Sur une coline déserte entourrée d'arbres avançait une femme habillée d'une lourde cape noire d'encre dont la tête était couverte d'une large capuche. La longue robe noire de la jeune femme se soulevait au rythme de ses pas tandis qu'elle avançait vers le centre de la clairière, où se trouvait un imposant rocher. Le vent soufflait dans une musique mélancolique et faisait danser les feuilles dans une valse hypnotique.
La nuit allait bientôt tomber sur le ciel d'Irlande. La jeune femme s'arrêta devant le rocher, le visage fermé à toutes émotions.
Son visage...
D'un pâleur fantômatique, il semblait briller dans la nuit naissante. Eryn Peters faisait partie de ceux qui portent bien le deuil. La tristesse digne qu'elle ressentait embellissait ses traits et son regard si sombre lui donnait des airs de veuves redoutable.
Redoutable, elle l'était devenue. Voilà maintenant deux ans que Jackson Peters, son mari était mort, la laissant dépourvue d'âme, d'espoir.
La jeune femme rousse s'accroupit devant le rocher. Personne qui n'était pas sorcier ne pouvait venir ici et comprendre que cet endroit était en réalité une tombe. La jeune femme leva sa baguette et des mots se mirent à luir dans la roche.

Jackson PETERS
Amour de ma vie
11 Juin 1975 - 23 Février 1999

Une larme coula sur le visage de lune de la jeune femme. Ceci eu le don de la surprendre. Elle n'avait pas pleuré depuis si longtemps. Sa douleur était si forte, si dévorante que les larmes n'étaient plus suffisante pour l'exprimer. On pouvait uniquement imaginer le vide, le désespoir que la mort de Jackson avait provoqué en elle lorsqu'elle tuait un Mangemort.
C'était ici même, à l'endroit où se trouvait le rocher qu'Eryn et Jackson avaient plantés leurs tente pour la dernière fois. La jeune femme ferma les yeux instant. Elle se souvenait encore avec perfection la dernière nuit qu'elle avait passée dans les bras de son mari, son amour, son amant. Ils s'étaient aimés jusqu'à l'aube, heure à laquelle où Jackson avait quitté le lit pour prendre quelques photos.
Il n'est jamais revenu.
Des pas se firent entendre dans ce silence de mort. Rapide, Eryn se retourna, baguette levée.
Peter Adams se trouvait là, à quelques mètres d'elle.
Eryn eu du mal à ne pas fondre en larmes maintenant qu'il était présent. Le jeune homme avait été l'ami, le frère du couple et lui aussi avait perdu sa femme qui était une amie si chère à Eryn. Il ne restait plus qu'eux maintenant. Deux âmes perdues sur terre et ratâchées à ce monde par le simple désire de vengeance.

- Peter..., dit-elle d'une voix faible. Merci d'être venu.

Elle l'observa s'approcher lentement et leurs regards se croisèrent. Eryn ressenti une vague de chaleur l'envahir. Un sentiment positif qu'elle ne parvenait à tolérer en cet instant si dramatique.
La jeune femme détourna le regard et renifla.

- Voilà. Deux ans.

Eryn eu envie de mourir dès l'instant qu'elle avait prononcé ces paroles.

« Déjà … Ça passe tellement vite »

Eryn ne trouva rien à dire. Elle se contenta de hocher la tête et de renifler. Elle aurait aimé dire à Peter qu'il n'avait pas desoin de parler, que sa simple présence suffisait, mais entendre sa voix la ramenait à la réalité. Il était Peter Adams, son ami et lui présentait son soutien face à la mort de Jackson, son mari.
La jeune femme senti une vague de douleur l'envahir. Elle avait honte de se dire qu'une bonne partie de ses pensées lui étaient destinées en un jour pareil. A quoi jouait-elle ?! Deux ans seulement après la mort de Jackson, elle commençait déjà à dérailler ? Elle n'était rien d'autre qu'une moins que rien ! Peter lui était veuf depuis maintenant quatre ans et il ne ressentait pas le désire de s'éloigner de son but qui est de venger sa famille. La jeune femme pleura.
Quatre ans. C'est si long et si court à la fois. A partir de combien d'années de deuil pouvait-elle tourner la page sans ressentir de honte ? Une partie d'elle n'imaginait même pas la vie sans ressentir de haine envers les Mangemorts et pleurer la mort de Jackson. Mais une autre ressentait le désire toujours plus fort de passer à autre chose. Elle était encore jeune. Peut être tomberait-elle amoureuse et aurait des enfants ? Bien que sa vie ne serait jamais aussi belle qu'elle aurait pu l'être avec Jackson, la jeune femme ne se serait pas perdu dans des émotions aussi destructrices que la haine...

« Tu n’as pas trop froid ? »

Eryn releva vivement la tête. Peter l'avait sorti de ses pensées. Il semblait si fort à côté d'elle. Lui avait tenu quatre ans alors qu'au bout de deux, Eryn commençait déjà à douter.
Incapable de parler, elle se contenta de hocher la tête. Elle avait froid. Son coeur était gêlé et son corps tremblait. Revenir ici lui faisait plus de mal que de bien car la confrontait à la réalité.
Jackson est mort.

- C'est juste que, commença-t-elle d'une voix tremblante. Je n'arrive toujours pas à me dire qu'en me réveillant, il ne sera pas à mes côtés.

A chaque mot elle menaçait de fondre en larmes.

- Je n'entendrai plus le son de l'appareil photo alors que je suis endormie. Je n'entrerai plus dans la cuisine pour voir ce qu'il a préparé de bon. Plus jamais il ne me dira qu'il m'aime, que...

S'en était trop. Eryn senti ses jambes se dérober sous son poids et tomba à genoux, le visage ruisselant de larmes. Elle avait finalement craqué. La douleur avait été trop forte. Elle cacha son visage dans ses mains et se mit à pleurer comme elle n'avait pas pleuré depuis si longtemps.

- Jackson... pardonne moi...

Eryn avait honte de se montrer ainsi devant Peter, aussi faible, humaine. Elle aurait aimé montrer sa souffrance avec dignité mais elle en était incapable. Si elle demandait pardon, c'était parce qu'elle avait honte d'avoir envisagé sortir de son deuil ce jour là. Cette pensée la rongeait de l'intérieur. Jackon avait été tué pour rien, son corps avait été souillé et si sa propre femme ne préservait pas sa mémoire, alors qui le ferait ?

