Les Ténèbres s’épaississaient. Elles étouffaient l’air et comblaient d’obscurité les derniers trous. C’était un monde irréel, il y avait maintenant presque deux mois que Larsen flottait dans cet enfer, entre la vie et la mort. Entre le néant et la terre. Entre la conscience et l’inconscience. Comme souvent, une lumière vint, éblouissante. Elle venait de loin et paraissait irréelle, mais le mage noir, fidèle serviteur de Puissance ; le Seigneur des Ténèbres, savait parfaitement que c’était sa seule et unique chance, son seul espoir, sa grotte au milieu de la nuit et de l’orage, pour s’en sortir. Se libérer de ce néant où il flottait depuis qu’il avait lancé ce sort et invoquer des esprits trop puissants. Trop puissants, même pour lui, le Bras droit. Sans doute s’était-il cru intouchable, invincible, hormis par son Maître de Nuit. Flottant, nageant dans les tréfonds de sa conscience, Larsen ; dit Lars, franchit les portes de sa conscience, qui l’emprisonnaient l’empêchant d’atteindre cette lumière. A force déconcentration il franchit la lumière. De l’Ombre à la Lumière.
Le marbre était dur et froid. La pièce à peine éclairée. Un feu brûlait dans la cheminée d’un salon étranger. Instinctivement, le Mangemort chercha sa baguette. Mais il ne la trouva pas. Deux sofa, léchés par la lueur du feu ronflant dans la cheminée étaient là, vide, l’un inoccupé, face aux flammes. Dans l’autre, un être étrangement familier lisait une livre à la couverture noire et aux pages rouges et vierges. Il se tourna vers le Mangemort qui demeura debout, face à sa peur. L’être était décharné, une vague reproduction d’un être humain brandissant une faucille usée et sur la lame de laquelle, un sang sec et nauséabond achevait sa vie. La personne qui avait façonné cette … chose semblait n’avoir jamais vu un homme que de loin. La peau était blanchâtre, les dents jaunies, les yeux -deux globes orangés, sans paupière- de la taille d’un poing.

La Mort se leva sa faucille dans main, sous elle un nourrisson suçait son pouce. La créature s’en saisit et lui brisa le coup dans un « CRRAACCC » particulièrement sonore. La Mangemort demeura fier, imperturbable, il ne craignait ni les esprits démoniaques qu’il avait invoqués et traqué dans les Ténèbres afin de les vaincre-ce qu’il avait fait, tous étaient morts ou bannis du Monde… sauf un- ni même la Mort qu’il avait donné et très souvent frôlée comme en témoignaient les cicatrices marquées sur sa face abîmée, non plus que de perdre son âme. Le bambin ne bougeait plus. Lentement, une langue semblable à celle d’un serpent sortit de la fente qui servait de bouche à la monstruosité dans un sifflement « sssss », faisant tomber au sol des lambeaux de chair séchée. La « langue » claqua et entoura le cou du cadavre. D’un coup sec, la tête s’arracha et disparut à tout jamais dans la bouche du démon.
Celui-ci continua, lentement. Léchant la peau, sa salive étant une sorte d’acide qui dissolvait les chairs, les réduisant en bouillies, il évidait les os de leur mœlle épinière, puis croquait les os dans des craquements infernaux. Cependant, le sorcier ne bougea point. Son festin achevé, le monstre saisit sa faux et lancement dans un sifflement :
- Crains-tu la Mort, ssssorcssier ? Me crains-tu ?
Larsen le fixa au fond des iris et le toisa avec mépris, il répliqua :
-Les gens me craignent et seule la fureur de mon Maître me dictent ma bonne volonté.
-Ton Maître… ?
C’était en fait une question, un sifflement, sonore mais une question. Posée par l’Enfer, et par le plus puissant des esprits anciens, crées par les premiers sorciers pour hanter les rues vides et puis bannies hors du monde attendant d’être invoqué. Mais la puissance nécessaire pour profiter de tels esprits est trop… forte.
-Le Seigneur des Ténèbres, celui qui a… vaincu la Mort.
La créature recula, elle avait perdue sa Volonté. Un autre homme l’avait un jour terrifié, réduit à néant. La baguette de larsen revint dans sa poche, apparaissant soudainement, il avait le dessus, la mort, elle-même ne pouvait plus l’empêcher de s’en saisir et d’en s’en servir.
-Morsmordre !! Cria le Mangemort à la Cape.
L’apparition de la Marque des Ténèbres, acheva de vaincre la malédiction, du moins de la refluer, elle s’en alla mais dans son départ, frappa sa faucille, la baguette de Larsen s’interposa, et le charme du bouclier fut activé.
-AAAAAarrrgghhh !!!
Le Mangemort hurla, son énergie s’en fut, disparaissant, mais sa Volonté luttait – et il le savait- et demeurait la plus forte des deux, il tint bon, sauvant sa vie et davantage. Un éclair vint et il n’y plus rien qu’une horrible douleur.
Il avait gagné, pourtant, toujours plus d’ombres s’étendaient. Davantage, encore et encore, puis soudainement, venant du monde, de notre monde, le salut vint.

