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| Les aléas du hasard... (fe) | |
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| Sujet: Re: Les aléas du hasard... (fe) Ven 15 Jan - 2:50 | |
| Un beau Noël ? Le meilleur qu’eût connu Alix, sans l’ombre d’un doute. Personne n’avait osé oublier de lui offrir quelque chose, évidemment. Si le cadeau des Davenport-un jade de tigre miniature probablement sélectionné par Nate - l’enchanta, Miss Blackstorm faillit pouffer face à l’aquarelle sans âme déléguée par Aylinna. Qu’importe ! Son plus beau présent elle l’avait reçu des menottes de Lucas et son dessin occuperait une place de choix encadré dans sa chambre. Michael avait fait des folies. Sa parure de diamants et saphirs aurait pu appartenir à une reine. Porter de tels bijou demanderait des soirées de gala ! Après avoir été contraints de vivre en reclus des années, voir du monde ne serait peut-être pas mal après tout, maintenant qu’ils étaient libres d’aller où bon leur semblerait. La soirée s’étira en longueur dans la bonne humeur. Justin et Nate furent les derniers à se retirer dans la chambre préparée à leur intention. Enfin seul avec Alix, Michael la poussa gentiment à transplaner chez elle :
Il y a encore quelque chose que je veux te donner...mais pas ici...Maman est chiche de jouer les somnambules !
Vu son air un peu grave, Alix se douta qu’il s’agissait de quelque chose de sérieux et, intriguée, elle accepta le déplacement. Au milieu du séjour, assez déterminé, De Brent sortit un boîtier de sa poche et l’ouvrit. Ses intentions étaient aussi claires que l’eau de ce diamant époustouflant :
Ne me dis pas d'attendre plus...Veux tu m'épouser, Alix?
Toutes amoureuses dignes de ce nom se seraient jetées au cou de son élu en l’embrassant à la folie et en lui bassinant des oui éperdus… Assez pâle Miss Blackstorm regarda successivement la bague et Michael plusieurs fois. Pas d’éclats de joie, ni rien. Déglutissant, elle se détourna, regarda le feu ravivé et chercha ses cigarettes ainsi que de l’alcool. Elle versa deux verres, alluma autant de bâtonnets de tabac, en piqua un dans les lèvres d’un Michael assez perplexe tout en lui fourrant le club en main.
Asseyons-nous, mon chéri.
Chacun pris place, l’écrin posé sur la table basse entre eux comme un enjeu entre joueurs de poker. Prenant une longue bouffée, rejetée doucement, Alix planta ses mirettes bleu nuit dans celles plus claires son vis-à-vis :
Michael… Ce que tu me proposes-là n’est pas une… bagatelle. J’ai refusé d’épouser Max quand il me l’a demandé. J’avais mes raisons, elles n’ont pas changé depuis. Le mariage est une institution qui implique des obligations, de se soumettre à des règles… Ne sommes-nous pas bien ainsi ? Qu’est-ce que cela nous apporterait de plus ? Cherche, retourne la question sous tous ses angles, tu en tireras les mêmes conclusions que moi : rien. La reconnaissance de couple officiel aux yeux des autres ? Personnellement, je m’en moque. Je t’appartiens, et tu le sais. Alors pas besoin d’anneaux et de serments entre nous, on a largement dépassé ce stade, depuis le temps. Je ne refuse pas, je te donne juste mon point de vue.
Volutes de fumées, gorgée de pur feu.
Lucas vient tout juste de m’accepter… je ne veux pas compromettre ça par une précipitation quelconque autant qu’accessoire. Ce petit me tient beaucoup à cœur, tu t’en es rendu compte. Gâcher ça… me rendrait folle. Si tu tiens tant à l’officialisation en bonne et dues formes, d’accord. Mais… donne-moi une bonne raison de le faire.
Fallait-il qu’elle lui rappelle qu’elle n’était pas et ne serait jamais une Victoria bis ? Elle jugea cela superflu, il le savait très bien sans devoir évoquer la disparue. Pour plaider, Michael le fit, avec une sorte de désespoir teinté d’amertume. Elle ne put s’empêcher de rire doucement :
J’avoue que transplaner tous les soirs ici pour rentrer au petit matin chez toi, n’est pas marrant. Mais je ne veux en aucun cas brusquer Lucas. Peut-être devrait-on le tester… voir comment il réagirait en suggérant que… je passe la nuit sous ton toit… pour changer ?
Mr De Brent avait des arguments bien à lui pour la faire céder. Il sut enrober le « bonbon » de la plus belle façon si bien qu’au petit déjeuner le lendemain(trois heures plus tard) Alix arborait fièrement le solitaire qui ne la quitterait plus. Épique ce repas. Pas un ne rata la bague ornant son annulaire. Aylinna faillit y gagner une visite chez l’ophtalmologiste tant elle loucha dessus. Nate rigola dans sa serviette, Lord Cavendish eut un sourire édifiant. Dans le fond, tous étaient contents. Vint le réveillon de l’an neuf. En bonne société, on ne renvoie pas ses invités. Tous goûtèrent une semaine assez particulière. Les activités ne manquèrent pas. Plongée sous-marine, balade en mer, barbecue et jeux de plage, tous y trouvèrent leur content. Interrogé en douce sur la date de l’événement, le couple qui agitait les esprits se tint coi. Ce fut encore Lucas qui bouleversa la routine quand il poussa Michael et Alix sous la couronne de gui de l’entrée pour provoquer un baiser :
Dis ? Quand est-ce que tu seras mon autre maman ?
Là, ce fut un oui, sans doute possible. Ils s’uniraient le mois suivant, sauf incident… |
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| Sujet: Re: Les aléas du hasard... (fe) Mar 19 Jan - 22:43 | |
| Un "oui". Tout petit mot si simple à dire. C'était tout ce qu'il demandait. Ou des larmes émues...ou n'importe quoi d'autre que le discours auquel il eut droit. Bien sûr, avec Alix, les choses ne pouvaient être toujours simples...Mais là, franchement, il y avait de quoi se sentir à un pas de la plus totale des consternations.
Ok. Ça ne lui disait rien de se marier. Elle avait refusé la proposition faite par Von Falkenberg ( encore heureux!) et ne semblait pas du tout emballée par la sienne. Michael avait du mal à comprendre les femmes!
Le mariage est une institution qui implique des obligations, de se soumettre à des règles… Ne sommes-nous pas bien ainsi ? Qu’est-ce que cela nous apporterait de plus ? Cherche, retourne la question sous tous ses angles, tu en tireras les mêmes conclusions que moi : rien.
Euh...Là, Michael dut s'avouer pris de court. Pour lui le mariage était une institution pour la vie et c'était juste ce qu'il prétendait avec Alix. Bien entendu, elle avait raison...le mariage, les règles établies, les obligations, les enfants...
Sorry...suis vieux jeu!, grogna t'il sans savoir si bouder ou rire.
La reconnaissance de couple officiel aux yeux des autres ? Personnellement, je m’en moque. Je t’appartiens, et tu le sais. Alors pas besoin d’anneaux et de serments entre nous, on a largement dépassé ce stade, depuis le temps.
Il les voulait pourtant, les anneaux et la reconnaissance. Il se voyait mal rester le reste de sa vie en amant reconnu. Que c'était un stade dépassé, soit...mais lui...était un type conventionnel (qui l'aurait dit!?) et aimait bien les choses gentiment faites.
Je ne refuse pas, je te donne juste mon point de vue.
Au moins ça! Un bon coup de Pur Feu lui réchauffa l'âme, la cigarette lui permit de penser en silence et à toute vitesse. Mais déjà Alix poursuivait avec son point de vue.
Lucas vient tout juste de m’accepter… je ne veux pas compromettre ça par une précipitation quelconque autant qu’accessoire. Ce petit me tient beaucoup à cœur, tu t’en es rendu compte. Gâcher ça… me rendrait folle.
Là, elle ne manquait pas de raison mais Michael se voyait mal en train de céder face à un gamin de cinq ans et quelques, qui aurait sans doutes toutes les bonnes raisons du monde mais lui...lui, il avait la meilleure raison entre toutes.
Je t'aime, Alix et je ne veux plus de délais...Je veux que tous sachent, acceptent et fassent avec.
"Je veux" Je veux"...Enfant gâté qui se prend pour le Tsar des toutes les Russies...Vouloir avait toujours été le verbe le mieux conjugué par ce beau monsieur et toujours à la 1ere. personne au singulier!
Si tu tiens tant à l’officialisation en bonne et dues formes, d’accord. Mais… donne-moi une bonne raison de le faire.
Une bonne raison? Qu'il l'aimait ne suffisait pas? Renfrogné, il avala le reste du pur feu et fuma sa cigarette alors que ses méninges se lançaient dans un sarabande de réflexions, amenées toutes à attendrir le cœur le plus endurci. Sauf que là, il ne s'agissait pas d'attendrir le cœur d'Alix mais de venir à bout de son opiniâtreté.
C'est pas une vie ce qu'on mène là...Tu sais, cette histoire de transplaner tous les soirs chez toi et de retourner chez moi au petite jour, ça crève...Serai usé avant l'âge, moi...et ça me plait, parfois de faire la grasse matinée, prendre le petit déjeuner au lit...avec toi!
J’avoue que transplaner tous les soirs ici pour rentrer au petit matin chez toi, n’est pas marrant. Mais je ne veux en aucun cas brusquer Lucas. Peut-être devrait-on le tester… voir comment il réagirait en suggérant que… je passe la nuit sous ton toit… pour changer ?
Il n'en fut que plus heureux avec la proposition. Tant pis si Maman Aylinna et le reste viraient de l'œil.
Ça fera une belle pagaille et mœurs chamboulés...mais on est plus à ça près! Je veux pas précipiter ta décision...mais Alix...sans toi, rien n'a plus de raison d'être! Joyeux Noël! Pour Michael, le meilleur de sa vie. Retour au foyer, en tenant à ses côtés la plus belle femme du monde, qui exhibait, radieuse, sa bague de fiançailles...ce qui ne manqua pas d'attirer l'attention des présents. Aylinna faillit se noyer dans son café, Justin frisa l'apoplexie. Lord Cavendish haussa un sourcil et Nate pouffa dans sa serviette.
La bague, à elle seule, tint occupées ces dames qui voulurent l'examiner à fond. Certaines femmes ont l'âme d'un diamantaire hollandais. Aylinna et Nate de celles là.
Seigneur, s'étouffa Lady Cavendish, c'est énorme!
Wow!, jura Nate, c'est génial!
Justin aurait avalé la pierre pour s'en étouffer. Lord John, toujours pratique, même si c'était à peine 9:30 du matin, exigea un toast au champagne en ignorant les regards ulcérés de sa chère et tendre épouse. Les gentilles bulles aidèrent à passer la journée ans la meilleure des humeurs. Le déjeuner à la plage fut des plus joyeux, le dîner glorieux...Qu'on n'emmène pas Tanit chez elle, enchanta Lucas. Que Sherkan et Jake puissent faire pas mal de misères (bestioles hyperactives!) ne sembla gêner personne...que le maitre de céans et sa belle disparaissent ensemble, chemin la chambre du premier arracha quelques soupirs sans discrétion...
Lucas ne dérogeait pas ses habitudes. À peine levé, il se rendait chez son père et le réveillait pour prendre ensemble leur petit déjeuner. Découvrir, ce matin là, que l'auteur de ses jours n'avait pas dormi seul, le commotionna un peu mais commença à lui faire comprendre que cette histoire n'en finirait pas là...Son père aimait Alix, sans pourtant oublier sa mère qui n'était, ni serait jamais plus avec lui. Désirée et Kieran aimaient Alix. Lui, il aimait Tanit. En fin de comptes et sans trop compliquer la situation, tout le monde aimait tout le monde et affaire close. Que Grand-Mère fronce le nez ou l'oncle Justin ait des crises de toux, ma foi...quel problème!
Les jours suivants furent bien employés. Pas une seconde libre pour se faire du souci. On nagea, on pêcha, on plongea, on but et on mangea...tout dans la meilleure convivialité.
Aylinna commençait à se découvrir des affinités avec Alix. Justin se trouva même en train de lui donner allègrement la réplique. John s'entendait à merveille avec elle. Nate était à point de trouver Michael adorable et celui ci baignait dans un bonheur parfait. La Vie était belle!
Alors...c'est pour quand!?
Michael décocha un regard amusé à Mrs. Davenport.
Sais pas...pas demain en tout cas...Tu m'en veux toujours?
Nate plissa le nez et le considéra, très sérieuse.
Je sais que tu as aimé Vic...mais elle, elle tu l'as dans la peau...pareil que j'ai ton copain dans la mienne...alors je suis de l'avis que plus vite ça ira...et mieux ce sera. En plus, Alix me semble avoir exactement le caractère qui convient à un type comme toi...Premier écart et tu es fait!
À croire que ça te comblerait de bonheur!
Natasha Sommeby- Davenport ne se priva pas d'un gentil méchant sourire.
J'adore tes enfants, De Brent...et puis, en te connaissant un peu mieux...tu n'es pas si terrible que ça...
Encore heureux!. On arrivait au réveillon du Nouvel An, sans que le sang ait coulé dans l'aréne. L'entente frôlait la perfection, l'humeur générale était au beau fixe.
Vous êtes sous le gui!!!
Lucas avait l'air d'être en train de jouir énormément de la situation. Nate rigola, Justin grogna, Aylinna soupira et Lord Cavendish, déridé, exigea qu'on suive la coutume.
Michael n'allait pas jouer les difficiles et Alix, radieuse, s'y plia de bon gré.
Dis ? Quand est-ce que tu seras mon autre maman ?
Juste le genre de question pour lequel on a beau se préparer, ça vous prend toujours de court. Le regard du mioche était tout un poème. Celui des autres, expectative sans nom.
Puisque tut le monde semble enfin avoir accepté le fait...si Alix le veut...ça vous dit le mois prochain?
Elle était d'accord. Réveillon du Nouvel An. Réveillon des accordailles. Quelle fête!!! Même Justin céda pour de bon, Nate en pleura (de nouveau enceinte, elle était la sensibilité même!), Ayilinna s'avisa même à embrasser la fiancée. Lord Cavendish prit les commandes de la célébration et au petit matin de cet an frais étrenné, Justin et son ami de toute la vie, braillaient sous la lune, souvenirs d'autres temps...l'un avait des cheveux rose chewing gum et l'autre d'un vert soutenu!
On les ramena, bien que mal au logis et chacun s'en fut avec sa belle et le lendemain les sortilèges anti cuite furent de mise.
Le lendemain, Davenport et Cavendish reprirent le chemin du retour, laissant les fiancés se préoccuper des détails du mariage. Ce serait une cérémonie en petit comité, comptant seulement avec les très proches amis...
Tout allait pour le mieux dans la meilleur des mondes.
Tanit sur un bras, Kieran sur l'autre. Lucas, surveillait Désirée et tout le monde en paix...Une petite sortie en ville , en famille, quoi de plus réjouissant!? Alix, restée un peu en arrière achetait des glaces pour Lucas et Désirée.
Voilà que la petite miss prenait la fuite en riant...
Reviens, ma puce...Maman vient avec ta glace...Désirée!!!
Et la puce en question d'aller s'empêtrer dans les jambes d'un passant...Un de tant...sauf que là, celui là avait un nom, un prénom, faisait 1.90 et son sourire conciliant venait de se figer en une espèce de moue enragée. Passant en une seconde en attitude défensive, Michael jaugea son adversaire, d'un petit air suffisant.
Tiens...toi!
À moins de lui larguer un gosse sur le nez, ne lui restait que son arrogance pour faire face à l'imprévu...et élever une prière muette pour qu'il y ait une queue pas possible chez le glacier.
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| Sujet: Re: Les aléas du hasard... (fe) Ven 22 Jan - 1:17 | |
| Au merveilleux Noël succéda un nouvel-an extraordinaire. Pour la première fois depuis des années, Alix ne se sentit pas rejetée, au contraire. Les miracles existaient-ils ? Il fallait le croire puisque les plus irréductibles à son encontre lui accordaient enfin le droit de cité. Avec stupéfaction, L’ex-mangemorte se découvrit pas mal de point communs avec… Davenport. Elle le jugeait parfois trop exubérant quand il s’agissait de son domaine et possessions mais finissait par le trouver marrant. Quand Aylinna lui tendit la joue, Miss Blackstorm se demanda si réellement il s’agissait d’un baiser de paix ou si la noble Lady ne voulait pas la mordre. Expérience aussi inattendue qu’inédite, s’il en est, comme quoi avec de la bonne volonté, le monde pourrait enfin tourner rond. Justin sembla définitivement enterrer la hache de guerre avec son pote de toujours. De la chambre partagée avec Michael sans que personne n’y trouve à redire désormais, Alix rigola seule en entendant deux putois brailler à la lune. Le réveil fut homérique. Grâce à la magie, les gueules de bois s’effacèrent mieux qu’avec le traditionnel jaune d’œuf dans du café salé. Les futures noces évoquées dans la bonne humeur, tous s’entendirent sur le fait qu’un comité restreint serait de mise. Avant son départ, Lady Cavendish tint à prendre sa bru à part. L’air un peu coincé, elle finit par lui sourire franchement :
Je suis une mère, Alix, vous en êtes une aussi maintenant, vous devez donc me comprendre… Seul m’importe le bonheur de Michael et… il faudrait être aveugle ou de très mauvaise foi pour ne pas reconnaître qu’il n’a jamais été aussi heureux qu’aujourd’hui. J’ai mis du temps à l’admettre. J’espère qu’à l’avenir, nous pourrons nous entendre.
Il était évident que la mère de Michael faisait des efforts d’amabilité et évitait sciemment de parler de Victoria quoiqu’elle en brulât d’envie.
Je suis certaine que nous y parviendrons, Aylinna. Je ferai tout ce qu’il faudra pour assurer le bonheur de cette famille. Vic nous a pardonnés à vous comme à moi ; de là-haut elle voit que tout est bien à présent.
Une accolade émue( mais si !) les souda un bref instant avant la séparation finale sur ces mots :
Ne portez surtout pas de robe rose au mariage, ni blanche cela va de soi.
Alix en riait encore quand les invités partis elle se retrouva seule avec son futur mari qui s’esclaffa avec elle en l’entendant lui narrer ces derniers propos. Les jours suivants s’écoulèrent gaiement. Sans se hâter, goûtant aux joies familiales dans la détente totale, les éternels amants prirent du bon temps. Discuter de la liste des invités, du menu du banquet, dresser des plans de table etc. les amusa beaucoup. Ils n’en dédaignèrent pas pour autant leurs responsabilités de parents. Souvent, regardant la marmaille pétillante de joie et de santé, Alix s’étonnait :
*Qui aurait dit que je me verrais mère de quatre gosses dont trois ne seraient pas de moi ?*
Pour une qui, un an à peine auparavant, détestait les enfants, le pas était grand, géant.
Ce jour-là, Michael décida de faire quelques emplettes en ville. Ils en avaient pris l’habitude comme si enfin frayer le monde au grand jour était devenu indispensable aux deux. Que Michael accepte Tanit comme sienne réjouissait chaque jour davantage Alix. Il fallait voir la façon dont il la couvait, de quoi rendre jaloux Lucas qui adorait sa nouvelle sœur. Kieran et Tanit étaient si proches en âge que l’on aurait pu les croire jumeaux sans y regarder de trop près. Les yeux du fils de Michael étaient du même vert que ceux de sa mère ; la fille d’Alix possédait ses yeux à elle. Sinon, tous deux blonds comme les blés, de bonnes joues roses, n’importe qui s’y serait trompé. Après avoir effectué plusieurs achats, la poussette des bambins étant pleine de paquets, Michael se chargea des bébés tandis que Lucas, en grand frère, s’occupait de Désirée. Le temps beau et chaud mélangeait autochtones et touristes dans un charivari coloré.
