La température montait, montait toujours, et ne semblait vouloir s’arrêter. Les pensées s’emmêlaient, tournoyaient, dans un flot continu de sensations, de sentiments, toutes plus enivrantes que les précédentes. Des millions d’idées se créaient dans son esprit, mais elle ne les voyait pas, se concentrant – ou du moins, tentant – sur une et unique : le rendre heureux. Fou de bonheur, peut être. Et ses mains, qui s’appliquaient au moins autant que ses lèvres, à le frôler, à l’embrasser, à goûter cette peau si défendue. Oui, son corps n’était plus qu’un brasier, et à chaque fois que lui posait ses lèvres, il ravivait ce feu qui maintenant la faisait vibrer.

Ces trois mots, pourtant banales en apparence, réussirent encore une fois à la faire rougir légèrement, alors qu’elle ne trouvait rien à répondre. Jamais rien à dire, dans ces cas là, et dans celui ci particulièrement … de toute façon, les mots avaient-ils encore une grande importance ? Elle en doutait, intuitivement. Il suffisait de voir les baisers, les caresses, qu’ils pouvaient se procurer, qui les faisaient frémir maintenant légèrement, pour comprendre que oui, à ce moment là, les mots étaient superflus.

Alors qu’il trifouillait pour réussir à lui retirer tout ces vêtements rudement inutiles, elle l’aida. Il avait raison. Son cœur battait trop vite, son corps s’emplissait de sensations presque contradictoire, alors que tout s’enchaînait.
Mais laissons les à leur intimité, n’est-ce pas ?



Tonks était maintenant couchée, tout contre lui. Sa tête posée sur l’oreiller, elle s’amusait à le regarder, les yeux mi clos. De là où elle était, l’Auror ne pouvait entendre les battements du cœur du loup. Le sien s’était calmé, et sa poitrine se soulevait dans un rythme régulier, lent, comme si elle allait s’endormir … mais non. Elle profitait du bonheur présent. Ses émotions, qu’elle imaginait encore une fois comme de gros chats, ronronnaient paisiblement, assoupis et heureux. Car oui, c’était ce qu’elle était. Heureuse.

Et elle ne voulait briser le calme, la plénitude, qui régnait maintenant. Car oui, elle avait des dizaines de choses à lui dire, elle avait tant à lui avouer, tant à lui rappeler. Son amour, sûrement, en premier. Le bonheur qu’elle éprouvait, à cet instant. La joie, alors qu’elle sentait la peau chaude du loup tout contre la sienne. Et il y avait tant encore !
Mais elle se taisait, laissant son regard se balader doucement sur le visage de Rémus. Merlin, ce qu’elle pouvait l’aimer. Trois ans d’attente, trois ans de doutes, trois ans de remises en question, trois ans, trois longues années. Et pourtant, pas un instant elle ne regretta tout ce temps passait à l’attendre, à tenter, à persévérer chaque jours encore. Parce que aujourd’hui, en ce froid jour de Noël, tout ces jours d’attentes, toutes ces heures de questionnement avaient enfin trouvé une récompense. Il était là. Tout contre elle. Si elle se concentrait, Tonks entendait sa respiration. Non, d’ailleurs, elle n’avait pas besoin de faire un effort. Tout son être était encore à l’écoute de celui du loup. Et elle avait cru – et croyait encore !- que son amour avait enfin trouvé un écho.

Et puis, soudainement, elle se décida à briser le silence. Plus intuitivement qu’autre chose, elle s’était décidée à le faire, sûre que lui ne le ferait pas. Sa voix était pourtant à peine audible.
« Rémus ? »

Elle patienta quelques secondes, pour être sûre d’avoir toute l’attention du lycan. Ou du moins, un peu. Elle reprit alors, toujours dans un souffle léger.
« Je t’aime. »

Elle se fichait de sa réponse. Pour être même sûre, elle doutait qu'il ne réponde. Tonks ne s'y attendait pas. Après tout, c'était du loup dont on parlait, et non pas de n'importe qui. Bref. Dans la seconde qui suivit, elle se blottit un peu plus. Bonheur.

Elle le sentait là, tout près, elle pouvait percevoir le moindre de ses frémissements, son souffle, ou encore, plus lointains, plus calmes, presque apaisés, les battements du cœur du Loup. Pour rien au monde la jeune n’aurait brisé cet instant. Depuis combien de temps, de jours, de mois, attendait-elle un tel moment ? Etre serein, à deux. Juste à deux. Et puis, plus de raison pour Rémus de reculer. Elle avait trouvé sa place, pour une fois. Et cette place était à côté de lui, près de lui, contre lui. Oserait-il dire qu’il n’en était pas de même de l’autre côté ? Que lui n’était pas heureux, là ? Impensable.

Et elle rêvassait, bien tout contre lui, à l’abri dans ses bras. Elle aurait tout fait pour que ça perdure. Peut-être par peur que ce bonheur ne disparaisse, ou qu’elle se réveille en se rendant compte que ce n’avait été qu’un rêve, aussi merveilleux fût-il. Car oui, derrière ses paupières closes, dans ses yeux qu’elle adorait promener sur le visage de Rémus, une lueur de peur dansait doucement. Tout semblait trop beau. N’avait-elle pas rêvé plusieurs fois de ça ? Ne s’était-elle déjà pas plusieurs fois réveillée, pour se rendre compte que la réalité était bien plus cruelle que le monde merveilleux qu’elle pouvait voir – ou imaginer – une fois qu’elle fermait ses paupières ? Combien de fois, même, ne s’était-elle pas rendue compte qu’elle interprétait peut être involontairement des gestes qui étaient anodins pour Lupin ? Mais pouvait-on dire que ce qui venait de se passer était anodin ?

