Salem en 1876 était déjà très étendue. Quartiers chics, quartiers pauvres, se disputaient les berges des fleuves.
Juste avant le transplanage, Dess regretta de ne pas elle-même dirigé la manœuvre. Les écoles de sorcelleries ayant pour particularité de rester implantées au même endroit des siècles durant, il y avait toutes les chances pour que les Green se soient directement trouvés en face de « collègues ». Or, là…
Manifestement, le hasard les avait matérialisés du côté pauvre de la cité en pleine révolution industrielle. Aux remugles perçus dans cette venelle boueuse, le port fluvial ne devait pas être loin. Prudents, main dans la main, Bryan et son épouse avancèrent lentement, cherchant âme qui vive dans une obscurité percée de lanternes au gaz. Une façade un peu moins décrépite que les autres attira l’attention des Green. Le mari eut beau tambouriner, nul ne répondit.

Je vais essayer de me repérer par rapport à ce que je connais de la ville… moderne. Là, je suis perdue.

A peine ces mots murmurés, la sensation d’être observés les obligea à se retourner. Misère, un groupe compact d’hommes leur bouchait complètement la retraite. Comment étaient-ils là, sans bruit ?
Avant qu’elle ait pu dire quoique ce soit, Bryan avait déjà brandi sa baguette lui soufflant que s’ils étaient sorciers, soit ils les aideraient, soit, ils les tueraient.
Un sort informulé de protection fut émis par la jeune femme qui imita l’attitude de son époux.
Du côté adverse, on semblait s’interroger. Ces gens en costume sombre couverts de capes discutaient entre eux dans la lueur d’un des rares becs de gaz. L’un d’eux se détacha du lot pour s’avancer vers les Green avec des gestes d’apaisement :

Bienvenue, étrangers ! Nous sommes du même bord, je crois.

Il sortit doucement sa baguette qu’il laissa pointée vers la fange de la ruelle.
Puisque tout signe d’hostilité paraissait absent, les Green en firent autant.

Ne soyez pas étonnés que nous soyons là… nous vous attendions, en fait. Il y a eu un décalage dans la prédiction effectuée par notre grande voyante, la célèbre Artémis Edgemore, et la réalité. Nous sommes de faction depuis plusieurs jours et commencions à désespérer.

Circonspects, les époux se consultèrent. Il y aurait eu une prédiction annonçant leur venue ?
L’autre s’excusa :

Je manque à tous mes devoirs, je suis Anselme Redman, actuel président de la cour de justice magique. Ne restons pas là, s’il vous plaît. Nous allons finir par attirer l’attention or… nous aimons la discrétion.

Pour être discrets, ces gens l’étaient. Accaparé par les contes de cet homme mielleux, le couple n’avait pas remarqué la disparition des autres sorciers aussi silencieuse que leur arrivée.
Auraient-ils inventés le transplanage sans bruit ?

Tous se sont rendus à la réunion en avertissant les autres. Un banquet sera prêt en votre honneur. Si vous voulez bien, c’est par ici.

Toujours courtois, Redman leur indiqua le chemin. Sans se lâcher, sur le qui vive malgré tout, Dess et Bryan emboîtèrent le pas à ce guide singulier. Les idées tournaient dans la tête de la jeune femme. N’était-ce point une manœuvre destinée à les faire tomber dans un traquenard ? Autant rester méfiants.
Le trajet ne fut pas long. En quelques ruelles parcourues, ils gagnèrent une large avenue bordée de maisons cossues. Les grilles d’une sorte d’hôtel particulier s’ouvrirent sans bruit pour eux.
Un petit parc gentiment éclairé se traversa, une haute porte en chêne se franchit.
Pas de doute, on était chez des sorciers ! Les tableaux du hall s’animèrent à leur passage, détaillant les nouveaux venus en murmurant.
D’une porte latérale, ils gagnèrent une vaste salle richement décorée et, surtout, très… bondée.
Chaque côté de la grande table en U était occupé par des hommes et des femmes aux atours de fêtes. Bryan et Dess dans leurs vêtements de peaux style Western, dépareillaient copieusement.
Qu’à cela ne tienne, la foule les applaudit avec enthousiasme alors qu’ils avançaient vers la table d’honneur où Anselme les pria de s’asseoir. Le brouhaha se tut avec le tintement du couteau sur le cristal d’un verre vide :

Silence, mes amis ! Silence ! Tous, nous attendions ce jour ; il est arrivé. Portons un toast à nos amis du futur !

Des serviteurs zélés avaient empli les verres, l’assistance complète se tourna vers le couple le plus ahuri qui soit.

Longue vie à nos sauveurs ! cria RedMan.

Tous reprirent la phrase en chœur.
Le banquet débuta dans une ambiance très festive. Accorte, Anselme insistait :

Prenez de ceci, goûtez cela…

Même si elle était assoiffée et affamée, Dess fit semblant d’obéir. Une méfiance, un doute germait l’obligeant à se modérer tandis que détendu, Bryan consommait de tout avec entrain. Des questions fusaient aussi :

Avez-vous fait bon voyage ? D’où venez-vous au juste ? Comment est-ce à votre époque. Etc.

Volubile, Mr Green parlait pour deux. Elle, elle tentait de percer le piège éventuel. Les prophéties… elle les craignait. La plupart n’étaient qu’affabulation. Que voulaient vraiment ces gens ?
Elle ne tarda pas à se féliciter de sa réserve quand son époux se mit à tanguer sur sa chaise…

Non, décidément, cette réunion de sorciers déplaisait fortement à Desdémone. Ils avaient tous l’air trop content, trop gentil, trop… tout ! Son adorable époux semblait d’une naïveté incroyable. Il avait papoté allègrement avec l’un ou l’autre en profitant avec joie des nourritures et boissons proposées.
Il ne fallut pas longtemps pour que ce qu’elle redoutait se produise : Bryan piqua du nez dans son assiette. Aussitôt, Dess recula sa chaise en brandissant sa baguette face à la salle soudain terriblement silencieuse. Tous les regards étaient braqués sur elle qui, dressée telle Némésis, bravait cette assemblée.

A quoi jouez-vous ! clama-t-elle, revendicatrice. Qu’avez-vous fait à mon mari ? Est-ce une façon honnête de recevoir les gens que d’empoisonner leurs aliments ?

Point de poison, assura Anselme Redman, affable. Juste un somnifère inoffensif.

Dans quel but faites-vous ça ? gronda la jeune femme sentant la moutarde lui monter au nez. Je veux savoir ! J’exige que…

Seule au milieu de tant d’ennemis, elle ne pourrait pas faire grand-chose. Elle n’envisagea qu’une issue de secours : prendre Bryan par le bras et transplaner. Manœuvre vouée à l’échec sans doute car, inerte, son époux serait une fameuse bûche à déplacer.
D’ailleurs, elle n’eut même pas l’occasion d’essayer : un filet tomba du plafond, l’empêtrant de belle façon.

Tout doux ma jolie, susurra Redman en lui confisquant sa baguette. Laisse-toi faire, nous ne vous voulons aucun mal ni à toi, ni à ton mâle.
Emportez-les !

Son ordre fut promptement exécuté. Tandis qu’on la ficelait comme un saucisson très remuant, on emporta Bryan loin d’elle. Bâillonnée, elle ne pouvait même pas tenter un sort sans baguette. Les sortilèges informulés n’étaient déjà pas son fort, alors…
Deux hommes costauds la soulevèrent et l’emportèrent dans une pièce voisine tandis que la majorité de l’assemblée reprenait ses agapes comme si de rien n’était.
Allongée sur une table de pierre couverte de signes cabalistiques, Dess se demanda de quel rituel inédit elle serait victime. Un noble sorcier barbu, vêtu d’une longue robe verte aux motifs dorés entra en scène :

Mon enfant ! Nous sommes si heureux que tu sois enfin parmi nous. Rassure-toi, détends-toi, ça ira très vite.

On dut lui appliquer un sort car elle se retrouva incapable du moindre geste, de la moindre parole. Deux sorcières drapées aussi pour une cérémonie commencèrent à la dénuder. A part rouler des yeux effarés, Dess resta rigidifiée. Tout sourire, le plus âgé promena sa baguette sur le ventre de la jeune femme puis suspendit tout mouvement, sa mine se décomposant gravement :

Ce… ce n’est pas vrai ! Vous… vous êtes enceinte ?

Ah ! Voilà une constatation qui, si elle ravit Mrs Green, ne sembla pas du tout enchanter ce mage.

Grossesse très récente, en plus ! Nous n’avons pas de chance. Rhabillez-la, nous devons discuter.

Semblant inconscients ( à moins qu’il ne s’en moquent) que Dess entendait tout, ils se mirent à parler vivement :

Cela chamboule nos plans ! s’exclama le barbu.

Nous n’allons pas attendre neuf mois pour qu’elle soit féconde à nouveau, rouspéta Anselme. Tuons-la larve qui croît en elle, et faisons-lui boire…

Tu es fou, Redman ! Tuer un innocent est contraire à notre éthique. Les retombées risqueraient d’empirer la situation.

Mais c’est vous qui aviez dit qu’un sang neuf viendrait du passé après le futur. Elle est l’élue ! Cela fait plus d’un siècle que nous attendons de pouvoir renforcer notre magie. La stérilité de nos femmes serait levée grâce aux ovules de cette sorcière !

Quelqu’un sembla enfin se rendre compte que Dess buvait chacune des paroles échangées. Un sort s’appliqua, elle perdit conscience.
Lorsqu’elle se réveilla, elle était allongée sur un lit, aux côtés d’un Bryan fou d’inquiétude.

Que s’est-il passé, ma chérie ? Et que t’on fait ces hommes ?

C’est… C’est une histoire de fou !

Le plus clairement qu’elle put, elle le mit au courant de ce qu’elle savait.

Ils n’ont pas réussi parce que… parce que ce que nous souhaitions tant est en moi. J’attends notre enfant, Bryan.

Le futur papa déborda de joie mais aussi de craintes. Dess avait été endormie. N’en avait-il pas profité pour commettre une monstruosité ? La jeune femme le rassura, si le bébé lui avait été ôté, elle le sentirait.

Je… je pense qu’ils vont prendre un soin particulier de nous, mon amour. Ce qui m’effraye c’est qu’ils se rendent compte que… je ne suis qu’une sang-de-bourbe, donc peu… peu intéressante, finalement. Par contre, toi… toi tu es sang pur ! Ils pourraient vouloir… ta semence pour rompre la stérilité des femmes. Je n’apprécierais pas qu’ils…

Dess n’eut pas le temps de terminer sa phrase. Deux sorciers baraqués débarquèrent et s’emparèrent de Bryan tandis que Dess se voyait réduite à l’impuissance.

Un bébé, c’était merveilleux, Bryan allait enfin être père, même si il l’était déjà d’un certain côté, mais là dans le ventre de son épouse grandissait son enfant, sa chair et son sang. Bien sûr il était inquiet que ces hommes aient retiré les fétus, mais Dess le rassura le dessus.

Je… je pense qu’ils vont prendre un soin particulier de nous, mon amour. Ce qui m’effraye c’est qu’ils se rendent compte que… je ne suis qu’une sang-de-bourbe, donc peu… peu intéressante, finalement. Par contre, toi… toi tu es sang pur ! Ils pourraient vouloir… ta semence pour rompre la stérilité des femmes. Je n’apprécierais pas qu’ils…

Le jeune auror ne put entendre le reste de la phrase car deux sorciers débarquèrent dans la chambre et emportèrent le jeune homme. Mais que leur voulaient-ils ? Si ce que Dess venait de lui dire ils voulaient sans doute le prendre lui comme géniteur, et bien il ferait tout pour que cela n’arrive pas.
Le seul problème était qu’il n’avait pas de baguette et était entouré de sorciers. Réfléchissant à toute vitesse, il chercha une solution, mais rien ne vint, il ne voyait pas d’échappatoire.
Allongé sur une table, il ne put bouger, on lui avait jeté un sort et un vieil homme l’examinait.

Parfait, il va pouvoir nous donner ce que nous souhaitons !!

Le vieux sorcier s’adressa ensuite à Bryan.

Vous êtes de sangs purs et nous avons besoin de votre semence pour féconder nos femmes… Au départ nous voulions prendre les ovules de votre épouse, mais nous avons constater qu’elle était enceinte, alors nous avons pensé à vous.