Qui veut une glace ? rit Alix qui se doutait de la réponse.
Moi, moi ! répondirent deux voix juvéniles enjouées
Vu la façon dont était chargé Michael, Alix se proposa à l’achat des gâteries. Prenant place dans la file devant la boutique, elle laissa son petit monde se promener sur le large trottoir bourré de monde. La queue était longue, la sorcière pressée de combler les enfants. Un petit sort discret la mena en face du vendeur sans que personne ne rouspète de ce changement rapide de position. Ses cornets en main, souriante sous son grand chapeau de paille, Alix crut que ses lunettes sombres lui jouaient un vilain tour quand, à quelques mètres d’elles elle les vit s’affronter du regard.
*Ce n’est pas possible ! Qu’est-ce qu’il fabrique ici avec… sa femme ?*
Là, toisant furieusement De Brent, se dressait le mètre 90 de Max Von Falkenberg, celui-là même qu’elle avait quitté des mois auparavant en lui soustrayant sa fille. Mue par un réflexe, elle leur tourna le dos, d’un bloc. Il fallait qu’elle réfléchisse, et vite. Si Max la voyait, il ferait l’inévitable rapprochement, et… bonjour les ennuis. Une envie folle de transplaner la saisit. Cependant, laisser Michael seul, dans sa posture, face à Von Falkenberg lui paraissait bien lâche. Dans le fond, ils formaient une famille à présent ; rien ni personne ne leur enlèverait ça après tout ce qu’ils avaient vécu pour en arriver là. Même pas le temps de songer à une stratégie quelconque, du reste. Lucas et Désirée l’avaient repérée et lui sautaient dessus :
Maman, tu as les glaces ?
Se penchant vers eux, elle les leur tendit ainsi que des serviettes en papier :
Asseyez-vous au pied de cet arbre, et dégustez-les en restant à l’ombre, ne vous tachez pas. Papa et moi sommes juste là, à côté.
Les enfants installés, il ne lui restait pas d’alternative. Se composant une attitude neutre, elle rejoignit le trio adulte :
Que le monde est petit*et le hasard énorme* ne voilà-t-il pas Max et sa jeune épouse ? Bonjour. Vous allez bien ?
Voir celle qu’il haïssait après l’avoir tant aimée faisre front au côté de son incontournable rival parut secouer l’Allemand. Telle une naufragée accrochée à une bouée, Eve Adams semblait vouloir faire reculer son mari… En vain. Peut-être des baguettes seraient-elles apparues s’il n’y avait pas eu tant de moldus alentours. C’était un peu amusant de constater les hésitations de Max qui regardait tour à tour la fillette blonde et son ancienne amante. Que faire ? D’un côté, le bon sens prêchait de gruger Von Falkenberg en prétendant un truc du genre : quel malheur ! Notre fille n’a pas vécu. Elle aurait pu être ici avec les jumeaux de Victoria et Michael… Seulement elle connaissait suffisamment Max pour savoir qu’on ne le bernerait pas si facilement. Alors tant pis ! Pesant bien chaque mot, elle se jeta à l’eau :
Mon chéri, donne-moi Tanit que je lui présente son père. Ils n’ont pas encore eu l’occasion de se rencontrer.
De Brent paraissait aussi stupéfait que l’Allemand mais il obéit, et le poupon changea de bras. Le cajolant, Alix sourit :
Ma Tanit, voici l’auteur de tes jours. Il ne faut pas lui en vouloir s’il ne t’a pas trouvée, il ne le pouvait pas, maman ne voulait pas. Puis, il a été très… occupé. Comment la trouves-tu Eve ? Mignonne, non ? Je vous en souhaite beaucoup de pareils.
Houla ! Le spectacle valait d’être vécu. La jeune Mrs Von Falkenberg semblait passer par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel tandis que son fier époux ne savait sur quel pied danser. La future Mrs De Brent se rapprocha instinctivement de Michael. Par chance, les cornets de glaces s’étaient enfilés à la vitesse éclair. Désirée s’accrochait aux basques de son père ; Lucas, du haut des ses cinq pommes, regardait les grands avec un sérieux inhabituel pour un si petit bonhomme. Flairait-il que l’objet de son adoration était en jeu ? Le fait est qu’il agrippa la jupe d’Alix et demanda :
On s’en va, maman ?
Le décor était planté. Si Von Falkenberg attaquait, les De Brent sauraient filer avec tous leurs poussins d’un coup d’aile. |
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| Sujet: Re: Les aléas du hasard... (fe) Sam 23 Jan - 0:33 | |
| Expert en urgences catastrophiques, Max savait exactement comment s'y prendre pour planifier un voyage en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Cette fois ne fut pas l'exception. Eve ne semblait pas ravie avec l'idée de faire un autre, long...très long, voyage en avion pour rallier l'autre bout du monde juste parce que les bonnes œuvres de son mari avaient un problème de ravitaillement, ça, même Max pouvait le comprendre! Faisant, une fois ne faisant pas coutume, abstraction de ses propres désirs, le cher homme décida faire plaisir à sa petite femme adorée (en plus qu'il était vraiment pressé!) et confectionna un gentil portoloin qui les mena, en un clin d'œil, très loin des verts pâturages de Drovers.
Hamilton, capitale de ce petit coin paisible et paradisiaque que sont les Bermudes. Ville claire et sans stress, habitants aimables, touristes à toute heure. L'endroit parfait pour une vie au calme sans être éloigné de la civilisation. Eve sembla beaucoup apprécier ces alentours colorés et se detenddit complètement, oubliant ses amertumes passées. Les problèmes avec le cargo endommagé connurent une rapide et efficace solution et à peine quatre jours après leur arrivée, le navire reprenait la mer.
Quatre jours de plaisante insouciance pour la jeune Mrs. von Falkenberg qui s'adonna aux plaisir de la farniente, sans aucune arrière pensée tandis que son mari s'occupait de ses affaires. Mais enfin, cette aprés midi là, Max, très satisfait de la tournure prise par les évènements alla retrouver sa femme, au bord de la piscine, où elle bronzait tranquillement.
Que dirais tu si on allait faire un petit tour par là? C'est une ville très sympathique!
Eve ne semblait pas trop tentée de jouer les touristes mais finit par se plier à la proposition de son mari et peu après, le couple déambulait en ville, main dans la main, paisibles badauds entre tant d'autres. Bavardant, riant, s'embrassant, heureux comme les frais mariés qu'ils étaient. Sans l'ombre d'une préoccupation planant sur eux, la vie était belle et ils étaient ensemble, que demander de plus? Souvenirs douloureux et autres tracas semblaient remisés au placard.
Mais bien entendu, la vie aime toujours réserver des surprises aux insouciants. Eve voulut entrer dans une petite boutique bourrée de monde pour y acheter des cartes postales. Max, lui, préféra s'en abstenir. Il avait horreur qu'on le bouscule et marche sur les pieds.
Je t'attends là dehors!, assura t'il en la regardant s'éloigner.
Dehors, il y avait aussi un monde fou mais la chue était toujours moins dense, il n'avait pas fait trois pas quand une gamine qui courait sans regarder devant elle, s'empêtra dans ses jambes au temps qu'on criait:
Désirée!!!
Ce nom et cette voix. Max qui souriait à la petite releva la tête et son sourire se figea. Il n'eut aucun mal à reconnaitre l'homme face à lui. Comment aurait il pu ne pas le faire? L'autre l'avait aussi reconnu et le jaugeait de cet air arrogant qui lui avait toujours été particulier.
Tiens...toi!
Ben oui, on dirait.
Pendant un instant, ils se dévisagèrent en silence, cherchant à se trouver, l'un l'autre, quelque trace de misère visible, abattement ou dépérissement notoire. En toute évidence, il n'en était rien. Max se portait comme un charme et son interlocuteur inespéré offrait l'image du père comblé, si on tenait compte des deux petits enfants dans ses bras, la blondinette étourdie qui courait vers lui et le garçonnet blond qui la rattrapait à mi chemin.
Jolie famille!, se trouva en train de dire Max, faute de mieux tout en cherchant des yeux l'heureuse mère et encore une tête rousse qui lui manquait au tableau.
Se retrouver nez à nez avec Michael De Brent à Hamilton, alors qu'il le faisait à l'autre extrême du globe, ne le rendait pas heureux du tout...mais alors là pas du tout! Le voir si satisfait de la vie, entouré de ses enfants éveillait en lui une amertume trop tenace comme pour être ignorée. Après tout Michael était le seul et unique coupable de sa rupture avec le grand amour de sa vie. Il était vrai, qu'avec le temps et l'amour d'Eve, il était presque parvenu à enrayer cette cuisante douleur mais le revoir ravivait un féroce ressentiment.
Et puis tout sembla se dérouler au ralenti, comme dans un mauvais rêve. Les enfants qui couraient vers leur mère, celle ci qui leur donnait des glaces avant de rejoindre Michael. Même ombragé par son large chapeau et dissimulé par des lunettes de soleil, Max aurait reconnu ce visage entre un million...entre toutes les femmes du monde. Il sentit qu'on lui enfonçait un poignard dans le cœur.
*Ce n'est pas possible...ce n'est pas possible*
À peine s'il entendit la voix d'Eve et la sentit prendre sa main. Toute son attention était braquée sur cette apparition.
Que le monde est petit. Ne voilà-t-il pas Max et sa jeune épouse ? Bonjour. Vous allez bien ?
Pourquoi restait il là, comme un idiot? Planté au milieu de ce trottoir, en regardant la femme qu'il avait aimée à la folie, qui l'avait trahi et quitté, enceinte de son enfant?...Son enfant? Il savait que cela allait être une fille. En une seconde de calculs effrénés il lui donna un âge et son regard changea alors de direction. Michael tenait deux bébés, une fillette blonde et un petit garçon brun...Sur le coup, il avait pensé à des faux jumeaux...
Bonjour!, s'entendit il dire, essayant de rétablir une connexion entre la réalité et ses pensées en désordre, nous...on va très bien. Vous aussi, à ce que je vois!
Bien sûr qu'il allaient bien! Impossible penser le contraire. Elle rayonnait, lui, éclatait de satisfaction. Qu'avaient ils fait pour parvenir à leur fins? Dans quel délire vicieux s'étaient ils lancés pour vivre leur passion déchainée? Où était donc Victoria?
*Perds pas la tête, calme toi. Pense à Eve!*
Pour affermir cette pensée, il entoura les épaules de sa blonde épouse du bras et la retint contre lui, la rassurant et cherchant à se rassurer lui même. L'ambiance était soudain très dense.
Pas besoin de te présenter Alix, ma chérie...mais je suppose que tu ne connais pas Michael...Michael, ma femme, Eve.
Il ne se dérangea pas de demander comment Alix avait sû qu'il était marié, il s'en fichait comme d'une guigne. Son regard interrogateur alla de nouveau de la belle brune à l'enfant blonde et Alix capta à l'instant le doute qui le tenaillait, après tout, ils se connaissaient assez bien comme pour que cela suffise.
Mon chéri, donne-moi Tanit que je lui présente son père. Ils n’ont pas encore eu l’occasion de se rencontrer.
De Brent sembla un peu surpris par cette requête mais s'y plia, sans rien dire. L'enfant protesta quand il la remit à sa mère qui la cajolant, enjôleuse, avança deux pas vers Max qui se sentait comme frappé par la foudre.
Ma Tanit, voici l’auteur de tes jours. Il ne faut pas lui en vouloir s’il ne t’a pas trouvée, il ne le pouvait pas, maman ne voulait pas. Puis, il a été très… occupé. Comment la trouves-tu Eve ? Mignonne, non ? Je vous en souhaite beaucoup de pareils.
Peut on se sentir mourir et pourtant rester là, comme si rien? Pourquoi lui faisait elle ça? Pourquoi retourner le couteau dans la plaie avec cette satisfaction diabolique? Elle ne pouvait pas lui en vouloir...jamais plus de ce qu'il lui en avait voulu. Alix avait semblé très contente de se défaire de lui, à peine s'il y avait eu quelque remords dans la lettre qu'elle lui avait laissé. La seule chose qui lui restait d'elle, d'ailleurs.
*Qu'attend t'elle? Que je fasse une scène? Où diables veut elle en venir avec ces paroles envenimées?*
Saura t'on jamais d'où il sortit la présence d'esprit pour sourire, ravi et lever la main pour flatter la joue de sa fille d'un doigt.
Elle est parfaite...et a tes yeux. Je suis content que tu te sois décidée à la garder.
La petite le regardait avec ses grands yeux bleu de nuit, hésitant entre bouder ou sourire mais finalement sourit. Le cœur de Max fit une ratée puis deux. Un énorme nœud lui serait la gorge mais il se reprit, tant bien que mal.
Excuse moi, mais là, j'avoue être plus que secoué...Qu'on me damne si je m'étais attendu à ça!
Eve ne le lâchait pas. De quoi avait elle peur? Qu'il transplane avec Alix ailleurs pour avoir un petit tête à tête explicatif? Ma foi, cela aurait été presque son droit...de survivre à l'Aveda que Michael se ferait sans doute un bonheur de lui lancer.
Est ce que je peux...la porter? Juste un instant, je te jure que je ne ferai rien de pendable!
Mais déjà le petit bonhomme blond avait fini sa glace et réclamait de l'attention.
On s’en va, maman ?
Maman? Le fils de Michael, le petit adoré de Victoria appelait Alix, Maman? Il y avait sans doute quelque chose qu'il ignorait...et saurait tôt ou tard mais le moment se prêtait mal aux questions. Alix était un peu nerveuse. Michael tendu et prêt à réagir. Eve, tremblait presque. Lui, il était...il n'en avait pas la moindre idée. Combien de mois avait il passé, perclus de désespoir, de rage, d'amour, à mettre le monde à l'envers pour la chercher? Quand cet amour s'était il mué en quelque chose qui ressemblait assez à de la haine? Max ne savait plus. Mais un jour, il avait découvert que ce sentiment terrible l'avait libéré...ou du moins le croyait il.
Alix n'avait pas esquissé le moindre geste pour lui laisser prendre la petite.
Je comprends que tu te fasses des idées...mais, voulu ou pas, je suis son père.
Tanit est ma sœur!!!
Max regarda l'enfant et lâchant Eve, s'accroupit face à lui.
Tu l'aimes beaucoup?
Oh oui! Beaucoup. J'étais triste parce qu'elle n'avait pas un papa...tu sais j'avais une autre maman avant...mais elle est partie au Ciel avec Sarah.
Pour une explication, c'en était une. Renversante. Max leva les yeux vers Michael, celui ci acquiesça en silence. Son attention revint vers Lucas, qui l'observait avec grande attention.
Désolé pour ta maman, Lucas...et pour ta sœur. Je...suis content que...tu aimes autant Tanit, je suis sûr que tu seras un...magnifique grand frère.
Le gamin sourit, rassuré.
Tu sais...je pensais que toi aussi tu étais au Ciel avec elles...que peut être vous étiez amis, là haut.
Un mot de plus et il se mettait à pleurer pour de bon en se demandant si cela n'aurait pas été préférable.
Ben non...Tu vois. Je suis là!
Tu vas...
Non, je ne vais pas te prendre ta sœur. Pas de souci!, il se redressa après lui avoir ébouriffé les cheveux et dévisagea Alix, nous sommes tous sous le coup de la surprise...Je suis confus et toi...enfin, ce n'est ni le moment ni le lieu...
Il flatta de nouveau la joue de la petite Tanit.
Je dois la revoir...Nous devons parler, ça tu le sais, Alix...et pas dans dix ans...Je t'en prie...Tu me dois au moins ça!
Et avant que quiconque s'avise à placer un mot de plus, il avait pris Eve du bras, fait demi tour et parti presque au pas de course. Finie la placide balade, le chemin de retour à l'hôtel se fit en silence. Arrivés à leur suite, Max sortit au balcon et quand Eve voulut le suivre, il se tourna vers elle, le semblant chaviré.
Ne me dis rien. Ne me pose pas de questions. Laisse moi plutôt en paix...
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| Sujet: Re: Les aléas du hasard... (fe) Lun 25 Jan - 1:49 | |
| Qu’est-ce qu’il lui avait pris de tout chambarder dans cette maison ? La nouvelle Mrs Von Falkenberg aurait bien été incapable de répondre. N’avait-elle pas eu carte blanche pour tout rénover selon son goût ? Alors pourquoi se priver ? Désoeuvrée, abandonnée par son Max adoré au milieu d’une immense baraque où la marque de l’ancienne occupante était clairement établie, que faire d’autre ? La bouteille n’était pas une amie inspiratrice mais elle aida Eve à sa détermination. Bientôt, cette maison ressembla à quelque chose. Bon… c’était luxueux, un poil chichiteux mais conforme aux tendances modernes. La serre lui donna du fil à retordre. Les systèmes de protections pour la survie des plantes gênèrent un peu la jeune femme qui se débrouilla à la « va-comme-tu-peux » Manifestement la Spina lungus n’admettait pas qu’on la dérange et pour un peu le petite sorcière se serait vue lacérée impitoyablement sans l’intervention inespérée de son mari. Un tractaris plus tard, elle atterrissait dans les bras d’un Max ému ou énervé, elle ne savait pas juger. Pleurer, même pour rien, lui fit du bien.
Allons, mon amour...Calme toi!
Tu m’en veux, hein, tu es fâché ? J’ai tout saccagé. C’est pas ma faute ! Tu me laisses là comme une gourde dans un décor fait pour elle, par elle ! Tu ne piges rien. Je suis sensible, moi !
Là, ma chérie...tout va bien! Non, je ne suis pas fâché. Oui je comprends plein de trucs...Oui, tu as raison...je ne suis qu'un égoïste doublé d'un...quoi? Tu me dis insensible?
Oui, tu l’es ! A-t-on idée de laisser sa femme ainsi, perdue au milieu de nulle part ? Je ne suis qu’une godiche et toi un… un illuminé qui ne pense qu’à lui. Tu t’es bien amusé ? Ben, moi aussi ! Que ça te plaise ou pas, maintenant cette maison ressemble à autre chose qu’à un nid… de vipères.
En somme, tu es jalouse...ou étais, il ne reste plus trace de cet avant...
Un coup de fouet à l’ego :
Jalouse ? Jalouse de quoi, d’un fantôme ? J’ai voulu donner une âme à ce décor plat, insipide.
La diplomatie de Max eut raison d’elle… comme toujours. Consolée, bercée, aimée de tendre façon, la vindicte d’Eve fondit. Attentionné, galant ou fougueux, Max sut rendre la joie de vivre à son Eve. Elle se traita souvent d’idiote et le suivit partout où il désira l’emmener. Monter à cheval s’avéra assez épique(évidemment) mais elle se débrouilla, sans se plaindre. Du moment qu’il était là et s’occupait d’elle, rien n’importait d’autre. Puis, un beau jour, Max lui annonça l’imminence d’un déménagement :
Allez, mon cœur...Connaitre les Bermudes va t'enchanter, c'est un endroit charmant...et puis ça te changera un peu de ce coin que tu ne sembles pas trop apprécier.
Et voilà… Encore et toujours obligée de suivre le mouvement. Pas la peine de tenter de s’opposer aux désirs du sieur Von Falkenberg… Juste dire « amen » était bon. Au moins avaient-ils utilisé un portoloin et non pas une de ces carcasse métalliques volantes. Oui, Hamilton avait du charme, la villa aussi. Très vite les affaires de Max se réglèrent. Evidemment, Eve n’eut pas un mot à dire là-dedans, à croire que son époux la considérait comme inapte dans bien des domaines… Reléguée à la bronzette obligée les trois-quarts du temps, la jeune épousée s’ennuyait à nouveau quand, enfin, il daigna se soucier d’elle :
Que dirais tu si on allait faire un petit tour par là? C'est une ville très sympathique!