« Septembre 1998, encore une journée des plus banales qui allait se finir encore par une douce nuit belle et étoilée ? Non, une nuit parsemée de nuages avec des étoiles par ci par là, recouverte d'une pluie fine. Le genre de pluie qui énerve tout le monde, car celle-ci ne cesse pas. »
Larsen surgit de nulle part. Il était de retour, revenu du monde des esprits qu’il avait invoqué. Au final, il le savait, le sentait, il était plus fort que jamais. Lorsqu’il se leva, il remonta aussitôt son capuchon noir, plongeant son visage dans des ténèbres qui lui étaient familières. Il ne le verrait que plus tard, mais s’il se sentait fort, son visage était encore plus émacié, devenant famélique. Mais le pire, c’était une longue cicatrice qui courait de son pied droit à son cou traversant son genou, passant sur le rein droit et remontant, passant par le torse. Enfin ce n’était qu’une sorte de pire, s’il sentait dans cette jambe une vitesse, une agilité diabolique, elle ne possédait plus autant de force d’appui qu’antan. Il fit des pas et marcha, sans apparentes difficultés. Mais il est des blessures, si profonde qu’une cicatrice déjà morte ne révèle point. Intérieurement, il avait mal. Plus tard, il comprendrait que cette douleur n’était point due à la jambe, mais à lui-même. Qu’a force, il la vaincrait et que néanmoins, s’appuyer trop souvent l’empêcherait de marcher correctement, mais que, s’il usait d’une troisième jambe, alors le jour ou il aurait besi onde son membres droit, il répondrait, plus vaillant que jamais.
Cette dernière chose, cependant, il le comprit et d’une branche d’arbre, il fit une canne élégante, au pommeau doré sertie d’une boule en or surmontée d’un diamant noir., le tout entouré dans une boule en verre, sa magie s’était, semble-t-il accrue. Il marcha d’un pas vif, ne boitant pas. Puis, quelqu’un attira son regard, et il resta là, fiché sur sa troisième jambe, observant.
Alors, il s’approcha de la personne, terrifiant, par son aisance à se mouvoir malgré la blessure invisible représentée par la présence de la canne. Cependant, il ne dit rien, quelque chose l’attirait, incontestablement, c’était une sorcière.

Elle le regarda s'approcher. Elle ne bougea même pas, et ne sortit même pas sa baguette. Ce n'était pas le genre à la sortir dès que quelqu'un s'approchait d'elle. Pourtant, elle l'utilisait souvent pour un rien. Elle lui avait même donné un nom... Oui, oui, à une baguette magique : Mrs Queen. Dès sa plus tendre enfant elle aimait déjà donner des noms à des objets, croyant qu'ils pouvaient ainsi ce sentir libre. Allez savoir pourquoi. Elle s'inventait un tas de choses innimaginable. Elle avait déjà de l'imagination à vendre et à revendre à tout bout de champs, ce qui amusait et en même temps épuisait sa nourice.
En observant l'homme qui s'approchait vers elle, elle remarqua qu'il s'aidait d'une canne pour marcher. Une remarque que tout le monde aurait pu faire. Mais elle, elle remarqua qu'il l'avait bien faite. Or et diamant, cela montrait que ce personnage ne devait pas être n'importe qui. Quelqu'un d'important. Et qui c'est peut-être elle avait déjà entendu son nom quelque part ? Quoi que ça l'étonnerait... Elle connaissait le nom des gens juste si elle leur avait déjà parlé plus d'une fois où s'ils étaient célèbres dans le monde des sorciers.