Bien sûr que non. C’était peut-être ça d’ailleurs, qui poussa la jeune à murmurer le nom de son amant, à lui rappeler son amour. Comme pour se prouver, pour lui prouver, que ce n’était pas qu’un rêve, un songe, mais bel et bien la réalité qui daignait enfin se montrer clémente. Et, preuve en est, il vint déposer sur son front un baiser. Une réaction bien Lupienne, n’est-ce pas ? Ceci fît même sourire légèrement et naïvement l’Auror. C’était pour ça qu’elle l’aimait, non ? Pour ça qu’elle l’avait attendu si longtemps, non ? Pour ça qu’elle ne s’était jamais découragée, n’est-ce pas ? Parce qu’il était Rémus, avec ses habitudes, son calme, ses grandes qualités et ses petits défauts. Il ne changerait pas en un jour. On ne perd pas facilement de si vieilles habitudes, n’est-ce pas ? Mais encore une fois, elle n’en démordrait pas. Un jour, il lui dirait clairement ce qu’il ressentait. Enfin … verbalement. Ses gestes, ses attentions, ses mimiques expliquaient aussi bien que les mots. Mais un jour, oui, il le dirait. Comme il venait de céder, il le dirait.

Cette idée apaisa la lueur de peur qui dansait au fin fond des paupières closes de Tonks. Un léger soupire franchit ses lèvres, faisant virevolter quelques mèches du loup. Aussitôt, amusée comme elle pouvait l’être d’à peu près tout, la jeune femme glissa quelques doigts dans les cheveux du lycan, les démêlant soigneusement, pour les ébouriffer doucement ensuite. Jeu enfantin, mais n’en était-elle pas une ? Un sourire s’était accroché à ses lèvres, rêveur et joyeux. Tant de mots se pressaient encore, tant de choses à dire. Rien à entendre. Elle était sûre qu’il ne répondrait pas. Après tout, l’horoscope du narrateur de Rémus n’annonce pas qu’il va gagner une somme monstrueuse d’argent, n’est-ce pas ? [ ]

Se redressant finalement sur un coude, ses doigts jouant encore distraitement avec les cheveux de Rémus, elle prit le temps de l’observer quelques secondes. De se remémorer le moindre trait de son visage – même si elle les connaissait par cœur, était capable de les dessiner sans la moindre hésitation -. Oui, elle l’aimait.
Elle vint alors prendre pendant quelques secondes les lèvres du lycan, goûtant encore une fois au plaisir de le sentir, d’humer son odeur. Puis, elle se redressa de nouveau, un éclat amusé maintenant dans le regard.
« Et tu sais quoi ? »

De nouveau, quelques secondes de silence. Hô, bien sûre, elles étaient inutiles. Tonks était sûre qu’il l’écoutait attentivement, comme elle avait entendu sans problèmes le petit gémissement quand elle lui avait dit une nouvelle fois son amour. Mais elle le prit le temps de le regarder, encore une fois. L’Auror ne pourrait jamais s’en lasser.

« Et ben .. j’suis heureuse d’être là, avec toi, aujourd’hui. »

Guettant son regard, elle patienta un bref instant, avant de rajouter, toujours aussi doucement, dans un souffle presque inaudible.
« Vraiment très heureuse … »

Alors qu’elle le scrutait, elle sût presque avant qu’il ne le dise qu’il pensait qu’il n’aurait pas dû. Un simple changement dans ce regard, un elle ne savait quoi. Alors, quand les mots franchirent les lèvres de Rémus, Tonks ne pût s’empêcher de soupirer en levant les yeux au ciel, avant de se laisser retomber doucement sur le lit, toujours à ses côtés, toujours contre lui. Mais quand, bon sang, daignerait-il comprendre que lorsque justement il laissait parler son corps, c’était aussi son esprit ? Quand réussirait-il à voir que lui, même si c’était étrange pour un garçon, n’était pas du genre à faire des galipettes pour faire des galipettes ? Et que par conséquent, c’était l’aboutissement de quelque chose de plus profond ?

Mais non, il ne le voyait pas. Alors qu’elle s’était une nouvelle fois blottie contre lui, il réussit à débiter de nouvelles bêtises. Mériter mieux ? Parce qu’il était mal ? Tonks était loin de croire une telle bêtise. Il était parfait, avec tout ses défauts. Il n’était pas vieux. Etre Loup Garou n’était pas une honte, ni un problème. Mais encore une fois, il ne voyait pas tout ça, se concentrant sur elle, ou du moins ce qu’il croyait être elle. Mais Merlin, elle s’en fichait !
Elle l’aimait tel qu’il était. Vieux s’il voulait se qualifier de vieux – mature, elle aurait dit, mais qu’importe !-, loup garou ou pas … Elle s’en fichait.

Au mot ‘magique’, elle ne pût s’empêcher de sourire, amusée et taquine, l’observant alors. Un bon pas en avant, déjà, même s’il commençait à reculer peu à peu. Les habituelles âneries étaient de retour, l’auror avait toute sa vie devant elle, et ne pouvait trouver son bonheur avec lui. Et gnia gnia gnia, et gnia gnia gnia. Le disques s’était de nouveau rayé, n’est-ce pas ?