N’importe quoi plutôt que rester là à bâiller aux mouettes. Habillée au quart de tour, émoustillée par la découverte, Eve fut enchantée de l’escapade. Boutiques, échoppes diverses, ambiance colorée, senteurs inédites, tout l’enchantait mais c’était surtout d’être au contact de son adoré qui la ravissait le plus. Bisou par-ci, rire par-là, la balade se déroulait sous les meilleurs auspices jusqu’à ce qu’une gamine venue d’on ne sait où tombât dans les guiboles de Max. Amusé au départ, l’Allemand se renfrogna soudain face à un grand dadais qui portait un bébé sur chaque bras. Impossible d’ignorer de qui il s’agissait. Eve se souvenait parfaitement de lui pour l’avoir croisé à certaines noces australiennes. A l’époque, elle se moquait bien de De Brent et consort sauf quand elle avait su qu’il y avait eu une histoire intense entre cet homme et Alix, celle-là même qu’Eve remplaçait auprès de Max… D’instinct, elle flaira un danger. Lequel importait peu, elle voulait partir. Max demeura sourd et muet à ses tentatives désespérées de fuite. Le reste ne fit que confirmer ses craintes : Blackstorm se pointa. Mieux, elle poussa l’audace jusqu’à présenter Max au poupon blond en prétendant que cette fillette était issue d’eux. Dire qu’Eve se sentait très mal est peu. Jambes coupées, cœur en déroute, elle ne savait que répondre à l’ironie marquée par celle qui fut son prof de potions. Et Max qui ne valait pas mieux : Excuse moi, mais là, j'avoue être plus que secoué...Qu'on me damne si je m'étais attendu à ça!
*Filons ! Laisse-la... viens…*
Sourd à ses incitations muettes, Von Falkenberg semblait en transe face au bébé blond répondant au nom de Tanit.
Est ce que je peux...la porter? Juste un instant, je te jure que je ne ferai rien de pendable!
*Il veut se faire tuer ! Filons !*
Elle ne pensait qu’à ça : éloigner Max le plus vite possible de son… démon. Gnagnagna… Gentilles paroles au moufflet qui revendiquait Tanit comme sa sœur, puis le couperet :
Je dois la revoir...Nous devons parler, ça tu le sais, Alix...et pas dans dix ans...Je t'en prie...Tu me dois au moins ça!
Enfin il rompait les rangs et se détournait en l’emmenant dans son sillage comme on remorque un chien en laisse. Pas un mot durant le trajet de retour. Il s’isola sur le balcon surplombant la piscine. Eve voulut lui apporter son soutien. La rebuffade subie la marqua cruellement :
Ne me dis rien. Ne me pose pas de questions. Laisse-moi plutôt en paix...
Ben voyons… ça et va te faire voir ailleurs aurait été pareil. Sous le choc de ce refus à accepter son soutien, Eve fit trois pas en arrière. Un boule très amère lui monta à la gorge. C’était donc tout ce qu’elle représentait aux yeux de celui qu’elle avait épousé? Il suffisait que l’autre paraisse pour que les beaux serments s’envolent ? Une foule de sentiments contradictoires agita la jeune femme. Elle pouvait comprendre beaucoup de choses mais il ne fallait pas quand même exagérer. Complètement sciée, Eve ne sut que faire dans l’instant. Se mettre à hurler à la mort comme le chien battu qu’elle était même s’il n’avait élevé ni voix ni main ? Frapper Max pour qu’il réagisse et voie qu’elle existait ? Faire ses valises et le laisser se démerder ? Lui accorder la paix souhaitée ? Ce qui était sûr c’est qu’une rage inhabituelle l’habita entièrement. Elle recula encore. Le bibelot accroché involontairement chut sur le carrelage. Ceux qui suivirent furent sciemment mis à mal un par un avec méthode, sans un mot. Bing, bang, bong… Les bruits répétitifs semblèrent attirer l’attention de Von Falkenberg qui la regarda bizarrement. Tenant une fine statuette entre ses doigts, elle le nargua :
Non, je ne suis pas folle. Pourquoi cette question ?
La figurine s’écrasa. Un plat lui succéda :
Je fais le ménage à ma façon, ça ne se voit pas ?
Ce vase était si joli, dommage…
Qu’est-ce qui me prend ? Rien, rien du tout.
Une série de coupelles en porcelaine se fracassa au sol.
Toi tu penses à ta fille et ton amante, alors moi je m’amuse comme je peux. Je ne suis bonne qu’à ça, non : amuser Monsieur ! Et encore… l’amuser quand ça l’arrange, toujours et uniquement quand ça l’arrange. Ne m’as-tu pas juré, à Venise, qu’Alix ne s’interposerait pas entre nous ? Belles paroles… Ne me prends pas pour une idiote stupidement jalouse. Ça doit te faire mal de la voir collée avec l’autre, de voir ta fille chouchoutée par un autre. A moi, bien sûr, ça ne doit rien faire de voir mon mari baver devant cette femme… Non voyons, Eve, la petite Eve n’est qu’un passe-temps agréable qui jamais n’égalera la grande Alix ! Ce qu’elle peut ressentir la petiote n’a pas d’importance.
Ils avaient l’air fin à se tourner l’un autour de l’autre, lui avec sa tête des mauvais jours, elle qui renversait tout ce qui lui tombait sous la main.
Mr Von Falkenberg souffre et bien sûr la légitime épouse ne peut que la boucler. Comment pourrait-elle lui être d’une aide quelconque ? N’est-ce pas une créature stupide ? Elle casse tout et se comporte comme une dingue. Pourtant voyez… ça marche ! Il la remarque son idiote de femme ! NOM D’UN GNOME, MAX ! SI ON EST UN COUPLE ON DOIT SURMONTER ça !
Sa rage tomba avec une dernière assiette.
Maintenant dis-moi clairement si tu as besoin de moi ou pas. D’ici à la fenêtre, il n’y a qu’un pas… Mais tu ne mérites même pas ça. Je m’en fous.
Adieu veau, vache, cochon couvée. Elle aurait perdu famille et illusions en quelques minutes de confrontation. Haussant les épaules, sourcils froncés, elle abandonna le carnage en tournant le dos à son mari. Un failamalle serait vite accompli d’autant que maintenant elle pouvait transplaner seule. |
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| Sujet: Re: Les aléas du hasard... (fe) Lun 25 Jan - 22:11 | |
| Maudit hasard! En un instant, sa placide journée venait de tourner à l'aigre et de quelle façon! Von Falkenberg avait l'air furieux de se trouver là, face à lui. Michael pouvait très bien comprendre que l'allemand ne nourrisse aucun sentiment conciliateur à son encontre mais celui là était le moindre de ses tracas. Il savait sciemment que ce qui allait s'en suivre ne serait pas trop agréable.
La conversation entre les deux ex-Serpentard était en point mort. La blonde épouse de Max les rejoignait quand Alix fit son entrée en scène. La tension monta d'un cran. Michael eut un sentiment proche à la pitié en voyant le semblant de son ex camarade se décomposer. Qu'avait il pensé...souhaité? Sans doute que ce soit Victoria qui complète ce tableau familial...et non pas elle...justement elle!
Eve von Falkenberg était affreusement pâle mais son mari ne faisait aucune attention à elle, au lieu de cela, il n'avait d'yeux que pour Alix, comme si le reste du monde, lui compris, avait disparu.
Que le monde est petit. Ne voilà-t-il pas Max et sa jeune épouse ? Bonjour. Vous allez bien ?
Comme si on était tous copains et on était ravis de se retrouver! Un coup d'œil vers la jeune femme suffit pour deviner que, sous ces dehors de parfaite maitrise de soi, elle était terriblement tendue. Mais il fallait la laisser gérer la situation à sa façon, ce n'était pas le moment d'intervenir. Nerveuse ou pas, Alix n'y alla pas par quatre chemins, prenant tout le monde au dépourvu, elle prit Tanit dans ses bras et la présenta à son père biologique qui semblait pétrifié sur place. Il y avait bien de quoi!
*Un faux mouvement, mon vieux et tu es histoire...*
Heureusement pour lui, Max n'eut aucune idée pendable et à part donner l'impression de souffrir le martyre, son comportement, frôlant le pathétique, n'eut rien de reprochable. Lucas, avec toute la sagesse de ses six ans, éclaira quelques points obscurs...entre autres l'absence de Vic. Coup de grâce.
Il fallait quand même avouer que Max maitrisait assez bien ses émotions, même s'il était évident pour tous qu'il était à point de craquer péniblement. Il reconnut être confus, que le moment et les lieux se prêtaient mal à la situation. Alix ne l'avait pas laissé prendre la petite Tanit et au lieu de cela, s'était réfugiée auprès de lui. Michael l'enlaça par la ceinture. Lucas s'accrochait à elle, Désirée, à son pantalon. Front commun. Les De Brent étaient une famille et rien, même un ex-amant éconduit, ne parviendrait à ébrécher cette union.
Que von Falkenberg exprime le désir de revoir sa fille, et de parler avec Alix, n'étonna personne. Ce n'était que partie remise sauf que pour la prochaine fois, cela ne les prendrait pas de court.
Michael sentit un intense soulagement en voyant le couple se perdre entre la foule. Alix sembla se décrisper d'un cran. Rentrons à la maison, ma chérie...Finie la balade pour aujourd'hui!
Le papotage incessant des enfants à l'arrière tint lieu de conversation. Alix, les lèvres serrées en un pli angoissé, regardait devant elle, sans doute sans rien voir. Il allongea la main et prit la sienne, la serrant longuement.
Ne te fais pas de souci. Il ne fera rien...il ne peut rien faire et je ne le crois pas capable de briser le cœur de sa petite femme...La pauvre, cela faisait de la peine à voir.
Alix lui adressa un regard étonné, comme si elle ne s'attendait pas de lui qu'il remarque les états d'âme de son prochain.
Arrivés à la maison, Miss McPherson et Bikita prirent les enfants en charge même si Michael se rendit compte que sa belle fiancée n'avait aucune envie de se séparer de son petit trésor.
Allons, ma douce, ce n'est pas le moment de se montrer paranoïaque. Je t'assure que von Falkenberg ne va pas se présenter ici pour l'enlever. Le gars est peut être un peu tête brûlée mais n'est pas du genre suicidaire, il doit parfaitement savoir que ni toi ni moi le laisserions approcher Tanit. Viens, allons plutôt nous asseoir, boire quelque chose et parler tranquillement.
Mais Alix ne se sentait pas d'esprit à bavarder comme si rien en sirotant un cocktail, elle semblait plutôt prise d'une frénétique envie de fuite. S'il l'avait laissée, elle aurait fait ses bagages et disparu avec sa fille.
Personne ne va nulle part. On reste ici, chez nous et on affronte ce qu'on devra affronter. On ne peut pas éviter que Max revoit sa fille, c'est une demande assez légitime tout de même. Une scène pénible est à envisager.
Juste ce dont elle avait besoin pour se sentir pleinement rassurée mais pour une fois, Michael faisait preuve d'un calme proverbial et d'une sagesse inespérée. Il expliqua calmement son point de vue.
Que tu le veuilles ou pas, avec ou sans femme pendue à son bras, Max est toujours fou de toi...
Qu'il dise ça, comme qui remarque qu'il pleut, avait de quoi commotionner quiconque le connaissant un peu. De nature jalouse et possessive, jamais auparavant il n'aurait pu parler de cela sans avoir des envies de meurtre.
Je t'ai, toi...Lui, n'a pas eu cette chance. T'aimer est une affaire sérieuse, Alix...Une fois qu'on t'a aimée...c'est impossible de t'oublier. En le voyant tantôt, je me suis demandé qu'aurais je fait d'être dans ses souliers? Préfère ne pas y penser...
Le regard malicieux et interrogateur de sa chère moitié, le fit sourire.
Si tu veux le savoir...je t'aurais supplié de reconsidérer ta décision, fait n'importe quoi pour te faire changer d'avis..., il l'embrassa, véhément, j'avais déjà mon discours tout prêt...au cas où...mais j'ai eu de la chance...
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| Sujet: Re: Les aléas du hasard... (fe) Mer 27 Jan - 13:17 | |
| Oui, le hasard, franchement, leur en faisait voir de toutes les couleurs ; des vertes et des pas mûres surtout. Alors que tout semblait s’arranger et qu’enfin Alix et Michael allaient pouvoir vivre leur passion ouvertement avec l’approbation du public durement conquis, voilà que le dernier homme au monde qu’elle aurait voulu croiser se mettait sur leur route. Oh, il ne fut pas extravagant, sa fade jeune femme non plus, néanmoins Miss Blackstorm sentit comme une menace peser sur son bonheur. Pourquoi le cacher ? Oui, elle était heureuse comme jamais elle ne l’avait été. Simplement, bêtement heureuse comme peut l’être une femme amoureuse comblée. Or là, une ombre menaçait ce tableau idyllique et pas n’importe quelle ombre. Von Falkenberg ne menaça pas, fut même d’un calme étonnant. Il se disait secoué, on le serait à moins. Mais il avait clairement affirmé son droit à vouloir revoir l’enfant et à parler avec elle. Son « tu me dois au moins ça » l’avait fait mousser intérieurement. Il l’aurait giflée que ça aurait été pareil :
*Je ne te dois rien du tout !*
Qu’imaginait-il ? Sûrement qu’elle avait tous les torts et lui aucun, brave petit saint ! En tout cas les De Brent avaient fait front commun. La placidité de Michael parvint à l’apaiser après la fuite des Von Falkenberg.
Rentrons à la maison, ma chérie...Finie la balade pour aujourd'hui!
Merlin qu’il avait raison. Il fallait vite rentrer au nid et prendre une décision. Le piaillement des oisillons à l’arrière n’émut pas Alix dont le cerveau s’activait déjà fébrilement :
*Disparaître serait le mieux… Tu es folle, tu as le droit d’être là autant que lui. Le faire disparaître… Hummmm. Très tentant ça. Une infusion de strychnine aromatisée au miel de strelitzia ferait l’affaire, c’est doux, indolore… indétectable…*
Ses réflexions démoniaques furent interrompues par Michael qui lui prenait la main :
Ne te fais pas de souci. Il ne fera rien...il ne peut rien faire et je ne le crois pas capable de briser le cœur de sa petite femme...La pauvre, cela faisait de la peine à voir.
Tiens ? Depuis quand De Brent s’intéressait-il aux états d’âmes d’autrui ? D’autant qu’il s’agissait de l’oie blanche d’Eve Adams.
*Pourquoi Eve aurait-elle le cœur brisé de voir son mari me piquer mon enfant ?*
Braquée comme elle l’était sur ses propres tourments, Alix n’entrevoyait rien qui dépasse ces limites. Une fois chez eux, elle se détendit un peu mais refusa que la nounou s’occupe de Tanit ce qui fit rire un peu son fiancé qui la charia avec bon sens. Certes, Max n’allait pas débarquer ici et tenter de leur enlever la fillette. Autant tenter de raisonner au calme.
Tu as raison, à moins d’être complètement dingue et de vouloir être réduit en cendres, il ne se risquera pas à de telles extrémités. On devrait… On va partir en voyage, hein ? C’est une bonne idée, non ? Il nous manque plein de trucs pour nos noces. Allons faire des folies à Paris, dis oui…
Elle eut beau supplier, de la voix ainsi que du regard, Michael demeura ferme. Il l’obligea à prendre un cocktail, cherchant avant tout à l’amadouer :
Personne ne va nulle part. On reste ici, chez nous et on affronte ce qu'on devra affronter. On ne peut pas éviter que Max revoie sa fille, c'est une demande assez légitime tout de même. Une scène pénible est à envisager.
On voit bien que ce n’est pas toi qui vas te la coltiner cette scène ! Une demande légitime… ? A d’autres ! Qu’en a-t-il à cirer de Tanit ? Son Eve est sûrement prête à lui pondre 10 ou plus de gosses s’il le veut.
Puis, comme si rien, une considération quasi naturelle tomba, de quoi la faire s’étrangler :
Que tu le veuilles ou pas, avec ou sans femme pendue à son bras, Max est toujours fou de toi...
Sur le coup, Le verre d’Alix demeura en suspend dans ses doigts fins. Elle papillonna des yeux, plus que surprise, abasourdie.
Qu… Quoi ? Mais non voyons ! Où vas-tu chercher des idées pareilles ? Tu as remarqué quelque chose que n’ai pas vu alors.
Ce qui suivit lui aurait coupé les jambes si elle n’avait pas été assise. En fait de déclaration d’amour, Michael y mettait le paquet :
Une fois qu'on t'a aimée...c'est impossible de t'oublier. En le voyant tantôt, je me suis demandé qu'aurais-je fait d'être dans ses souliers? Préfère ne pas y penser...
Entre baisers et mots enfiévrés, pas le moindre doute d’être adorée. Pourtant l’heure n’était pas aux ébats mais bien au débat. Aussi, en riant(enfin) Alix le repoussa légèrement :
Arrête ! A t’entendre on me prendrait pour une déesse séductrice ou quelque chose du genre. Je ne suis pas ça. Si Max croit encore m’aimer... tant pis pour lui… tant pis pour eux. Je crois t’avoir déjà fait un petit discours sur ma façon de voir ce qu’est l’amour. Ce n’est pas ce qui nous préoccupe maintenant, mon chéri. Ce que je veux savoir c’est comment nous devons agir. Tu ne veux pas que l’on parte ? D’accord, ce serait une fuite qui prouverait une peur ; je ne lui donnerai pas cette satisfaction. Je n’ai pas peur de lui... directement. De ce qu’il pourrait entreprendre, oui. (soupir) je vais devoir le rencontrer, c’est fatal. Où, quand, et comment ? Tu as une idée ? Moi, j’avoue qu’à part l’expédier *ad padres* à Tombouctou, je n’en ai aucune de valable.
Merveille des merveilles, Michael avait du bon sens pour deux cette fois. Ils discoururent longtemps, échafaudèrent plusieurs variantes de plans possibles, les approuvant ou réfutant tour à tour, s’amusant presque au final de tant de bêtises débitées.
Non, franchement Michael ? Pourquoi pas sur une île déserte entourée de requins tant qu’à faire ? Un lieu public serait plus… convenable.
Au dîner, ils discutaient encore avant de tomber d’accord au dessert : la rencontre aurait lieu ici, chez eux, le lendemain soir. Malgré des ébats nocturnes épuisants, Alix ne s’endormit pas. Elle sortit discrètement de leur chambre pour jeter un œil à la nursery. Un œil… Y installer son campement serait plus juste. Les bébés étaient magnifiques ainsi abandonnés dans leurs songes. Ne voulant pas les déranger, la jeune femme s’installa dans le rocking-chair près du berceau de Tanit. Un doigt glissé dans le poing fermé, elle put enfin baisser les paupières. La journée fut un cauchemar éveillé. Lucas et Désirée, si sages d’ordinaire, s’en donnèrent à cœur joie pour déboussoler leur monde tandis que Kieran et Tanit, de concert, hurlèrent à qui mieux mieux pris de coliques ou perçant des dents. Les nerfs s’enflammèrent, la tension monta graduellement pour Alix, en tout cas. Courir d’un gosse à l’autre occupa beaucoup Alix mais pas suffisamment pour la distraire de ses angoisses. 10 fois, elle modifia le menu à proposer aux invités conviés par hibou, refit la décoration de table, vérifia le moindre grain de sable traînant, surveilla la cuison des plats où elle mit souvent la main. Au moment de se préparer, elle changea de tenue et de coiffure de façon incalculable :
*Trop luxueuse ; trop pauvrette ; trop provocante ; trop godiche, tu as l’air d’une nonne de couvent là-dedans !*
Elle allait prier Michael de trancher quand Alix redevint elle-même à force de volonté. Une longue robe à la couleur de ses yeux la drapa. Décolleté juste comme il faut, ni trop ni trop peu, dos et épaules nues bronzés sans excès, aucun bijou hormis sa bague de fiançailles et celle héritée de sa mère. Altière, un savant chignon dégageant sa nuque déliée, la future Mrs De Brent accueillit ses hôtes sur la terrasse où Bikita les mena. Michael dans son smoking blanc impeccable à ses côtés lui donnait une réplique parfaite. Max ne dépareillait pas. Il avait fière allure lui aussi. Eve… avait encore du chemin à parcourir avant d’atteindre le même niveau. L’apéritif se déroula entre gens civilisés. On échangea des banalités d’usage : emploi, le temps, les connaissances communes, etc. Le passage à table se fit en douceur. Bien sûr, Max désira des nouvelles de sa fille. Laconique, Alix promit qu’il la verrait… plus tard. Quenelles de homard, pintadeaux Rossini, bavarois aux fruits rouges : un menu 4 étoiles se dégusta. Parfois des coups de pieds se perdirent sous la nappe… S’il n’y avait aucun nuage dehors il aurait été fou d’imaginer qu’il en était de même à l’intérieur. Très maîtresse d’elle-même, Alix ouvrit les hostilités( ?) en conviant Eve et Michael à aller digérer sur la plage. Un profond regard s’échangea entre les fiancés. Amour, confiance, encouragements lus les rassurèrent mutuellement. Enfin seuls…
Montons… voir Tanit, veux-tu ?