Tiens Bryan pouvait parler et il ne se fit pas prier.

Vous plaisantez j’espère ? Jamais je ne vous donnerai ce que vous voulez…. Et puis je ne pense pas que vous y parviendrez même de force….

Bryan savait parfaitement que ces sorciers et cette époque ne connaissaient pas l’assimilation artificielle et puis ce ne serait pas pareil, le sang des enfants ne seraient surement pas pur. Qu’allaient-ils faire à présent ? Ils n’allaient quand même pas garder Dess et Bryan neufs mois, le temps qu’elle soit de nouveau féconde.

Très bien Mr Green nous ne vous forcerons à rien, alors nous n’aurons pas le choix de vous garder ici le temps qu’il faudra, vous nous en voyez désolé.

Ramené dans sa chambre, il constata que Dess était toujours allongée sur le lit, elle l’attendait avec impatiente, car à peine entré dans la pièce et la porte fermée, elle se jeta presque à son cou. Il fut étonné et très heureux aussi de la voir dans une tenue très légère, il ne tarda pas à la rallonger sur le lit et à l’embrasser.

Tu es tout les jours de plus en plus belle, ma chérie….. Je suis un peu surpris de constater que tu ne sois pas plus perturbé que ça par ce qui nous arrive. D’habitude tu serais en train de chercher une solution pour nous sortir de ce pétrin…..

Bryan se fit presque arracher ses vêtement par son épouse qui n’avait pas ouvert la bouche, il ne comprenait pas, jamais elle n’aurait réagit de la sorte, c’était bizarre. Il la repoussa un peu et la regarda dans les yeux. Elle le regardait intensément, alors oubliant tout ces malheurs pour un temps, il enlaça son épouse dans ses bras et se laissa embrasser partout. Quand il commença à lui faire des baisers partout, elle cria de bonheur et c’est à ce moment qu’il suspendit son geste, ce cri n’était pas celui de Dess, il le savait, ce n’était pas sa voix. Il se leva d’un bond du lit et se couvrit le corps. Pointant son doigt sur elle, il dit :

Tu n’es pas ma femme, j’en suis sûr, vous avez voulu me piéger, mais je ne suis pas de ces hommes, alors sortez d’ici tout de suite, sinon…. Il prit le pot de chambre au pied du lit et le brandit, je vous le casse sur la tête.

Ni une, ni deux la porte de la pièce s’ouvrit sur une autre Dess, mais combien y en avait-il ? Etait-elle la vrai ou pas ? Apparemment oui, vu son air furieux, et puis de plus elle était flanquée de deux sorciers qui la poussèrent dans la chambre tandis que l’autre se leva du lit et fila comme si elle avait Voldemort au trousses.

Ma chérie, ne me regarde pas comme ça…. Je n’ai rien fait je te le jure….. je me suis aperçut juste à temps que cette femme n’était pas toi.

Voir ces gens emporter son époux angoissa profondément Dess. Elle avait entièrement confiance en Bryan. Jamais il ne la tromperait volontairement. Si elle s’était retrouvée dans les bras d’un autre, c’est qu’il y avait de quoi confondre ! Ici, à moins qu’ils n’aient trouvé un sosie de Mrs Green, ces sorciers n’auraient d’autres recours que d’employer du polynectar pour « forcer » Bryan à féconder une de leurs femmes.
Moins de cinq minutes après que la porte se soit refermée sur son mari qu’elle s’ouvrait à nouveau. Deux hommes, un petit et un grand, lui tendirent une robe de chambre à enfiler, et la firent sortir.
Où l’emmenait-on, et pourquoi ?

Nous désirons que vous assistiez à un gentil spectacle… dit l’un en lui ouvrant l’accès à une petite pièce sombre.

La seule lumière qui y parvenait provenait d’une sorte de vitre devant laquelle on la poussa gentiment. Pas besoin de paroles, Dess comprit très bien ce à quoi correspondait ce qu’elle contemplait : la chambre qu’elle venait de quitter.
A quoi ces gens jouaient-ils ? Elle ne fut pas longue à le savoir car la chambre se vit investie par une parfaite réplique… d’elle-même en très petite tenue.

Vous n’avez pas le droit ! C’est honteux ! se débattit la jeune femme qui voulut direct aller régler son compte à cette doublure. Les deux gardes chiourmes ne se laissèrent pas intimider ; ils l’obligèrent à fixer la vitre sans tain.

Vous pouvez toujours courir, cracha-t-elle, venimeuse. Bryan ne se laissera pas duper si facilement !

C’est ce que nous verrons, répliqua l’un des hommes, ironiques.

Le spectacle débuta avec l’entrée en scène du héros. Que sa copie se jette à son cou, fit frémir Dess.

*Bryan, par pitié, ne te laisse pas gruger !*

Si, au départ, son époux sembla tomber dans le panneau en répondant très fougueusement aux sollicitations de Dess bis, rapidement la situation évolua pour le bonheur de l’une, la consternation des autres.
Quand Bryan, furieux, s’empara du pot de chambre, Dess éclata de rire. Ses gardiens, eux, ne riaient pas du tout. Ils empoignèrent la jeune femme par le bras, la poussant dehors avant de la ramener dans sa chambre.
Si Dess eut l’air furieux, ce fut surtout en regard de son double qui fila quasi ventre à terre, vite suivie par les autres.
L’air penaud, Bryan resta près du lit encore chaud :

Ma chérie, ne me regarde pas comme ça…. Je n’ai rien fait je te le jure….. je me suis aperçu juste à temps que cette femme n’était pas toi.

La mine sévère de la grande blonde fondit, remplacée par un sourire lumineux :

Je le sais : j’ai tout vu de là-bas, dit-elle en montrant le miroir, et même sans ce stratagème, jamais je n’aurais douté de toi.

Pour bien lui prouver qu’elle ne lui en voulait en rien, elle s’élança vers lui pour l’étreindre follement.
Elle regretta juste de ne pas pouvoir être encore plus démonstrative en raison des espions éventuels de l’autre côté du miroir.
Qu’à cela ne tienne, s’écartant de son mari, elle préleva une couverture qu’elle fixa sur l’objet incriminé.
S’ils pensaient pouvoir s’adonner en toute quiétude à de somptueux ébats : c’était raté.
A peine les prémices savoureux engagés, qu’un nouveau comité vint les déranger, Redman en tête.
Contraints à se rhabiller vite fait, on les escorta jusqu’à une salle de réunion. Plusieurs têtes déjà entrevues au dîner s’y trouvaient. Toutes semblaient… embarrassées.
Assis côte à côte, se tenant la main, les Green eurent l’impression de passer au tribunal.
Redman fit servir du vin et de l’eau, puis s’assit à son tour et soupira bruyamment :

Vous ne coopérez pas beaucoup, vous deux.

Vous nous l’avez demandé si… gentiment, grinça Dess.

Nous l’admettons… nous ne nous attendions pas à tant de résistance de votre part. N’empêche que nous avons un problème…
Cela fait près d’un siècle que nous avons vu baisser la fertilité de nos femmes, sans aucun remède efficace. Une prophétie annonçait la venue d’un renouveau par l’arrivée de sorciers du futur. Nous avons cru que vous seriez les élus. Nous en sommes d’ailleurs toujours convaincus sauf que vous ne nous aidez pas beaucoup.

Les époux se concertèrent du regard. Un bref hochement de tête entre eux confirma leur mutuelle entente. Dess joua avec son verre d’eau :

Nous sommes venus ici avec l’espoir de trouver un moyen de rentrer chez nous où deux enfants nous attendent. Si nous vous promettons de vous aider, nous aiderez-vous en retour ?

Des oui fusèrent de toute part.

Très bien, alors dès demain, je veux l’accès à votre laboratoire de potions. Pour l’heure, il se fait bien tard. Pouvons-nous disposer d’intimité et… de nos baguettes ?

Cette dernière supplique déclencha un peu de grogne mais, après avoir obtenu promesse formelle de ne pas déserter, les Green purent reganer leurs quartiers avec leur bois magique.

La colère sur les traits de Dess ne resta pas très longtemps, à peine les deux époux seuls dans la chambre, l’expression du visage de la jeune femme changea du tout au tout, un immense sourire illumina ses beaux yeux. Lui montrant un grand miroir accroché au mur en face du lit, elle lui raconta qu’elle était juste derrière et qu’elle avait tout vu de ce qui s’était passé dans la pièce, et pour lui prouver qu’elle avait eu confiance en lui, elle se jeta dans ses bras et l’embrassa d’une façon très sensuelle. L’étreinte fut de courte durée, car déjà Dess s’éloigna de Bryan et prenant une couverture sur le lit la plaça sur le miroir pour donner au couple un peu d’intimité.
Revenant enfin vers son mari, la jeune femme l’attira sur le lit où ils se blottir l’un contre l’autre, mais à peine avaient-ils commencé à se faire des baisers qu’un comité entra dans la chambre, ils furent donc contraint de les suivre, après s’être rhabillés.

Suivant les hommes dans la grande salle, les époux s’installèrent autour de la table, et écoutèrent les commentaires de Redman

Nous ne nous attendions pas à tant de résistance de votre part. N’empêche que nous avons un problème…
Cela fait près d’un siècle que nous avons vu baisser la fertilité de nos femmes, sans aucun remède efficace. Une prophétie annonçait la venue d’un renouveau par l’arrivée de sorciers du futur. Nous avons cru que vous seriez les élus. Nous en sommes d’ailleurs toujours convaincus sauf que vous ne nous aidez pas beaucoup.

Bryan regarda son épouse, avec un clin d’œil entendu et un hochement de tête, ils se comprenaient, ces sorciers n’avaient pas pensé à tout, il y avait une autre solution pour que la fébrilité de leurs femmes s’accroit, ne potion, et qui mieux que Dess pouvait réaliser ça ? Personne. La jeune femme prit donc la parole :

Nous sommes venus ici avec l’espoir de trouver un moyen de rentrer chez nous où deux enfants nous attendent. Si nous vous promettons de vous aider, nous aiderez-vous en retour ?

Pas le temps de réfléchir plus longtemps, les sorciers disent tous un grand oui, ils se demandaient bien comme les deux aurors du futur allaient faire ce miracle.
Dess demanda donc l’accès libre à leur laboratoire de potions et également un peu d’intimité pour les deux époux, de ceux-ci ils acceptèrent, mais furent un peu plus réticent pour ce qui était de leur rendre leurs baguettes magiques, Bryan et son épouse assurèrent qu’ils ne s’enfuiraient pas et pour aller où ? De plus les deux aurors et les sorciers avaient autant besoin l’un de l’autre pour que tout le monde soit satisfait.

Enfin seul et en possession de leurs biens, les époux Green purent enfin savourer les plaisirs de la chair.
Le lendemain matin très tôt, ils furent conduit dans un genre de laboratoire, ou tout ce dont on pouvait rêver y était, des fioles de toute sorte ainsi que des plantes et autre. Dess ne se fit pas prier pour se mettre de suite au travail secondé par son époux qui adorait la voir en si grande inspiration, bien sur ce ne serait pas facile de faire cette potion, il faudrait du temps mais tout ce qui comptait c’est que d’ici la fin de la semaine tout serait prêt et que les sorciers du futur puissent repartir dans leur époque et retrouver les jumeaux.
Lorsque Bryan voyait que sa femme commençait à fatiguer il lui ordonnait de se reposer, autant pour son bien que pour celui du bébé.
La semaine fut rude, le matin à l’aube ils étaient déjà au laboratoire et allaient se coucher que très tard dans la nuit, un coup de baguette par-ci, un autre par-là, une goutte de celle-ci, une autre de celle-là…. Et puis enfin la fin de la semaine arriva et la potion fut enfin prête, mais avant que Redman et les siens leur donne le moyen de repartir, ils voulaient essayer la potion miracle. Dess expliqua la composition du breuvage, les gouttes qu’ils faillaient prendre et aussi les risque que cela entrainaient, bien qu’il n’y en avait pas beaucoup. Une femme arriva donc et prit le remède, au bout de quelques heures les effets furent inespérés, tous étaient ravi et ils remercièrent les deux époux Green.

Mon épouse et moi-même avons fait notre part de travail, à vous de nous aider à présent.