Pour couper court à ses arguments qui sonnaient faux – et qui l’étaient –, Tonks finit par se redresser – oui, elle avait toujours la bougeotte – et l’embrassa avec douceur. Qu’il se taise un peu. Et c’était tout de suite mieux.
Puis, elle se remit à scruter les yeux de Rémus. Croyait-il vraiment ce qu’il disait ? L’imaginait-elle seule, ou avec quelqu’un d’autre ? Tonks, quant-à elle, ne pouvait ne serait-ce que l’apercevoir dans un cauchemar avec une autre femme. Impensable.

Enfin, elle se décida à reprendre la parole, appuyée sur un coude pour l’observer encore et toujours.
« Tu crois sérieusement que … »
Faire attention. Peser tout ses mots. Etre sûre de soi.
« … si je ne le voulais pas, je serais là ? »

Et c’était un euphémisme que de dire ça. Elle ne rêvait que de ça, depuis trois ans, trois longues années. Alors elle avait eût le temps de vérifier qu’elle le voulait vraiment, et en réalité, n’avait pas eût tant besoin que ça. L’envie de lui, d’un eux, s’était imposée à elle comme ça, et elle ne l’avait jamais remit en doute depuis. A quoi bon ?

Se souvenant du qualificatif utilisé pour leurs ébats, son sourire devint malicieux, joueur, et elle frôla du bout des doigts le torse du loup.
« Tu peux le dire, que c’était magique. »
Et pourtant, ils en voyaient des trucs magiques, tout les jours, à chaque instant !
« Et je m’en fiche de comment t’es. J’t’aime comme ça, n’est-ce pas ? »

Les mêmes arguments, comme d’habitudes. Les mêmes débats, comme d’habitudes. Un cercle sans fin, un disque rayé …. Leur relation.

Encore heureux que ce n’était pas ce qu’il avait voulu dire ! En plus d’être totalement mensonger, ça aurait été aussi dégradant pour l’Auror. On ne l’avait jamais forcé à rien, elle avait toujours décidé de tout, et ce n’était d’ailleurs pas pour rien qu’elle était une Black : têtue comme pas permis, elle avait de qui tenir. Preuve en est, lui qui s’était souvent montré presque hostile à une possible relation entre les deux se trouvait là, à côté, pas le moins du monde habillé. Et elle n’était d’ailleurs pas peu fière de ce qu’elle pouvait qualifier d’exploit. Il restait certes du chemin, mais il ne pourrait certainement pas oublier ce moment. Elle ne pourrait pas, de son côté.


Comme d’habitude, il ne répondit rien sur sa déclaration, et Tonks ne s’en formalisa pas. Le fait qu’il soit encore là, le geste tout mignon tout plein dont il avait fait preuve quelques secondes auparavant suffisait amplement. Quelques secondes après, il reprenait la parole, les âneries coulant de sa bouche comme s’il ne s’en rendait pas compte, comme s’il ne voyait pas les bêtises qu’il disait. Pas convenable pour elle. Lui ne s’en fichait pas. Comment pouvait-il juger qu’il n’était pas convenable pour elle, comment pouvait-il savoir qu’elle était convenable pour lui ? Le loup, toujours si calme, si posé, si effacé en société, ne s’inquiétait donc que dans un sens, alors qu’il y avait en réalité plus de chance pour que ce soit elle qui le mette mal à l’aise avec sa façon d’être des plus … extravertie ? Mais non. Il ne pensait apparemment que dans l’autre sens.
C’est pourquoi elle ne lui répondit pas. Que dire, si ce n’était une nouvelle fois qu’il était ce qui existait de mieux pour elle ? Qu’il pouvait, pour une fois, s’autoriser à penser à lui avant à elle, qu’il avait le droit de les imaginer ensemble ? Tonks se contenta donc d’un regard éloquent. Les mots étaient inutiles, encore une fois.

Rémus « Et j’ai … profité de toi là »


Pour une rare fois, pour une infime, minuscule seconde, le regard de Tonks se durcit. C’était maintenant sur. Il se moquait d’elle. Ou il ne se rendait pas compte de ce qu’il disait. Profiter d’elle ? Alors que depuis trois ans, elle attendait patiemment ? Profiter d’elle ? Encore une fois, on ne la poussait jamais à rien. Tonks avait comme habitude de décider elle même de ce qu’elle faisait, et même un Rémus Lupin ne pouvait la détourner d’une idée qu’elle s’était fixée. Au mieux, il pouvait l’amoindrir, comme Sirius. Mais c’était bien là tout. Mais bien vite, un bref instant après, elle se détendit. Dans le fond, il s’inquiétait pour elle, non ? Et même s’il se dégradait encore une fois, elle ne pût s’empêcher un léger sourire.
« Encore une fois … Tu crois que je ne le voulais pas, peut-être ? »

Quelques secondes de silence, alors qu’elle réfléchissait tout en se perdant dans ses beaux yeux.

« Et tu l’étais aussi, n’est-ce pas ? »

Question inutile, qui n’appelait aucune réponse en réalité. Lui aussi décidait de ce qu’il voulait, et il n’était pas un Maraudeur pour rien.