Sans maniérisme outrancier, Alix mena le train jusqu’à l’étage où reposait l’enfant. Pour l’occasion, on l’avait séparée de Kieran. Au centre de la pièce fraîche et gaie, trônait un petit lit tendu de mousseline bleue. Comment refuser à un père de prendre sa fille dans ses bras ? La baguette prête à toutes éventualités, Miss Blackstorm laissa Max s’approcher du berceau. Comme craintive, la grande carcasse du jeune Allemand se pencha. Manifestement Von Falkenberg n’entendait rien aux bébés. Souriant intérieurement, Alix le rejoignit près de leur fille qui fixait ce nouveau visage avec intérêt.
Prends-la dans tes bras, elle fait des dents mais ne mord pas. Tu en as déjà tenu des bébés, je t’ai vu faire… en Afrique.
Cet effort semblait trop pénible pour nouveau père. Alix le secourut en soulevant l’enfant dans ses bras. Un rapprochement inévitable eut lieu pour l’échange. Etrange sensation. L’eau de toilette de Max éveilla certains souvenirs sans pour autant la troubler le mois du monde. Etait-ce le fait de soutenir sa fille qui faisait légèrement trembler le jeune homme ou autre chose ? Peut-être… Néanmoins, en relevant les yeux, Alix rencontra ceux de son ex-amant et préféra s’écarter :
Elle est vraiment mignonne, tu sais… Sage comme un ange, rarement chagrine.
Beau tableau en vérité que père et fille réunis. Alix désigna un fauteuil, elle s’assit sur un autre.
Je n’ai jamais voulu en arriver là, Max… Je n’ai pas eu beaucoup de choix non plus. Je sais très bien ce que j’ai fait et aussi pourquoi j’ai agi ainsi. Nous deux c’était devenu tout simplement impossible. Tes scènes de jalousies maladives m’usaient. Tu ne te rendais même pas compte que j’étais souffrante avec Tanit dans mon ventre. Je te l’ai écrit… peut-être as-tu mal compris… Tout aurait pu être différent si je n’avais pas croisé Michael avant toi… J’ai voulu l’oublier. Hasard ou destin nous ont fait nous retrouver... deux fois. La première en Australie, la seconde ici, pas loin. Je n’ai pas cherché à revoir Michael entre les deux. J’ignorais même le tragique destin de Victoria et Sarah. C’est arrivé, c’est tout. Nous marions le mois prochain. Reste à voir comment tu envisages les choses pour Tanit.
Devait-elle pousser la cruauté plus loin ? Il était indéniable que Max souffrait. Elle préféra lui taire les projets d’adoption par Michael. Tanit deviendrait De Brent par mariage de sa mère… |
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| Sujet: Re: Les aléas du hasard... (fe) Jeu 28 Jan - 17:05 | |
| Gris. Tout était devenu gris. Le soleil même semblait avoir perdu son éclat, sa chaleur. Il aurait préféré que la foudre l'anéantisse au lieu d'être là, à souffrir comme un damné. Revoir Alix. Combien de fois, depuis le jour où elle était partie, n'avait il pas rêvé de la retrouver? Mille fois, tous les jours et les nuits, dans ses rêves. Et voilà ce qu'il recevait en échange...Alix et Michael, plus unis que jamais. Michael couvant "sa" fille comme si elle aussi lui appartenait. Alix, cruelle, déterminée...
Max n'était même pas conscient d'avoir trainé Eve à sa suite dans cette fuite éperdue. Son unique désir en ce moment était de s'éloigner de l'œil de la tourmente, se mettre à sauf de plus de dégâts, de la misère absurde qui l'emplissait...sauf que la misère l'avait suivi jusque là.
Le bruit de vaisselle brisée finit par le faire sortir de cet état de torpeur douloureuse et se retourner pour découvrir un spectacle navrant. Eve semblait avoir trouvé un exutoire à sa colère et se donnait à cœur joie en fracassant au sol toute chose susceptible d'être brisée. Parce qu'elle était furieuse, ça sautait aux yeux.
Non mais...qu'est ce qui te prend? Tu es devenue folle ou quoi?, gronda t'il.
Elle lui fit face, le regard étincelant.
Non, je ne suis pas folle. Pourquoi cette question ?
La statuette qu'elle tenait dans la main alla rejoindre les autres débris qui jonchaient par là. Un plat suivit.
Arrête ce cirque, Eve.
Je fais le ménage à ma façon, ça ne se voit pas ?
Qu'est ce qui te prend à agir de la sorte?
Question stupide et hors lieu qui connut une réponse très claire.
Rien, rien du tout. Toi tu penses à ta fille et ton amante, alors moi je m’amuse comme je peux. Je ne suis bonne qu’à ça, non : amuser Monsieur ! Et encore… l’amuser quand ça l’arrange, toujours et uniquement quand ça l’arrange.
D'un geste agacé il voulut l'empêcher de massacrer les coupelles mais elle lui rit au nez et les envoya valdinguer à ses pieds.
Ne dis pas des inepties pareilles. Tu ne sais même pas de quoi tu parles. ARRÊTE!!!
Mais elle n'était pas du tout disposée à lui obéir, au lieu de cela continua avec la labeur destructrice tout en vidant son cœur.
Ne m’as-tu pas juré, à Venise, qu’Alix ne s’interposerait pas entre nous ? Belles paroles… Ne me prends pas pour une idiote stupidement jalouse. Ça doit te faire mal de la voir collée avec l’autre, de voir ta fille chouchoutée par un autre. A moi, bien sûr, ça ne doit rien faire de voir mon mari baver devant cette femme…
Eve...
Non voyons, Eve, la petite Eve n’est qu’un passe-temps agréable qui jamais n’égalera la grande Alix ! Ce qu’elle peut ressentir la petiote n’a pas d’importance.
Ne dis pas des bêtises pareilles!, il voulut la rattraper mais la jeune femme l'esquiva agilement, Eve, arrête de te comporter comme une gamine!!!
Une gamine qui avait plus que raison de lui balancer à la tête quatre vérités bien dites mais Max n'était guère d'humeur à admettre ses erreurs.
Mr Von Falkenberg souffre et bien sûr la légitime épouse ne peut que la boucler. Comment pourrait-elle lui être d’une aide quelconque ? N’est-ce pas une créature stupide ? Elle casse tout et se comporte comme une dingue. Pourtant voyez… ça marche ! Il la remarque son idiote de femme ! NOM D’UN GNOME, MAX ! SI ON EST UN COUPLE ON DOIT SURMONTER ça !
Ça faisait un mal de chien mais il fallait bien reconnaître qu'elle avait raison. Il n'avait pas le droit de se comporter comme un rustre à l'esprit égaré juste parce que le Destin avait eu la brillante idée de remettre Alix sur son chemin. Il s'était cru guéri de cette obsession...et vraisemblablement s'était trompé de bout à bout. Il aimait Eve, de cela Max n'avait pas le moindre doute mais Miss Blackstorm lui restait dans la peau, à quoi bon vouloir se convaincre du contraire.
Je..suis désolé. Je n'ai pas voulu que...Écoute, je n'y peux rien...Ça m'a pris complètement au dépourvu...
Une excuse on ne peut plus minable mais c'était la seule qu'il avait. Une dernière assiette mit fin à la casse enragée. Eve, déçue et amère le dévisagea.
Maintenant dis-moi clairement si tu as besoin de moi ou pas. D’ici à la fenêtre, il n’y a qu’un pas… Mais tu ne mérites même pas ça. Je m’en fous.
Et lui tournant le dos se dirigeait vers la chambre. Max mit deux secondes à réagir et l'arrêta en la retenant par le bras.
C'est bon, j'admets m'être comporté comme le dernier des imbéciles. Tu sais que je t'aime, Eve...tu es ma femme et j'ai besoin de toi...j'ai un besoin fou de toi parce que tu es mon équilibre, ma réalité...Je...Je suis désolé d'avoir réagi ainsi face à Alix...ça a été un rude choc...Tu n'es pas un passetemps agréable...tu es ma vie et pas une petiote démunie...
Il l'attira vers lui mais Eve ne semblait pas trop décidée à se laisser convaincre si facilement.
Te dire qu'Alix est facile à oublier serait un gros mensonge...Je m'en suis pas sorti indemne de cette histoire, ça a fait trop de mal. Pourtant, elle...ne fait plus partie de ma vie, ni s'interposera jamais entre nous...Comment donc? Elle a retrouvé l'amour de sa vie et rien ne la fera démordre de ça...Grand bien lui en fasse. Tu l'as vue, comblée, entourée de marmots qui l'appellent Maman...Dur à croire qu'elle n'ait pas voulu de notre fille au début...
Eve grommela Dieu sait quoi à voix basse mais ne chercha pas à s'enfuir. Max sentit que sa débile souffrance cédait peu à peu. Que pouvait il vouloir de plus? Il avait une femme qui l'aimait et l'acceptait tel qu'il était, stupide et bourré de défauts. Une femme, et de cela il était sûr, qui serait une vraie compagne pour la vie, directe, sans détours, franchise pure.
Je t'aime, Eve, ensemble on passera ce chapitre amer et on continuera à être heureux...
Il lui releva le menton, la forçant à le regarder, aimant la détermination trouvée au fond des ses yeux si bleus.
Tu as un sacré caractère, ma belle...mais faudra faire attention avec cette passion pour briser tout ce qui te tombe sous la main, remarque c'est toujours mieux que me fracasser le crâne à coups de poêle...même si je le mérite.
La lueur malicieuse qui s'alluma dans son regard le rassura assez comme pour se risquer à l'embrasser, consciencieux et plein de bonnes intentions pour le présent et le futur. Au bout d'un moment, ils ne pensaient plus au passé...
Un peu de magie remit de l'ordre dans la pagaille et ils s'apprêtaient à passer une soirée au calme quand l'apparition d'un hibou causa, pas sans raison, un nouveau pic d'émoi. Tous deux savaient qui l'envoyait. Le message délivré était court, courtois et signé Michael De Brent.
Ils nous attendent pour le dîner demain soir!, annonça Max après avoir lu trois fois les deux lignes.
Ce qui était loin de rendre Eve folle de joie mais c'était encore une situation qu'ils devraient affronter ensemble.
Ils passèrent le lendemain à flâner, insouciants, ou faisant comme si, dans les alentours si hauts en couleur. Aucune rencontre inédite ne troubla leur apparente paix d'esprit. La perspective du dîner les tenait assez énervés, sans avoir besoin d'en rajouter.
Eve prit tout son temps à se préparer pour l'évènement, surtout en supposant, sans se tromper, qu'on n'attendait pas d'eux qu'ils se présentent en bermudas et chemise fleurie. Malgré son goût marqué pour les tenues relax, Max se trouva attifé d'un smoking blanc, qui selon sa femme, lui seyait du tonnerre. Il se jura de le transformer en chemise hawaïenne si Michael leur ouvrait la porte en T- Shirt...mais ça, c'était rêver. Connaissant Alix et son penchant pour l'élégance sobre il s'imaginait bien qu'il n'y aurait ni grillade, ni bière en canette...
Escortant une Eve, dorée à croquer, dans sa robe blanc et noir, qui lui allait à ravir, Max se sentait comme un condamné allant à l'échafaud quand la porte fut ouverte par une petite elfe domestique qui s'inclina, cérémonieuse, en leur franchissant passage.
La demeure De Brent parlait de savoir vivre, tout y était d'un goût impeccable et on devinait déjà la présence d'Alix dans cette décoration d'un luxe sobre. L'elfe les mena jusqu'à la superbe terrasse avec vue sur la piscine et la mer. Alix et Michael s'y trouvaient. Ils formaient un couple très bien assorti, complices parfaits, tout semblait se dérouler entre eux en une harmonie qui n'avait pas besoin de paroles.
L'éducation reçue, les bonnes manières tant rabâchées, savoir faire depuis des générations...ça devait bien servir à quelque chose. Le moment était venu de faire ses preuves et on s'en tira sans aucun mal. Ils auraient pu tromper n'importe quel œil peu avisé. Devisant en parfaite entente, sur des thèmes variés. Tout y passa, le bulletin de la météo au complet, vieux camarades de classe, voyages et autres niaiseries sociales qui meublèrent confortablement une conversation on ne peut plus anodine et inoffensive. Le dîner somptueux fut dégusté. Max mangeait sans savoir ce qu'il portait à sa bouche mais cela ne l'exempta pas d'en faire un commentaire poli.
Fini le dessert, le couperet tomba. Michael prit Eve sous son aile protectrice et l'emmena faire un tour dans le parc.
Montons… voir Tanit, veux-tu ?
Oui, bien sûr...allons y.
Gravissant l'escalier à sa suite, il ne pouvait la quitter des yeux. Mauvaise idée. Dans sa chambre, si gaie et fraîche, Tanit ne dormait pas. Max s'approcha du berceau et resta là, planté comme un poteau, à regarder sa fille, sans trop savoir que faire mais finit, tout de même, par se pencher vers l'enfant.
Hey...toi! Tu es...si jolie...
Alix semblait amusée par sa bêtise.
Prends-la dans tes bras, elle fait des dents mais ne mord pas. Tu en as déjà tenu des bébés, je t’ai vu faire… en Afrique.
Pourquoi se sentait il incapable d'esquisser le moindre mouvement? Encore là, la jeune femme s'apitoya de tant de gaucherie et le devançant, prit le bébé dans ses bras et se tournant vers lui, la mit dans les siens. Il suffit d'un instant trés bref de proximité pour que l'arôme de sa chevelure, son parfum, n'envahissent ses narines et fassent exploser dans son cerveau une myriade de folles sensations. Il aurait pu se perdre dans son regard de nuit mais déjà Alix s'écartait vivement.
Elle est vraiment mignonne, tu sais… Sage comme un ange, rarement chagrine.
Elle...est parfaite, d'un geste très doux, il caressa ses boucles blondes, si soyeuses. Un nœud atroce lui serrait la gorge, elle...va avoir bientôt un an...n'est ce pas? Je...J'y ai tellement pensé...Je...
Alix lui indiqua un fauteuil et prit place dans un autre, face à lui.
Je n’ai jamais voulu en arriver là, Max… Je n’ai pas eu beaucoup de choix non plus. Je sais très bien ce que j’ai fait et aussi pourquoi j’ai agi ainsi.
Il releva la tête et la fixa d'un regard endolori.
Oui, je connais bien les raisons...ou mieux dit la raison.
Nous deux c’était devenu tout simplement impossible. Tes scènes de jalousies maladives m’usaient.
Un petit rire ironique lui échappa.
Bien sûr, c'est tout de ma faute...*Parce que toi, tu ne faisais rien de pendable!*
Ce n'était pas Alix qui se laisserait démonter par son air misérable.
Tu ne te rendais même pas compte que j’étais souffrante avec Tanit dans mon ventre. Je te l’ai écrit… peut-être as-tu mal compris…
Tu as raison, j'étais aveugle et stupide. Quant à ce que tu as écrit...pas de souci, j'ai parfaitement compris. J'ai saisi chaque mot que tu as voulu mettre dans cette fichue lettre. Peut être c'est toi qui as oublié ce que tu y as écrit...
Elle lui adressa un regard à glacer l'enfer mais Max ne démordit pas de sa petite idée. Il avait cette douleur fichée dans l'âme comme une épine ardente, autant se l'arracher et en finir d'une bonne fois pour toutes.
Tu te souviens de tous ces jolis mots, si savamment alignés que tu m'as laissés, comme une aumône? Non, je parie que depuis le temps tu n'y penses même plus. Tu as eu la poétique délicatesse de commencer ta belle lettre en me disant que j'étais ta vie même si j'étais si obtus que je ne l'avais pas reconnu. Bien entendu, tu ne t'es pas privée d'avouer ton amour pour Michael mais...disais aussi m'aimer...si ce n'est plus. Le pire, est que je t'ai crue...je me suis accroché à ça comme un malade...J'ai voulu, imbécile, croire que tu reviendrais...tel que tu disais vouloir le faire...
Un petit rire qui faillit terminer en sanglot lui échappa mais il serra les dents et se reprit, pour poursuivre.
"Tu ne m’as pas perdue, simplement égarée. Je dois me reconstruire pour Tanit, pour... nous ? C’est toi qui verras le moment venu"...Tu te souviens de ça? Moi oui. Je sais par cœur chaque ligne de cette lettre, je peux la réciter à l'endroit et à l'envers. J'ai pris la bête habitude de la relire chaque fois que j'avais un coup de blues...Ma vie n'a été que ça, un gros coup de blues, depuis le maudit jour où tu es partie. As tu une idée de comment j'ai mis le monde à l'envers? Je crois avoir retourné chaque pierre en espérant te retrouver puis je me suis mis à t'attendre...toi, une nouvelle, un mot...un indice...n'importe quoi...puis, peu à peu, il ne m'est resté que l'évidence que tu m'avais effacé de ta vie...pour de bon. Que tu ne voulais...ni voudrais jamais plus savoir de moi. C'est bien ce que tu as fait...
Je n’ai pas cherché à revoir Michael. J’ignorais même le tragique destin de Victoria et Sarah. C’est arrivé, c’est tout. Nous marions le mois prochain.
Parfait. C'est ce que tu as toujours voulu. Lui au moins sera sûr de ne pas avoir...Oublie le. Eve et moi nous sommes retrouvés par hasard. Il n'y avait pas trente cinq façons de faire les choses. Elle m'aime et je l'aime aussi. Je ferai de mon mieux pour ne pas tout gâcher...je ne relirai plus ta lettre et essayerai de me dire que c'est mieux comme ça...
Ceci dit, il préféra tourner toute son attention vers sa fille qui semblait très intéressée par sa cravate.
Reste à voir comment tu envisages les choses pour Tanit.
Max releva la tête et la regarda, sans trop d'aménité.
Que veux tu entendre, Alix? Que je le veux avec moi? Tu me lancerais un mauvais sortilège. Que...je veux la reconnaitre pour qu'elle porte mon nom? Ce serait logique et légitime...Pourquoi faire? Pour lui compliquer, depuis le début, la vie avec une histoire qu'elle ne comprendrait pas? J'ai vu Michael avec elle...Tanit doit le voir comme son père...et je parie qu'il l'aime déjà, comme si elle était sienne...il lui suffit de savoir qu'elle est à toi pour l'aimer...Non, je ne ferai pas de problèmes, on s'est fait déjà assez de mal comme ça.
Il déposa un baiser sur la tête de sa fille et lui flatta la joue.