Redman sortit un petit objet de sa poche, il s’agissait d’n retourneur de temps, mais comment faire pour repartir dans le futur avec ça, Bryan regarda Dess qui ne comprenait pas non plus.

Ceci est un retourneur de temps, mais avec nos pouvoirs magiques réunis nous pouvons vous renvoyer dans le futur, cette objet donc deviendra un avanceur de temps, dés qu’il deviendra jaune vous retrouverez votre époque et votre famille…. Mais avant nous souhaiterions encore vous remercier en vous faisant un petit cadeau.

Tendant un petit paquet, les époux Green ne devaient pas l’ouvrir avant de se retrouver chez eux, ils acceptèrent avec joie, quelques minutes plus tard une grande lumière jaune les entourèrent et ils furent projetés dans le futur.

Plus difficile que prévue, la tâche que s’était imposée Desdémone la fatigua beaucoup. Patient, toujours prêt à la seconder dans l’élaboration de potions difficiles, même s’il ne comprenait pas trop ce qu’elle fabriquait, Bryan fut un ange. 10 fois par jour, Dess bénissait le ciel d’avoir rencontré cet homme qui lui vouait une fidélité inébranlable. Les deux faisaient la paire, indiscutablement.
Les sorciers de Salem eux-mêmes le reconnaissaient. L’un n’irait jamais sans l’autre, en dépit de tout.
Son époux veilla sur elle mieux qu’un st Bernard. S’il jugeait qu’il était temps d’arrêter, elle l’écoutait. Si têtue elle demandait cinq minutes de plus, il les lui accordait.
Semaine éprouvante s’il en est pour les deux époux.

Tu vois, avec ça, j’escompte rendre les femmes fécondes et les hommes gaillards. Ça ne peut pas rater.

Souvent, Dess dut courir la campagne à la recherche d’ingrédients frais. Bryan surveillait la cuisson du brouet mais lui faisait confiance. Les nuits furent suaves sauf quand il fallait brasser le bouillon à intervalle régulier.
Crevés, mais heureux de l’être, les époux purent présenter leur préparation aux femmes prêtes à être fécondée par leur époux.

Orge en semence, jus d’orange, concentré d’huiles essentielles, et j’en passe, si les femmes en mettent trois gouttes dans leur thé du matin, les hommes une goutte, on ne devrait pas tarder à avoir des résultats.

En effet, moins d’une seconde semaine plus tard, des tests effectués prouvèrent que cinq femmes sur 6 étaient enceintes et qu’elles étaient ravies des performances de leur conjoint. Tout était bien sauf que…

Mon épouse et moi-même avons faits notre part de travail, à vous de nous aider à présent.

Le discours tenu par Redman les agréa sauf qu’il était un poil surprenant. Un avanceur de temps.. ; Pouvait-on se fier à un tel engin ? Et Ce paquet remis à n’ouvrir qu’au retour, que contenait-il ?
C’était plus fort qu’elle, Dess se méfiait hautement. Ses yeux criaient « non » mais Bryan semblait si confiant…
Bientôt une grande lumière jaune les enveloppa et ils furent expulsés dans le futur…
Belle affaire…

Mr Green, vous n’avez pas le droit de toucher à ce balai. Si votre père était là, il vous l’interdirait :

Ça va, la vioque, j’ai 15 ans. Tout le monde rigole de moi au collège parce que je sais pas voler.

Il a raison, intervint une très belle jeune fille, moi je vole depuis mes 5 ans alors nany, va te faire f****e !

Interdits, Bryan et Dess se regardèrent. Beau cadeau du futur, en effet ! Ils venaient de sauter plus de 10 ans après leur disparition. Tsunami et Littleboy étaient de beaux ados pleins de vigueurs et de morgue.

Hum… toussa Dess. Si ça intéresse l’un de vous, papa et moi… on est là.

Il va sans dire que trois visages incrédules se tournèrent vers ce couple apparu dans l’entrée sans crier gare.

Arrivés enfin chez eux, par un avanceur de temps, Bryan était heureux, mais il déchanta très vite en entendant des mots pas très agréable à l’oreille, de plus le présent n’était pas tout à fait comme il le pensait car ils n’y étaient pas, non les époux Green venaient de faire un bon dans le futur, dix ans. Les jumeaux étaient à présent de très beaux adolescents et ne respectaient personne, c’était sans doute le fait de grandir sans parents. Tsunami était aussi belle que sa mère, des cheveux blonds et de grands yeux magnifiques, quant à Fuji, il était grand et châtain ressemblant comme deux goutes d’eau à son père Hiro. Dess venait de toussoter pour signifier leurs présences, ce qui fit retourner les trois personnes présentes dans la pièce.

Si ça intéresse l’un de vous, papa et moi… on est là.

Les regards braqués sur eux, étaient très étonnés, c’était un peu normal, qui aurait pensé que Bryan et Dess allaient débarquer dans le vestibule de la maison ? Personne et encore moins les deux chérubins, le jeune auror regarda son épouse.

Je n’arrive pas à croire que Redman et les autres nous ont fait ça !!! Je te promets de trouver une solution.

Laissant sa femme à ses réflexions, il s’avança vers les jumeaux qui le regardaient comme si il était un fantôme.

Je sais ce que vous vous dîtes, mais c’est bien nous, le pourquoi et assez long à expliquer, mais je vous jure que nous ne sommes pas des mangemorts…..

Les trois personnes présentes se mirent à rire, pourtant Bryan n’avait rien dit de drôle, Tsunami s’arrêta soudain et vint se serrer contre « son père » qui fut très heureux de ce geste. Fuji ouvrit la bouche pour parler, mais apparemment aucun son ne voulait en sortir, il dévisageait toujours les époux Green.

Les mangemorts……

Enfin le fils venait de lâcher quelque chose, mais La vieille dame qui était à ses côtés lui cloua la bouche avec un sortilège, Bryan ne comprenait pas pourquoi et en lâchant la jeune fille, il demanda :

Pourquoi ne pas laisser parler cet enfant ?

Vous me demandez pourquoi ? Et bien je vais vous répondre, Mr Green…. Tous les deux vous devez venir du passé, j’en suis certaine, premier point, vous êtes jeunes, ensuite Bryan et Desdémone Green ont disparu il y a plus de dix ans et dernier point, si vous êtes bien eux, ce que je ne doute pas, vous ne devez en rien savoir ce qui se passe dans ce présent. Se tournant vers les jumeaux elle ajouta, et vous, je ne veux pas que vous divulguiez quoique ce soit, c’est compris ?

Les deux adolescents acquiescèrent d’un signe de tête. Ils venaient de comprendre que les deux adultes étaient bien leur parents et se ruèrent sur leur mère pour la serrer dans leurs bras. Pendant que la mère et les enfants se retrouvaient, Bryan réfléchissait, comment allaient-t’ils se sortir de ce pétrin ? Pour le moment il n’avait pas d’idées et voulait profiter un peu de son lit, fatigué à l’extrême après avoir concocté des potions avec son épouse pendant plus d’une semaine, il avait besoin de repos.

Je sais que ce n’est pas le moment, mais j’ai besoin d’aller m’allongé et toi aussi ma chérie, n’oublies pas que tu es enceinte et que tu as besoin de repos.

Les jumeaux regardèrent l’auror.

Nous allons avoir un petit frère ou une petite sœur ?

Un grand sourire naquit sur les lèvres du jeune homme, oui bientôt il y aurait un autre Green.
Après avoir promis aux enfants qu’ils ne dormiraient que quelques heures et que Bryan apprendrait à Fuji de voler sur un balai, les époux montèrent dans leur chambre et se couchèrent dans le grand lit, mais avant de s’endormir, Bryan prit Dess dans ses bras et lui murmura :

Le sommeil porte conseil, je suis sûr que nous trouverons une solution pour repartir dans le passé, dans notre présent….

Pour une surprise de taille, c’en était une ! Ils avaient dépassé leur époque et se retrouvaient chez eux mais plus de dix ans après en être parti. Il y avait de quoi avoir les idées à l’envers. L’accueil fut d’abord circonspect puis Tsunami sembla reconnaître son beau-père et courut vers lui alors que l’allusion aux mangemorts laissait flotter comme... un doute. Néanmoins les jumeaux se donnèrent le mot pour enserrer leur mère tandis que la dame qui les chaperonnait leur donnait des directives étonnantes en commentant cette arrivée intempestive :

Tous les deux vous devez venir du passé, j’en suis certaine, premier point, vous êtes jeunes, ensuite Bryan et Desdémone Green ont disparu il y a plus de dix ans et dernier point, si vous êtes bien eux, ce que je ne doute pas, vous ne devez en rien savoir ce qui se passe dans ce présent ; et vous, je ne veux pas que vous divulguiez quoique ce soit, c’est compris ?

Là-dessus, son époux ne trouva rien de mieux à déclarer que :

Je sais que ce n’est pas le moment, mais j’ai besoin d’aller m’allonger et toi aussi ma chérie, n’oublie pas que tu es enceinte et que tu as besoin de repos.

La remarque ne laissa personne indifférent ; les jumeaux en premiers.
Déjà Bryan voulait l’entraîner vers l’étage :

STOP ! Je suis fatiguée, c’est vrai mais je ne bougerai pas d’ici avant d’avoir reçu quelques explications. Nous avons connu de curieuses aventures que nous conterons plus tard mais je veux d’abord savoir : qui êtes-vous, Madame et que faites-vous chez nous ?
Nous avions stipulés qu’en cas d’accident nous survenant, ce devait être les Davenport qui se chargeraient de nos enfants. Ne me dites pas qu’il est arrivé quelque chose à Nate et Justin ?

Chacune se regardait en chienne prête à mordre.
La détermination de Dess fit fléchir la cinquantenaire enrobée qui décida de s’asseoir :

Je suis Mrs Goodyear, tutrice légale désignée par défaut par le ministère selon les dispositions testamentaires laissées par les Davenport.

Catastrophe ! Dess en aurait titubé si Bryan ne l’avait soutenue :

Parlez, de grâce, dites-nous…

Les époux, serrant les enfants contre eux, s’assirent dans le large canapé :

C’est arrivé environ trois ans après votre disparition. Il y a eu… une grande guerre. Mr et Mrs Davenport y ont pris part et ont été tués ainsi que de nombreux sorciers. Je… je ne voulais pas en parler… on ne peut pas parler librement, ni ici, ni ailleurs.

Déjà Dess levait sa baguette pour appliquer un « assurdiato » à la pièce :

NON ! s’épouvanta Mrs Goodyear. Les sorts d’assourdissements sont interdits, et…

La moutarde commençait à monter au nez de la jeune femme. Que se passait-il ? Le monde était-il encore pire qu’avant ?

Mettons de la musique à fond, alors !

C’est… C’est interdit !

Nom d’un gnome ! Ecrivez votre histoire alors !

Parchemin et plumes volèrent en direction de la tutrice qui se mit à gribouiller fiévreusement. Incapable de rester en place, Dess se leva, alla à la cuisine et fit chauffer de l’eau. Un thé corsé d’imposait. Son énervement était tel que toute trace de fatigue s’était envolée.
Quand elle revint avec la théière et les tasses, elle constata que chacun était resté à sa place. Assez émue de revoir ses enfants si bellement grandis, elle ne put s’empêcher de leur caresser la tête au passage. C’est fou ce que Fuji ressemblait à son père. Il avait déjà une belle carrure et des yeux magnifiques. Tsunami était très jolie avec de longs cheveux blonds. Il était étonnant que son caractère rebelle semble aussi adouci. Pendant qu’elle servait la boisson, la jeune fille donna sa tasse à chacun alors que Mrs Goodyear écrivait telle une forcenée.
Enfin, le document changea de mains. Avides les époux Green se penchèrent dessus.
La lecture ne fut pas aisée, la dame avait fait de nombreuses ratures et pâtés. En résumé ça donnait ceci :

6 mois après votre disparition inexpliquée en Egypte, on vous a déclaré morts. Les enfants sont restés chez les Davenport qui s’en sont occupés trois ans. Entretemps, Voldemort et ses sbires ont complètement disparus ou on été tués. Mais un autre mage noir est apparu et a commencé à rallier des partisans. Tous les sorciers en âge de se battre ont été mobilisés ; les Davenport ont répondu à leur devoir. Ils ont péri dans une grande bataille au milieu de Londres ! On m’a nommé tutrice des enfants Green. Un nouveau ministère a été mis en place, dirigé par le mage noir du nom D’Aegnor. Il a mis en place des verrous inimaginables si bien que si l’on parle directement de lui ou du ministère... Ses hommes sont avertis et les coupables châtiés. Par pitié, faites attention à vos dires.