Le vent vint rafraîchir les joues humides de la jeune femme dans une sensation de brûlure. Sa vision était brouillée par les larmes et elle ne cessait de trembler. Quand Peter vint s'agenouiller auprès d'elle, celà n'arrangea pas la situation. Eryn resta les yeux fixés sur la tombe, comme si par ce simple fait, elle obtiendrait les réponses à ses questions.
La jeune femme rousse ferma les paupières, se remémorant ce pourquoi elle se battait tous les jours, pourquoi elle souffrait autant aujourd'hui. Elle aimait Jackson. Deux ans après sa mort, elle en était encore désespérement amoureuse. Il avait été le seul homme à la traiter avec tendresse et respect. Eryn se souvenait encore de la façon qu'il la regardait, avec une avidité presque adoratrice. Jackson aimait les belles choses, et à ses yeux elle en faisait partie. Voilà pourquoi il ne cessait de la prendre en photo, savourant chaque instant qu'elle lui accordait comme si c'était un honneur suprême. De son côté, Eryn ne pouvait s'empêcher de se dire dès qu'elle posait les yeux sur lui qu'elle était la femme la plus chanceuse du monde. Il avait des yeux bleus rêveurs et un sourire amoureux. Son humour, sa personnalité, l'énergie qu'il dégageait et son charisme la charmaient à chaque instant de leur temps passé ensemble. Elle entendait encore le son de sa voix sans son sommeil, avec le douloureux espoir qu'elle le trouverait allongé à ses côtés, l'observant de son regard pétillant, un sourire amusé aux lèvres. Etre avec Jackson avait pour elle comme tomber amoureuse toutes les secondes.
Pour toutes ces raisons et tellement d'autres, Eryn souffrait. On lui avait arrâché Jackson, son amour, son souffle de vie, son âme. Comment pourrait-elle continuer à vivre sans lui désormais ?
Peter s'agenouilla à ses côtés. Le savoir si proche d'elle que ce soit géographiquement qu'émotionnellement lui donnait envie de vomir. Elle nouait des liens trop forts avec celui qui aurait pu être un frère pour elle. Et pourtant Eryn sentait au fond d'elle, quelque part où les sentiments honteux osaient s'exprimer d'une faible voix, que Peter n'a jamais été et ne sera jamais un frère à ses yeux.
Ses yeux... Quand Eryn croisa son regard d'un bleu si saisissant, elle se senti inutilement rougir. Jackson avait des yeux semblables. La jeune femme rousse leur en avait souvent fait la remarque. Elle eu la douloureuse envie de le repousser, de lui dire qu'il la dégoûtait, qu'il n'avait pas besoin d'être aussi gentil avec elle, qu'elle ne le méritait pas, mais tout cela aurait été pour Eryn un simple moyen d'extérioriser son propre dégoût d'elle même, de son attitude, de ses pensées sur la tombe de son défunt mari. Peter agissait comme un ami, il prenait soin de la femme restée derrière lui, rien de plus. Eryn, elle, était l'indigne, l'impure.
Il posa sa main chaude sur la joue glacée de la jeune femme. Sa peau qui était plus blanche que d'habitude commença à se teinter de rouge. Eryn eu soudain l'envie de se laisser tomber dans ses bras et pleurer encore et encore son amour perdu. Elle voulait sentir que quelqu'un sur terre pouvait encore prendre soin d'elle, qu'elle avait encore une raison de se battre au lieu de se jeter sous un train comme une parfaite Moldue.

" Ce n’est pas ta faute " murmura t’il avec conviction en la regardant droit dans les yeux "Tu n'y est pour rien"

Malgré elle, Eryn souria.
Il n'avait pas comprit et elle s'en félicita. Que dirait-il si il apprenait que la femme de son ami mort avait besoin uniquement de sa tendresse ? Peter se sauverait surement en courant. Lui disant qu'elle devrait avoir honte en pareille moment, qu'elle n'est qu'une offence à la mémoire de son mari, de celui qui l'aimait tant... Cependant, Eryn sentait, savait qu'elle n'aimerait plus jamais, qu'elle ne serait plus capable de désirer un homme comme ce fut le cas pour Jackson. Ce qu'elle recherchait chez Peter était simplement un peu douceur. Oui. Elle en avait terriblement manqué pendant deux ans. Mais même après tout ce temps, elle ne pouvait accepter le simple fait qu'il la touche sans ressentir une honte dévorante, une offence à la mémoire de leur famille perdue. Eryn ne put s'empêcher de se demander ce qu'il en était pour Peter. Lui aussi recherchait-il de la tendresse tout en étant parfaitement conscient que jamais plus il n'aimerait comme il a aimé Séléna ?

« Rentrons «

Rentrons.
Encore ce même mot. Ce n'était pas la première fois que Peter lui disait "rentrons" et pourtant, elle souffrait toujours avec autant de force en l'entendant parler ainsi.

- Rentrer ?dit-elle dans un sanglot. Rentrer où Peter ? Je vis dans une chambre d'hôtel ! Je n'ai pas dormi normalement depuis deux ans ! Je me réveille presque toutes les demi heures et vérifie que personne ne s'est infiltré dans ma chambre pour me tuer dans mon sommeil ! Je ne dors plus, je ne vis plus !

Elle s'arrêta, le souffle court. Elle n'avait pas crié et pourtant sa voix était cassée. Son visage aussi blanc que la lune luisait dans la nuit tombée sur l'Irlande. Eryn avait honte de se plaindre ainsi. Après tout, Peter était un Auror, lui aussi avait beaucoup d'ennemis. La jeune femme se senti terriblement stupide et secoua la tête lentement.

- Je suis désolée, reprit-elle avec douceur. Mais je n'ai nulle part où rentrer Peter. Je suis seule.