Elle fit tourner entre ses mains sa roue magique, tout en continuant de regarder le sorcier. Quel silence. Pas un bruit, à part les gouttes qui se fracassaient sur les trotoirs déserts. Elle était réstée clouée sur place. Debout, droite comme un piquet. Puis ça y est, finalement un sourire se figea sur ses lèvres. Et ne pouvant plus attendre pour savoir qui se tenait devant elle, elle décida enfin de poser la question fatidique :

- A qui ai-je l'honneur ?... ou le déshonneur ?

Oui elle était comme ça. Son côté pessimiste revenait de temps à autres. En plus il fallait qu'elle dise n'importe quoi, même si ça ne voulait rien dire. Quoi que là, ça allait... on pouvait dire pire pour briser le silence recouvrant cette allée si obscure, si jolie, si effrayante, si intéressante... Pleins de caractéristiques pour cette allée selon Liria. Elle y avait passé toute son enfance, malgrès qu'elle n'était pas une méchante mangemorte, elle aimait bien cette allée. Elle y passait ses journées entières, bousillait ses godasses sur les trotoirs et la route, abimait ses yeux à regarder les façades et les vitrines de l'allée, et bousillait aussi son cerveau pour retenir tous les coins et recoins de l'Allée des embrumes.
Après avoir posé sa question, elle resta silenciseuse. Regardant ses chaussures trempées. Des gouttes dégoulinaient de celles-ci. Elle adorait regarder ceci. Admirant ce petit spectacle là. Elle aimait les choses simples cette fille. Un rien lui faisait plaisir, comme par exemple torturer quelqu'un.. Pourtant elle était gentille... mais aussi méchante et des envies surprenantes lui venaient parfois. Regrettant peut-être après. Mais pas grave. Elle poussa quelques cheveux de son visage, essayant tant bien que mal à les remettre sous la capuche.

Une bile aigre naquit dans la bouche du célèbre Mangemort à la Cape. Son retour avait beau être quelque chose dont il ne pouvait être que fier, il savait que quelque chose, une part de lui-même était restée là-bas. Et d’autres choses se produisaient, comme par exemple qu’il s’intéressa autant à une jeune excentrique assise sur des marches sous la pluie. Il la toisa d’un regard noir particulièrement violent. Son visage était invisible, dans l’ombre de la capuche de la cape qui lui valait sa réputation et son surnom, mais ses yeux, eux blancs, rouges et noirs fixaient intensément. Ils étaient surtout noirs, méchants, mauvais. Ni lumière, ni espoir ne pouvaient exister et subsister au fond de telles ténèbres. Il serra les dents, au fond de cette obscurité, si son visage n’avait été dissimulé, il aurait semblé sur le point d’attaquer. Mais, comme neige fond en hiver, Larsen changea, pas radicalement, mais le changement ne venait pas de lui, mais de quelques mots, prononcés par la jeune femme.

- A qui ai-je l'honneur ?... ou le déshonneur ?

D’une voix au timbre roulant les « r » et fort qui sonnait çà la manière d’un Grand Cor, il répondit :

-Honneur et déshonneur dépendent de la vision que l’on a des choses. Mais il n’est pas de ma nature de trop parler, je suis Sarl… Appelle-moi ainsi, ou préfère-tu user de Cape-de-nuit ou de Qui-sombre-dans-le-Noir mais toi qui es-tu ? Une journée pluvieuse, dans une telle… rue n’est pas faite pour certaines personnes…

Qu’entendait-il par là. Je l’ignore, ce que je puis dire c’est que les surnoms qu’il avait donnés lui avaient étés donnés par les esprits les plus joueurs. Sa Cape sombre et d’un noir profond n’avait à être expliqué, mais le second provenait de son expérience, enfermé dans les Ombres qui flottaient dans son esprit… et au-delà. Une assurance nouvelle fut insufflée par quelque moyen à cet instant et il dit :

-Je suis, du Seigneur des Ténèbres, le Bras Droit et toi… je sais qui tu es… ma future proie.