Desdémone et Bryan furent effarés par ce texte. La future mère brûlait de poser des questions. Elle prit la plume :

Où en est la situation actuellement ? Qui êtes-vous pour avoir été désignée tutrice ? Poudlard existe-t-il toujours ? Y a-t-il un mouvement clandestin contre le régime actuel ? Et les moldus, ils savent ?

Le papier s’échangea. La dame écrivit en retour :

On vit dans la terreur perpétuelle de voir les maques débarquer… Ils sont sans pitié. Je suis une parente des Sommersby. On n’a pas voulu déraciner les gosses… Ils ont repris les petits du couple. Poudlard est dirigé par un homme à eux. Pas de clandestins à ma connaissance. Les moldus sont au courant du monde magique… leur sort est pire que le nôtre.

Il allait falloir aux Green le temps de réfléchir. Là, à chaud, c’était impossible. Alors Dess, convaincue de la bonne foi de Mrs Goodyear, consentit à prendre quelques heures de repos. Elle embrassa follement les jumeaux puis accompagna son mari. Dans leur chambre, Bryan se montra tendre :

Le sommeil porte conseil, je suis sûr que nous trouverons une solution pour repartir dans le passé, dans notre présent…

Non ! déclara fermement Dess dont les paupières s’alourdissaient malgré tout. On doit d’abord empêcher ces ignominies d’avoir lieu !

Deux heures plus tard, elle fut la première à s’éveiller. D’abord désorientée, il lui fallut se rendre compte qu’elle n’avait pas rêvé ou plutôt cauchemardé.
Péniblement, elle se dirigea vers la douche qu’elle enclencha machinalement. Etait-il possible que tant de choses étaient arrivées ? Qu’un maître plus vicieux que Voldemort soit aux commandes ? Il y avait de quoi vouloir renverser la vapeur, et vite.
Avec tous ces événements, les Green en avaient oublié le paquet remis par Redman.
Cela valait-il la peine de s’y intéresser ? Bah… au point où en étaient les choses…
Vêtue de frais dans une robe sans doute démodée, Dess regagna sa chambre et s’empara du paquet laissé sur la desserte.
L’emballage rompu un feuillet s’en échappa, laissant apparaître une petite boîte.
Lisant la missive, Dess écarquilla les yeux :

Chers amis, nos voyants ont eu raison pour votre venue chez nous. Leurs visions du futur n’était guère optimistes. Nous avons cru bon de modifier l’avanceur de temps afin que vous atterrissiez plus tard que prévu. Nous laissons le monde sorcier entre vos mains par l’objet fourni. Faites-en bon usage.

Fébrile, elle ouvrit la boîte et pleura de joie. Elle contenait un splendide retourneur de temps…

Avant de faire un pas dans le couloir qui menait à l’étage ou un bon lit attendait les deux époux, Dess voulait avoir plus d’explications de ce qui se déroulaient sous ses yeux, elle ne comprenait pas pourquoi ce n’était pas Justin et Nate qui avaient la garde des jumeaux et aussi qui était cette femme. Bryan n’avait pas regardé plus loin que le bout de son nez, il pensait que cette vieille femme était une ancienne nounou de Dess et qu’elles se connaissaient, mais apparemment ce n’était pas le cas. Le jeune auror s’en voulait beaucoup et attendait avec impatiente comme son épouse la réponse de la dame qui ne voulait absolument rien dire, mais la détermination dans le regard de Madame Green fit plier les dernières barrières de la cinquantenaire.

Je suis Mrs Goodyear, tutrice légale désignée par défaut par le ministère selon les dispositions testamentaires laissées par les Davenport.

Heureusement que Bryan était juste derrière son épouse, il la retint d’une main ferme pour ne pas qu’elle tombe sur le sol, elle était dans un état de choc, comme lui, jamais il n’aurait pensé à ça c’est comme si il venait de recevoir un coup de poing dans le ventre, il chercha sa respiration, son ami, son meilleur ami était mort, ce n’était pas possible. Merlin pourquoi ?
C’est Dess qui prit ensuite la parole pour savoir le pourquoi du comment. Tous deux étaient KO de cet aveu et ils durent s’assoir sur le divan avec les enfants serrés contre eux pour écouter la femme débiter ce qu’elle savait.

C’est arrivé environ trois ans après votre disparition. Il y a eu… une grande guerre. Mr et Mrs Davenport y ont pris part et ont été tués ainsi que de nombreux sorciers. Je… je ne voulais pas en parler… on ne peut pas parler librement, ni ici, ni ailleurs.

Une guerre ? Mais Justin était l’un des meilleurs aurors et il n’avait pas survécu, c’était une histoire de fou, soir=t Bryan était en train de faire un cauchemar ou soit les mangemorts étaient devenus de plus en plus puissant, ce qui était pratiquement impossible. Bryan fut sortit de ses pensées noires en entendant Mrs Goodyear dire que beaucoup de choses étaient interdites, Bryan vit ensuite son épouse lever sa baguette pour amener à la vielle dame de quoi écrire, si parler de ça n’était pas autorisé et lancer des sorts ne l’étaient pas non plus, il fallait trouver une solution pour savoir ce qui se passait vraiment dans ce futur, écrire !!

Dess ne pouvait pas rester là à ne rien faire, il fallait qu’elle bouge et son mari la regarda traverser le salon pour se rendre à la cuisine, lui était un peu plus calme, du moins c’est ce qu’il voulait montrer, car à l’intérieur il était ravagé par la colère et l’incertitude, lui qui avait rêvé de donner à sa famille, la plus vie qui soit, il se retrouvait dans le futur, ou pratiquement tout étaient interdit et que ses amis étaient morts les uns après les autres. Regardant les jumeaux, assis à ses côtés, il se promit de tout faire pour que tout ce que venait de dire Mrs Goodyear ne se produisent pas. Dess revint en portant un plateau avec des tasses et du thé, qu’elle servit à l’assemblée.
Mrs Goodyear venait de finir d’écrire et tendit le parchemin aux époux Green qui se penchèrent pour le lire, Bryan n’aurait jamais pensé que tout ceci puisse se produire, voulant en savoir plus sa femme écrivit les questions qui lui brûlaient les lèvres, à peine le feuillet échangé que la nounou se mit à écrire fébrilement, le papier changea à nouveau de main et la lecture des réponses étaient tout à fait horrible. Ne pouvant pas penser convenablement et de plus la fatigue était bien là, les deux jeunes aurors allèrent se coucher, Bryan prit Dess dans ses bras en lui assurant qu’il ferait tout pour retourner dans le passé au moment où ils avaient disparut, mais elle n’était pas de cet avis, elle voulait faire en sorte qu’aucunes des choses qu’ils venaient de lire ne se produise.

On dit toujours que le sommeil porte conseil et c’est ce qui se passa, en se réveillant, Bryan avait déjà quelques idées en tête, mais comment parvenir à faire une telle chose sans retourneur de temps ? La question fut présente dans son esprit pendant encore plusieurs minutes après s’être réveillé, il regarda à côté de lui et vit que Dess n’était plus dans le lit, elle était debout et pleurait, se levant comme une fusée, il alla l’étreindre.

Que ce passe t’il mon amour ?

Elle lui montra le paquet cadeau que les sorciers de Salem leur avaient offert et vit à l’intérieur de la petite boîte un retourneur de temps. C’était exactement ce qu’ils leurs fallait et voilà qu’on leur en servait un sur un plateau, c’était plus qu’un cadeau pour eux, c’était une promesse d’un avenir meilleur pour tous, Bryan prit ensuite la missive entre les mains de sa femme et lu en vitesse. Alors ils le savaient, ils savaient que les époux Green auraient besoin de cet objet, remerciant Merlin, le jeune homme s’habilla en vitesse en mettant le précieux cadeau dans sa poche.

Nous allons pouvoir sauver tout le monde, ma chérie, vu ce qu'on a là, ce ne sera pas aussi dur que je le pansais... Par contre nous allons devoir retourner le temps en plusieurs fois..

Il tendit la main à son épouse pour qu’elle le suive, il avait tout ce qu’il rêvait.

Arrivé au salon les enfants et Mrs Goodyear n’avaient pas bougés, il étaient toujours assis sur le divan en discutant, Bryan prit le parchemin et une plume et commença à griffonner quelque chose.

Nous pouvons changer les choses, alors il va falloir nous donner les dates exact de la mort des Davenport et de la monté au pouvoir du Lord Aegnor.

La réponse fut vite écrite et quand il reçu enfin le papier dans les mains, il lu rapidement.

Ils sont morts le 8 Août 2004 et le nouveau mage noir est arrivé au mois de Novembre 2003, il s’est d’abord occuper de recruter des mangemorts avant de prendre le pouvoir quelques mois plus tard…. J’espère que vous savez ce que vous faîtes, les enfants ont besoin de vous.

Bryan et Dess se regardèrent et avant de disparaître encore une fois ils serrèrent les jumeaux dans leurs bras.

Nous serons bientôt de retour, je vous aime les enfants !!

Sortant le retourneur de temps de sa poche, Bryan prit son épouse dans ses bras et calcula de combien de fois il devait faire pivoter l’objet, en un clin d’œil, ils se retrouvèrent quelques années auparavant, juste devant la porte de la maison de Justin et Nate, Bryan était heureux de constater qu’il ne s’était pas trompé, il entendait juste derrière le panneau de bois des cris d’enfants, fébrilement il appuya sur la sonnette et quelques secondes plus tard, la porte s’ouvrit sur Mr Davenport qui fut très surpris de cette visite, bien que ce n’en n’était pas une.
La baguette sortit en un éclair, Justin les menaça.

Baisse ta baguette mon pote, c’est nous…. Je sais que tu dois penser le contraire, mais nous pouvons te le prouver. Tu es un auror hors pair et ami de Michael DeBrent, qui as eut une liaison avec Alix Blackstorm, une mangemorte. Nous nous connaissons depuis Poudalrd et avons fait tous les trois beaucoup de choses folles, tu as perdu ta fiancée qui était le portrait crachée de Dess. Tu es né Moldu et quand tu es arrivé à Poudlard, tu ne savais rien du monde magique, tu as été envoyé à Serdaigle et tu aimes faire des blagues, que je trouve très drôle… Dois-je ne dire plus ?

La baguette de Justin se baissa et il laissa entrer les Green, c’était un peu normal qu’il se méfie surtout que les deux aurors avaient été déclaré mort depuis plus d’un an.

Nous sommes ici pour vous prévenir d’un grand danger, je veux juste savoir si nous sommes bien en Novembre 2002 ?

Nate venait juste d’entré dans le salon et dévisageait les deux arrivant.

La découverte d’un retourneur de temps était vraiment un cadeau fabuleux qui ouvrait de grandes perspectives.
Bryan le comprit très bien. Descendant retrouver ses enfants Dess s’interrogeait néanmoins sur la meilleure façon de s’y prendre avec cet engin dont elle ignorait le fonctionnement exact. Se fiant à son époux, elle ne put s’empêcher de contempler les jumeaux avec admiration mais aussi tristesse. Si tout fonctionnait, jamais elle ne les reverrait tels quels. Le Green venaient de se donner une mission dangereuse mais capitale pour la survie de beaucoup de monde.
Par écrit, la gouvernante leur fournit les renseignements demandés. Voir la date de la mort de ses amis fit frissonner la jeune femme, de même lorsque Bryan déclara :

Nous serons bientôt de retour, je vous aime les enfants !!

A son tour, elle broya les jumeaux dans une folle étreinte :

Tous les mauvais souvenirs seront effacés, nous vous retrouverons comme si rien ne s’était passé, je vous le promets.