Il termina ses bêtises sur une note positive, qui arracha un nouveau sourire malicieux à l’Auror. Sautant dans l’plat, et se jetant des fleurs voir le pot qui allait avec, elle prit un air hautain – qui ne collait pourtant pas à la miss - pendant une fraction de seconde, et dit calmement
« Je sais. Je fais souvent cet effet là … »

Et aussitôt, elle éclata de rire. Non, ce n’était pas vrai. Reprenant alors son sérieux, ou du moins un état qui l’était quelque peu plus, elle replanta son regard malicieux dans celui du lycan, avant de murmurer doucement

« Je rigole. Mais on est enfin d’accord sur un point. Tu m’fais perdre la tête aussi, Rémus. »

Et en y repensant, la jeune se dit que c'était ce qui s'approchait le plus d'une déclaration d'amour de la part du Sieur Lupin.

Et voilà. Il pensait déjà à partir, il pensait déjà à ce qu’elle s’en aille – même s’il ne la mettait pas à la porte, puisqu’elle devait rejoindre les Blacks. C’était certes vrai, mais Tonks n’en avait rien à faire, et aurait sans nul doute préféré rester là, ici, avec lui. A parler, à ne rien faire, qu’importe, tant que c’était avec lui seulement. Mais ça, il ne le comprendrait jamais, ou du moins ferait semblant que ce n’était pas le cas, n’est-ce pas ? -, et elle ne pouvait le concevoir. Ainsi, quand il eût débité son lot habituel de bêtise, qu’il vint déposer un léger baiser sur son front, elle n’eût la force que de soupirer d’une façon parfaitement audible, et de se laisser retomber mollement sur l’oreiller. Aucune, mais alors aucune envie de bouger ne serait que d’un millimètre, même si les draps sans Rémus lui semblait tout de suite beaucoup moins chauds et accueillant.

Ne comprenant rien au charabia qu’il dit alors – assez quoi ? Dénudée ? Pour le coup, c’était normal -, elle se contenta de sourire énigmatiquement. Un moyen comme un autre de ne pas répondre, n’est-ce pas ? D’autant plus qu’elle n’avait toujours pas envie de bouger, contrairement au loup qui s’était déjà glissé hors du lit, semblant chercher quelques affaires.
Ses sourcils se fronçant légèrement, alors qu’elle l’observait – ce qu’il pouvait être mince !-, Tonks cherchait à savoir ce que justement, il cherchait. La réponse lui fût donnée rapidement, et elle esquissa un sourire sincère, amusé. Sa chemise ? Ho, bien sur qu’elle savait où elle était, puisque c’était elle même qui l’avait retiré. Sous certaines de ses propres affaires, sans aucuns doute … cependant, son sourire s’agrandit, devenant malicieux, alors que ses yeux pétillants et se délectant de la situation se posaient dans ceux du loup.

« Et si je te le dis pas ? »

Oui, elle pouvait être chiante quand elle s’y mettait … mais pourquoi ne voulait-il pas voir que le temps filait entre leurs doigts, et que c’était une chance qu’ils soient encore là pour partager quelque chose ? Pourquoi, alors, s’obstinait-il à nier la possibilité d’un eux ? Quoi que, pour cette dernière question, Tonks n’était plus trop en mesure de se la poser. Après tout, même s’il ne l’avait pas dit, ses gestes eux ne poussaient pas aux quiproquo, n’est-ce pas ? Mais dans tout les cas, il ne voulait pas le dire clairement, et elle doutait sincèrement que si maintenant ils sortaient, Rémus ne reprendrait pas son habituel caractère calme, réservé, et surtout ne se tiendrait pas très loin d’elle. Cette idée réussit à la faire soupirer de nouveau, alors qu’elle montrait du bout des doigts un tas de vêtements. Oui, la chemise devait être là.

Se décidant – enfin !- à se glisser hors des draps avec un nouveau soupir presque inaudible maintenant, mais trahissant son peu de motivation à effectuer ce simple acte, elle se mit en quête de retrouver ses vêtements, disséminé entre le pied du lit, et la porte. Sympathique ! Et en premier lieu, elle retrouva les sous vêtements. A peine enfilés, elle se retourna vers le loup. Etait-elle vraiment obligée de s’en aller ?
Comme cherchant la réponse à cette question existentielle, elle s’en rapprocha de nouveau. Glissant d’une façon qui lui semblait maintenant naturelle ses bras autour de la taille de Rémus, elle planta son regard encore une fois dans celui qui s’offrait à elle. Non, vu comme ça, elle n’était pas totalement obligée d’y aller. Mais était-elle objective ? Sûrement pas. D’ailleurs, la simple vu de l’ancien Maraudeurs suffisait à lui faire perdre le peu d’objectivité qu’elle était capable d’avoir. Alors, appuyant délicatement leurs fronts, elle chuchota doucement.

« T’es sur que je dois y aller ? Ils m’en voudront pas si j’arrive tard, si j’arrive pas, tu sais …»

Oui, c’était sa famille qu’elle devait rejoindre, et alors ? Sa famille était aussi ici, surtout ici, quoi qu’en dise l’intéressé. Et oui, sans nul doute qu’Andromeda hurlerait quand elle saurait qu’elle avait passé du temps seule avec Rémus. Qu’importe aussi.