« Viens avec moi «

Ces paroles eurent le don de faire battre le coeur d'Eryn beaucoup plus vite, beaucoup trop vite. Où allait-il l'emmener ? Pourquoi partir maintenant ? En avait-elle le droit ? La jeune femme rousse baissa les yeux vers la tombe de son mari. Lors de son premier anniversaire de mort, elle avait passée la journée à pleurer ici. Cette fois, elle n'était restée qu'à peine une heure.
Quand Peter laissa glisser sa main de sa joue à son épaule, Eryn eu comme un vertige. Ce simple contact éveillait en elle des sentiments étrangement désagréables toujours accompagnés de cette même nausée.
La jeune femme leva les yeux vers lui. Elle ne comprenait pas ce qu'il faisait, ce contact, cette proximité était presque contre nature.
Quelques secondes plus tard, Eryn senti comme un crochet lui saisir le nombril dans une sensation familière. Elle saisit avec fermeté le bras de Peter, de peur d'être désartibulée avant de retomber lourdement sur un planchet.
Eryn mit plusieurs secondes à comprendre qu'ils étaient chez lui. Elle était chez Peter. Le jeune homme se leva plus vite qu'elle, apparement agité mais finalement, il retomba au sol. Visiblement, transplaner d'un autre pays et à deux lui avait coûté.

« Tu es en un seul morceau ? «

La jeune femme rousse hocha la tête mais ce fut inutile. Peter avait fermé les yeux.

- Oui, je vais bien.

Eryn n'arrivait plus à parler. Dans sa tête, une multitude de questions se bousculaient et pourtant sa voix était comme éteinte. Elle ressentait une grande fatigue, un besoin de calme et de silence qui fut pour la première fois surement, plus fort que sa curiosité.
Pourquoi Peter l'avait-elle emmené chez lui ? Pourquoi ne lui avait-il pas demandé son avis avant ? Avait-il peur qu'elle refuse ? Mais pourquoi aurait-elle refusé l'invitation d'un ami ?
Le sentiment de malaise s'accentua. Elle ne tenta pas de regarder Peter et apparement lui non plus. La jeune femme se redressa lentement et commença à observer la pièce. Avec un pincement au coeur, elle eu une sensation de familiarité.
Il y avait beaucoup de bois et l'endroit aurait put être chaleureux si Eryn ne visualisait que trop bien son ami arpantant ces pièces, la tristesse dans l'âme. Elle eu un frisson. Cet endroit était-il celui où son ami avait vécu avec son épouse et sa fille ? Avait-elle le droit de se trouver ici ? Pourtant elle ne faisait rien de mal... Mais le malaise était toujours là, plus brûlant que jamais.
La jeune femme se retourna enfin vers son ami. Il était clair qu'il ne se sentait pas plus à l'aise qu'elle. Cette "invitation" était un acte de générosité profonde, une preuve de leur amitié. Probablement était-elle la seule femme à n'être jamais entrée ici.

- Peter, dit-elle finalement. Tu... Tu n'es pas obligé, tu sais. Tu étais présent et c'est largement suffisant. Rien ne t'oblige à prendre soin de moi, surtout que je ne suis pas la meilleure compagnie qui soit...

Eryn se força à sourire. Une partie d'elle espérait qu'il la laisserait partir mais une autre, plus honteuse et pourtant plus délicieuse lui criait son envie de rester auprès de Peter, de le laisser prendre soin d'elle comme elle ne se l'était encore jamais permis.

*Tu devrais avoir honte...* se dit-elle avec dégoût.

« Non, tu as raison rien ne m’y oblige » commença t’il avec un sourire triste « je fais bien ce que je veux après tout »

Eryn respira avec un peu plus de facilité. Entendre Peter dire qu'il voulait qu'elle reste avec lui, qu'il était entièrrement libre de la vouloir ici, permettait à la jeune femme de moins culpabiliser à cette idée.

« Tu veux du thé ?»
- Oui, merci, répondit-elle d'une voix presque enrouée.

Peter entreprit de préparer le thé tandis qu'elle baissa sa capuche et retira sa lourde cape, dévoilant une robe noire au col plongeant et carré qui frôlait le sol avec élégance et aux manches amples. Jamais elle ne ressembla plus à une sorcière.
La jeune femme resta debout, au centre de la pièce. Que faisait-elle ici ? Pourquoi se trouvait-elle avec Peter à boire une tasse de thé alors que sa place était plus que jamais sur la tombe de son mari ?

« Je t’interdis de partir » dit-il le dos tourné.

Eryn sursauta. Ces paroles eurent le don de lui saisir le coeur comme une main de fer. C'était comme si Peter entendait ses pensées. Il lui disait tout ce qu'elle avait besoin d'entendre, le fait qu'il était libre, qu'il la voulait auprès de lui, reportant ainsi sur lui toute la responsabilité de sa présence ici.
La jeune femme rousse rougit légèrement et souria malgré elle.
Elle prit soin de ne pas croiser son regard quand il lui tendit sa tasse. Eryn voulu la saisir mais elle toucha les doigts de Peter. A ce contact, ce fut comme si une électricité violente parcourru son corps jusqu'à finir à son cerveau. Elle ressenti comme un poid derrière qui la poussait contre sa volonté vers Peter, dans une attraction difficile à tolérer. La jeune femme laissa tomber la tasse qui se brisa au sol en répendant tout son contenu.
Tremblante, Eryn s'accroupi pour nettoyer. Elle pouvait le faire debout, mais la jeune femme voulait éviter de le voir, qu'il remarque ses joues en feu.

- Peter, je suis désolée... Je ne sais pas ce qui m'arrive...

Eryn essuya le liquide d'un coup de baguette. Mais elle tenta de ramasser les morceaux à la main comme pour s'occuper, retarder le moment où elle devrait le regarder.

- Aïe !

Un filet de sang se dessina sur la main de la jeune femme rousse qui se laissa tomber à genoux. Elle soupira avant de lever les yeux vers Peter.
Avec un sentiment de honte étouffant, Eryn ne parvint à s'empêcher de ressentir une envie brûlante de le sentir contre elle, dans ses bras. De poser son oreille sur son torse et entendre son coeur battre. Sentir le souffle de ses respirations sur sa peau. La jeune femme eu comme un vertige. Elle avait tellement honte de son comportement, de ses pensées. Elle aurait aimée être tuée par le premier Mangemort venu sur le champ.
Des larmes se dessinèrent aux coins de ses yeux.

- Je suis désolée, dit-elle dans un sanglot avant de renifler.

Elle voulu sécher ses larmes de sa main blessée mais ne fit que mettre un peu de sang sur sa joue et sa bouche.
La jeune femme avait des airs d'enfant, plus faible que jamais et pourtant, son regard préservait cette même force, cette même chaleur capable de brûler quiconque les observait trop longtemps.