Elle avait les larmes aux yeux en les quittant même si les bras aimants de son époux la rassuraient.
Comment parvinrent-ils pile face à la porte des Davenport ? Dess n’eut pas trop le temps d’y songer. Elle aimait beaucoup l’immense propriété de ses amis. La « Folie » de Justin… Quand elle l’avait quittée la dernière fois en y confiant ses enfants à la garde de ses amis, tout y était impeccable. Là… La demeure semblait négligée. Des signes de décrépitude apparaissaient ça et là. En temps normal jamais Justin n’aurait toléré que son seuil soit envahi de mauvaises herbes. Pourtant… elle en vit et s’en étonna.
Moins cependant que devant l’homme un peu hirsute qui répondit à la sonnette.
Très négligé, portant encore des chaussons aux pieds, Davenport ouvrit. Il se décomposa à leur vue et sa baguette se brandit. Contrant immédiatement tout acte de violence Bryan entreprit verbalement de lui signifier qu’ils étaient bien ceux qu’il pensait.

Ben ça… ben ça…

Ebahi, Davenport les regarda comme s’il voyait des fantômes. Mr Green se chargea de réclamer une précision :

Nous sommes ici pour vous prévenir d’un grand danger, je veux juste savoir si nous sommes bien en Novembre 2002 ?

Ouais, répondit Justin encore choqué. Mais où diable étiez-vous passé ? On vous a déclaré mort. Vos enfants ne sont pas ici, on nous les a repris il y a peu.

Nous savons Justin. Vas-tu nous laisser dehors ?

Groggy, il leur livra le passage.
D’après ce que vit Dess du grand hall, des signes de négligence s’y marquaient aussi.
Elle remarqua dans un coin un potiron travaillé en lanterne, preuve qu’Halloween avait été fêtée récemment. Ils étaient donc bien en novembre, presque 2 ans avant que ses amis décèdent.
Les conduisant au salon, Justin appela sa femme qui faillit s’évanouir devant le couple Green avant de les étreindre en pleurant.
Nate n’était pas très en forme… une nouvelle grossesse semblait la miner fortement. Derrière elle trottinaient deux fillettes adorables : Viviane et … ? Dess se rendit compte qu’elle ignorait le prénom de la plus jeune.

C’est Flore, notre dernière. Nous espérons un fils, cette fois. Mais que vous est-il arrivé ? On vous a cherché partout.. ; Et vous revenez comme si…

C’est une longue histoire, soupira Dess. Nous avons… beaucoup voyagé… dans le temps.

Installé devant une cheminée, les Green déballèrent le résumé de leurs incroyables aventures. Propulsés loin en arrière pour passer un temps à Salem avant de revenir 10 ans après leur disparition… Tous eurent besoin d’un sérieux remontant.

Nous avons appris des choses terrifiantes, compléta Desdémone. Nous voulons les empêcher. Si nous ratons notre coup, vous… vous allez tous mourir d’ici deux ans. Il ne s’agira pas d’une catastrophe naturelle mais bien d’une guerre. Vous avez battu Voldemort, je pense…

Oui, avoua Justin ; et pas sans mal. Depuis, le ministère rafle la majorité des biens des sorciers friqués. Dans quelques mois, je devrai vendre mon domaine au risque de tout perdre. Nous pensions déménager aux Bermudes et nous y faire… oublier.
Nos industries partent en fumée ; il n’y a qu’une chocolaterie qui fonctionne encore… tout juste du reste. Qui a les moyens de se payer des gâteries, à présent…

Une amertume profonde se reflétait dans ces dires. Habitué à ne jamais manquer de rien, Davenport encaissait mal ce revers de fortune.

Nous… Nous disposons d’un retourneur de temps. Il est peut-être aussi avanceur, nous l’ignorons.
Ce qui est sûr c’est que vous ne devez pas vous mêler à la grande bataille qui aura lieu en 2004. L’an prochain, un autre mage noir va faire régner la terreur. Il œuvre sans doute déjà dans l’ombre.
Tu travailles toujours pour le ministère, Justin ? Si oui, tu dois nous y faire entrer. Je peux préparer du polynectar afin que Bryan et moi soyons tels des employés. Ça doit être faisable…

Ça le fut.
L’idée était de se plonger dans les arcanes actuelles du ministère, de trouver qui tirait les ficelles. Ils n’avaient besoin que d’un nom… après, ils aviseraient.

Justin avait accepté de les faire entrer au ministère. Devant s’y rendre lui-même dans l’heure suivante, il promit de revenir avec les ingrédients nécessaires au polynectar.
Cela ne prit guère de temps à Desdémone qui avait en permanence sur elle un fourre-tout spécial contenant foule d’objets réduits dont une fiole quasi prête de potion. Tout en oeuvrant sous l’œil de Nate qui lui prêta sa cuisine à mode de laboratoire, Des compléta certaines informations. L’impôt sur les grosses fortunes les frappait rudement. Plusieurs familles aisées avaient quitté l’Angleterre, cherchant des cieux plus cléments mais la tendance paraissait générale.

On dirait que… que nous sommes marqués… Justin est un peu naïf s’il croit que l’on va pouvoir échapper aux règles en vigueur. Des choses incroyables se sont passées… Des gens que nous croyons amis, nous ont tourné le dos. Eux, comme par hasard, gardent un compte en banque intact…

Il ne fallait pas être devin pour comprendre que quelqu’un achetait les bonnes grâces des autres.
Quand Davenport revint, tout était prêt ainsi que le repas concocté en commun. Où était passée la table d’antan de ce couple charmant ? D’aussi loin qu’elle s’en souvienne Dess y avait toujours admiré la profusion autant que le raffinement. Maintenant… potage, plat simple et petit dessert arrosé d’un grand cru sorti d’une cachette :

Au moins une qu’ils n’auront pas ! avait soupiré Justin en débouchant la bouteille comme à regret.

L’ambiance de la soirée fut malgré tout plaisante puisque l’on y évita les sujets épineux.
Evidemment, les Green logèrent à « la folie » Nichée au creux des bras de son mari, la jeune femme écouta les directives et recommandations. Bryan était confiant mais…

Si par malheur, tu te fais prendre ou que sais-je encore, tu auras toujours ta baguette sur toi, alors tente de transplaner ou de faire diversion pour t’enfuir, ne m’attends surtout pas… tu as bien compris, je ne veux pas qu’il t’arrive malheur, mon amour.

Voilà de quoi la rassurer… hum…
Le petit déjeuner fut pris quasi religieusement. Les époux devaient se concentrer sur la partie à jouer ; peu de paroles inutiles s’échangèrent. Dess étreignit longuement ses amis dans des adieux émouvants.

Nous allons faire de notre mieux…

Au dernier moment Justin demanda à être de l’aventure, ce que refusa doucement la jeune femme :

Merci. Pas que nous doutions de tes capacités mais nous pensons que les gens de cette époque ne doivent pas intervenir. Nous… nous sommes comme morts à l’heure actuelle… Disons que c’est… notre destin.

Ils avalèrent le polynectar additionné de cheveux de deux employés. Bryan se retrouva avec une carcasse de videur moustachu répondant au nom d’Albert Grisper. En d’autres circonstances, les époux en auraient beaucoup rigolé d’autant que les formes gracieuses de Dess se ratatinèrent et s’épaissirent pour offrir le tableau d’une grossière rousse assez vulgaire : Mildred Young. Le rire n’était pas de mise.
Le hall du ministère à cette heure n’était fréquenté que par les employés de la maintenance. Ils étaient quand même nombreux. Obligés de se séparer, les époux ne purent que s’encourager mutuellement du regard. Bien sûr Davenport leur avait fourni, (outre les cheveux des sorciers, un topo assez détaillé sur eux, leur baguette, uniforme) l’assurance que les « empruntés » ne viendraient pas les gêner, chacun étant… endormi pour plusieurs heures.
De loin, en bout de file, Dess-Mildred assista au passage sans encombre de son époux devant le gardien qui lui rendit sa baguette après vérification. Peu avant de passer elle-même sous une sorte de portique recelant probablement un capteur de dissimulation, la rousse fut interpelée par une homologue :

Eh, Mildred ! Ça va ? T’as drôle d’air ce matin. Un souci avec Ed ?

Houla ! Que lui voulait cette femme aux allures de déménageur ? Rapidement, le cerveau de Desdémone se remémora les paroles de Justin au dîner, ce qui lui permit de répliquer sur un ton badin :

Non, saoul, comme d’hab. C’est Alphonse qui nous fait un début de grippe…

Alphonse ? T’avais pas dit que c’était Albert ?

Dans la nichée, je les confonds… s’empressa-t-elle en croisant mentalement les doigts.

Ouf ! L’autre parut satisfaite et n’insista pas d’autant que Dess devait se soumettre à l’examen de baguette. Rien ne clocha ; sa propre baguette ne fut pas détectée. Un œil confiant à son mari plus tard, elle trottina vers un ascenseur. Il avait été convenu qu’elle ferait le tour des bureaux du niveau un tandis que Bryan ferait celui du niveau deux. Selon leurs déductions le département de la justice magique et celui des Aurors seraient les mieux à même de leur fournir les renseignements visés.
Lentement, comme une banale employée qui fait son ouvrage, Dess ratissa les pièces encore libre de leurs occupants habituels. Dans le placard signalé, elle avait trouvé un chariot et savait parfaitement ce qu’elle était censée faire en ces lieux. Vider les corbeilles à papier, astiquer, en principe sans baguette, les surfaces de travail, elle laissa un petit enchantement pratiquer cela pour s’attaquer aux classeurs. Grâce à une potion d’accélération à la lecture(fameux mélange après le polynectar) et l’assimilation sélective sans compréhension fine, des centaines de pages se dévorèrent à la vitesse éclair.
Elle en nettoya des bureaux ! La tête emplie d’une foule de renseignements, assez groggy après un xième classeur zappé, elle rangeait son attirail quand une voix gronda dans son dos :

Hey, vous ! Comment se fait-il que tout vole ici… ? Et que faites-vous avec ce dossier ?

Horrifiée, Dess constata qu’elle n’avait pas arrêté le sortilège de récurage. Un chiffon promenait sur les étagères, un autre astiquait les vitres… Prise en faute, elle tenta de biaiser face à un très autoritaire bonhomme vêtu de la toge du Magenmagot :

Ben… On n’a que deux mains… On fait ce qu’on peut, nous, les petits pour aller plus vite… Je range, ça se voit…

En clair vous utilisez une baguette autre que la vôtre ! C’est inadmissible. Je vous signale à la sécurité.

Il levait son bois, Dess crut l’irréparable commis. Ou elle lui expédiait un oubliette ou tout était perdu. Dans l’état assommant où elle se trouvait, jamais rien ne sortirait. Il ne restait que la manière forte.
Le classeur tenu en main s’écrasa sur la tête du juge tandis qu’elle tentait une sortie. Zut ! Le gars était costaud. Il lui suffit d’une manchette pour faire valser Dess au tapis. Une sorte de hurlement bizarre résonna : l’alerte était donnée.
Cadenassée par un bras puissant qui la relevait durement, la jeune femme n’eut plus la force de se débattre. Ce fut alors que…

Il était temps de se mettre au boulot, Bryan savait que son épouse réussirait à trouver quelque chose, et ne se ferait pas prendre, mais il ne pouvait chasser de son esprit que tout n’irait pas comme ils l’avaient prévu. Entrant dans l’assesseur, il chercha le meilleur étage pour trouver des informations sur celui qui tirait les ficelles. Le bureau du ministre, voilà par où l’auror devait commencer, il se jeta un sortilège d’invisibilité avant de pénétrer dans la pièce vide, puis doucement sans faire de bruit, Bryan fouilla les tiroirs et les étagères, lisant à toute vitesse, les informations les plus importantes.
Rien, nada, aucuns de ces classeurs ou de ces fiches ne recelaient la moindre miette à se mettre sous la dent, c’était à rendre fou, mais le jeune homme n’avait pas dit son dernier mot et alla directement dans le bureau du chef des aurors, peut-être que là il trouverait de quoi remettre l’avenir sur le bon chemin.
Bingo juste en dessous d’une liasse de paperasse, il trouva un nom entouré de rouge, il s’agissait d’un homme d’une quarantaine d’années qui vivait seul dans un manoir, il était en Angleterre que depuis quelques semaines et les aurors n’avaient pas encore dilapidé cet homme fortuné, ce qui laissait présager qu’il devait faire partie des gens qui avaient fait main basse sur le ministère. Bien sûr ce n’était pas certain, mais il fallait explorer toutes les pistes possibles, prenant le morceau de parchemin, Bryan le fourra dans sa poche, puis il continua à chercher d’autres noms susceptibles d’être des personnes de hauts rangs n’ayant pas perdu leurs fortunes. L’auror venait de trouver une vraie mine d’or, des informations sur telle ou telle personne, des noms à ne savoir qu’en faire, c’était parfait, mais à présent, qu’il avait tout ceci, il fallait qu’il retrouve Dess, et c’est à ce moment qu’une sirène se fit entendre, quelqu’un était en infraction.
Son sang ne fit qu’un tour en pensant qu’il pouvait s’agir de sa femme, ni une, ni deux, il partit en débandade dans les couloirs du ministère, son sortilège levé, tout le monde pouvait le voir, lui l’agent de sécurité, heureusement que le polynectar était encore actif, mais il fallait faire vite, très vite, il regarda sa montre et vit alors qu’il ne restait que quinze minutes avant que les effets de la potion ne se dissipent.
Une porte était ouverte juste au fond du couloir, son instinct ne l’avait jamais trompé, il était certain que Dess était là, alors il courut et entra dans la pièce, il avait eu raison, sa femme se trouvait devant lui, prise entre des bras costaux, l’homme n’avait pas vu Bryan ce qui lui donna un avantage, baguette levée, il lui lança un stupéfix dans le dos et avant que l’homme ne s’écroule sur le sol Bryan réussit à rattraper de justesse son épouse.