Il fermait les yeux. Un sourire s’inscrivit encore une fois sur les lèvres de l’Auror. Certes, elle usait – et abusait – de subterfuges, et le regretterait peut être plus tard, mais elle n’y faisait guère attention pour le moment. Tout ce qui comptait résidait dans le fait qu’il se laisse aller, une fois, qu’il ne puisse oublier ces trop rares instants, et qu’il n’ait qu’une seule envie : les voir revivre une nouvelle fois… même si ce n’était pas gagné, même si elle doutait sincèrement qu’il ne trouverait rien à redire ensuite. Malgré tout, Tonks s’accrochait à cette idée, aussi simple soit-elle … car oui, la jeune commençait à être à court d’arguments, même si elle ne l’avouerait jamais, même si elle continuerait inlassablement elle aussi à lui ressortir les même jours après jours. Alors oui, le voir fermer les yeux, ne serait-ce qu’un peu, comme pour remettre de l’ordre dans ses pensées réussissait à la faire sourire.

Oui, elle était relativement nue. Et encore une fois, c’était normal. Qu’il pouvait être prude, timoré, quand il s’y mettait …. Etait-ce pour ça qu’elle l’aimait ? Peut être. N’empêche qu’elle sourit encore plus. Elle chuchota alors, d’une voix légèrement malicieuse :
« Tu peux toujours retirer ta chemise, tu sais … »

Elle n’avait pût s’empêcher. Il ne fallait pas s’étonner qu’elle ne puisse se retenir s’il lui envoyait d’aussi grandes perches ! C’était comme tendre un bâton à un chien, et s’étonner ensuite d’y voir les crocs planté. Illogique ! Mais depuis quand la logique avait-elle une place dans la raison de Rémus quand il s’agissait d’un possible ‘eux ‘ ? Il n’en avait jamais fait preuve, ou alors le cachait parfaitement. Mais bref : elle n’allait pas se remettre à penser à ça, puisqu’elle en revenait toujours aux mêmes points.

Pas une bonne idée ? De quoi parlait-il ? Ne saisissant pas, elle se mit à chercher son regard. Commençait-il déjà à regretter les dernières heures ? Ou se remettait-il à radoter sur leur relation ? Dans ces deux cas, elle n’était pas d’accord, elle ne le serait jamais. Et ils ne seraient d’ailleurs sûrement pas sur la même longueur d’onde encore pour un bout de temps … cette idée réussit à la faire soupirer presque silencieusement. Oui, elle avait tendance à oublier que le chemin serait encore long, difficile.

Rémus « On ne devrait pas .. commencer … comme cela. »

Et voilà. Qu’il ne s’étonne encore une fois pas de sa réponse : à tendre le bâton …
Aussitôt, elle se pencha légèrement, approchant ses lèvres de l’oreille du loup, et chuchota joyeusement, d’une voix presque innocente
« Ho, c’est pas bien dur tu sais : tu peux commencer par dire Je t’aime. »

Ou comment peut-être traumatiser Rémus Lupin.

Il avait toujours le mot pour rire, ce Rémus. Voilà que maintenant, il sous-entendait qu’il était assez sénile pour ne pas y survivre une deuxième fois. Ou pour que ce ne soit pas aussi bien que la première – au choix !-. Pourtant, Tonks n’y aurait jamais cru s’il ne l’avait pas dit de lui même – et ne le croyait sûrement pas même comme ça-.. Elle retint donc quelques paroles sûrement trop polissonnes, sachant que ça le mettrait pertinemment mal à l’aise, ou du moins plus qu’actuellement il pouvait l’être. Et dire que pour l’instant, elle n’avait justement presque rien dit ! Mais bon. Elle l’acceptait tel qu’il était, avec son petit problème, avec sa timidité, avec ses habitudes parfois barbantes et sa facilité à être têtu sur certaines choses. Tout comme il semblait l’accepter, ne serait-ce qu’un peu, alors qu’elle était si loin de lui.


Hmm, non, elle ne voyait pas. Elle aussi parlait d’une relation, n’est-ce pas ? Et pas au sens physique du terme, mais bel et bien dans tout les sens qui pouvait s’y accrocher. Ho, bien sur, il le voyait sans aucun doute ; il faisait juste simplement semblant de ne pas comprendre. Qu’est-ce qu’il pouvait être agaçant, et assez étrangement, charmant, quand il devenait comme ça. Ce petit air qu’il prenait, ce regard qui fuyait, tout donnait à l’Auror une envie incommensurable de sourire. Et surtout d’une façon bête et rêveuse. Assez incroyable, non ? Car oui, elle était toujours joyeuse, s’amusait d’un rien. Mais avec lui, ce sentiment qui l’habitait n’était que décuplé. Comme si …. Oui. Comme s’il était une dose de bonheur à lui tout seul. Et c’était le cas. Quoi qu’il en dise. Quoi qu’il en pense.


Ce fût ses dernières paroles qui attisèrent de nouveaux la malice de Tonks. Il ne voulait pas commencer quoi ? Pourquoi ne terminait-il jamais ses phrases, n’allait jamais réellement au fond de ses pensées et préférait parler à demi mot ? Comme elle aurait aimé comprendre tout de lui, et comme il ne lui laissait pas l’occasion. Mais avant qu’elle ne puisse lui poser la question, il réussit à la faire taire. Car quoi de mieux, pour laisser silencieuse l’Auror, que de venir l’embrasser, de lui permettre, pendant quelques secondes, de satisfaire ce petit chat qui s’agitait au creux de son estomac, de laisser des dizaines de papillons s’envoler. Oui, c’était bien la meilleurs façon de la contraindre au silence.
D’ailleurs, alors que lui venait timidement chercher ses lèvres, elle approfondit le baiser. Puisqu’il semblait vraiment vouloir qu’elle parte – tout en la retenant .. quelle étrangeté ! -, autant qu’elle en profite au maximum, n’est-ce pas ? Surtout que Tonks n’aurait pas parié sur le fait que la prochaine fois, il la laisserait entrer si facilement.