Eryn renifla. Peter avait le teint légèrement coloré et elle ne comprit pas pourquoi. Sa présence ne pouvait pas le gêner puisqu'il lui avait demander de rester. Finalement son ami s'agenouilla en face d'elle.

« Arrête de t’excuser tu veux »

La jeune femme souria malgré elle. Sur sa bouche le mot "désolée" se dessinait tandis qu'elle les effaça. S'excuser de s'être excusée était particulièrement stupide. Elle n'avait pas envie de passer pour un boulet, de jouer avec la patience de Peter. Et s'il était gentil avec elle uniquement par charité ? Pire... par pitié ? A cette idée, la jeune femme se senti suffoquer, manquer d'air. Etre en présence de Peter était déjà suffisament difficile, si en plus il se forçait...
Soudain, Eryn ressenti une autre nausée au niveau de l'estomac. Le jeune homme venait de lui saisir la main. Elle l'observa droit dans les yeux mais lui ne la regardait pas. Quand il porta sa main à ses lèvres, Eryn voulu lui crier "Non !", la retirer mais elle en était tout simplement incapable. Plus dramatique, elle eu soudain l'envie d'en avoir plus. Ce contact ne dura qu'une seconde mais sentir les lèvres de Peter sur sa main eu sur la femme le même effet que s'il l'avais embrassée à pleine bouche.
Peter se redressa brusquement, comme réalisant ce qu'il venait de faire.

« Oublie ça tu veux » murmura-t-il

Trop tard, étaient les mots qu'Eryn voulu lui dire mais elle en était incapable. Comment oublier ce qu'il venait de faire ? La jeune femme lui en voulu presque. En touchant sa main de ses lèvres dans un geste apparement inconscient, Peter venait de renverser la vapeur.
Eryn étouffa une exclamation d'horreur qui s'entendit clairement dans le silence de la pièce.
Peter et elle n'étaient plus de simples amis. Elle devait se rendre à l'évidence. Cette sensation aussi étrange, agréable et pourtant douloureuse ne pouvait être que de l'attirance.
La jeune femme secoua la tête. Non. C'était impossible. Peter était le meilleur ami de Jackson et Sélèna avait été pour Eryn comme une soeur. Comment pouvaient-ils aujourd'hui se retrouver dans cette pièce et se désirer ainsi ? Non. Non. Non. Ce n'était pas ça, Eryn refusait de le croire. Elle était désespérement amoureuse de Jackson et jamais elle n'aimerait encore. Et pourtant... Quand Peter l'avait touchée... Cette sensation...
Eryn se leva brusquement à son tour. Peter était à l'autre bout de la pièce, désirant apparement créer de l'espace entre eux. Avec une envie de vomir, Eryn refusa de croire que cela confirmait sa théorie.

« Incendio »

La jeune femme leva aussi sa baguette, répara la tasse, nettoya le thé et soigna sa plaie. Si seulement elle avait fait ça dès le départ, elle ne se serait pas blessée et Peter... Eryn secoua à nouveau la tête et croisa les bras, comme pour se protéger. La jeune femme alla regarder par la fenêtre la ville de Londres illuminée.
Eryn soupira mais resta silencieuse.
Elle se sentait en partie bien chez Peter. En fait, c'était uniquement parce qu'elle se sentait trop bien qu'elle culpabilisait. La jeune femme ressentait chaque moment de bien être comme étant une honte, une douleur. Elle n'avait pas le droit. Maintenant que Jackson était mort, elle n'avait pas le droit d'être heureuse.

« Prends ma tasse qui est sur la table »
- Mmh ? fit-elle distraitement.

Eryn se retourna vers Peter. Il avait parlé sans la regarder ce qui était pire. La jeune femme observa la tasse sur la table mais n'alla pas la chercher, reportant son attention sur Londres. Elle n'avait même pas envie de boire du thé en plus !
La jeune femme soupira à nouveau. La situation était compliquée. Certe Peter l'avait amenée ici et lui avait dit de rester, mais maintenant qu'il lui avait embrassé la main tout changeait. Et si cela ne voulait rien dire ? Si elle se prenait la tête pour des choses stupides ? Après tout, ils étaient amis, peut être même frère et soeur !
Eryn respira profondément. Non. C'était aussi clair que le fait que chaque seconde qu'elle passait ici la rendaient coupable.
Elle ressentait comme une attraction terrible. Une besoin presque destructeur de se trouver proche de Peter, de le toucher. C'était horrible car à peine cette pensée était formulée dans son esprit qu'elle avait envie de vomir, dégoûtée par son propre comportement. Et pourtant, elle voulait le rejoindre, s'asseoir pret de lui. Elle le voulait tellement qu'elle s'étonna de ne pas s'entendre le crier. N'avait-elle pas le droit à un peu de tendresse de la part d'un ami en un jour pareille ? Après tout, quand Jackson et Sélèna étaient en vie, Eryn et Peter s'étaient déjà enlacés à plusieurs reprises et cela n'avait posé aucun problème.

*C'est différent* pensa-t-elle avec force.

Eryn recula d'un pas brusquement, comme si on l'avait poussée. Son corps entier était sous pression, comme si l'air de la pièce manquait. Elle n'arrivait plus à réfléchir correctement. Puis elle se tourna vers Peter qui était assis par terre, la tête posée contre l'âtre de la cheminée. Eryn eu une envie dévorante de s'installer à ses côtés qu'elle était sur le point de fondre en larmes. Il fallait qu'elle arrête, elle ne devait pas être aussi faible.
Après avoir hésité, Eryn s'approcha de Peter. S'asseoir à côté de son ami n'était pas un crime, non ?
D'un pas timide Eryn avança. Elle avait peur, peur que Peter ne s'éloigne encore, la rendant responsable de cette tension. Il lui avait embrassé la main par réflexe. Elle l'avait poussé à un contact qu'il n'avait surement pas voulu et maintenant il était surement en colère contre elle.
Eryn s'arrêta debout, à côté de lui. Elle respira et fini par s'asseoir proche de lui, mais assez pour ne pas le toucher. C'était presque pire. Elle sentait sa présence et le besoin de le sentir contre elle était maintenant une véritable torture. Eryn avait l'impression que la pièce était pleine de gaz et que la moindre éteincelle ferait tout exploser.
La jeune femme fixa les flammes sentant les larmes monter encore une fois. Elle se trouvait si stupide en cet instant, et tellement honteuse. Pourquoi vouloir autant la présence de Peter en un jour pareille ? Eryn renifla. Pour la première fois, elle aurait aimé ne pas avoir de conscience et agir sans réfléchir, sans éprouver de remors.
Elle essuya ses larmes du revert de la main et tourna ses yeux brillants vers Peter.
Grave erreur.
Son teint était coloré par les flammes et ses yeux habituellement bleus paraissaient dorés. La moindre parcelle de peau qu'elle appercevait avait sur elle l'effet une brûlure. Une envie étouffante de le toucher, de le sentir lui fit mal. Ses yeux s'attardèrent sur ses lèvres. Ses lèvres qui avaient touchés sa main.
Eryn soutint son regard, les yeux légèrement brillants de larmes. Elle souffrait de le désirer ainsi et cette sensation se sentait dans l'air. Elle avait honte de faire subir ça à Peter, lui qui était si sage et courageux.
La jeune femme rousse réalisa sur l'instant que l'éteincelle était sur le point d'apparaître. Il suffisait que Peter fasse un geste, une parole perdue et elle ne pourrait plus rien contrôler. Son tempérament de feu la poussait à se jeter sur lui et à l'aimer toute la nuit, ici, au sol devant cette cheminée.
Eryn continua de regarder Peter dans les yeux. Noyée par la honte qu'elle ressentait de le trouver si beau.