Alors, ma chérie, tu t’ennuyais déjà sans moi ?.

Même pendant une prise d’otage, le jeune auror faisait encore de l’humour. Il prit Dess par la main et ils se précipitèrent dans le couloir, mais manque de chance, les renforts étaient déjà sur place, de son air assez hautain, Bryan se justifia :

J’ai trouvé cette femme en train de fouiller ce bureau, je vais tout de suite, l’emmener au bureau des aurors, ils seront quoi faire de cette voleuse…. Occupez-vous plutôt de cet homme, elle a réussi à la stupéfixer, pas la peine de m’escorter, je connais le chemin et puis arrêtez cette alarme, elle me rend fou.

Comment ne pas obéir à un homme qui faisait au moins deux mètre et pesait dans les 130 Kilos, les cinq vigiles qui étaient devant la porte et barraient le passage aux deux époux, s’écartèrent, sans rien dire et en baissant même la tête.

Tu vois ça sert d’être balèze….. Bon il faut sortir d’ici au plus vite, j’ai trouvé des informations exploitables et en plus l’effet du polynectar est sur le point de cesser….

Il ne fallait pas qu’ils se fassent remarquer en courant, mais il fallait qu’ils se dépêchent tout de même, marchant à une allure assez rapide, les deux aurors s’engouffrèrent dans l’ascenseur qui les mena dans l’atrium.
L’alarme n’avait pas cessé et continuait à retentir dans le ministère de la magie, de plus en pus forte, sortant enfin de la machine bruyante, les deux époux se retrouvèrent face à une horde d’auror, comment savaient-ils qu’ils n’étaient pas ceux qu’ils voulaient faire croire ? C’était simple, au beau milieu de ces gens se trouvait la vraie Mildred, mince alors là, jamais Bryan n’aurait pensé trouver cette femme devant lui, elle pointa le doigt sur Dess.

Cette femme à usurper mon identité, je peux vous le prouver, enfermez là dans une pièce pendant quelques heures et vous comprendrez….

Bryan leva sa baguette, mais c’était jouer avec le diable, il dut regarder sa femme se faire ligoter par trois aurors ainsi que la vraie Mildred, qui se défendit comme une damnée.

Les deux époux étaient à présent séparés, Bryan allait tout faire pour retrouver sa femme saine et sauve, il voulut passer au travers des aurors qui lui bloquaient le passage, mais l’un d’eux le ligota comme un saucisson.

Tu vas devoir nous donner quelques explications mon pote, je suis sûr que ça va être très intéressant.

Conduit dans une pièce sombre, Bryan ne pouvait pas voir qui était en face de lui, s’il ne parvenait pas à se libérer de suite, sa véritable identité allait être révélé au grand jour, il sentait sa peau se détendre, c’était trop tard, le polynectar ne faisait plus effet.
La porte de la pièce explosa, et le grade fut expédié contre le mur du fond, mais qui était donc venu le libérer ? C’était sûrement Justin, mais seul parviendrait-il à tenir face à une dizaine d’aurors ? Même le plus aguerrit des sorciers aurait du mal à affronter dix hommes.

Alors mon pote, tu t’es ramollis ?

Les liens furent brisés et Bryan pouvait enfin bouger, il se leva et vit dans la lumière qui parvenait de dehors deux hommes, Justin et….. Michael DeBrent.

As-tu sur toi le retourneur de temps ?

Oui bien sûr, il est dans ma chaussure, je ne voulais pas que ces hommes me le prennent, mais que fais-tu là ? Tu sais que nous ne voulions pas que tu interviennes.

Justin regarda Michael et répondit à Bryan :

J’ai été avertit qu’une intrusion avait été signalé au ministère, et comme Michael était chez moi, nous avons décidé de venir vous délivrer….. Ne t’inquiètes pas j’ai tout expliqué à Michael, Nate et Alix sont en train de sauver Dess, dés qu’elle sera là, vous partiraient sur le champs.

Bryan ne pouvait pas faire ça et il savait que Dess serait de son avis, ils ne pouvaient pas laisser leurs amis se faire pincer à cause d’eux, il tenta de se défendre sur ce point quand trois autres personnes entrèrent dans la pièce.

Coincée ! Manquait que ça. Si elle avait cru pouvoir s’en sortir seule, Desdémone ne pouvait plus que prier en attendant un miracle ou Zorro. L’homme qui la maintenait l’enserrait méchamment. Puis, alors qu’une alarme infernale retentissait, il s’écroula raide.

Alors, ma chérie, tu t’ennuyais déjà sans moi ?

Bryan !

Éperdue de joie, la jeune femme s’accrocha au sauveur qui lui évitait la chute.

Comment es-tu ici ? Comment on fait pour sortir, ils vont rappliquer…

La solution était toute trouvée.
Passant devant des gens qui accouraient, Bryan-Albert l’empoigna tel un vulgaire malfaiteur et jeta au passage quelques explications convaincantes. Dess, tête basse, joua la comédie de la coupable emmenée de force au bureau des Aurors.
Il ne fallait pas courir afin d’éviter de paraître suspects mais ne pas traîner non plus, le polynectar s’estompait...
L’ascenseur lui parut très lent mais enfin ils débouchèrent sains et saufs dans l’Atrium. Sauvés ? Eh bien non. Là, devant eux s’attroupaient des gens menaçants. Avec horreur, Dess vit émerger au milieux d’eux celle dont elle usurpait l’identité.

*Justin avait dit que…*

En deux temps trois mouvements, Mrs Green se trouva ficelée et séparée de son époux qui tenta de s’opposer au barrage mais fut maîtrisé lui aussi. Regards éperdus d’amour mêlés de crainte, chacun gagna son nouveau gîte.
Sans ménagement, on fourra Dess dans une sorte de cellule infecte, sombre et humide. Moins de cinq minutes plus tard, elle reprit son apparence de belle femme blonde quoique mal fagotée dans des vêtements trop larges devenus soudains trop courts.
Pas de gardiens dans le couloir des geôles. Assez démoralisée, Dess se redressa jaugeant les alentours. Impossible d’ignorer sa voisine d’en face qui, au travers les grilles de sa prison, toisait l’arrivante avec attention :

Qui êtes-vous ? s’enquit la dame âgée. J’ai vu entrer une petite grosse et maintenant je vois… Vous aviez pris du polynectar ? C’est pour ça que l’alarme sonnait ? Qu’espériez-vous tenter ici ? Tout… Tout est pourri : hommes, affaires, lieu.

Méfiante, Dess n’allait pas déballer le fond de l’histoire à une inconnue même si celle-ci ressemblait à une noble dame déchue. Elle se contenta de hausser les épaules tout en testant la solidité des barreaux.

Inutile d’essayer de fuir par là sauf si vous êtes animagus, et encore ! Excusez-moi, je ne me suis pas encore présentée. Je suis Aylina Cavendish-De Brent. Je suis ici depuis deux jours ; j’ignore encore pourquoi ! C’est une injure à ma condition. Si mon cher époux vivait encore, je serais déjà dehors mais on me l’a tué… lui … comme tant d’autres… Mon fils est à l’abri, au moins…

Ces mots, cette tournure de style, appartenaient sans conteste à quelqu’un dont Dess avait beaucoup entendu parler.

De Brent ? Seriez-vous la mère de Michael ? J’ai eu plusieurs fois l’occasion de le rencontrer. Il a assisté à mon mariage… sur un bateau.

De petites confidences s’échangèrent à bas bruit. D’autres détenues voisines s’insurgèrent malgré tout, les enjoignant à se taire ce dont elles se passèrent bien. Dess eut ainsi confirmation des dires de Davenport. Mais brutalement l’ambiance changea, comme réfrigérée.
Un courant glacial circula alors que deux silhouettes se faufilaient dans le couloir cellulaire en soufflant :

Dess où êtes-vous ?

Je suis là, mais…

Stupéfaite, la jeune femme identifia l’épouse de Justin flanquée d’une ex-mangemorte : Alix Blackstorm.
En deux temps trois mouvement un grand silence régna dans la prison, à croire que toutes les recluses dormaient.

Venez, venez vite. Justin et Michael délivrent Bryan en ce moment, dit Nate.

La mère de Michael est là, en face. On ne peut pas…

Si ! affirma Alix. Il faut la laisser. Justin nous a expliqué. Vous seuls comptez ; vous et votre mission. Venez, bon sang. Nos sorts ne tiendront pas l’éternité.

La suite fut chaotique. Passant devant des gens qui ne la voyaient pas, Dess, sous couvert de désillusion, rejoignit son époux libéré par les maris de ces femmes. Tous les six tinrent un bref conciliabule.

Que vous ayez obtenu ou pas ce que vous veniez chercher ici, vous devez partir. On se reverra peut-être dans d’autres conditions… Voici vos baguettes.

Davenport les leur tendit. Emus, les époux ne savaient pas trop quoi dire. L’avenir ne venait-il pas de changer avec cette intervention ?
Un saut dans le futur les aurait renseignés mais Bryan désira se rapprocher du moment de leur disparition. Soudés l’un à l’autre, ils bondirent en arrière.
Ce retourneur de temps était une merveille. Il permettait aussi le déplacement dans l’espace. Le lieu où ils se matérialisèrent étonna Mrs Green qui interrogea son époux :

Où et quand sommes-nous ? Je n’ai pas eu le temps d’analyser ce que j’ai emmagasiné comme informations.

Il soupira, soulagé d’être avec elle en sécurité et avoua avoir visé la cabane hurlante. Là, sans risque d’être dérangés, ils allaient pouvoir confronter leurs trouvailles.
Quelques récurvite furent nécessaires afin de rendre l’endroit potable.
Serrés l’un contre l’autre les époux firent le point.
Mettant de l’ordre dans ses pensées, Dess commença :

D’après ce que j’ai avalé en lectures, il ressort un nom : Kieran Leroy. Ce type, inconnu au bataillon pendant des années, a pris un ascendant énorme au fil du temps. En principe, il n’est qu’un homme d’affaires mais il est en train de faire main basse sur toutes les grosses fortunes sorcières. Il s’est établi en Angleterre l’an passé… enfin… par rapport à l’année que nous avons quittée.
Toi, qu’as-tu trouvé ?

Il s’avéra que Mr Green avait collecté des informations similaires sauf que lui, au moins, possédait des indications assez précises quant à l’émergence de ce poison mortel pour le monde sorcier…

Ainsi leurs recherches donnaient le même résultat. Tout portait à croire qu’un certain Kieran Leroy « s’amusait » à faire main basse sur les fortunes sorcières.
Après tant d’émotions dans la journée, le couple s’octroya un repos bien mérité teinté de moments exaltants. Leur couche était sommaire mais leur amour ne s’en souciait guère.
A son réveil, Dess eut la surprise d’une nouvelle assez étonnante : Bryan avait contacté ce Leroy via patronus :

Tu es fou ? On ne connaît rien de ce type sauf qu’il magouille des choses pas nettes…

je sais ce n’est pas une très bonne idée, mais on a pas le choix et puis je pense qu’il ne doit pas nous connaître, je veux dire de visage donc on pourra juste changer notre nom mais pas notre apparence.