Elle finit par venir poser son front sur celui du lycan, se perdant une nouvelle fois dans le labyrinthe de ses yeux. Les questions se pressaient au bord de ses lèvres, maintenant, à nouveau, mais elle les gardait parfaitement closes. Se contentant de se noyer dans son regard. Se contentant de plonger dans cet abîme qui s’offrait à elle. Se contentant de cet instant de pur bonheur. De son bonheur.
Enfin, elle se décida à ouvrir les lèvres, doucement.
« Commencer quoi, alors .. ? »

Lui laisser le temps de répondre, ou pas, et puis reprendre de nouveau.
« Pourquoi t’obstines tu à ne pas voir que je ne veux que toi … ? »
Et la question inverse s’inscrivit dans son esprit. Pourquoi s’obstinait-elle, quand elle pensait qu’il n’y avait plus d’espoir ? Parce qu’elle l’aimait.

Lorsqu’il commença à parler, Tonks baissa les yeux. Un soupire lassé, blasé, franchit ses lèvres. Ne fléchirait-il jamais complètement ? N’accepterait-il jamais un ‘eux’ réel, visible ? Ne se déciderait-il jamais à dire ‘Je t’aime’, alors qu’il s’appliquait à le lui montrer ? Apparemment non. Même après ces fabuleuses heures, Rémus trouvait encore le moyen de détourner la conversation, de la changer, d’éluder certaines de ses questions ou de ses paroles. Oui, ça méritait bien un soupire de lassitude, peut-être même deux. A croire qu’elle n’y arriverait jamais. Qu’il gagnerait toujours. Car, après tout, c’était bien lui qui décidait de ce qu’il disait, n’est-ce pas ? C’était bien son esprit qui lui imposait de dire non, n’est-ce pas ? Ou du moins, sa raison ? Et puis, pourquoi disait qu’il n’était pas convenable de commencer une relation sur du sexe – sur ça, elle était totalement d’accords-, alors qu’il ne voulait même pas d’un eux, qu’il le criait haut et fort, qu’il s’appliquait à lui faire comprendre – si bien sur elle oubliait cette fabuleuse matinée-.

Quand il se défit de son étreinte, elle ne sût réfréner un léger frémissement. Comme si se retrouver si soudainement sans lui tout contre elle lui donnait froid, comme s’il était devenu – ou était déjà auparavant – son radiateur, mais un radiateur aimant et qu’elle n’oserait jamais comparer à un radiateur. Et lorsqu’il se remit à se dévaloriser, elle explosa intérieurement. Que croyait-il? Que les gens ne se retournaient pas déjà vers elle, qui portait des cheveux d'un rose totalement indécent pour les .... quatre-vingt dix-neuvième de la population ? Et bien si. Elle assumait leurs regards, leurs railleries, leurs dédains. Et même mieux : elle leur souriait joyeusement. Comme s'il pouvait comprendre l'erreur qu'ils faisaient de juger uniquement sur le physique, sur l'apparence. Alors un peu plus, un peu moins, que ce soit pour ses cheveux ou pour lui, elle n'en avait rien à faire.

« Mais par Merlin ! J’m’en fiche de ce qu’ils pensent ! Je sais que toi non, mais je m’en fiche réellement ! Et puis … Y’a que toi qui peut. Et ça, tu le sais. »

Regard éloquent, alors qu’elle se retenait d’en dire plus. S’énerver n’avancerait à rien, n’est-ce pas ? Alors elle se devait de rester d’un calme olympien, de ne rien dire, ou du moins, le moins possible pour ni le blesser, ni lui donner matière à répondre dans le mauvais sens. Elle reprit alors, d’une voix plus calme, moins bondissante, plus douce.

« Sérieusement. Y’a que toi qui compte. »

Et la famille. Mais elle n’allait pas le dire là, bien sûr. Car oui, Sirius comptait. Sa mère comptait. Cette dernière, d’ailleurs, ne serait sûrement pas heureuse de savoir où avait été sa très chère Nymphadora. Cette idée la fît frémir, alors qu’un léger sourire se reposait sur ses lèvres. Oui, la réaction de la Black serait sans nul doute à mourir de rire… Ou pas.

« Et puis, si cette relation là, tu ne veux pas qu’elle commence par du sexe, et bien .. commençons là autrement ! »

Un joyeux sourire totalement naïf, innocent, s’inscrivit alors sur ses lèvres. Elle pensait alors qu’il avait finit. Elle fit donc demi tour pour chercher son Tshirt – car maintenant qu’il était loin, elle avait réellement froid !-, mais il reprit soudainement la parole. Dos à lui, elle ne sût réprimer à nouveau un sourire presque sarcastique. Attrapant au passage la chose qu’elle cherchait, elle se remit face à celui qu’elle aimait, cet étrange sourire toujours aux lèvres, et lança ironiquement

« C’est vrai que ce serait dommage qu’il ne puisse plus t’embêter à propos de ça. Je comprend alors mieux pourquoi tu t’acharnes à dire non. »

Si peu moqueur.