Eryn ressenti comme un poid au niveau de la poitrine. Peter la regardait dans les yeux et une tension vint saisir sa colonne vertébrale. Le désire qu'elle ressentait pour l'ami de son défunt mari était douloureux, elle en avait des vertiges, le souffle lui manquait.
Elle avait honte, tellement honte.
Peter bougea la main et Eryn se raidit. Elle était sur le qui-vive, alerte. Quand elle comprit qu'il allait la toucher elle eu encore plus mal. La poitrine de la jeune femme se souleva au rythme de sa respiration manquante. C'était trop tard, s'il la touchait, elle était perdue. Peter posa sa main sur la joue de la jeune femme rousse. Eryn perdit complètement la faculté de réfléchir.

« Je suis désolé « avoua-t-il dans un souffle les yeux plongés dans ceux de la sorcière.

Eryn prit une respiration profonde. Dans son cerveau, l'étincelle était apparue, avait illuminé ses pensées et s'était éteinte comme une ampoule qui grille. Elle se mit à trembler, à suffoquer. La main de Peter était sur sa joue, elle la touchait. Eryn en voulait plus, toujours plus, elle voulait tout.
Il n'y avait plus de Jackson et de Sélèna. Plus de deuil. Uniquement une femme qui désirait un homme si fort qu'elle se sentait brûler de l'intérrieur, plus encore que le feu de la cheminée.

- Non..., dit-elle dans un souffle en lui jetant un regard terrifié.

Elle avait peur. Peur de ce qu'elle était en train de ressentir, de ce qu'elle était sur le point de faire.
La jeune femme se mit sur les genoux avec précipitation et posa ses mains sur le coup de Peter. Elle tremblait, elle étouffait mais tout ça n'était que le résultat de son désire pour lui trop refoulé. Trop refusé.

- Pardonne moi, Peter, dit-elle en plongeant ses yeux dans les siens.

Il y eu un instant ou tout sembla devenir calme. Eryn crut presque qu'elle allait ouvrir les yeux subitement et réaliser que cette journée n'avait pas encore commencé, qu'elle était étendue dans son lit et que tout cela n'était qu'un mauvais rêve, car terriblement délicieux.
Cependant, elle toucha ses lèvres. Eryn cru littéralement exploser. Elle avait osé, elle l'avait fait. Elle glissa ses mains dans les cheveux de Peter, touchant, savourant, désormais en manque total d'air. Son souffle se fit bruyant et ses gestes tremblants, et pourtant, sa bouche, elle, était assurée. C'était comme remonter sur un vélo après des années. On apréhende, on ose et une fois que l'on roule, on fait quelques mètres en zigzagant, mais on réalise très vite que l'on sait toujours très bien comment faire. Eryn se redressa sur les genoux avec une fougue qu'elle ne parvenait à contrôler, une passion qui la caractérisait si bien. Elle posa ses mains sur la taille de Peter et l'attira à elle, inconsciente de son attitude. Inconsciente d'être une parfaite garce. La jeune femme rousse glissa ses mains froides sous le t-shirt de celui qui peut avant n'était que son ami et caressa son dos si chaud, si parfait, brûlant de désir pour lui à chaque fois plus qu'elle sentait ses muscles bouger sous ses doigts.
Eryn ne contrôlait plus rien. Ne pas avoir touché un homme pendant deux ans avait fait d'elle une sorte d'affamée. Si elle avait pu être capable de réfléchir, elle se serait rendue compte de cela, mais pas maintenant. Maintenant il n'y avait dans son esprit que Peter et ce qu'il provoquait dans son corps. Sentir ses lèvres et ses mains sur elle était comme iréel. C'était si bon qu'elle en souffrait, la fouge prenant à chaque fois plus le dessus sur elle.
Jackson ? Elle ne connaissait pas. Sélèna ? Qui était-ce ? Veuve ? Avait-elle déjà été mariée un jour ?
Eryn agissait par instinct, comme une sorte d'animal incapable de réfléchir. Elle voulait Peter, elle le désirait si fort. Avant même de réaliser ce qui se passait, la jeune femme rousse voulu sentir son torse brûlant contre elle, au risque de se brûler le coeur au troisième degré. De toute manière, il battait si vite qu'elle savait qu'il finirait par la lâcher dans les secondes à venir. Sans même prendre le temps d'ouvrir les boutons de la chemise de Peter, Eryn la déchira, faisant sauter les boutons tout en continuant de l'embrasser. Tandis qu'elle lui retirait le vêtement, elle lui embrassa le coup, ne sachant plus où donner de la tête.
Finalement elle se calma, reprenant son souffle. Posant une main froide sur le torse de Peter, elle déposa un dernier baiser sur son coup et recula la tête afin de le regarder dans les yeux. Ses joues étaient rouges et son regard ne disait qu'une chose : "je te veux".
Le souffle court, elle eu ce soir là, sa seule réaction intélligente.

- Peter, dit-elle dans un murmure. Si tu ne m'arrêtes pas...

Elle fit passer ses ongles sur le torse de l'Auror, son corps contredisant sa volonté de se montrer digne et responsable.