Mais cela ne veut pas dire que je renonce à elle, ça jamais. Je pense que nous sommes assez raisonnables et honorables comme pour arriver à tenir un accord. Tu sais que je ne suis pas homme à rester trop longtemps au même endroit, vous par contre avez tout l'air de vouloir vous établir ici pour un bon bout de temps...Je viendrai périodiquement la voir...alors, tu me laisseras la gâter outrageusement et lui raconter des histoires.
Il se leva avec un soupir et embrassant la petite la remit dans son berceau.
Allez, dors, ma puce. On se reverra très bientôt!
Alix borda l'enfant et le suivit hors de la chambre.
Qui sait...on pourrait peut être essayer d'être amis, ça ferait civilisé, tu ne crois pas?
Le rire de Michael et la voix d'Eve leur parvinrent. Max rassembla ce qui restait de son amour propre en miettes et arriva même à esquisser un sourire de travers.
Allons y...Ça leur fera plaisir de voir qu'on est encore d'une pièce! |
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| Sujet: Re: Les aléas du hasard... (fe) Ven 29 Jan - 20:26 | |
| Enervée ? Même pas ! Lasse, terriblement déçue était plus juste. Lentement, Eve avait vidé son sac au fil des bibelots fracassés sans courroux. Au départ, il s’était vraiment moqué d’elle, la prenant bêtement pour une simple jalouse. Puis un déclic sembla se produire puisqu’il l’empêcha de franchir la porte de leur chambre. Des mots s’émirent. Les meilleurs chantèrent à ses oreilles :
j'ai besoin de toi...j'ai un besoin fou de toi parce que tu es mon équilibre, ma réalité...
Un long discours se voulant convaincant suivit. En ressortait une amertume profonde.
Elle a retrouvé l'amour de sa vie et rien ne la fera démordre de ça...Grand bien lui en fasse. Tu l'as vue, comblée, entourée de marmots qui l'appellent Maman...Dur à croire qu'elle n'ait pas voulu de notre fille au début...
Votre fille, justement… murmura-t-elle, blessée.
Max se montra très doux, bourrelé de remords auxquels elle ne crut qu’à moitié malgré ses belles et lénifiantes paroles.
Je t'aime, Eve, ensemble on passera ce chapitre amer et on continuera à être heureux...
*Je voudrais tant que ce soit vrai…*
Tu as un sacré caractère, ma belle...mais faudra faire attention avec cette passion pour briser tout ce qui te tombe sous la main, remarque c'est toujours mieux que me fracasser le crâne à coups de poêle...même si je le mérite.
Au moins cette remarque la fit-elle sourire un peu. Des arguments contondants auraient peut-être eu plus vite raison de cette tête brûlée ?
Je n’ai pas voulu casser tout ça… Le premier truc est tombé tout seul… les autres ont suivi, sais pas pourquoi. Je ne me suis jamais comportée ainsi. Il faut croire que tu as l’art de me sortir de mes gonds…
De très doux moments succédèrent à cette rixe ébauchée. Von Falkenberg savait s’y prendre avec elle qui ne demandait pas mieux que d’être rassurée. Ils mirent de l’ordre dans la pagaille en s’amusant comme des gosses et la soirée s’annonçait très douce quand un hibou leur annonça une invitation aussi claire qu’inquiétante :
Ils nous attendent pour le dîner demain soir !
Demain, déjà ? N’y allons pas. Invente n’importe quoi… Que j’ai la varicelle ou les oreillons… ça devrait suffire…
Rien à faire… Quand le vin est tiré, il faut le boire. La journée suivante s’écoula trop vite au goût d’Eve. Ils ne parlèrent pas beaucoup de la future entrevue mais chacun rumina intérieurement. Comment se pomponner correctement quand on sait que l’on va être confrontée à une rivale consommée ? Sans se douter qu’Alix subissait des tourments similaires - quoique pour des motifs différents – la jeune Mrs Von Falkenberg prit un soin particulier à se mettre en valeur :
*Pas la peine d’arriver sapée comme une pauvrette, en plus ! Je parie qu’elle aura sorti le grand jeu*
Son Max était si élégant dans son smoking blanc…
*Si elle fait mine de l’approcher, elle verra de quel bois je me chauffe. J’en ai appris des trucs depuis qu’on ne s’est vues…*
Cela ne rata pas… Sitôt conduits par une elfe respectueuse sur une terrasse digne de milliardaires moldus, Eve se ratatina face à l’éclatante connivence du couple qui les attendait.
*Ils sont parfaits… Faits l’un pour l’autre… Pas étonnant que Max bave…*
Pénible soirée ! Oh, rien ne transparut ouvertement. Depuis le temps qu’elle fréquentait du beau monde, Eve sut très bien donner les réparties voulues en temps utiles même si le regard de Blackstorm la rapetissait inévitablement à sa condition de pauvrette antérieure. De quoi parlèrent-ils ? De banalités, essentiellement. Le repas exquis servi démontrait la patte d’Alix. Tout ici portait déjà son empreinte profonde, du reste. Après un bavarois digne d’un chef 4 étoiles, Eve retomba brutalement dans la réalité. On l’expédiait de maîtresse façon à goûter la plage en compagnie du maître de maison. Un face à face avec Michael De Brent… Un poème pour beaucoup, selon les rumeurs… Ce tombeur de ces dames – aux dires de certaines – ne ressemblait pourtant pas au carnivore annoncé. Tout le repas il s’était montré courtois et pas le moins du monde coincé ou tracassé. Laisser Max et Alix en tête-à-tête ne semblait pas l’émouvoir ou l’énerver. Il en était autrement d’Eve. Se tenant à distance de ce dit séducteur invétéré, Mrs Von Falkenberg n’en menait pas large. Il lui tendit un bras, l’invitant simplement à une balade digestive. Silencieux au départ, la conversation s’enlisant comme le sable foulé, le couple marcha sans but. L’esprit torturé, elle osa :
Qu’ils soient ensemble près de leur fille ne vous affecte pas ? De quel bois êtes-vous fait ? Elle vous aime, c’est éclatant… Mais je sais que Max l’aime encore. Si vous les aviez vus comme je les ai vus en vivant près d’eux… Je ne sais pas si vous seriez aussi serein…
Na ! Une vilaine pique mais tant pis. Pourquoi serait-elle la seule à craindre quelque chose ? Pour avoir vécu avec ce couple… remuant, Eve savait à quoi s’en tenir sur les relations qui l’avaient uni. Combien de nuits ne les avait-elle pas entendu… se battre, crier, soupirer. On n’efface pas ça comme ça…
Je suis persuadée que Max m’aime… à sa façon, mais c’est elle qu’il a dans les tripes. Je suis vulgaire ? Pardon. Vous savez, de là où je viens, on ne mâche pas ses mots. Non, je ne cherche pas à vous inquiéter… je connais votre histoire de bout en bout. Vous-même n’étiez-vous pas amoureux d’une autre tout en ne pensant qu’à Alix ? Sans vouloir vous choquer, j’ai bien peur que la situation ne soit identique.
Il se mit à lui raconter un tas de trucs très édifiants qui se voulaient rassurants. Dans le fond, De Brent n’avait rien du croque-mitaine annoncé. Plein de bon sens et d’humour, il parvint à remettre les pendules à l’heure, en douceur. Lui présentant une Alix complètement différente de celle qu’elle connaissait, Michael la fit rire de ses propres peurs. Complicité nouvelle ? Confiance ? Bras dessus dessous, ils rentrèrent assez joyeux de leur équipée pour tomber nez-à-nez avec le couple qui descendait. Aucun désordre dans leur mise ne signifiait rien. Leurs traits parlaient pour eux. Un terrain d’entente s’était-il trouvé ? La suite le dirait. |
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| Sujet: Re: Les aléas du hasard... (fe) Sam 30 Jan - 15:29 | |
| Calmer Alix demanda des trésors de patience, vertu que Michael se méconnaissait mais qui, pour les effets, fut déployée avec grand art. Il finit tout de même par lafaire rire, bien plus détendue.
Arrête ! A t’entendre on me prendrait pour une déesse séductrice ou quelque chose du genre. Je ne suis pas ça.
Il sourit, en secouant la tête, amusé par tant de véhémence.
Je crains, ma chérie, que tu es tout à fait inconsciente des ravages que tu peux provoquer.
Ces paroles provoquèrent un mouvement d’humeur chez la belle.
Si Max croit encore m’aimer... tant pis pour lui… tant pis pour eux.
Michael avait sa petite idée là-dessus mais se garda bien de piper mot et laissa la jeune femme exposer ses pensées sur cette rencontre qui ne la rendait pas du tout heureuse.
Je n’ai pas peur de lui... directement. De ce qu’il pourrait entreprendre, oui. (soupir) je vais devoir le rencontrer, c’est fatal. Où, quand, et comment ? Tu as une idée ? Moi, j’avoue qu’à part l’expédier *ad padres* à Tombouctou, je n’en ai aucune de valable.
Il l’attira de nouveau vers lui et déposa un baiser sur sa tête. S’en suivit une enrichissante discussion sur les multiples possibilités de la dite rencontre. Tout y passa, de l’ingénieux au farfelu passant presque par le macabre.
Pas une fausse réunion de Mangemorts ?
Non, franchement Michael ? Pourquoi pas sur une île déserte entourée de requins tant qu’à faire? Un lieu public serait plus… convenable.
Le dîner se passa au débat, au dessert, Michael, qui pour alors s’amusait pourde bon, dit enfin :
On organisera un petit dîner sympa, ici, demain soir. Sur notre terrain. Toi et moi, ensemble, ce sera mieux que Tombouctou, que les Mangemorts et l’île déserte. Après le repas, j’emmène la petite faire une promenade et toi…tu mets les choses au clair avec Max.
Elle ne semblait pas trop convaincue mais finit par accepter que c’était le mieux à faire.
Avant que tu ne changes d’avis, j’envoie l’invitation.
Ainsi fut fait mais Alix était très inquiète, jamais auparavant il ne l’avait vue en proie d’un état de nerfs pareil. En se réveillant au petit matin, force fut de constater que sa future épouse avait déserté le lit. Il se leva et se faufila vers la chambre des tout petits, comme supposé, Alix dormait dans le rocking chair, tout à côté du berceau de sa fille. Sans faire le moindre bruit, il retourna se coucher et se rendormit tranquillement, confiant.
Le lendemain fut une journée de folie. Lucas et Désirée semblaient sentir l’énervement d’Alix et le traduisaient en une hyperactivité qui donna pas mal de fil à retordre. Kieran et Tanit, en parfaite concordance, comme jamais auparavant, leur en firent voir de toutes les couleurs. Michael, Bikita et miss McPherson furent assez occupés à faire régner l’ordre pendant que la maitresse de maison mettait à point le dîner.
Calme toi, ma chérie…ce n’est pas la Reine qui viendra ce soir…
Il aurait mieux valu se taire, renvoyé sans façons, Michael alla chercher de quoi occuper son temps. Entre ses enfants et les folies de Jake, il ne put pas se plaindre d’ennui.
À l’heure de monter se changer pour recevoir dûment leurs invités, il se trouva avec un smoking blanc tout prêt, sur le lit.
Tu ne crois pas que c’est exagérer un peu?
Un regard pointu plus tard, il revêtait docilement la tenue choisie avant de décamper à la cinquième vitesse laissant Alix choisir quelle robe mettre. Elle prit son temps mais le résultat valut largement la peine. Elle resplendissait.
*Si Max ne te provoque pas en duel ce soir, tu auras de la chance !*
Même si en le faisant, l’allemand se condamnerait à une mort sûre.
*Comme quoi, un gentil suicide déguisé et moi je file en enfer…Diables, qu’elle est belle !*
À l’heure pile Bikita introduisait les invités à la terrasse. Arborant son meilleur sourire, Michael, en tant que maître de céans, alla au devant d’eux. Max avait l’air d’avoir avalé un balai et sa femme semblait un petit lapin affolé.
*Soulons nous, ce sera plus marrant!*
Von Falkenberg tenait bon. Il avait une belle maitrise de soi même si Michael devinait qu’il y parvenait avec tout le mal du monde. Sa jeune femme était une autre paire de manches, elle faisait un effort sublime pour être à la hauteur mais il suffisait qu’Alix ouvre la bouche ou sourie pour que l’autre semble s’amoindrir.
*Elle est mignonne comme tout mais a peur de sembler presque rien à côté d’Alix….Pauvre gamine, de quoi en faire une maladie, tout ça !*
On prit l’apéritif sur la terrasse en échangeant les platitudes habituelles entre gens civilisés qui préféreraient se trouver ailleurs, sans pouvoir l’éviter. Le repas ne fut que la continuation. On mangea, on but, on parla de tout et de rien, sans toucher aucun sujet délicat. Michael finit par se convaincre qu’il était le seul à table à jouir pleinement des mets exquis préparés par sa bien aimée. Les autres, Alix inclus, n’avaient pas la moindre idée de ce qu’ils avalaient. L’épreuve prit fin avec le succulent dessert. Ils quittaient la table quand un regard aigu de la part de sa chère et tendre lui signifia ce qu’il avait à faire, comme accordé.
Eve, je crois qu’un petit tour dehors serait plaisant. Il fait très beau, ce soir.
La jeune femme le considéra comme s’il était le diable en personne mais ne put que se plier à cette invitation. Elle n’était pas le moins du monde ravie de voir son mari disparaitre à la suite d’Alix pas plus que d’aller contempler la lune en sa compagnie.
Détendez vous, Eve. Tout va aller bien.
Se détendre ? Elle se serait sentie plus à l’aise avec un épouvantard, sans doute.
Vous n’avez tout de même pas peur de moi, n’est ce pas ? Je ne suis pas bien méchant pourtant.
*À d’autres avec ça…Tu as un passé scabreux...La pauvre gamine pense n’importe quoi.*
Optant pour se taire en vue du succès obtenu, ils arrivaient aux escaliers menant à la plage, faute de mieux à faire, ils s’y engagèrent.
Et puis, du tac au tac, elle se lança.
Qu’ils soient ensemble près de leur fille ne vous affecte pas ? De quel bois êtes-vous fait ?
Michael s’arrêta et la regarda avec son sourire le plus rassurant.
Je suis passé par une situation semblable, Eve et je sais que tout doit avoir une fin. Max et Alix ont eu une histoire très intense, Tanit en est le résultat. Ils doivent mettre les choses au clair pour pouvoir continuer. Vous savez ca aussi bien que moi.
Elle vous aime, c’est éclatant… Mais je sais que Max l’aime encore. Si vous les aviez vus comme je les ai vus en vivant près d’eux… Je ne sais pas si vous seriez aussi serein…
La gentille pique ! La jeune femme était follement énervée et avait peur du résultat de cette réunion. Lui non, voilà où résidait l’unique différence.
Je connais très bien, Alix et je sais exactement ce qu’il se passait entre eux. Écoutez, Eve, cette histoire est plus compliquée et tordue que vous ne pouvez le croire. Je suis sûr que vous savez le tout, à gros traits…moi, je l’ai vécue…Oui, Alix m’aime, autant que je l’aime et cela nous a pris un long temps et pas mal de peines pour en arriver là.
Il alluma une cigarette, sans songer à lui en offrir et fuma un instant en silence avant qu’elle ne reprenne la parole.
Je suis persuadée que Max m’aime… à sa façon, mais c’est elle qu’il a dans les tripes. Je suis vulgaire ? Pardon. Vous savez, de là où je viens, on ne mâche pas ses mots.
Exhalée la fumée, Michael hocha la tête en disant :
Ne vous excusez pas, vous avez raison. Ce n’est pas facile à assumer…
Non, je ne cherche pas à vous inquiéter… je connais votre histoire de bout en bout. Vous-même n’étiez-vous pas amoureux d’une autre tout en ne pensant qu’à Alix ?
Cette allusion à Victoria lui fit plus de mal que prévu, comme un coup à l’estomac auquel on ne s’attend pas.
Vic…Oui. Je vois que vous êtes bien informée, Eve. Je crains que ce ne soit que vrai …mais il est des choses dans la vie qu’on ne peut pas éviter.
Sans vouloir vous choquer, j’ai bien peur que la situation ne soit identique.
Michael eut un sourire en coin.
Ne vous en faites pas, très peu de choses me choquent encore. J’ai trop vu et trop vécu comme pour m’en faire. Je comprends que vous soyez très nerveuse mais croyez moi, vous en prendre à moi ne vous mènera à rien…Venez plutôt, allons regarder la mer, ça calme.
Il la prit gentiment du bras et le conduisit jusqu’á la plage, s’engageant sur le ponton de bois qui tenait lieu d’embarcadère.
On a du vous raconter pas mal d’horreurs sur moi. Les gens aiment exagérer. Oui, c’est vrai, j’ai même été un Mangemort et j’ai fait beaucoup de vilaines choses mais disons que c’était pour une bonne cause, tant et si bien qu’il y a peu de temps j’ai été réhabilité aux yeux de la société. Tout comme Alix.
Elle n’avait pas l’air trop rassurée mais pas aussi affolée non plus.
Mais on ne va pas passer la soirée à parler de ma vie. Arrêtez de vous faire de la bile, Max s’en sortira et vous aussi. C’est le type le plus débrouillard que je connais…Je parie qu’il ne vous a pas raconté la moitié des ses aventures. Vous savez comment on l’appelait à l’école ? Le roi de l’école buissonnière. Il a battu tous les records en retenues et punitions. McGo l’avait pris en grippe et on ne parle pas de Rusard. Je crois même que Dumbledore en a perdu le sens de l’humour avec lui et Max ? Il ne s’en portait pas plus mal…
Il sourit en se souvenant de ces temps de glorieuse insouciance avec une certaine nostalgie.
Je n’ai rien su de lui jusqu’au jour où on s’est retrouvés en Australie. Il m’en veut depuis mais je suis sûr qu’il a déjà compris à quoi s’en tenir…c’est un type plein de bon sens et il vous aime, Eve, vous êtes une adorable petite dame.
Coupant court les compliments, il poursuivit sur un ton un peu mélancolique.
Victoria disait que pour aimer il faut deux choses…amour et patience. C’était une femme admirable et sage. Elle m’a aimé et a eu beaucoup de patience et elle savait qu’à part ce recoin de mon âme qui appartenait à Alix, c’est elle que j’aimais. On a eu deux enfants merveilleux et elle adorait Lucas et Sarah comme siens…On était une famille fameusement heureuse. Si…elle n’était pas morte, c’est avec elle que je serais en ce moment…avec elle, avec Sarah…tous ensemble, sur notre île.
Une autre cigarette s’imposait, les aveux et le clair de lune lui secouaient l’âme. Il ne cherchait pas à émouvoir la jeune Mrs. Von Falkenberg avec ses souvenirs mais se faisait presque un devoir de lui faire comprendre que ce qui se passait n’était pas la fin du monde.
Max et vous avez toute la vie pour être heureux, pour avoir des beaux enfants…Tout viendra en son temps.
La lune se reflétant sur la mer avait un bel effet mais ni Eve ni Michael n’étaient aux contemplations de ce genre.
Soyez patiente, Eve…Ça donne des bons résultats…Et arrêtez de vous sentir si timide et effacée face à Alix…Je sais, c’est une grande femme qui impose assez mais vous n’avez aucune raison pour la craindre.
Coup d’œil en biais et sourire de travers.
Vous êtes jolie et intelligente, en plus de jeune…et puis, Alix et moi, nous nous marions le mois prochain. Je l’ai, je la garde.
Ils reprirent le chemin vers la maison se sentant beaucoup plus à l’aise qu’au début de cette étrange soirée.
Faites moi cadeau d’un beau sourire, Eve, avec cette tête si sérieuse on va croire que je vous ai cassé les pieds tout le temps. Et maintenant, parlez moi plutôt du Canada, j’ai toujours eu envie d’y aller…
Ils bavardaient encore quand Alix et Max firent leur apparition sur la terrasse.