Rémus « … un béguin de jeune fille. »

Et pour le coup, elle vit rouge. Autant que la couleurs de ses cheveux, qui flamboyaient de nouveau, signes d’une rage qui grondait au fond de ses sentiments sans pour autant prendre le dessus, sans pour autant de ne se faire entendre réellement. Bien contenue, un peu visible. De qui se foutait-il, là ?! Comment pouvait-il réellement dire ça ?! Et même le penser ! Et même oser imaginer qu’elle était capable de s’acharner avec autant d’application pour un … comment avait-il dit, déjà ? Un béguin de jeune fille. Ses yeux brillèrent pendant une courte seconde d’un étrange mélange de dédain, et de rage. Mais pourtant .. elle était juste blessée. La colère naît de la douleur, n’est-ce pas ? Nul doute pour Tonks, en tout cas. Et oui, pour une fois, il avait réussit à la blesser. Réellement. Un béguin. Impensable.
Sa voix s’éleva, sourde et très basse, comme si elle parlait plus pour elle même que pour lui. Mais aucun moyens de se tromper, c’était bel et bien à celui qui lui faisait face qu’elle s’adressait.
« Tu rigoles ? »
Il n’y avait aucune réponse à y apporter, et la question elle même n’en appelait en réalité aucune.
« Tu … Tu crois vraiment que je serais ici si c’était un simple béguin ? »
Légère insistance sur le vraiment. Elle ne savait plus ce qui la mettait le plus en rogne. Qu'il s'entête, qu'il pense que ce soit un simple béguin, ou qu'il pense qu'elle se serait mise au lit pour, justement, un simple béguin.

S’avançant brusquement, comme dans un réflexe, elle glissa ses mains sur les épaules du lycan, cherchant son regard. Elle ne le laisserait pas fuir, elle qui avait bien remarqué qu’il s’appliquait maintenant à rester loin d’elle.
« Tu t’fous de moi, n’est-ce pas ? »
Cette fois, la question demandait une réponse, implorait qu’il réagisse. Mais doutant réellement qu’il ne le fasse, elle enchaîna presque instantanément.
« Trois ans, et ce ne serait qu’un simple béguin, n’est-ce pas ? »

Puis, elle le lâcha, et se retourna de suite. Ne pas lui montrer combien cette simple phrase, innocente, l’avait touché. Tonks se remit en quête de ses vêtements, s’acharnant à ne pas lui remontrer son visage trop vite. Peut-être verrait-il alors la déception qui s’y inscrivait.

Mais bien vite, elle se reprit. Elle n’était pas Nymphadora Tonks pour rien. Ces yeux se remirent à briller, alors qu’elle s’efforçait de trouver quelque chose de positif dans ce qu’il disait. Dur, n’est-ce pas ? Mais pas impossible, encore une fois, quand on s’appelait Tonks, et qu’on était raide amoureuse de la personne qui venait de débiter pour la énième fois un nombre incalculable de conneries.

Et voilà qu’il lui tendait une perche. Quoi de mieux pour lui redonner le sourire ? Ce dernier, espiègle, illumina alors son visage et chassa les derniers nuages de rognes qui subsistaient dans son regard, qu’elle plongea sur Rémus.
« Ho, ça, ça s’apprend tu sais ! Et puis, au pire, c’est pas bien grave » finit-elle, sincèrement. Pas grave, mais dommage. Partisane du Tout est possible, Tout est réalisable, elle ne doutait pas qu’il finirait un jour par y arriver, de même qu’elle ne doutait jamais qu’ils pourraient être ensemble. Cette pensée effleurant son esprit, Tonks se corrigea inconsciemment. Qu’ils seraient ensemble.

Elle l’espérait bien, oui ! Car s’en était vraiment insultant. Comme s’il la traitait de fille facile, en faite. Cette idée l’agaça, et elle repoussa vivement une mèche qui se glissait devant ses yeux, alors qu’elle récupérait son jean, et l’enfilait aussi vite. Bref. Ils n’allaient polémiquer là dessus, n’est-ce pas ? Ca n’apportait, encore une fois, qu’une dispute de puis qui ne mènerait à rien. Une tension palpable, au mieux. Des mots qu’ils regretteraient, au pire. Et même si elle ne doutait pas qu’ils finiraient par se reparler – puisqu’elle ne pouvait concevoir sa vie sans lui -, Tonks ne voulait pas qu’ils en arrivent là.


Au lieux de rétorquer donc, ravalant cette fierté qui pouvait parfois l’habiter, elle sourit doucement à Rémus. Ce qu’il pouvait être niais, parfois. Bien sur que si, il savait. Ou plutôt, il pouvait savoir. Ce n’était pourtant pas bien dur, n’est-ce pas ? Et puis, c’était quelque chose de naturel. Certes, peut être pas pour le loup qui l’habitait. Mais pour la partie humaine de Rémus, ça devait l’être. La révélation la fît donc sourire, d’une façon un peu amère maintenant.
Il se tenait dos à elle maintenant, s’appuyant sur la commode, et avant de lui répondre, avant de réagir, elle prit le temps de l’observer. Et par la même occasion, de réfléchir. Lui ne savait pas. Ou, du moins, croyait ne pas savoir. Soit. Mais elle ? Ne savait-elle pas ? Bien sur que si. Alors qu’attendait-elle pour le lui montrer ? Pour le lui apprendre ? Un signe plus clair que celui qu’il venait d’envoyer ? Comme si, un jours, il lui dirait simplement : ‘Apprends moi à être un autre, apprends moi à être comme les autres’. Cette idée arracha un sourire presque triste à Tonks, qui continuait à observer son dos, ses cheveux, d’un air un peur rêveur, et nostalgique de quelque chose qu’elle n’avait connu. Non. Il ne lui dirait jamais clairement qu’elle pouvait, qu’elle devait l’aider. Trop de fierté pour ça. N’était-il pas un Maraudeur ?