Il leva sa baguette et les étoiles se voilèrent tandis que le vent s’intensifiait. Il prononça cette formule avant que la seconde suivante ne passe :

-Pugnus Demonii.

S’il tardait à apprendre la nature de celle qu’il venait de designer comme sa victime… il n’hésiterai pas à la tuer…

Larsen fut stupéfait de voir qu’elle parvint, de justesse certes, à éviter son sort… A sa grande surprise, elle se déclara Mangemorte. Fallait-il la croire ? Il l’ignorait, cependant, il devait revoir ses plans. Pour vérifier qu’elle l’était, l n’y avait qu’une seule solution. Sans hésiter, il pointa sa baguette sur elle de nouveau, l’agita d’un coup sec. Il voulait relever la manche gauche de la jeune femme afin de vérifier ses dires… Elle se releva et là, Larsen dut s’incliner. A son tour il montra la tête de mort crachant un serpent, qui n’était que sa langue. Il rangea sa baguette et inclina sa tête blafarde.

-Je m’appelle Larsen… Menroth. Lars Menroth, le plus vouent. ( Sarl était un anagramme de Sarl).

Evidemment, il devait des excuses à son interlocutrice et ne s’en priva pas. Un Bars droit, devait, selon lui être en bons termes avec les autres Mangemorts.

- Il m’arrive souvent de tuer et d’attaquer, mais que je fasse ça à un collègue est rare, je te pris d’accepter, toutes mes excuses.

A son tour et en preuve de foi. De bonne foi. Il fit basculer, d’un mouvement de tête son capuchon. Il avait dévoilé sa face, son visage fatigué et amaigri. Mais contrairement à Liria, il ne souriait pas. Son expression demeurait parfaitement neutre.

- Méfiant...

Oups, elle avait parlé à voix haute. Il aurait quand même pu lui demandé avant de lever sa manche pour vérifier. Surtout qu'il ne faisait pas beau >.< mais bon, elle ne dit rien. Elle se contenta de rabaisser sa manche et de regarder, à son tour, le bras gauche de Sarl, enfin Lars.

- C'était inutile de me montrer la marque, cela se voit sur toi que tu es mangemort.

Elle se rendit compte qu'elle avait gardé sa baguette... vallait mieux la garder dans sa main même si celui-ci l'avait rangé. Par contre elle ne la dirigea plus sur Lars, mais par terre. Elle rangea sa roue magique, elle n'allait tout de même pas sans servir devant un mangemort haut-placé. Il lui fit des excuses. Ce qu'elle apprécia. Sympas de sa part.

- Bien entendu j'accepte tes excuses.

Elle n'allait tout de même pas se mettre à dos le bras droit du Seigneur des Ténèbres, surtout s'il savait qu'elle n'était pas une vraie mangemorte. Enfin si, mais pas une cruelle mangemorte. Si elle pouvait éviter de 'jouer' avec une victime, elle le faisait. Mais pas tout le temps, pas si cette victime l'avait bien cherché. Surtout qu'il venait de lui dire qu'il était rare qu'il tue ou attaque un de ses collègues, ça devait donc lui arriver. Bref...
Elle put enfin appercevoir le visage du mangemort. Elle ne pouvait distinguer quoi que ce soit sur son visage. Elle, elle était toujours souriante par rapport à lui. Elle décida alors d'effacer un peu son sourire.

- Et donc, tu essayais de faire un peu de ménage ici ?

Ce qu'elle sous-entendait par là, c'était qu'il devait rechercher des personnes à faire disparaître de cette planète. Ou alors il était en mission... Sinon il ne l'aurait sûrement pas attaqué, et même suivit. La rouquine observait le visage maigre de Lars. Il devait en avoir vécu des choses lui, contrairement à certaines personnes ici présente. Oui, ils n'étaient que deux.. donc cela laissait supposer que Liria non.
Bah en même temps elle était jeune, et avait encore la vie devant elle pour vivre pleins de choses.

- Où tu te baladais comme ça ?