Eryn n'était plus elle même. Dès l'instant qu'elle avait accepté de commettre cet acte aussi horrible que d'embrasser Peter, elle s'était libérée. Ce n'était plus elle, la veuve épleurée, ni Peter, l'ami de son mari. Il n'y avait que deux corps et un désire trop douloureux.
Quand elle trouva enfin la force de résister, de lui ouvrir une dernière porte de sortie, il lui saisit la main et commença à l'embrasser, Eryn comprit qu'il venait de la claquer du pied.
Peter ne voulait pas sortir, bien que l'immeuble soit en feu.

« Si je ne t’arrête pas ??? « demanda-t-il un sourire en coin

Eryn hocha lentement la tête de gauche à droite comme pour lui interdire d'oser. Si lui arrivait à lui dire clairement qu'il voulait le faire, qu'il n'avait pas peur, comment elle, la femme si faible, pouvait être forte pour deux ?
Il embrassa sa main, son poigner, son avant bras, elle n'en pouvait plus. Sa poitrine se soulevait visiblement sous sa respiration tendue. Elle avait chaud. Ses joues se teintaient et sa tête lui faisait mal. Il fallait qu'elle le touche, qu'elle le sente contre lui. Cet espace était invivable. Peter était devenu comme une sorte de drogue pour elle dès qu'il l'avait frôlée. Sa consommation était interdite, il lui ferait du mal et plus elle en avait, plus elle en manquait. Comment pouvait-on désirer un homme si fort ? Tout chez lui provoquait une envie dévorante de l'avoir contre elle, de son souffle à ses yeux.
Chaque baiser qu'il déposait sur sa peau faisait monter sa température. Elle n'en pouvait plus.
Quand Peter s'avança vers elle, la jeune femme se mit à trembler, fiévreuse. Elle chercha ses lèvres comme un noyé cherche de l'oxygène. Le jeune homme désormais torse nu la fit basculer avec douceur mais passion sur le dos.
Eryn était perdue pour de bon.
Il était difficile de savoir de qui entre la cheminée et le couple au sol dégageait le plus de chaleur. De qui des deux, brûlait le plus.
Peter passa sa main sur la cuisse de la jeune femme qui elle caressa son dos avec un plaisir si honteux qu'il en devenait bien plus savoureux. Elle lui embrassa le torse, le coup, l'oreille. C'était une véritable torture. Maintenant qu'elle avait libéré tout son désir pour lui, elle en souffrait. Quand il y a quelques semaines, un regard prolongé la faisait rougir, maintenant, sentir la main de Peter sur sa cuisse n'était pas suffisant, pas assez et de loin.
Sur le dos, la jeune femme rapprocha le corps de Peter contre le sien. Elle se fichait de sentir tout son poid contre elle, au contraire. Elle en avait besoin. Il fallait qu'elle sente cette pression contre elle, rendant cet acte bien réel. Eryn ne rêvait pas. Peter était à moitié nu sur elle, ils étaient au sol comme deux animaux à se désirer avec force. Tout ça était réel, parfumé de honte et tellement délicieux.
Elle poussa un soupire à son oreille. Passant sa main dans ses cheveux, l'autre descendant le long de sa colonne verbrale jusque sous son jean, Eryn se senti succomber sous le poid du désire qu'elle ressentait pour lui. Soudain ce fut trop fort pour elle. La jeune femme roula sur le côté, ainsi Peter se retrouva sur le dos. Eryn, assise sur lui au niveau de son bassin s'arrêta un instant pour l'observer, lui l'object de son désire qui la faisait frissoner de haut en bas. La jeune femme caressa son ventre jusqu'à remonter jusquà son coup. Il était tellement beau, tellement attirant sous la lumière du feu. Eryn se pencha et embrassa derrière son oreille, son cou, son torse parfait, au dessus de son nombrile, jusqu'au bas de son ventre. La jeune femme s'arrêta, jetant un regard brûlant à Peter. Un sourire se dessina sur ses lèvres. Aveuglée par sa beauté, Eryn ne pouvait se souvenir du fait qu'elle commettait l'irréparable.
Et avec plaisir.

Eryn l'embrassait encore et encore, toujours avec cette même sensation de faim. Plus Peter se donnait à elle, plus elle en voulait, sa frustration grandissant de seconde en seconde. Quand finirait-elle par être satisfaite ? Quand pourrait-elle se dire stop ?
Être ainsi au dessus du jeune homme, observer la perfection de son corps était douloureux, alors qu'elle savait qu'elle n'en aurait jamais assez. Le sentir sous ses doigts la brûlait et pourtant cette sensation était un cruel délice.
Peter posa à nouveau ses mains sur ses cuisses, les caressant, les parcourant. Eryn ressenti comme un poids au niveau du nombril, un frisson la saisit mais cette fois-ci c'était signe de culpabilité. Il était plus simple pour elle de le laisser faire, de se dire qu'elle était celle qui se faisait entraîner dans cette histoire, mais elle se mentait. Elle avait autant envie de cela que Peter, peut être même plus.
Elle pouvait encore tolérer le fait qu'il pose ses mains contre son dos vêtu, son coup visible pour tout le monde ou ses bras couverts, mais sentir les mains de Peter sur ses jambes, son ventre, sa poitrine la rendait presque malade. Eryn se sentait comme profanée. Il n'avait pas le droit de la toucher ainsi, ce corps qui était le sien appartenait à Jackson. Pourquoi Peter se le permettait ? Pourquoi l'autorisait-elle ? De toute sa vie, son seul amant fut Jackson, son mari. Se retrouver dans les bras de Peter était destabilisant. Un autre homme. Eryn avait l'impression d'être infidèle, sa bague de mariage sembla s'illuminer sous la lumière de la cheminée tandis qu'elle caressait le torse parfait de Peter. La jeune femme voulait arrêter, en terminer là, mais comment ? Comment arrêter lorsque l'on a un homme aussi férocement magnétique sous les yeux ? C'était le terme. Magnétique. Eryn pouvait essayer autant qu'elle le désirait de s'éloigner de lui, Peter exerçait sur elle une attirance qu'elle le pouvait ignorer. Elle ne contrôlait plus son corps, il n'était plus à elle.
Elle eu soudain froid. Peter avait retiré sa robe et l'avait jeté quelque part derrière lui, se contentant de la dévorer des yeux. Eryn se senti rougir. Jamais il ne s'était permi un tel regard, cela se voyait sur son visage. C'était comme s'il la découvrait pour la première fois, comme s'il ne l'avait jamais considérée comme désirable. Elle venait de lui montrer ce que personne avant lui n'avait été pleinement autorisé à voir. Le corps à la peau de lait de la jeune femme était coloré par la lumière des flammes et sa longue cicatrice allant de sous son bras gauche jusqu'au bas droit de son ventre, offerte par un Mangemort, luisait d'un rose vif.
Peter eu une réaction qui la surpris mais elle se devait de l'admettre, la flâta. Se retenant avec peine de sourire, Eryn senti les mains de l'Auror lui saisir la taille avec fougue et la ramener jusqu'à lui. Son souffle se fit plus bruyant tandis qu'elle se serrait contre lui, sentant désormais sa peau contre la sienne. Peter semblait définitivement conquis.
Pourtant, Eryn cessa de l'embrasser, se contentant de lui caresser les cheveux, le dos. Il était moins douloureux pour elle de se laisser faire, de sentir Peter l'embrasser, toucher son corps qui avait toujours appartenu à un autre avant la mort de ce dernier.
Eryn était terrorisée à l'idée de voir apparaître Sélèna par la porte et lui crier qu'elle devrait avoir honte, les surprendre en train de s'embrasser avec passion, sans même avoir prit le temps d'atteindre le canapé, ils s'étaient contentés du sol.