Il va trouver ça très cavalier de nous adresser ainsi à lui. Quels motifs as-tu invoqués ?

D’après son époux, ils se présenteraient comme Mr et Mrs Trent, un couple anglais très fortuné à la recherche des bons placements dans la région.
En attendant la réponse de ce monsieur, il fallait bien sortir s’alimenter et, surtout – aux yeux de Dess – se nettoyer. :

On ne peut pas rester ici… Imagine que son patronus, s’il répond par cette voie, lui indique qu’il nous a trouvé dans cette cabane de planches… ça ne marchera pas. Transplanons ailleurs, veux-tu. Pourquoi pas chez nous ?

Pensive, elle changea d’idées :

Non, pas chez nous, ça ne collerait pas non plus. Il te reste combien de gallions sur toi ?

Les sommes groupées leur permettait encore bien des folies. Qu’à cela ne tienne, un hôtel de luxe les reçut comme étant le couple Trent. Quelques achats s’imposeraient mais inutile de se ruiner sans avoir reçu confirmation d’un rendez-vous.
Ils venaient à peine de s’installer dans une suite splendide quand un patronus singulier se matérialisa. Il s’agissait d’un cobra royal assez effrayant qui débita :

« Je viens de recevoir votre patronus, qui m’a fait très plaisir et je serai heureux de vous rencontrer… Je suis certain que nous allons faire de bonnes affaires ensemble, alors je vous attendrai ce soir pour le souper vers 20h. A plus tard… Votre très dévoué Kieran Leroy. »

Qu’il morde si vite à l’hameçon réclamait attention et préparation.
Un passage dans les meilleures boutiques de confection s’imposait. A peine en encas dans l’estomac, les Green se pomponnèrent pour cette étrange entrevue. Leur plan était arrêté, on improviserait en cas de besoin.
A l’heure dite, un cabriolet sport freina devant les grilles du domaine indiqué. Un domestique stylé leur en ouvrit la porte et les guida jusqu’à une imposante bâtisse assez ancienne mais manifestement parfaitement entretenue. A l’intérieur, un autre domestique prit le relai pour les mener devant une double porte qu’il ouvrit en annonçant cérémonieusement :

Mr et Mrs Trent, Monsieur.

Leur hôte s’avança vers eux, main tendue, sourire radieux :

Bonsoir, J’aime la ponctualité. Venez donc vous asseoir. Mon cher Trent vous êtes chanceux : votre épouse est délicieuse. Vous avez trouvé le manoir sans difficulté ? C’est assez écarté des agglomérations, rien de tel que la campagne anglaise, n’est-il pas ?

Sous des dehors aristocratiques conviviaux, cet homme à la belle prestance aurait convaincu n’importe qui de non averti qu’il n’était qu’un être ordinaire quoique génie des affaires.
De haute taille, cheveux bruns mi-longs, la barbiche taillée au poil près, il dégageait l’assurance tranquille de quelqu’un parfaitement maître de la situation. Dess aurait bien aimé connaître pareil aplomb. Ne pas se couper ni paraître trop curieux allait réclamer de la concentration.
Le vin de Champagne servi était un nectar. La conversation s’amorça dans la bonne humeur :

Ainsi vous venez du Hampshire et désirez vous établir dans la région. Excusez ma franchise mais comment se fait-il que vous vous adressiez à moi ? Je suis un homme très… discret. Peu, très peu de gens, connaissent mes activités…

Ça commençait fort… Pas à dire ce type se méfiait d’eux comme la peste même s’il jouait admirablement son jeu.
A Dess de faire sa comédie :

Disons que nous avons des relations communes… Vous connaissez le dicton : les amis de mes amis… Si je vous soumets le nom de Cartwright… cela vous satisfait-il ?

Mentalement, elle croisa les doigts. Ce patronyme, elle l’avait souvent croisé lors de ses lectures au ministère. Misait-elle sur le bon cheval ? Apparemment, oui car Leroy se détendit d’un cran :

Ce cher Boris ! Il est impayable, n’est-ce pas ?

Boris ? s’étonna Dess. Excusez-moi mais vous devez confondre avec Carmichael. Celui dont je vous parle se prénomme Edwin… et il n'a rien d'impayable.
£Il est filou, ce mec ! Bénie soit ma mémoire£

Cette fois, elle l’avait conquis. La sauce prenait.

Mais oui, où avais-je la tête, pardonnez-moi. Donc Edwin vous a suggéré de vous adresser à moi pour vos placements dans la contrée. Qu’envisagez-vous ? Usines, propriétés agricoles, manufactures ? J’avoue avoir la main dans de nombreuses branches de la finance. Je vous déconseillerai fortement les actions du moment… les cours sont fluctuants.

Ah bon ? s’offusqua légèrement Dess qui fit mine de paniquer en regardant son époux :

Ne m’as-tu pas dit d’avoir, hier, acheté 10000 actions gringotts. C’est l’institution la plus solide du pays, ne nous dites pas que…

Le sourire rapace de Leroy n’échappa pas aux Green. Sa réplique fut des plus alarmantes :

Les banques… ça se force… comme le reste. Mais passons plutôt à table, si vous le voulez bien ?

Très homme du monde, il se leva, avançant sa main pour recueillir celle de Dess. Il ne faisait aucun doute qu’il appréciait la bonne chair et… les belles femmes. Il est vrai que le fourreau noir de mrs Green aurait fait fondre un caillou. N’empêche que le regard déshabilleur qu’il lui octroya faillit la faire rougir. Se concentrant sur son rôle, la jeune femme accepta d’être guidée jusqu’à la salle à manger où une vaisselle princière les reçut.
Un service impeccable suivit, des mets somptueux également. Très méfiante, de par son expérience d’un autre siècle, Dess obtint le soutien de son mari qui attendit qu’elle analyse chaque bouchée avant d’accorder la dégustation. Aucune drogue ni artifice ne furent détectés pendant ce régal des papilles. Tout semblait parfait…

Se préparer pour cette entrevue ne fut pas une si simple affaire, il fallait faire attention à tous les détails qui pouvaient trahir le couple Green, alors tout fut prévu jusqu’à la voiture de sport pimpante, il ne fallait rien négliger. Des leurs arrivées sur les lieux un major d’homme les conduisirent au maître de maison, Mr Leroy était un homme très riche, cela se voyait rien qu’à sa demeure immense et en le voyant Bryan se méfia de suite, cet homme avait un air de Don Juan et ce n’était pas le moment de jouer avec le feu.. Enfin bref, leur hôte les invita à entrer dans la pièce avec un sourire ravageur sur le visage, on peut dire que les Greens étaient à présent dans la gueule du loup, la seule façon de s’en sortir intact était de faire attention à tout ce qu’ils diraient et à tous les gestes qu’ils feraient.

Bonsoir, J’aime la ponctualité. Venez donc vous asseoir. Mon cher Trent vous êtes chanceux : votre épouse est délicieuse. Vous avez trouvé le manoir sans difficulté ? C’est assez écarté des agglomérations, rien de tel que la campagne anglaise, n’est-il pas ?

Et bien une chose était certaine c’est que Leroy appréciait les femmes et surtout Dess, prenant un air impassible, Bryan serra la main tendue et répondit aux questions posé.

Bonsoir Monsieur Leroy, nous sommes ravi que vous ayez accepter de nous rencontrer et merci de ce compliment, c’est vrai que je suis très chanceux d’avoir une femme comme la mienne, elle est merveilleuse. Par contre nous avons trouvé assez facilement votre manoir, disons que nous avions des renseignements assez précis…. Vous avez parfaitement raison la campagne il n’y a rien de tel pour s’oxygéner les poumons.

La conversation était amorcée et ce fut avec délectation que les Trent, comme ils se faisaient appeler, s’installèrent et prirent le champagne proposé, puis Leroy continua à parler, il voulait absolument savoir comment ces sorciers avaient entendu parler de lui, il était assez filou pour donner de mauvaises informations et Dess se sortit admirablement de ce piège, Bryan la regarda et écouta la suite de la conversation qui commençait à devenir très passionnante, on parla des placements et autres et également de la banque des sorciers, si Bryan avait bien tout comprit Leroy prévoyait quelque chose contre cette institution et si il faisait main basse sur quelques papiers précieux, il serait invincible et très puissant.

Le repas fut servi et Dess inspecta les aliments avant de donner imperceptiblement son accord d’un regard à son époux comme quoi la nourriture et la boisson étaient saines et sans danger.
Leroy n’avait que faire de Bryan il ne s’occupait de que Dess en lui lançant des regards appuyé et des sourires charmeurs, c’était une occasion à ne pas rater, alors Bryan se racla la gorge et prit la parole.

Excusez-moi, mais j’ai besoin de me servir de vos commodités, pourriez-vous m’indiquer ou puis-je les trouver ?

Leroy fut assez surpris par cette demande et détacha ses yeux de Dess pour regarder Bryan.

Mais bien sûr mon cher Trent, je vais vous y faire conduire par un de mes elfes de maison..

Après un sifflement très significatif, un petit être habillé très proprement se matérialisa devant eux et se prosterna devant son maître qui lui donna ordre d’emmener Bryan dans la salle de bain.
Se levant de table, Bryan remercia Leroy et lança un léger regard à son épouse pour qu’elle comprenne qu’il voulait vérifier des choses et qu’elle devait s’occuper de Leroy, qu’il soit totalement sous le charme et ne se préoccupe pas de l’auror.
Après être arrivé dans la salle d’eau, Bryan attendit que l’elfe se retire pour aller explorer les pièces de l’étage avec prudence bien sûr.
La première pièce que le jeune homme ouvrit n’était autre qu’une chambre, très belle et très grande, il entra et fouilla très méticuleusement partout, dans les tiroirs, dans les commodes, dans les armoires et même sous le matelas, mais rien, aucun indice ne fut découvert, alors il se dirigea vers la seconde porte et l’ouvrit avec douceur. Une magnifique bibliothèque se trouvait devant lui, des livres et des livres à perte de vu, là Bryan se doutait qu’il allait découvrir quelque chose de très important, il sortit alors sa baguette et lança un sort de révélation, ce qu’il se passa était loin de lui déplaire au contraire, il venait de trouver une pièce caché derrière un pan de la bibliothèque, il se précipita dans la pièce révélée et entra, mais juste au moment où il posa le pied dans la salle que le mur de livre se referma…. Le pauvre Bryan était bel et bien pris au piège, en attendant de trouver une solution pour sortir, il visita l’antre du futur mage noir…

Le repas se déroulait sous les meilleurs auspices du monde. Hôte parfait et charmant, Leroy disposait de registre de connaissances fort étendu.
Pour avoir été l’épouse d’un célèbre mangemort, Dess n’ignorait rien des manœuvres de ces êtres sachant jouer savamment en demi-teinte. Se fichant royalement d’afficher son goût pour les belles femmes, Kieran dédaigna complètement Bryan, le reléguant direct au second plan et ne se consacrant qu’à elle. Comment ne pas se sentir flattée de tant d’attentions. Mrs Green ne pouvait nier l’amour profond témoigné par son nouvel époux. Néanmoins, se sentir courtisée était toujours flatteur pour une femme, fût-elle mère de deux très beaux enfants.
Quand Bryan demanda à être conduit aux commodités, Dess capta au quart de tour ses intentions.

*Tu veux explorer ? C’est risqué, ne fais pas ça.*

Elle paniquait pour de bon, à la fois parce qu’elle craignait réellement pour la sécurité de son mari mais parce qu’il la laissait bel et bien en proie à un prédateur de la pire espèce.
Dès que l’Auror disparut du circuit, Dess subit les assauts du séducteur :

Chère Jessica, je suis heureux de pouvoir enfin converser seul avec vous. Excusez ma franchise mais vous semblez tellement dépareiller avec votre époux. Franchement, vous aimez ce type ? J’imagine bien qu’il doit vous satisfaire en certains domaines que la décence m’interdit de prononcer mais… sincèrement vous méritez mieux.

*Un type comme toi, sans doute, crétin*

Il ne fallait pas vexer le monsieur, elle joua les godiches pâmées :

Maintenant que vous m’y faites penser.. . Mais Louis est un être adorable… Pas comme mon précédent époux… il était ( murmure) mangemort.

