plaisir de voir cette expression figée sur ton visage.

Avec maladresse, elle se mit debout et approcha du Mangemort. Elle s'arrêta à quelques centimètres de lui, comme à chaque fois qu'elle résistait à l'envie de l'exploser en morceaux. Son corps se mit à brûler au contact du souffle de Smith et sa haine l'aveuglait presque. Comment pouvait ton autant détester quelqu'un ?

- Si tu voulais encore me voir nue, ce n'est pas le meilleur moyen, Smith, dit-elle dans un souffle.

Sans prendre le temps de jeter un sort, elle frappa l'homme du pied avec autant de force que le sort de ce dernier avait projeté Eryn. Sa haine la rendait plus puissance, stimulant ses muscles.

- C'est toujours un plaisir de te revoir !

Eryn essuya à nouveau sa bouche pleine de sang.
Elle le haissait tellement...

Eryn se tenait prête. Baguette levée, poing serrés, elle ne savait même plus avec quoi attaquer. Et pourtant, elle fut perturbée de voir Smith ranger sa baguette. Sa surprise était telle que la jeune femme manqua de lui dire "Bah ! Qu'est-ce que tu fabriques ?!". Et pourtant, des deux, celui qui semblait le plus perdu était le Mangemort.
Figée sur place, elle le regarda quitter la taverne. Quand la porte se referma, Eryn senti comme un sentiment de vide. Que lui arrivait-il ? Pourquoi ne se battait-il pas ? Et que voulait dire l'expression sur son visage ?
Tendue, Eryn leva sa baguette et répara la table qui retrouva son état initial. Personne n'osait parler et beaucoup avaient apparement peur d'elle. Il faut dire que Smith était un homme impressionnant et le voir tourner les talons face à Eryn laissait entendre qu'il la craignait.
Ce n'était pas ça... !
Eryn poussa un grognement de frustration. A quoi jouait-il ? Partir comme ça était pire qu'un duel à mort à ses yeux.
La jeune femme rousse courru presque jusqu'à la porte et sorti dans le froid de l'hiver à la poursuite de Smith.
Cependant la rue était déserte.
Eryn resta quelques secondes à regarder autour d'elle, le cherchant des yeux. Il était parti. Aaron Smith était parti en la laissant en position de force.
Loin d'être rassurée, Eryn rentra.
Cette nuit là, la jeune femme ne parvint à trouver le sommeil, effrayée à l'idée de ne pas voir le jour.
Mais Smith ne vint pas s'en prendre à elle pendant la nuit, ni pendant les suivantes.