*Elle est morte depuis quatre ans* se dit Eryn avec douleur. *Elle est morte et Jackson aussi, il ne reste que nous...*

N'était-ce pas une bonne chose pour eux de se réconforter ainsi dans les bras de l'autre ? Après tout, qui mieux que Peter pouvait convenir à Eryn ? Qui mieux qu'elle pouvait soutenir et consoler celui qui avait perdu autant qu'elle dans cette guerre ? Etaient-ils des monstres parce qu'ils se voulaient l'un l'autre ? Parce que ce soir, pour la première fois, leurs corps parlaient ?
N'étaient-ils pas tout simplement humains ? Donc, faibles.
Peter cessa de l'embrasser et Eryn eu comme un malaise. Ce sentiment s'agrava quand il la repoussa légèrement. Que se passait-il ? Avait-il eu un retour de conscience ? Avait-elle été la plus faible et honteuse des deux ? Eryn eu la soudaine envie de vomir, de mourir, tant elle avait honte.
Reprenant enfin conscience de ce qui se passait autour d'eux, la jeune femme réalisa que sa robe était en feu. Peter l'avait jeté trop prêt des flammes. Elle ne savait si elle voulait rire ou le frapper. Comment reprendre maintenant ? C'était impossible. Ils s'étaient laissés le temps de réfléchir une seconde et ce serait celle qui pèserait bien plus que les longues minutes qu'ils avaient passés sur ce sol.

« Aguamenti »

Avec un calme surprenant, Peter éteignit le feu. Eryn n'osa même pas regarder l'état de sa robe. Elle était désormais assise par terre et non plus sur lui, le dos voûté comme sous le poid de la culpabilité, la tête baissée. Cette fois-ci, elle était vraiment faible et sans défence. Aucune carapace, elle avait tout brisé pour lui.

« Pardonne-moi … »

La jeune femme releva la tête, le regardant dans les yeux, en colère. Non. Non, non, non, non ! Il ne devait pas s'excuser ! S'excuser rendrait leur acte honteux, les rendrait coupables. Il n'avait pas le droit de faire ça, ce n'était pas sa faute. Elle seule était responsable. Peter était venu la soutenir et elle avait profité de sa gentillesse. Elle avait abusé de lui. C'était le sentiment qu'elle ressentait.
Il était assis devant elle, la regardant. Comment Eryn devait-elle réagir ? Elle était partagée entre l'envie de partir en courant et celle de lui sauter dessus. Même maintenant, faiblement éclairé par la petite lumière qu'il avait allumé plus tôt en arrivant, il restait si beau, si désirable, si interdit.
Eryn toucha sa bague par réflexe avant de la relâcher.
La jeune femme se redressa, à l'aise dans sa nudité partielle et alla à nouveau devant la fenêtre, observant la vue de Londres, sa peau désormais bleutée.

- Je t'inderdis de t'excuser, dit-elle finalement. Si tu fais ça, alors ça veut dire que tu as fait quelque chose de mal, que tu es coupable.

Elle se retourna vers lui, le visage légèrement triste.

- Peter, je ne te demanderai pas pardon.

Eryn parlait avec conviction, désirant se convaincre tout autant que l'Auror. Ils étaient deux personnes adultes et responsables. Deux veufs.

- Deux ans. Deux ans que je risque ma vie tous les jours pour venger la mémoire de Jackson. Suis-je un monstre parce que je te désire ? (elle tourna la tête avant de poursuivre) Parce que depuis deux ans, j'ai eu l'impression de respirer qu'une fois dans tes bras ? Je ne fais pas ça parce que c'est aujourd'hui.

Elle n'arrivait pas à prononcer "l'anniversaire de mort de Jackson".

- Depuis le jour où nous avons prit un verre aux Chaudron Baveur, j'ai comprit que quelque chose était différent avec toi. Quand tu m'as prit la main l'a embrassée, comme tu l'as fait aujourd'hui. Sur le coup, j'ai pensé que c'était uniquement parce que je n'avais pas l'habitude d'être touchée. (elle tourna à nouveau la tête vers lui) Mais c'était uniquement parce que c'était toi, Peter.

Maintenant qu'elle avait commencé à parler, c'était plus simple pour elle de poursuivre. Eryn se mit à pleurer malgré elle, retrouvant ses airs fagiles.

- Je suis désolée, je n'essaye pas de te faire du mal, ou de rejeter la faute sur toi, mais la culpabilité me ronge. Si toi aussi t'excuse parce que je t'ai poussé à faire ça alors je ne survivrai pas !

Elle se laissa tomber au sol, lentement, pleurant le visage dans les mains. Elle ne voulait pas être aussi faible, elle ne voulait pas être un poid pour Peter. Mais alors qu'elle n'avait plus pleuré depuis si longtemps, aujourd'hui, en sa présence elle ne se sentait plus capable de contenir ses larmes.

- Oh Peter ! J'ai l'impression de t'avoir toujours désiré !