L’expression sereine de sa belle rassura Michael sur l’aboutissement de cette rencontre. Max semblait parfaitement maître de lui-même, qu’il rejoigne sa femme avec un sourire, la rasséréna assez comme pour sourire à son tour en le couvant d’un regard criant d’amour
Il s’approcha d’Alix et l’enlaçant, déposa un baiser sur sa tempe avant de proposer des boissons à la cantonade…après tout, il fallait jouer les hôtes parfaits jusqu’au bout ! |
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| Sujet: Re: Les aléas du hasard... (fe) Dim 31 Jan - 13:42 | |
| Finalement, cela se passa mieux que prévu. Dire qu’Alix n’était pas ni angoissée ni troublée serait mentir. Elle avait aimé passionnément l’homme en face d’elle. Si Michael n’avait pas été son premier amour, si Victoria avait vécu, probable qu’ils ne se seraient pas séparés. Le voir là, calme et posé, récitant par cœur des passages de la lettre qu’elle lui avait laissée en partant ne l’émut cependant pas. Comme elle l’avait pensé, il avait interprété les choses à sa façon mais Alix n’avait pas imaginé que Max se donne tant de mal pour les retrouver elle et l’enfant… qu’importe. A quoi bon rectifier certaines choses ? Se faire du tort à l’un comme à l’autre ? Ils n’étaient pas des gosses qui veulent à toute force avoir raison. Le passé était le passé, autant le laisser tel quel. Sa tirade sur l’amour qu’il portait à la petite Eve faillit la faire sourire :
*C’est arrivé, c’est tout ? Ces hommes… Comme si je n’avais rien vu venir alors… *
Lui dire qu’elle n’avait jamais voulu épouser Michael lui brûla les lèvres ; pourquoi l’avouer, cela ne servait à rien. Elle voulait Michael, certes oui, mais se serait très bien accommodée de le partager. Elle l’avait fait d’ailleurs longtemps… C’était avant. Maintenant était différent. Revint la question sur l’avenir de Tanit. Même si le ton prouvait une profonde amertume, ses mots étaient pleins de bon sens et affreusement flatteurs :
il lui suffit de savoir qu'elle est à toi pour l'aimer...
*Tu es trop bon, Max…*
Non, je ne ferai pas de problèmes, on s'est fait déjà assez de mal comme ça.
Bien sûr, il assura désirer faire partie de la vie de Tanit, ce qui somme toute était on ne peut plus naturel. La fillette recouchée, ils allèrent rejoindre les autres qui rentraient. D’un battement de ses longs cils, Alix signifia à Michael que tout allait bien. Il fit de même, se portant au devant d’elle pour lui octroyer un baiser au-dessus de l’oreille avant de propose une tournée générale. La jeune Eve semblait plus détendue. Son séducteur de futur époux aurait-il encore fait du charme ? Tous acceptèrent de trinquer même si aucun toast ne fut porté. Pas de questions pour le moment, on termina la soirée entre gens de bonne compagnie en bavardant comme de « vieux » amis. L’heure s’avança suffisamment pour se quitter dans les meilleurs termes. L’alcool avait-il éméché Michael ? Alix faillit s’étrangler en entendant sa proposition pour le lendemain. Sur le coup, elle ne pipa mot mais dès la porte refermée sur les invités, elle demanda :
Pourquoi les convier à un promenade en mer demain ? Tu ne voudrais pas qu’on les adopte, tant qu’à faire ? Une veine que tu ne leur aies pas demandé de dormir ici.
A nouveau énervée par une situation imprévue, Alix s’enfila un autre verre.
Si tu tiens à le savoir Max s’est montré on ne peut plus raisonnable. Il nous fichera la paix et surtout, ne réclamera pas Tanit. Il désire juste la voir à l’occasion. Il faudra expliquer à la petite qui est ce grand type qui débarquera parfois. Ce sera compliqué… Je n’aime pas ça. Je n’ai pas confiance car cela ressemble peu à Max. Je m’attendais à le voir plus combattif. Il faut croire qu’Eve à une bonne influence sur lui.
Elle lui tut les paroles très éloquentes dont elle avait bénéficié. Dans un élan langoureux, De Brent s’avança pour l’enlacer. La belle n’était pas d’humeur :
Laisse-moi !
L’air déconcerté de son fiancé l’adoucit :
Excuse-moi, ce n’est pas le moment. Tout ça m’a fichu à plat. Au fait, qu’as-tu raconté à Eve pour qu’elle soit si… détendue ? Je parie que vous avez évoqué Victoria, je me trompe ? Ça n’a pas d’importance du moment qu’elle pige qu’elle n’a rien à craindre de moi. Je ne suis pas une croqueuse d’homme, ni une briseuse de ménage, ni une séductrice de bas étage.
Elle partit d’un éclat de rire sans joie :
Quel beau couple nous faisons avec nos réputations ! Enfin… si tu y tiens, demain tu mèneras Max en bateau ; il adorera te prouver qu’il barre mieux que toi ou alors il a beaucoup changé… *et moi je crèverai de trouille…*
L’amour arrondit bien des angles. D’une patience exceptionnelle, Michael parvint à la dérider avec des remarques et boutades non piquées de vers si bien que le sommier se souvint de leurs ébats endiablés. Au matin, les De Brent au complet, flanqués des nounous, étaient sur le ponton au moment où arriva le couple Von Falkenberg. A quais, le Sorceress mouillait dans sa sublime splendeur, mer d’huile, soleil généreux ; tout pour une promenade parfaite. Michael, marrant avec sa casquette de capitaine, prit les commandes en lançant le moteur qui permit au fin navire de s’éloigner de la côte avant de déployer ses voiles. Alix n’aimait pas les bateaux. Elle était déjà montée à bord du Sorceress mais n’avait jamais navigué. Ce fut Lucas qui, tout joyeux, guida les passagers. Le pont avant permettait bronzette douillette avec de beaux transats aux coussins rayés ; celui de l’arrière convenait à la pêche avec ses sièges solidement boulonnés et sanglés. A l’intérieur, un vaste salon avec clubs de cuir bar bien garni offrait de quoi se détendre en bavardant ou de regarder la télévision ; le jouxtant, 12 convives pouvaient se restaurer dans la salle à manger à côté d’une cuisine parfaitement équipée. Derrière s’ouvrait le couloir des chambres, toutes luxueuses. Elles ne devraient pas être utilisées cette fois sauf pour le repos des bambins et les changements éventuels de tenues. La mini croisière débuta dans les rires des aînés De Brent. Pour l’occasion, au-dessus de son bikini noir, Alix portait un ensemble pantalon et dos-nu stylé. Ses grandes lunettes solaires possédaient un autre avantage que la protection. Il était impossible de deviner l’expression de son regard. Appuyée au bastingage, l’air décontracté, nul n’aurait pu se douter qu’elle mourrait d’angoisse. Voir s’éloigner le rivage la clouait sur place dans une indicible terreur. Dans la dunette, Michael et Max s’entendaient comme larrons en foire à manipuler le joujou du fier propriétaire. Consentant à quitter son observatoire, Alix se tourna vers Eve qui, en retrait, se cramponnait à son siège. Misère, son teint verdissait bellement. Au moins les désagréments du mal de mer n’affecteraient pas Miss Blackstorm qui, évidemment, avait pris ses précautions. D’un élan de compassion pour celle qui fut sa jeune élève en potion, Alix lui tendit un flacon :
Bois, ça te retapera. Tu n’as jamais navigué non plus, on dirait ?
La glace était rompue, elles avaient au moins un autre point commun que le mari de la Canadienne. La conversation fut plus facile que l’avait imaginé Alix. Le sujet principal évoqué porta sur les enfants quand Miss McPherson apparut, mal assurée, avec Tanit et Kieran dans ses bras. Volontairement, Alix donna Tanit à Mrs Von Falkenberg.
Tu dois t’habituer à elle puisque te voilà sa belle-mère. Je t’ai souvent vue avec les gosses du camp. Tu sais t’y prendre alors ne joue pas les timides. Tanit n’est pas en porcelaine ni différentes d’eux sauf qu’elle est rose et blonde.
Là, alors que toutes deux faisaient des mamours aux bébés, une complicité inédite s’installa :
J’ai toujours deviné que tu en pinçais pour Max et que, quoiqu’il s’en défende à l’époque, tu ne lui étais pas indifférente. Il me faisait rigoler avec son incorrigible façon à vouloir te considérer comme une sœur. Les histoires de cœur… (soupir) Tu m’imaginais en mère de famille nombreuse ? Jamais, n’est-ce pas ? Tu vois, tout peut changer… Je n’ai pas aimé Michael au premier regard. Disons qu’il me faisait pitié. J’étais obligée de détruire sa vie, le séparer de Vic, en faire un digne Mangemort. Je trouvais ça si injuste autant qu’inutile car Michael est bien trop indépendant pour se soumettre à une autre loi que la sienne. Torturer Victoria pour le faire fléchir m’a donné matière à réfléchir. Puis, il y eut cet orage… Tu sais que je déteste ça. Et… c’est comme ça : tout à changé. J’ai beaucoup aimé ton Max mais ça n’aurait jamais entièrement collé parce que Michael et moi étions unis même à distance.
Un des elfes servant des boissons, on arrosa les gosiers de limonade.
Assez parlé de moi, raconte-moi plutôt ton parcours. Je te croyais rentrée en Angleterre avec un jeune homme…
De confidences en confidences, les deux jeunes femmes fraternisèrent. Alix voulait surtout démontrer à Mrs Von Falkenberg que jamais Max et elle ne reprendraient une histoire quelconque même s’ils partageaient le fruit de leur ancienne passion. Le majestueux voilier croisait sans souci. Enfin, les hommes se joignirent à elles. Un pacte semblait signé, ils rigolaient ensemble. On bavarda, rit puis ce fut déjà midi. Lormar avait dressé la table, Bikita s’était occupée de la cuisine. Joyeux, le groupe s’installa pour un déjeuner sans chichi. Les bébés retournés en nourrice, Lucas et désirée réclamèrent leur part d’attention. Ils avaient le pied marin ces petits et leur appétit n’en souffrait pas. Tout semblait donc aller bien dans une ambiance détendue quand le capitaine en second déboula :
Patron, venez s’il vous plaît…
Regards interrogateurs, vu son air un pépin se présentait. Michael s’essuya les lèvres, un clin d’œil rassurant à la cantonade, et se leva aussitôt suivi par Max. Interdites, les jeunes femmes s’entreregardèrent :
Je n’aime pas ça ! souffla Alix.
Parfois, elle était sujette à des prémonitions. Des images défilaient devant ses yeux sans rimes ni raisons. Ce qu’elle entrevit fugacement la fit blêmir.
Aide-moi à préparer les enfants ! Ne discute pas ! Bikita, Lormar, des sacs de provisions !
Je veux mon dessert, gigota Désirée qui n’appréciait pas d’être soulevée tel un paquet.
Sage, Lucas suivit le mouvement. En cabine, Alix s’activa : gilets de sauvetage pour tous, et vite. Remontée catastrophique sur le pont. Tout cela semblait dément. Le navire roulait sagement, pas un nuage à l’horizon sauf que…
C’est quoi ça ? dit Lucas en pointant l’Est.
Ça, c’était une vague; la plus monstrueuse qu’ait vu Alix.
Paniquée au fond des tripes, elle ne lâcha pas Tanit pour courir à la dunette où trois hommes s’affolaient.
Il n’y a plus rien qui fonctionne ! Les instruments de bord sont mort. Impossible de rentrer les voiles, le moteur ne répond pas ! s’égosillait le second.
*Bref, on est bon pour le bouillon*
Le voilier fut pris dans une houle de plus en plus forte alors qu’un ciel apocalyptique bouchait l’horizon.
Mettez-vos gilets, insista Alix que nul ne semblait avoir remarqué.
Elle les leur tendit avant de filer à nouveau en arrière. Eve, Kieran dans les bras, s’accrochait à l’encadrement de la porte tandis que Bikita, Lormar et miss McPherson tentaient d’empêcher les aînés à courir n’importe où. Balloté telle une coque de noix, le fier navire fila droit vers la monstruosité liquide. Une fois de plus, le triangle des Bermudes prit son lot de victimes…
*Dieu que j’ai mal au cœur…*
S’ébrouant, Alix se redressa une main sur le ventre. Son idée première fut qu’elle venait de vivre un rêve débile dû aux boissons ingurgitées au repas puis ses paupières se soulevèrent :
*Qu’est-ce que c’est que ça ? Où sommes-nous ?* Michael ? MICHAEL ?
Ses cris demeurèrent sourds un moment, le temps de faire un tour d’horizon. De la sorte de divan où elle était allongée, Alix se redressa ébahie. La pièce aux tons glauques possédait le décor le plus hallucinant jamais entrevu. Les murs semblaient revêtus d’éponges multicolores, un éclairage verdâtre émanait de coquillages translucides…
*Mais que…*
Vous, là, debout !
Se tournant d’un bloc vers la voix peu amène, Miss Blackstorm fronça les sourcils. Moulée dans une tunique rouge, une créature aux cheveux verts mi-longs la toisait méchamment :
Bonjour ! Dois-je vous remercier de nous avoir sauvé la vie ? Où suis-je ? Où sont les autres ? Mes enfants…
La longue lanière que portait la femme se détendit, lui fouettant le bras. La cuisson violente de son épiderme força Alix à se dresser :
Non mais, en voilà des manières ! je…
Un autre coup lui cingla le cou :
Le prochain sera au visage. Suis-moi !
Vu l’éruption cutanée produite par ces lanières, Miss Blackstorm préféra obtempérer. On verrait après. Constatant qu’elle n’était plus vêtue que d’une tunique bleue unie, sans baguette à proximité, que faire d’autre ?
*Toi, tu ne l’emporteras pas au paradis…*
Sous la menace du fouet urticant, la jeune femme obéit. En silence, elles en passèrent des couloirs ! D’abord richement décorés de scènes marines incrustées de coquillages, elles descendirent plusieurs niveaux. Le luxe céda au dépouillement total de murs ressemblant à des roches nues. Un rideau de filaments visqueux et ambrés les arrêta :
C’est là que tu vas.
Poussée du fouet, Alix franchit ce passage dégoutant. Plantée sur le seuil d’un immense pièce, elle regarda partout, la nausée lui prenant les tripes. S’agissait-il d’une cuisine ? Là, une vingtaine de femmes en robe bleue comme la sienne s’affairaient. Du hachoir ou du couteau, poulpes, poissons et êtres étranges se débitaient avec discipline. Perdue dans ce monde de folie, Alix détailla ces ouvrières. Toutes étaient complètement chauves… sauf une, blonde comme les blés dont le visage ruisselait de pleurs :
Eve ! Mais…
Le coup de gourdin qui lui frappa le dos la fit crier :
Vous êtes malades ici ? En voilà des manières !
Tais-toi ! Tu n’as pas le droit à la parole. Tu n’as aucun droit sauf celui de travailler ! Au boulot !
Un matraquage en règle s’en suivit. A demi-sonnée, Alix prit place devant un établi où on lui fourra un couteau en main. La tentation fut forte de le retourner contre la garde chiourme Mais la surveillante se montra claire :
Un geste de trop, une parole, tu serviras de pâture aux requins.
Vu l’imposante stature de la femme au cheveux courts, Alix se plia… |
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| Sujet: Re: Les aléas du hasard... (fe) Mar 2 Fév - 15:45 | |
| Maitrise de soi, bon sens et l'amour d'une blonde, cela semblait être la recette indiquée pour survivre dignement aux impositions de la vie. Même si sa volonté avait été près de flancher une ou deux fois, Max s'était rattrapé de justesse et l'entretien avec Alix s'était passé de la façon la plus civilisée du monde, sans qu'il finisse par se trainer à ses pieds en implorant sa grâce. Si elle avait voulu lui proposer un marché de rêves et partage ésotérique, sans aucun doute qu'il aurait accepté sans arrière pensée mais il n'en fut pas question. C'était mieux ainsi! Pour eux et le reste du monde.
Esprit pratique, Max décida de passer un trait sur cette partie de sa vie et envisager le futur de la meilleure façon possible. Trainer le souvenir d'un amour non partagé comme un boulet et sombrer dans la mélancolie la plus abjecte n'étant pas la plus gaie des perspectives, M.Von Falkenberg prit parti pour jouir plutôt ce que la vie lui offrait si généreusement: l'amour d'Eve, sans rémission ni partage, tout à lui, pour toujours.
Le reste de la réunion fut plutôt gai. Dieu seul sait qu'avait raconté Michael à la douce canadienne, le fait est qu'elle était beaucoup plus détendue et assurée. Alix semblait ronger quelque noire suspicion à son égard mais Max s'en moqua royalement, tant pis si elle ne croyait pas à sa bonne foi, le futur se chargerait de le lui démontrer. Le maître de céans, de très bonne humeur, se chargea d'adoucir les angles et à moment donné on aurait pu dire que tout le monde s'amusait. Tant et si bien que son invitation pour sortir en mer le lendemain sembla la suite naturelle. Max ne joua pas les difficiles pour accepter, ignorant les œillades de sa femme et le semblant fermé de la future Mrs. De Brent.
De retour à leur hôtel, il eut à subir es reproches de sa chère et tendre qui ne comprenait pas trop bien ce malin plaisir de se mortifier en vain.
Je ne me mortifie pas! J'aime naviguer, c'est tout et d'après ce que Michael m'a raconté il a un superbe voilier, je ne vois pas pourquoi nous en priver. Avec Alix on a remis les pendules à l'heure et tu n'as rien à craindre. C'est fini et bien fini. Elle gardera Tanit, se mariera avec l'amour de sa vie et on n'en parle plus. Je verrai ma fille de temps en temps, rien de plus.
Eve n'en semblait pas si convaincue que ça mais il se fit le plaisir de la rassurer pleinement et le lendemain à l'heure indiquée, ils se retrouvaient à la marina où mouillait un très beau voilier, le Sorceress.
De l'œil exercé du connaisseur, Max apprécia énormément les installations guidé par un Michael plus fier qu'un paon de son luxueux rafiot. Il avait bien de quoi. Au top de la technologie, le voilier comblait les rêves les plus exigeants. Oubliant femmes et enfants, les deux ex-Serpentard se découvraient pas mal d'affinités, enterrée la hache de guerre, on parla de vents et courants marins, établissant une gentille route à tenir pour la journée. On visiterait les petites îles environnantes et on jouirait d'une journée au soleil en tout calme et paix.
Alix et Eve semblaient, elles aussi avoir trouvé un terrain d'entente et bavardaient tranquillement en tenant chacune un bébé. Max sourit, ravi, en découvrant sa jeune femme avec Tanit et se prit à songer au jour où ils auraient leurs propres enfants. La conversation était fluide. Michael amusa la ronde en racontant quelques unes de leurs frasques au temps de Poudlard. Ni lui ni Max n'avaient été des exemples de vertu et en avaient fait des belles, même si leurs escapades n'obéissaient pas aux mêmes intentions ou presque. Comme quoi il resta établi que Michael, d'esprit sélectif n'était jamais sorti avec d'autres filles que celles de sa propre maison tandis que Max, plus démocratique et pratique, en avait vu de toutes les couleurs.
Ben, à l'heure de copier un devoir je n'allais pas demander conseil à une Serpentard, des vrais cloches ces filles par contre les Serdaigle, ça avait quelque chose dans la tête!
Ambiance détendue, superbe repas, anecdotes à gogo. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu'à ce que le capitaine en second, interrompe, la mine tracassée demandant la présence du patron au pont de commandement. Max n'hésita pas à les suivre.
Les instruments sont détraqués, impossible de baisser les voiles ou de faire quoi que ce soit!
Le pauvre homme était franchement consterné et il y avait de quoi. Une révision à fond du système ne fit que confirmer les dires du second.