Soudainement, un frisson naquit en bas de son dos, et remonta violemment. Dans la seconde qui suivait, l’Auror se levait, et s’avançait vers lui – toujours de dos, ce dernier -, de sa démarche gracieuse et pourtant maladroite. Bien vite, elle glissa ses mains autour de la taille de Rémus, et son menton trouva naturellement une place sur l’épaule du loup, alors qu’elle fermait les yeux pour mieux respirer son odeur. Pour mieux s’en imprégner. Merlin, si seulement elle pouvait rester là indéfiniment, à l’humer et à se réchauffer tout contre lui, elle qui avait si froid loin de lui.
Enfin, Tonks se décida à briser le silence, toujours avec une douceur qui lui était peu commune.
« Ne t’en fais pas, Rémus. Je serais là. Je t’aiderais. Je … »

Non. Elle ne trouvait plus rien à dire pour le rassurer, si il avait besoin de l’être. Il savait le nécessaire, n’est-ce pas ? Ho et Merlin, pourquoi avait-elle choisit le jour de Noël, déjà ? Maintenant, elle regrettait presque. Si seulement ça avait été un jour banal, elle l’aurait embarqué là de suite, pour faire tout ou n’importe quoi, avec ou sans son assentiment. Il aurait vu alors que ce n’était pas si dure.

Son estomac la rappela à son bon souvenir, lui arrachant un soupire blasé. Non, elle ne tenait pas à partir. Partir sans lui, bien sur. Une idée s’alluma doucement, et elle chuchota une nouvelle fois.
« Ca te dit de venir, soit aujourd’hui, soit un jour suivant, manger un bout ? »

Malicieuse, elle l’observait alors qu’il s’était retourné. Ses yeux se promenaient sur son visage, s’abreuvaient de ce qu’ils y lisaient, heureux et apaisés d’être là. Comme chaque parcelle de son corps, pour être exacte. Ses lèvres se repaissaient de pouvoir frôler celle du loup comme si de rien n’était, sa peau s’enflammait à l’idée d’être si proche et de pouvoir glisser sur celle de l’autre, et son cœur battait comme un moineau quand il se rappelait qu’il était si près de l’autre. Oui, chaque centimètre carré de son corps hurlait son bonheur d’être au côté de Rémus, et pour rien au monde Tonks n’aurait brisé cet instant, de peur qu’il ne revienne jamais, de peur de ressentir une fois encore son absence … étrange, puisqu’ils n’avaient jamais été ensemble. Etrange, réel.

A peine eût-il remué les souvenirs du gui qu’elle ne pût s’empêcher de partir à rire, le lâchant et laissant sa tête se pencher légèrement en arrière. Ce fameux jour. Tout n’avait-il pas progressé juste à partir de ce diner ? Merlin qu’elle devait à cette fameuse dame qui avait joué le jeu, sans même le savoir. Tonks accrocha de nouveau le regard du loup, pétillante et joyeuse.

« Si tu veux. Pas de gui » s’amusa-t-elle. Bien que, personnellement, elle aurait apprécié passer des heures à chercher un restaurant qui afficherait fièrement cette plante. De 1, parce que cela sous entendrait qu’elle allait encore passer un bon bout de temps avec celui-ci. De deux, parce que ça lui donnerait une raison aussi innocente qu’incontournable de l’embrasser, une fois encore.

Mais en faite. Qu’est-ce qui l’empêchait de revenir prendre possession une nouvelle fois des lèvres du loup ? Rien. Rien du tout. Donc … donc, elle n’allait pas se gêner. Et d’ailleurs, ses yeux brillants de malice et d’excitation autant à la perspective d’être avec lui pour diner une nouvelle fois, qu’à l’idée de gouter de nouveau à un fruit trop de fois défendu, elle vint frôler les lèvres du loup, savourant pour une dernière fois – ou pas – ce geste anodin, qui lui donnait l’impression d’exister depuis toujours. Illusion d’habitude.

Et aussitôt qu’elle daigna le lâcher, Tonks se mit à sautiller sur place. Une vraie adolescente, quand elle s’y mettait.
« On y va quand? » pépia-t-elle, s'obligeant à ne pas afficher une moue qui l'aurait peut être influencé. Il était possible, en effet, qu'il n'ait qu'une envie : reprendre ses esprits, réfléchir, bref un tas de chose qui n'était, avouons le, pas du tout une bonne idée. Mais, dans tout les cas, elle ne le forcerait pas. A lui de voir.
Et dans un mouvement tout aussi joyeux, elle se retournait, ses yeux décrivant un large cercle sur la chambre, comme si elle vérifiait si elle n’avait rien oublier … et se demandant si, d’ailleurs, il ne valait pas mieux qu’elle laisse comme par hasard quelques affaires. Elle pourrait alors, tout innocente et toute naïve, revenir pour les récupérer .. et le voir. Cette idée lui parût bonne, et elle se mit à fomenter, un air des plus joyeux – ce qui pouvait être agaçant tant de bonheur contenu dans une seule et même personne - s’affichant sur son minois en cœur, des plans pour abandonner lâchement quelque chose dans la maison. De préférence quelque part où il ne le verrait pas avant de partir.