Eryn avait fini par l'avouer. Dans l'obscurité de la pièce, assise au sol et en sous vêtements, c'était étrangement simple de dire des choses honteuses, comme si toutes les protections du grand jour, des vêtements étaient la seule chose qui l'avaient maintenue jusque là.
Cette envie d'être dans ses bras ne pouvait pas être aussi forte et soudaine, c'était impossible. Eryn avait toujours aimé Jackson et jamais de sa vie elle n'avait envisagé être dans les bras d'un autre. Pas avec son mari aussi aimant à ses côtés.
Mais comment était-ce possible alors ?
Eryn resta à pleurer. Elle renifla doucement, essuyant ses larmes. Qu'allait-dire Peter ? Allait-il l'accuser de tromprerie ? Lui balancer à la figure qu'elle n'avait décidément aucune morale ? Qu'elle devrait avoir honte ?
S'il le faisait, elle ne lui en voudrait pas. Il avait raison.
Et pourtant, au fond d'elle, une petite voix, faible mais si agréable et rassurante lui criait qu'elle ne devait pas s'en vouloir. Elle n'avait trompé personne. Peter et elles étaient veufs, et ce depuis des années.
Ils avaient le droit...!

« Ne dis pas n’importe quoi. Ça n’as rien à voir avec moi »

Eryn cessa de respirer un instant. La façon dont Peter avait parlé avait eu sur elle l'effet d'une claque. Un souffle froid s'était abattu sur elle, violent, saisissant et surtout cruel. La jeune femme ne comprenait pas. Son cerveau sous le choc n'était pas en état de réagir face à la réalité des choses, les mots ne parvenaient à se former dans son esprit perdu. Non, c'était impossible, pas Peter.

« Tu es la seule responsable, si tu ne t’était pas jeter sur moi»

Eryn ressenti comme un coup de poinard dans la poitrine. La culpabilité qu'elle venait de repousser s'était emparée d'elle à nouveau avec plus de force et de cruauté. Sa tête commençait à tourner. Oui, c'était sa faute, elle seule avait embrassé Peter en première, elle seule avait décidée de rester ici. La jeune femme ouvrit la bouche comme pour dire quelque chose, mais les mots ne sortaient pas.

« Enfin bon j’ai l’habitude ce n'est pas comme si tu étais la première »

Quoi ? Non, c'était impossible. Pas Peter, non pas lui. Depuis quand courrait-il les femmes ? N'était-il pas un homme d'honneur qui l'aidait à chasser les Mangemorts en lui fournissant des informations ? Eryn le connaissait depuis des années, elle avait vu l'amour dans ses yeux lorsqu'il regardait Sélèna, jamais un homme n'aurait pu tourner la page aussi facilement après avoir perdu ce qui semblait être sa raison de vivre.
Pourtant, Peter semblait l'avoir fait.
Eryn reteint son souffle dans un bruit qui s'entendit parfaitement. La distance qui la séparait de lui était encore plus grande que jamais. Eryn étouffait, la honte l'empêchant de respirer.
Qu'avait-elle fait ...?

« Ah au faites pour ta robe, ne t’inquiète donc pas je t’enverrai de l’argent pour que tu t’en rachète une «

Elle fronça les sourcils. Avec une haine venant du coeur, elle eu soudain l'impression d'avoir en face d'elle un Mangemort. Sa fierté tentant de sauver les apparences, Eryn se leva, le dos droit. La jeune femme saisit sa baguette sur le bar.

- Accio Robe, sa voix était neutre, comme las.

Le vêtement vint dans ses mains. Sans regarder Peter, elle incanta à nouveau.

- Reparo.

Le tissu se reforma là où il avait été atteint. Se moquant totalement qu'il puisse la regarder, Eryn remit le vêtement, son esprit désirant uniquement se concentrer sur la haine qu'elle ressentait envers Peter et non la honte. Elle rejeta ses cheveux en arrière une fois vêtue et se tourna vers Peter, le regard aussi froid que l'était redevenu son coeur. Son expression semblait neutre, mais pour ceux qui la connaissaient, ils savaient qu'elle ne la réservait qu'aux Mangemorts.
Et Peter.

- Désolée de t'avoir fait perdre du temps, Adams.

Elle se dirigea vers la porte. Eryn posa une main sur la poignée et respira profondément. En vérité, elle avait envie de courir vers lui, de pleurer et de lui demander pardon mais elle ne le ferait pas. Peter l'avait assez humiliée comme ça, elle avait assez déshonnoré Jackson.

- Evite de trop courir les femmes, Adams, dit-elle finalement. Ca évitera que tu me donnes des informations qui ne valent pas une noise.

Elle ouvrit la porte et sans se retourner sortie. Descendant les escaliers à toute allure, Eryn attendit d'être dans la rue pour transplaner, retenant ses larmes avec force.



Le ciel était étoilé et le vent froid. Une silhouette féminine vêtue d'une longue et lourde cape noire et à la tête couverte d'un capuchon marchait d'un pas rapide dans une clairière, en Irlande. L'endroit était désert et seul le souffle du vent faisant danser les feuilles des arbres se faisait entendre dans ce silence de mort. La silhouette approcha du centre de la clairière où se trouvait un rocher. La femme leva sa baguette et éclaira l'endroit de sa magie. La lumière de la lune faisait briller sur ses joues des larmes brûlantes. Des mots se mirent à scintiller sur la pierre.




La silhouette resta un instant immobile avant de se laisser tomber à genoux, les bras sur la pierre, le visage caché. La douleur de ses cris déchirèrent le silence environnant. Soudain, ce fut comme si toute la poésie des lieux avait disparut. Les feuilles des arbres ne dansaient plus au rythme de vent, les étoiles ne brillaient plus et la lune elle même semblait avoir perdu tout son éclat.
Seule Eryn Peters était animée, secouée par ses sanglots, la gorge et le coeur en feu, brûlée par la honte qui la rongeait, la culpabilité qui la dévorait à petit feu. La jeune femme resta ainsi contre la pierre glacée toute la nuit, désirant mourir de froid. Elle pleura encore et encore, demanda pardon encore et encore, ressentant avec plus de force que jamais la souffrance de son deuil.
Cette année, Eryn pleura bien plus que la précédente.






[HJ: PETER MERCI POUR CE RP !!! J'ai vraiment adoré, tu écris tellement bien ! Je suis impatiente d'être au prochain ! Merci <3]