On est dans un champ magnétique!
Voilà de quoi rassurer le plus obtus des esprits. Les trois homme échangèrent un regard paniqué. Il va sans dire qu'ils étaient parfaitement au courant de ce que cela signifiait. Ils étaient pris dans une de ces manifestations étranges propres à ce coin de monde: le Triangle des Bermudes.
Pour les deux sorciers, la solution la plus rationnelle fut utiliser la maie pour se tirer de là au plus vite...sauf que la magie était inopérante.
Et puis, ils la virent. Une énorme vague de fond fonçait sur eux à la vitesse d'un train.
L'apparition d'une Alix défaite, distribuant des gilets de sauvetage, ne parvint pas à les distraire de leurs pénibles cogitations.
Oh, mon Dieu!
Une houle démenée ballotait le fier voilier comme une coque de noix et le ciel, d'un bleu serein un instant auparavant avait pris des couleurs d'Apocalypse.
On ne peut plus rien faire ici, allons rejoindre les filles!
Eve, qui portait le petit Kieran se jeta dans les bras de son mari, en pleurant. Alix, perdait la tête dans ceux de Michael. Les enfants, cédaient à la panique, s'accrochant à leurs parents. Il ne restait qu'à prier, Dieu ou Merlin.
Une douce caresse l'aida à émerger de son sommeil...ou était ce de l'inconscience? Max n'en savait rien sauf qu'un malaise très désagréable persistait. Il n'ouvrit pas les yeux, se laissant aller à la douceur de cette main dans ses cheveux.
Eve...J'ai fait un affreux cauchemar.
Un petit rire amusé le força à remettre les pieds dans la réalité, avec un effort il finit par ouvrir les yeux pour découvrir qu'il se trouvait dans un endroit inconnu, allongé dans un lit où il ne se souvenait pas de s'être couché et en compagnie d'une femme jamais vue auparavant.
Mais que...
Du calme, mon beau prince, tu es en sûrété à présent!
QUOI??? Mais que diables...Où...Où est Eve? Où sont les autres!?
Il balaya les lieux d'un regard courroucé et déconcerté au plus haut point. La chambre était certes somptueuse mais aussi très étrange, les murs décorés de fresques aux images marines, cette lumière opalescente jaillie de magnifiques coquillages, ces voiles diaphanes qui adoucissait l'ambiance, la rendant douillette, intime et la femme qui l'accompagnait. Quelle sublime créature...Délicate, racée, d'une beauté surnaturelle avec sa longue chevelure déferlant en soyeuse cascade sur ses épaules dénudées...comme le reste. Que la chevelure soit d'une douce couleur pistache ne gêna pas le moins du monde Max, qui ne pouvait pas écarter son regard de la jeune femme qui souriait. Découvrir qu'il était aussi nu qu'elle, le fit se poser quelques questions et se faire une paire d'idées assez saugrenues.
Qui...
Il fallait commencer par des question simples, Max, un peu dépassé par les évènements, se sentait incapable de se lancer dans un interrogatoire serré.
Je suis Nausicaa, mon beau sire.
Ah bon...
Exactement le genre de commentaire qu'on attend en une situation pareille.
Tu as longtemps dormi. Te sens tu mieux?
Me sentir mieux?...Euh...pas trop à vrai dire...Je ne comprends rien. J'étais à bord d'un voilier et cette vague est arrivée sur nous...et puis...on a coulé.
Elle sourit de nouveau, comme si connaitre se déboires l'enchantait, sa main papillonna gaiment sur son visage en caresses inespérées avant d'être remplacée par sa bouche mûtine. Max l'écarta poliment et chercha à mettre de la distance entre lui et l'entreprenante créature.
Je suis marié!
La belle ne semblait pas s'encombrer de détails si moindres.
Tu es si beau, tes cheveux blonds et tes yeux...j'adore tes yeux si bleus.
Mince! Elle avait l'air de le trouver à son goût, pas à dire mais Max ne se sentait pas trop disposé à sauter pieds joints dans l'infidélité, il avait quand même des principes! La belle Nausicaa devina t'elle ses sursauts de sa conscience? Le plus sûr. Avec le plus doux des sourires, elle sauta agilement du lit, exposant à ses yeux, la plus sublime et impudique des nudités. Avec sa chevelure pistache avec des éclats de menthe, lui arrivant au dessous de la taille, comme unique vêtement, elle évolua gracieusement dans la chambre, allant vers une table sur laquelle reposaient une carafe dorée et une coupe, qu'elle emplit, diligente, avant de revenir à lui, un sourire radieux éclairant son adorable minois.
Bois ceci, mon prince et ton malaise disparaitra.
Sa suspicion, sévèrement émoussée par le spectacle offert, ne l'empêcha pas de prendre la coupe et la boire, avec délectation. Délicieuse ambroisie qui, comme promis, mit fin au malaise et lui produisit une délicieuse euphorie. Finis les tracas, conscience au silence, sens à l'éveil.
Le pas suivant fut un bain. Dans la conque gigantesque tenant lieu de baignoire, Max Von Falkenberg, qui pour alors ne savait même plus pourquoi et comment il était là, jouit de l'ineffable délice d'être l'objet d'exquises attentions, si gracieusement dispensées par la savante Nausicaa, qui semblait savoir long sur les milles façons de rendre un homme fou de bonheur.
Après le bain, vint le massage. Expérience délirante, oint d'huiles précieuses aux effets magiques, relâché et satisfait, il partagea, en toute joie de cœur, tout ce que proposait la belle.
Force fut, après cette glorieuse entrée en matière, de se restaurer pour reprendre des forces. Vêtu d'un pantalon et tunique blancs, Max suivit, docilement Nausicaa, dans les couloirs de ce palais extraordinaire, jusqu'à un grand salon, décoré des mêmes motifs marins, la même lumière étrange et offrant, par d'énormes baies transparentes un spectacle sidérant...
On...est au fond de la mer!?
Nausicaa acquiesça, tout sourires.
Oui, beau seigneur, nous sommes au royaume d'Atlantia, dont je suis la reine avec ma sœur Calypso, que voilà!
Flanquée d'un grand gaillard blond, une femme identique à Nausicaa, occupait déjà une des places d'honneur. Il y avait d'autres femmes pour compléter l'assistance. Max et le gars blond étaient les seuls hommes, ce qui les enchanta, sans plus. À peine s'ils échangèrent un regard, trop occupés à se laisser chouchouter par leurs reines respectives, qui furent aux petits soins avec eux, comme s'ils étaient les plus cher trésor de leur palais.
Le service fut assuré par quelques femmes, toutes avec des cheveux très courts...ou pas de cheveux du tout. La belle Nausicaa crut bon lui expliquer que cela se devait à la hiérarchie régnant en ces lieux. Plus les cheveux étaient longs, plus de pouvoir avait la femme. Celles qui étaient chauves occupaient les plus bas échelon.
Deux de ces pauvres créatures, au crâne bien rasé, s'approchaient, l'une grande au regard étincelant, l'autre plus petite, qui sembla à point de se mettre à pleurer en emplissant sa coupe de vin. Il lui accorda l'aumône d'un demi sourire et l'oublia de sitôt pour se pencher vers la naïade maritime, qui retenait si bien son attention...
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| Sujet: Re: Les aléas du hasard... (fe) Mer 3 Fév - 14:23 | |
| *Oh ma tête !*
Que s’était-il passé ? Des bribes de souvenirs envahirent Eve. Un voilier, les enfants… puis la chose la plus monstrueuse qu’elle ait vue. Max l’avait prise contre lui, elle l’aurait juré. D’instinct, elle le chercha. L’étrangeté de l’endroit qu’elle découvrit lui sauta aux yeux. Scènes marines peintes ou sculptées aux murs, matières bizarres… La tenue qui la vêtait l’étonna aussi. Une simple tunique bleuâtre la couvrait jusqu’aux genoux ; ses pieds étaient nus. Personne alentours… Où étaient les autres ? D’un naturel anxieux, Eve imagina aussitôt des scénarios catastrophiques :
*Ils sont morts… On est tous mort et je suis au paradis ou au purgatoire… *
Se redressant lentement de la couche où elle était allongée, Miss Adams tourna un moment en rond dans cette pièce aux lueurs inhabituelles. Se concentrant, elle capta des sons. Méfiante, elle ne se précipita pas dans leur direction mais alla écouter. En douce, elle s’approcha d’une ouverture que voilait juste un rideau de lanières inédites. Entre ses fibres( ?) elle lorgna la pièce voisine. Vite une main se plaqua sur sa bouche afin d’étouffer un cri de surprise. De sa vie, jamais - à moins d’un carnaval – elle n’avait vu de femmes aux cheveux verts. Debout, elles contemplaient une forme couchée sur un divan similaire à celui qu’elle venait de quitter. Il fallut qu’Eve se concentre pour capter les mots échangés à voix basses :
Celle-ci a avalé de sérieux paquets de mer. Il lui faudra du temps pour récupérer.
Casiopée a dit de la laisser s’éveiller seule. D’après sa chevelure et sa taille, elle doit être importante ! Elle pourrait renacler…
On devrait les droguer tout de suite pour éviter les ennuis.
Il n’y en aura pas. Il n’y en a jamais. Nos reines savent ce qu’elles font. Ne t’en fais pas, elles marcheront droit comme les autres avant peu. Tu connais le tarif de la rébellion… ( elles rirent en silence) Viens, allons voir si l’autre est réveillée, vu ses cheveux, elle est plus soumise que celle-ci.
En deux bonds, Eve regagna sa couche et fit semblant de s’étirer.
Bonjour, dit-elle en accueillant ses visiteuses. Vous nous avez sorti de l’eau ? Où est mon mari ? Et les enfants ? Mes amis ? Ils sont là aussi ?
Tais-toi et suis-nous ! Un mot de trop, tu connaîtras le fouet.
Bon… Puisqu’elle était censée être docile, autant jouer le jeu. On verrait après. Un long trajet en descente s’effectua. Eve ne fut pas sans remarquer que du « luxe » on passait par le dépouillement. On la poussa en avant, l’abandonnant sans un mot dans un lieu surchauffé où beaucoup de femmes chauves s’activaient. Nul ne leva les yeux sur Eve qui resta plantée devant ce décor facilement identifiable : une cuisine. Cela n’avait strictement rien à voir avec celle qu’elle connaissait. Au-dessus de grands caissons, se posaient des ustensiles singuliers dont la plupart lui semblèrent faits de nacre ou de métal inconnu. Une femme courtaude, massive, aux cheveux courts l’apostropha :
Tu te mets là, avec Adapa et Daphné. Imite-les. Tais-toi !
Le gourdin que cette femme tenait en main aurait fait obéir n’importe qui si bien qu’Eve obtempéra. Les compagnes assignées débitaient des poulpes à grands coups de hachoirs affûtés. Voilà un sport inusité pour Miss Adams. Plonger la main dans le bac grouillant, sentir les ventouses lui coller la peau, la révulsèrent. Elle tenta quelques coups maladroits au risque de s’amputer les doigts puis céda à la nausée :
Souillon ! Bonne à rien ! Regarde ton gâchis !
Les injures plurent, le gourdin frappa. Contrainte de nettoyer ses souillures, Eve s’exécuta les larmes aux yeux.
Daphné, conduits-la se changer, elle pue !
La jeune femme désignée – une femme d’âge mûr sèche comme une trique – l poussa sans aménité dans un petit local attenant à la cuisine. Pas un mot ne franchit les lèvres décolorées, juste un mouvement de tête lui indiqua d’y aller. Cela ressemblait assez à une douche. Eponge, et liquide moussant s’utilisèrent sous un jet d’au douce déclenché par simple position sous le pommeau. Rincée, Eve sortit de là et trouva une tunique propre à enfiler à sa sortie. Daphné l’attendait. Comment résister à la tentation de parler puisque le maton n’était pas dans le coin ?
Où est-on ? Qu’est-ce qu’on me veut ? J’avais des amis, et…
Oublie-les. Travaille !
Difficile de faire autrement. Le temps fila à dépecer comme elle pouvait ce qu’on lui soumit. Plusieurs fois, elle connut le gourdin qui s’abattait pour un rien. Perdant la notion du temps, Eve releva à peine la tête quand une nouvelle arrivante se pointa. Il s’agissait d’Alix, sans doute possible. Vu le flamboiement des prunelles bleu nuit, Eve comprit que la fière Miss Blackstorm encaissait très mal ce statut d’esclave. Elle aussi l’avait identifiée mais la garde chiourme ne les laissa pas s’épancher. Devoir regarder Alix se faire matraquer de belle façon sans oser rien tenter, démoralisa encore plus Mrs Von Falkenberg. Elles trimèrent des heures durant. C’était incroyable que tant de femmes soient réunies, malmenées, et que pas une ne se rebelle. La tête d’Eve fonctionnait parfaitement. Plusieurs œillades d’Alix lui prouvèrent qu’elle aussi affichait un profil bas… pour le moment. Nombres de plats furent élaborés par ces petites ouvrières. A un moment, la chef beugla :
Pause !
Tout s’arrêta. En rang d’oignon, les femmes s’alignèrent recevant une coquille vide. Deux rasées commencèrent une distribution de liquide vert, attendant sagement que l’une la boive avant de passer à la suivante.
*Enfin quelque chose à avaler. Je meurs de faim, moi*
Prête à gober la mixture, elle remarqua l’attitude d’Alix qui ouvrait de grands yeux avec un imperceptible mouvement négatif du chef.
*Ne pas boire ? Mais…*
Comment y échapper alors que les autres la fixaient ? Miss Blackstorm créa la diversion nécessaire. Feignant un malaise, elle s’écroula. Eve en profita pour renverser discrètement sa coquille. Le sort que subit Alix ne fut pas enviable, autant que le sien quand ce fut son tour de jouer la comédie. Rouées de coups, les deux nouvelles furent privées de boisson et nourriture toute la journée. Enfin, on les laissa tranquille. Le troupeau docile passa à la douche.
Vous deux, ici ! brailla la chef.
Encore dégoulinante d’eau, on ne leur laissa pas le loisir de rouspéter. Armées d’un couteau effilé en lame de rasoir, deux préposées s’occupèrent des tignasses blonde et brune. Eve aurait voulu se débattre, le regard calme d’Alix la tint coite.
*Comment accepte-t-elle de sacrifier ainsi ses beaux cheveux ? Max ne m’aimera plus quand il me verra… Où est-il ? Qu’est-ce qu’elles lui ont fait ?*
Des larmes amères roulèrent à mesure que les mèches churent. Vint la nuit, ou en tout cas l’heure du repos. Menées dans un dortoir commun, copiant ses gestes sur ceux de ses compagnes, Eve s’installa sur la paillasse rugueuse attribuée. Bientôt, à part quelques ronflements, nul bruit ne troubla le silence oppressant de l’endroit. Eve faillit crier quand une main se plaqua sur sa bouche. Alix avait abandonné son lit pour venir lui causer. Brève mais édifiante la conversation s’échangea. Des directives claires furent émises. En soupirant, Eve promit puis s’endormit quand Miss Blackstorm partit. La journée suivante débuta. Un repas fut servi, Eve put l’avaler selon les signes infimes de son professeur de potions. Le travail reprit, écoeurant, abrutissant. On en préparait des plats divers. A qui étaient-ils destinés ? Si elle devait dépouiller les abats de poissons et vider des coquilles, d’autres cuisaient sur des plaque alimentées merlin sait comment alors que d’autres encore dressaient de somptueux plateaux. Quand tout fut prêt, le maton désigna :
Thétis, Amphitrite, et Galatée, vous montez ce midi.
Ce fut un choc de se voir rebaptisée de la sorte. Néanmoins, c’était bien Eve qui était nommé Galatée et Alix Amphitrite. Thétis, plus âgée, signifia aux autres ce que l’on attendait d’elles. Il suffisait de prendre l’escalier, de récupérer les plateaux et de les servir. Le décor s’enrichit au fur et à mesure de l’ascension. Or, argent, turquoise, irisaient les couloirs. Une pièce souffla Eve. Là, d’immenses hublots s’ouvraient sur des scènes aberrantes : le fond des mers ! Plantes, animaux marins évoluaient mollement sous ses yeux ébahis. Pas le temps de s’attarder à la contemplation, Thétis menait le train. Elle consenti juste quelques mots :
Tenez-vous bien.
Une vaste salle les reçut. Là, une vingtaines de femmes à la tignasse pistache bavardait joyeusement. Poussée par Thétis, Eve alla réceptionner les plateaux venus par monte-charge. La distribution commença. De son côté, Alix faisait de même.
*Pourquoi elle s’arrête ? Elle va se faire…*
Suivant son regard, Eve sentit son sang se glacer. Non, c’était impossible… Il ne pouvait pas… ? Son premier réflexe fut de laisser tomber le plateau et de courir vers le jeune homme blond assis en bout de table. Max, c’était bien son mari qui…
*Nom d’un gnome, qu’est-ce qu’elle lui veut, celle-là ?*
L’air absolument béat, Mr Von Falkenberg acceptait caresses et bisous d’une splendide créature à la chevelure démesurée. A ses côtés, dans une attitude non moins alanguie, Michael De Brent embrassait goulûment la réplique de la première. Comment parvint-elle à s’approcher et à verser à boire à son époux ? Eve, en état second, se contenta de copier Alix. Lui flanquer la carafe à la tête, l’abreuver de quolibets de derrière les fagots, tout aurait mieux valu que cette passivité avilissante. Pourtant, si Alix se maîtrisait, elle devait faire pareil. La mort dans l’âme, elle assista à ce repas, courant servir qui réclamait nourriture ou boisson. Effondrée, elle vit son mari enlacer sa compagne. La nausée aux bords des lèvres, elle ne sut pas trop comment elle retourna aux cuisines. |
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| Sujet: Re: Les aléas du hasard... (fe) Jeu 4 Fév - 1:12 | |
| Un cauchemar! Le pire de sa vie! La vague les happait avec une force démente, lui arrachant ses enfants et Alix...Tout se perdait dans un tourbillon sans fin qui les aspirait follement.
ALIX!!!
Son propre hurlement le réveilla. Assis sur sa couche, il essaya de calmer les battements affolés de son cœur et reprendre le contrôle de sa respiration mais en regardant un peu autour de lui Michael se demanda s'il était bien éveillé ou si son rêve débile continuait. Il se trouvait dans une chambre étrange, trop étrange comme pour faire part de quelque réalité connue. Les motifs maritimes décorant les murs, cette lumière tamisée, ces tentures diaphanes, cette ambiance légèrement parfumée....et le fait de se trouver aussi nu qu'Adam dans ce lit inconnu quoique très confortable. Tout cela avait de quoi le déboussoler encore plus.
Calypso, une des reines du mystérieux royaume d'Atlantia, assista à ce réveil en restant en retrait. Un sourire satisfait apparut sur ses lèvres pleines au dessin parfait. Elle se tourna vers sa sœur jumelle et elles échangèrent un regard complice et ravi.
Nous avons eu beaucoup de chance, cette fois. Cela faisait très longtemps que les Dieux n'étaient pas si généreux avec nous.
Vénérés soient ils. Deux hommes splendides sur le même bateau. Celui là n'a pas l'air d'avoir un caractère facile.
Nous savons bien, Nausicaa, comment mâter le plus ombrageux des caractères. Va t'occuper de celui que tu as choisi, je vais calmer le mien!
Michael était là, à se poser des colles impossibles quand une tenture s'écarta, livrant passage à une femme d'incroyable beauté qui sembla flotter plus que marcher, vers lui.
Enfin éveillé, doux seigneur!
C'était bien la première fois de sa vie qu'on s'adressait à lui en pareils termes.
Il semblerait, oui!, admit il, rogue, où suis je? Où est ma femme? Mes enfants? Mes amis?
Elle sourit avec une douceur à démonter un troll et lui posa sa main sur la bouche.