Heureux homme… Comment se nommait-il ?

Ouille, question piège :

Qu’importe, il est mort. J’étais si seule… Louis est venu… Il est si doux…

Les mensonges teintés de vérités prennent toujours.

Vous savez, en ma compagnie, vous connaîtriez plus de grandeur.

Qui vous dit que j’aie envie de grandeur ? Je suis très bien comme je suis ! ( cri pudique) Il me gâte comme pas deux, fait tout ce que je veux, me comble sans avoir à le demander ( gagner du temps).

Vous ne connaissez rien au pouvoir… le total, l’absolu. Moi… je puis te l’offrir... bientôt.

Elle lui parut sotte à souhait, l’innocence même :

Comment serait-ce possible ? Vous êtes un homme d’affaire comme mon époux l’est…

Je suis bien plus que ça, donne-moi l’occasion de te le montrer.

Oh oh, les choses se gâtaient. Ne voilà-t-il pas qu’il entreprenait de lui baiser la main en remontant du pli du poignet jusqu’au creux du coude…

Mr Leroy, se défendit-elle…

Kieran, pour toi, je veux être Kieran…

Kieran, je… euh… Bryan tarde, ne se serait-il point perdu ?

Qu’il aille au diable s’il le veut… C’est toi que je veux.

Aveu transcendant. Ne résistant pas, Dess accepta cette bouche qui fouilla si possessivement la sienne. Renversant… Leroy en connaissait un maximum sur l’art consommé de la séduction.
Haletante, elle laissa des mains se balader sur son corsage puis…

DRRRRRINNNNGGGGGG

Sursautant telle une carpe hors de l’eau, le maître de céans bondit sur ses pieds :

Peste ! L’alarme. Excuse-moi, je reviens.

Il l’abandonna pour aller vaquer Merlin sait où. Chamboulée, Dess lui emboîta le pas à travers plusieurs pièces avant de le rejoindre alors qu’il faisait pivoter un panneau de la bibliothèque :

Tiens, qui voilà ? Mr Trent… On s’est égaré ? Cette salle ne ressemble en rien à des toilettes, ce me semble ?

Contrit, contraint, Bryan s’empêtra dans des explications plus foireuses les unes que les autres.
Un sourire railleur aux lèvres, son épouse intervint. Lascive, elle entoura le col de Leroy en lui susurrant à l’oreille :

Je vais tout de dire : il est Auror. Il te suspecte d’être le futur maître du monde. C’est une idée que moi j’adore. Laisse-le vivre encore un peu que l’on s’amuse avec lui…

La tête de Bryan valait de l’or. Devant sa douce moitié transformée en démone, il ne payait pas de mine.

Que faisons-nous de lui, mon chéri ? Louis, ne me regarde pas ainsi. Je sais, moi, qui sera vainqueur, plie-toi, c’est mieux.

Ravi sans doute de ces attentions, Leroy commit un impair magistral. Il enlaça Dess pour narguer l’époux délaissé et au moment du baiser fatal, il se prit une mandale du tonnerre de zeus dans sa belle gueule et un Stupefix de la part de Bryan.

Vite, mon amour. Fouillons ce tas de trucs et filons.

Bryan toujours enfermé dans l’anti-chambre de Kieran fouilla dans les papiers, il savait qu’il allait trouver ce que l’homme faisait vraiment de ses journées et de ses nuits, avec sa baguette qu’il alluma il vit sur un bureau des tas de papiers et découvrit une chose incroyable, alors il prit vit fait un stylo et un papier vierge te écrivit quelque chose, mais ne pu pas finir ce qu’il avait commencé car la porte s’ouvrit en grand et le maître de maison se trouvait sur le seuil avec Dess sur ses talons.

Tiens, qui voilà ? Mr Trent… On s’est égaré ? Cette salle ne ressemble en rien à des toilettes, ce me semble ?

Essayant de se dépêtrer de cette situation, Bryan regarda Mr Leroy et tenta d’expliquer le pourquoi il était ici.

Je me suis perdu, votre maison est très grande….. et comme j’aime les livres je voulais jeter un coup d’œil à votre magnifique bibliothèque…. Quand tout à coup cette porte c’est ouvert, je croyais qu’il s’agissait des toilettes, mais je me suis trompé, j’en suis navré….

Mince Leroy n’en croyait rien, il avait même un sourire en coin, comment Bryan allait sortir de cette situation très ambiguë ? Il regarda son épouse pour qu’elle l’aide, mais ce qu’elle fit le scia sur place.
Elle enroula ses bras autour du coup de Leroy et lui susurra des paroles qui n’avaient pas lieu d’être dans une bouche aussi douce.

Je vais tout de dire : il est Auror. Il te suspecte d’être le futur maître du monde. C’est une idée que moi j’adore. Laisse-le vivre encore un peu que l’on s’amuse avec lui…

Quoi ? Mais sa femme était devenu folle ? Où alors, elle avait été envoûté par cet être sans scrupule, c’était la seule solution pour qu’elle agisse comme cela, puis elle en rajouta une couche.

Que faisons-nous de lui, mon chéri ? Louis, ne me regarde pas ainsi. Je sais, moi, qui sera vainqueur, plie-toi, c’est mieux.

Oui c’était ça, Dess était devenue folle, encore plus quand elle se laissa enlacer et embrasser par ce mangemort, jamais Bryan aurait cru que son cœur soit brisé de la sorte, c’était comme si on lui arrachait le cœur avec une petite cuillère, une vraie torture, il ne pouvait plus rien dire, ni faire tellement il était sous le choc.
Ce qui se passa ensuite fut si rapide que Bryan n’en revenait toujours pas, Dess leva sa main et gifla Leroy avec grande conviction, puis Bryan, sa baguette toujours en main, lui assena un stupéfix.
Il était heureux de voir que son épouse n’avait pas succombé au charme du maître de maison, elle approcha de son mari et lui dit :

Vite, mon amour. Fouillons ce tas de trucs et filons.

Il savait que personne au monde ne lui prendrait sa femme, mais il pouvait bien dire que sur ce coup-là il avait eu très peur, il enlaça Dess et lui fit un baiser sur les lèvres.

Tu sais que tu es vraiment très bonne actrice, j’ai vraiment cru que tu avais succombé…. Aller prenons vite ces papiers et partons.

Prenant ce qui les intéressait, les époux Green étaient sur le point de disparaître, mais le transplanage ne fonctionna pas, il fallait donc sortir de la demeure.
Arrivant en courant devant la porte d’entré, ils entendirent des cris, des ordres émis, mais il ne fallait pas s’arrêter, le seul problème c’est que la porte ne voulait pas s’ouvrir, alors levant sa baguette, Bryan jeta un Bombarda maxima sur le panneau de bois qui éclata en mille morceaux, c’était vraiment le moment de fuir à toute jambes, mais les deux époux ne pouvaient pas passer le trou, ils étaient coincés, comme si un mûr invisible s’étalait devant eux.

Ma chérie, nous n’avons pas le choix, il faut qu’on se serve de notre retourneur de temps, c’est la seule chance que nous avons de fuir, vite accroche-toi à moi.

Sortant de sa poche le petit objet, Bryan le mit en route juste au moment ou un éclair vert filait vert eux et quelques secondes plus tard, les deux aurors se retrouvèrent en Égypte devant la pyramide de Kheops au moment où ils avaient disparut dans le temps en touchant un symbole ressemblant à une main à cinq doigts à l‘envers.

N’y touche pas ma chérie, tu te souviens de ce qui s’est passé ? Allons rejoindre le groupe de touriste et rentrer à l’hôtel, je voudrais examiner de plus près ce que nous avons ramené avec nous.

Enfin dans leur époque les deux époux pouvaient enfin souffler, ils avaient vécu des aventures très palpitantes et avaient besoin de repos avant de se mettre en quête et de pouvoir changer le futur.

Ce Leroy était un manipulateur-né. Si Desdémone n’avait pas si bien eu les pieds sur terre, si son amour pour Bryan n’était pas si fort, peut-être aurait-elle succombé aux avances sans équivoques du maître de céans.
Trouver son mari dans une telle position embarrassante l’avait forcée à jouer une comédie écoeurante. Heureusement, maintenant, Leroy était stupéfixé de belle façon.
Les Green purent fouiller à l’aise cette pièce secrète.
Plusieurs liasses de documents se saisirent. Il ne fallait pas perdre de temps. Le personnel de Leroy pouvait survenir à tout moment.
Emportant ce qu’ils jugeaient utile, les époux tentèrent un transplanage. Raté ! Il fallait être dehors pour que cela fonctionne.
La porte bouclée magiquement s’interposa. Bryan lui envoya un bombarda mais ça ne suffisait pas :

Ma chérie, nous n’avons pas le choix, il faut qu’on se serve de notre retourneur de temps, c’est la seule chance que nous avons de fuir, vite accroche-toi à moi.

Manipulé adroitement, le bijou les ramena pile poil dans la pyramide de Khéops, juste avant que Dess ne touche le curieux symbole gravé dans la pierre.

N’y touche pas ma chérie, tu te souviens de ce qui s’est passé ? Allons rejoindre le groupe de touriste et rentrer à l’hôtel, je voudrais examiner de plus près ce que nous avons ramené avec nous.

Oh, oui, elle s’en souvenait ! Pas besoin de le lui dire deux fois ! Calmement, ils rejoignirent leur groupe. Le car les ramena à leur hôtel de luxe où ils déposèrent les documents volés avant de s’enfiler plusieurs heures d’un sommeil bien mérité. Le réveil fut très chaleureux. Ils étaient si heureux de s’en être sortis et de se retrouver vivants, intacts et encore plus amoureux.
Le soir tombait sur Le Caire. Douce soirée sur la terrasse où ils se firent servir un dîner aux chandelles. Avec délice, Dess s’était immergée dans le bain à bulles, se décrassant corps et âme. Vêtue d’une longue robe blanche découvrant la peau dorée de ses bras et de son dos, elle trinqua avec son époux :

A toi, mon amour ! A notre enfant ! Puissions-nous à présent empêcher l’émergence du futur Seigneur des Ténèbres !

Elle avala son cocktail de fruits en souriant après que les verres se soient entrechoqués.
Passant à table, il fallut bien en revenir au nœud de leur problème :

On devra en parler à Justin. Lui, il nous croira. C’est tellement extraordinaire de connaître notre futur !

Son cher et tendre lui baisa la main, d’accord avec elle en tout point. Inutile cependant de se presser, autant profiter de cette charmante soirée et de ce repas délectable.
Tout fut parfait, de l’entrée au dessert.
Résignés à la tâche qui les attendait, Bryan rentra quelques minutes prendre les fameux papiers dérobés à Leroy. Chacun dans son coin en éplucha à fond une partie :

J’ai sa date et lieu de naissance ainsi que son parcours académique. D’après ses diplômes, il n’est pas idiot, le mec.

Son époux lisait le résumé de certaines transactions pouvant expliquer comment ce type avait commencé à monter en influence.

Dess sursauta :

J’ai ici une preuve qu’il a soudoyé plusieurs membres du ministère et de … Gringotts !
Nous avons besoin de conseils, mon chéri. Par où commencer ? Faut-il tuer l’oisillon dans l’œuf ou l’empêcher de rejoindre son nid ?

La question était de taille ! S’ils agissaient trop vite, peut-être détruiraient-ils un part de leur futur à eux. S’ils attendaient trop, il serait peut-être trop tard ensuite…

Demain, on fait les valises et on rentre en Angleterre.

Les retrouvailles avec les jumeaux furent émouvantes. Nate et Justin les assurèrent que tout s’était bien passé et, naturellement, désirèrent des détails sur leur tour du monde écourté :

Nous sommes rentrés plus tôt que prévu parce qu’il s’est produit des choses assez… extraordinaires. Vous êtes assis, tant mieux ! D’abord, nous avons fait un saut immense en arrière. Nous nous sommes retrouvés à une époque pharaonique.

Justin éclatait de rire, Dess sérieuse poursuivit :

Je n’invente rien et je n’ai pas fumé de joint. Nous avons sauté d’époque en époque jusqu’à dépasser la nôtre… Si bien que nous avons une idée précise de ce qu’il va se passer dans quelques années : tu vas être ruiné, Justin !

Rien de mieux pour captiver l’attention de son auditoire.
Bryan prit le relai.