Du calme. Tu es à sauf, à présent. Il n'y a plus rien de quoi se faire du souci.
D'un geste agacé, Michael écarta sa main.
N'essaye pas de me calmer. Je veux savoir où sont ma famille et mes amis!
Suivant sa savante coutume, il ne demandait pas, il exigeait, mais la jeune femme ne sembla pas affectée par ce ton péremptoire. Son regard d'un vert extraordinaire se fit caressant et mine de rien, alla se poser sur la Marque tatouée sur l'avant bras de Michael.
Quel symbole étrange. Que signifie t'il?
Le Mal.
Qu'elle pense ce qui lui plairait.
Je veux...
Tout va bien, susurra t'elle, tu es éveillé à présent...tout va bien.
Où sont...
Pas de souci, mon prince. Laisse moi m'occuper de toi et tu te sentiras beaucoup mieux après. Tu viens de vivre une expérience difficile, tu es fatigué.
Il ne l'aurait pas dit ainsi. Plus que fatigué il se sentait vaseux, secoué, énervé. Devinant qu'elle ne dirait plus rien pour éclairer sa lanterne, il opta pour se comporter un peu moins rustre et observa plus attentivement la femme qui se tenait face à lui. La créature la plus splendide que ses yeux aient contemplé. La perfection de ses courbes, à peine dissimulée par ce vêtement diaphane qui adhérait à son corps comme une deuxième peau, était rehaussée par une somptueuse chevelure même si celle ci était d'une singulière couleur pistache.
Tu me trouves belle?, s'enquit elle avec une candeur délirante, criante de sensualité.
C'est le moins qu'on puisse dire!, se trouva t'il en train de dire sans pouvoir la quitter des yeux.
Elle l'octroya d'un regard à damner un saint et se levant ondula suavement vers une petite table où était posée une carafe dorée et une coupe, qu'elle remplit avant de retourner vers lui.
Bois, tu te sentiras parfaitement bien après.
Fasciné par ce regard de mer, Michael obéit sans rechigner et à quoi bon mentir, se sentit merveilleusement bien après l'avoir fait. Sa tête se vida de préoccupations et son esprit, léger comme une plume, alla se noyer joyeusement dans ces prunelles insondables.
Son sourire enchanteur, doux prélude. Se glissant près de lui, elle passa sa main dans ses cheveux blonds, les laissant filer, émerveillée entre ses doigts fins.
Tu es parfait!
On ne répond pas à ce genre de compliment, on s'efforce pour le confirmer. L'incomparable créature semblait vraiment disposée à s'occuper de lui. Michael n'était pas en état de se résister ni en avait le moindre désir, d'ailleurs. La voir se dépouiller de son mince vêtement lui fit courir un frisson de plaisir anticipé le long du dos et l'accueillit dans ses bras, en toute joie de cœur. Ses baisers savants, tout comme ses caresses étaient destinés à tarir la soif irrémédiable qu'il avait d'elle, le transportant au delà des limites de l'imaginable.
S'en suivit le plus sensuels des bains qu'il ait jamais pris de sa vie ou du moins d'autant qu'il puisse s'en souvenir. Voguant au creux d'un délire délicieux, Michael jouit de chaque seconde, soumis aux mains expertes de l'océanique sylphide. Un massage affriolant le remit en forme et rien d'autre n'eut d'importance...
Toutefois, à moment donné, il fallut songer à s'alimenter d'autres choses que de baiser et caresses. Michael passa les vêtements qu'on lui présentait et suivit son délicieux guide par un dédale d'amples corridors en découvrant au passage un décor de fond assez étonnant comme pour le tirer de son euphorique indifférence.
Serions nous par hasard...
Oui, mon prince, tu l'as bien deviné, nous reposons ici au fond de l'océan.
Ah bon!, comme si c'était le plus normal du monde, et toi tu es...?
Calypso. Je règne sur Atlantia avec ma sœur Nausicaa que tu vas connaitre tantôt.
Ces noms lui disaient bien quelque chose mais l'oublia aussitôt. Ils entraient dans un vaste salon, décoré avec un luxe maritime de très bon ton (?). Un groupe assez nourri de femmes se trouvaient déjà là et lui dispensèrent moult sourires, discrets, pas question de s'attirer les foudres royales. Il fut convié à s'installer auprès de la reine, ce qu'il fit de très bonne grâce, ce qui lui valut un doux baiser en guise de récompense. Un instant plus tard, entrait en scène la parfaite réplique de Calypso en compagnie d'un grand type blond et le banquet commença.
Michael goûta à tout ce qu'on lui présentait, but insouciant. Bavarda avec l'une ou l'autre. Se laissa cajoler par sa reine sans aucune arrière pensée et contribua grandement au bonheur de celle ci. Calypso crût bon lui raconter une histoire de cheveux qu'il n'écouta que d'une oreille mais qui lui laissa vaguement comprendre que la chevelure jouait un rôle très important dans ce royaume. C'est ainsi qu'elle et sa sœur avaient des merveilleux cheveux couleur pistache leur descendant plus bas que la taille et les autres dames arboraient des coiffures moins somptueuses.
Le service était assuré par trois femmes. L'une d'elles, qui dirigeait les opérations arborait une courte toison d'un vert algue pas trop seyant. Les deux autres, d'un chauve reluisant, baissaient les yeux et accouraient, attentives au moindre désir des convives.
À moment donné, Michael eut la gênante sensation d'être transpercé par un regard, abandonnant un instant la bouche tentante de Calypso, il releva la tête...Si l'éclat meurtrier des ces yeux bleu de nuit avaient pu faire l'effet voulu, il serait sans doute mort sur le coup...mais déjà la reine le réclamait et l'épisode fut rapidement relégué à l'oubli... |
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| Sujet: Re: Les aléas du hasard... (fe) Sam 6 Fév - 14:08 | |
| Dans quel enfer était-elle tombée ? Pas à dire, ici on ne rigolait pas. Le moindre pas de travers était chèrement payé. Contrainte de se faire massacrer ou de marcher droit, Alix se tempéra. Très habile de ses doigts, elle trancha et dépeça tout ce que l’on voulut. Néanmoins, les idées lui tournaient dans la tête :
*Décor marin… nourriture essentiellement à base de produits de la mer… teinte anormale de cheveux… prédominance des tons glauques… air confiné, comme fabriqué… Je parie mon manoir que nous sommes sous l’eau… *
Ce point devint le phare du reste de ses pensées. Le qui, pourquoi, comment avait de quoi l’occuper sérieusement mais son centre d’intérêt immédiat résidait en deux seuls noms : Tanit et Michael. Si Eve était là, pourquoi les autres n’y seraient-ils pas quelque part ? L’absence totale de la gent masculine était dérangeante, angoissante. Seraient-elles tombées dans une sorte de domaine matriarcal ? Une ruche sous-marine ? Dans ce cas où était la reine… et qu’avait-elle fait des bourdons ? Le travail était lourd, avilissant, tellement monotone qu’il aurait pu devenir hypnotisant si Miss Blackstorm s’y était abandonnée. Mais tous ses sens demeuraient en éveil. Coup d’oeil par-ci, par-là, elle enregistra son environnement au complet. Si ses mains sélectionnaient des algues, son cerveau recoupait les faits et tirait diverses conclusions. Son nez frémit plus d’une fois. Discrètement, elle goûta une substance ou l’autre, établissant des comparaisons avec les ingrédients connus sur la terre ferme. Dans un coin, des femmes préparaient un breuvage avec des matières qu’elle venait d’identifier comme étant une drogue puissante qui soumettrait n’importe qui à n’importe quoi.
*Voilà donc pourquoi ces femmes sont si soumises. La violence physique ne suffit pas aux gardiennes… Il leur faut aussi régenter les esprits… Elles n’auront pas le mien ni celui d’Eve*
Cela faisait des heures qu’elles oeuvraient sans une goutte à boire ni un seul aliment à se mettre sous la dent. Une pause s’annonça à haut cri. Bien drillées, les ouvrières s’alignèrent pour la distribution. Tout s’éclaira pour Alix. En aucun cas elle ne boirait ce truc servi à la cantonade. Comment, sans recevoir une raclée, empêcher Eve d’avaler ça ? Tant pis. Déjà le « service » commençait et la blondinette était aux premières loges. Inutile de faire dans la dentelle, Alix feignit un évanouissement. Ses genoux plièrent, elle renversa avec fracas des ustensiles dans sa chute. Pensez-vous qu’on l’aida à se relever ? Oui, bien sûr ; mais à la manière forte ! A ce régime, si elle ne gagna pas que des hématomes douloureux, elle put s’estimer heureuse d’éviter les fractures. Au moins Eve avait capté son message silencieux et lui rendit la pareille peu après. Personne ne remarqua qu’elles n’avaient pas pris la mixture et si elles furent privées de toute alimentation et boisson après, Alix, elle, s’en réjouit. L’heure du repos avait-elle sonné ? Rarement Alix avait pris une douche avec une pareille délectation. L’eau qui giclait était douce sans additifs suspects, elle en avala autant qu’elle put avant de subir ce qu’elle jugea comme une infamie profonde. Sous les ciseaux et rasoir, ses soyeuses boucles brunes jonchèrent bientôt le sol. Tirer un trait sur cette orgueilleuse parure sans broncher ne fut pas facile. Pourtant, d’après l’attitude du reste du troupeau, il fallait demeurer de marbre. Quelle veine de conserver un certains ascendant sur Eve qui faillit se débattre. Ses appels muets s’entendirent, la blondinette ne broncha pas tandis qu’un crâne rose remplaçait les mèches dorées. On les poussa vers le groupe de femmes dans le même état. En file indienne bien disciplinées, elles entrèrent dans une pièce dépouillée, tout en longueur contre les murs de laquelle s’alignaient des couches sommaires dures et rêches. La drogue qu’elles auraient dû absorber les aurait probablement plongées dans un état de robot somnolent. Quand aucun bruit, à part quelques ronflements, ne résonna, Alix se glissa hors de son lit et se faufila, ombre parmi les ombres, jusqu’à celui d’Eve. Lui collant la main sur la bouche, et la sienne à l’oreille, Alix murmura :
J’ignore où nous sommes. Nous devons retrouver les autres, ils doivent être ici. Ne bois, ni ne mange rien que je n’aurai approuvé. Elles veulent faire de nous des zombies obéissants. Reste calme en toutes circonstances où elles flaireront l’arnaque. Epie-les, regarde partout. On essaiera de trouver un moyen pour causer et filer.
Une fois allongée, les paupières de Miss Blackstorm refusèrent longtemps de se fermer. Trop de tourments l’agitaient.
*Nous n’avons vu qu’une infime partie de ce « royaume » L’explorer va demander un temps fou et beaucoup de ruses.*
Si elle dormit, ce ne fut que quelques minutes. Au moins eut-elle la certitude que la surveillance était nulle la nuit, de quoi ouvrir des perspectives. La matinée suivante ressembla à la précédente. On les nourrit d’aliments jugés consommables sans risque par Alix. Du bouillon de poisson le matin… que n’aurait-elle pas donné pour un simple café. L’organisation de la cuisine n’eut bientôt plus de secrets. Des ouvrières dépeçaient, levaient mollusques et filets que d’autres cuisaient alors qu’une troisième équipe dressait des plats à l’aspect savoureux.
*Qu’en fait-on ? Pour qui sont-ils prévus ? A part leur couleur, nous n’y touchons pas… *
Une telle quantité de nourriture devait fatalement être destinée à d’autres… Elle ne tarda pas à le savoir quand, la chef la désigna sous le nom d’Amphitrite pour accompagner Galatée(Eve) et une dénommée Thétis à l’étage. D’abord on vérifia la netteté de leur tenue, les désodorisa en les aspergeant d’un liquide que se garda de flairer Alix. Semblant sages et soumises, les deux néophytes suivirent le train ascendant. Une sorte de salon salle à manger s’ouvrit à elles. Il suffisait d’afficher un profil bas et de servir les plateaux montés par un mécanisme. Copiant ses gestes sur ceux de Thétis, Eve et Alix présentèrent boissons et nourriture aux convives. Tout un groupe de femmes aux cheveux mi-longs était rassemblé autour d’une grande table a bout de laquelle… Le sang d’Alix se figea, elle aussi. Là, aux places d’honneur, trônaient deux splendides créatures à la chevelure démesurée. Ce ne fut pas tant ces femelles qui retirent l’attention de Miss Blackstorm mais bien les compagnons de celles-ci. La scène aurait fait perdre les pédales à n’importe qui. N’était-ce pas Michael, son Michael qui embrassait passionnément l’une des deux ? Peut-on mourir d’un seul regard ? Alix eut nettement cette impression. Le cœur en charpie, elle poursuivit sa distribution jusqu’à hauteur de l’un des couples. Eve ne devait pas se sentir mieux qu’elle car, sans vergogne, Max Von Falkenberg donnait une réplique parfaite à la seconde créature. Souvent, elle avait imaginé De Brent avec Vic mais jamais elle n’avait ressenti la moindre haine vis-à-vis de sa rivale, la moindre vindicte contre Michael. Ici, c’était… différent. Celui qui devait devenir son époux n’était-il pas en train de la tromper joyeusement avec… Qui ? La reine ? Qu’importe qui était cette pulpeuse entremetteuse.
*Tôt ou tard, vous paierez !*
Elle ne put s’empêcher, au passage, de décocher un regard meurtrier à son fiancé avant de reprendre l’attitude attendue. Subir cet affront, ce coup bas, la scia mais le tempérament d’Alix joua. Le banquet dura… Les hôtes s’empiffraient plaisamment, réclamant sans cesse diverses attentions. Mortifiée, Eve paraissait à deux doigts de commettre un esclandre fatal. Combien d’œillades furent-elles nécessaires durant cette torture afin que la comédie fonctionne, allez savoir ? Toujours est-il qu’en regagnant leurs pénates laborieuses, les esprits des délaissées étaient au trente-sixième dessous. Feindre d’accepter ce que d’autres auraient récusé en hurlant… pas si évident. Rationnelle avant tout, Alix calcula le bilan :
*Ils sont drogués… je me suicide si j’ai tort. Michael ne me ferait pas ça s’il en était autrement… Il ne m’a même pas reconnue... Je parie que nous permettre de les voir était un test destiné à vérifier notre soumission ...*
D’une manière ou d’une autre ces femmes exerçaient une domination sur l’esprit des hommes et des ouvrières.
*Les soustraire à cette emprise sera un atout majeur… Comment s’y prendre ? *
Le travail abrutissant recommença. Alix gambergea.
*Le soir, la surveillance s’abaisse au maximum. Si nous n’absorbons que le strict nécessaire, nul n’aura de pouvoir sur nous. *
La suite lui donna raison. Le rituel de la boisson pré-sommeil s’instaura après une après-midi aussi monotone qu’épuisante. Profitant de ce répit, malgré une fatigue écrasante, Alix se glissa à nouveau près d’Eve :
Viens !
Toutes les autres dormaient à poing fermés. Le réduit d’aisances était idéal pour des confidences. Isolée avec la jeune Mrs Von Falkenberg, Alix la serra fortement dans ses bras :
Je sais ce que tu endures. Je ne rigole pas non plus. N’en veux pas à Max, il n’est pas lui-même pour l’instant, pas plus que Michael. Ces femelles roupillent. On a la nuit devant nous. J’ai remarqué que ce lieu était doté d’une grille facilement démontable. Nous allons explorer. Promets-moi que quoique nous rencontrions, voyons, entendons, tu résisteras…
Eve promit. Dévisser la grille d’aération fut un jeu pour les doigts agiles de l’ex-mangemorte. Se faufiler dans le conduit étroit se passe de commentaire. Longue, éprouvante, la progression fatigua davantage les deux jeunes femmes. Guettant le moindre bruit, redoutant des alarmes, Alix soupira d’aise quand elles avancèrent en ne rencontrant aucun obstacle. Cependant… Se retournant d’un bloc, Miss Blackstorm repoussa Eve :
Ferme les yeux. On continue.
Incapable de se contenir, Eve tint à voir ce qu’une lucarne dévoilait entre ses grilles… Max et Nausicaa s’adonnaient à des jeux destinés en principe à ceux qui s’aimaient… Des larmes roulèrent en silence. La grille voisine dévoila un spectacle quasi identique où Michael ravi subissait les joyeux assauts d’une cavalière particulière. Inutile de s’attarder dans ce voyeurisme cruel. Passant leur chemin, les deux trahies reluquèrent d’autres pièces au travers des grilles. L’une d’elle attira l’attention de la future Mrs De Brent.
C’est un bureau ! J’y descends.
Même si Eve se rongeait les ongles, rien n’empêcherait Alix d’obéir à son instinct. D’un coup de pied, elle fit sauter la protection de l’aération. Dépliant son corps souple, elle glissa dans le local qu’elle fouilla avec méthode. Ouvrant des tiroirs, lisant des « papiers » au passage, elle tomba sur une mine de renseignements. Un plan complet du domaine fut étudié et reproduit grossièrement à toute vitesse. Rangeant le tout, Alix n’eut que le temps de remonter dans le conduit en reprenant la grille qu’elle refixa derrière elle avant que les jumelles ne pénètrent dans le bureau. Retenant leur respiration, Eve et Alix écoutèrent la conversation des reines qui s’installèrent, un sourire béat aux lèvres :
Alors ma sœur, satisfaite ?
L’amante de Michael soupira :
Le mien est parfait. Nos analyses prouvent qu’il est le père de trois des mioches. La petite blonde vient du tien. Nous possédons de beaux étalons.
Le mien aussi est très… vaillant (rires) Même si nous atteignons notre but rapidement… j’aimerais assez le garder un moment.
Tu dérailles, fais attention. Nous ne pouvons déroger à nos règles. Sitôt la chose en route, ils iront au fond, comme les autres. Nous les reprendrons à l’occasion… s’ils survivent au traitement.
Leur femme se sont bien comportées… ça me faisait bien rire d’observer leurs réactions.
Elles marchent droit, comme prévu. Même si nous abusions de leurs époux devant elles, elles ne feraient rien. Prends-tu bien ta potion de fertilité ? J’aimerais porter une fille ressemblant à celle que ce fichu gamin appelle Désirée. Celle-là est si belle. On en fera facilement une chef de garde. Celle issue du tien est déjà très éveillée… Avec de bons soins, elle sera une splendide guerrière.
Et les gamins ? S’ils ressemblent plus tard à leur père…
Des reproducteurs ? Le plus jeune peut-être. L’autre est très rebelle d’après les rapports. Elles ont dû lui injecter la drogue pour le faire tenir tranquille. Il fera un bon eunuque s’il ne développe pas ses muscles.
Combien de filles espères-tu avec le tien ?
Mes dernières couches remontent à si loin… Des quatre obtenues, seules deux ont vécu… J’en veux huit cette fois.
Tu vas doubler tes doses ? Calypso, chère sœur, c’est dangereux. Ne vaudrait-il pas mieux qu’il féconde d’autres femmes ?
Aucune ne nous vaut, tu es folle, ma sœur !
Toutes sont stérilisées à peine entrées, les nouvelles ne le sont pas encore…
Elles le seront ! Je vais donner des ordres dans ce sens. Impossible de leur permettre des galipettes avec nos étalons. C’est un privilège qui nous est exclusif. Je sais que cela restreint les naissances… Toutes nos filles respectives sont capables d’engendrer… Peut-être que l’une ou l’autre d’entre elles voudra être déflorée… On en reparlera. Pas de souci avec la surface ?
Aucun. Le bateau a été déclaré perdu corps et bien. Les créatures bizarres qu’il portait se sont sans doute noyées. Quelles curieuses choses ceux-là. Je n’en avais jamais vues.
Des elfes, ma sœur. J’en avais entendu parler. Il eut été dangereux de les garder car leur magie est plus puissante que la nôtre.
Des elfes ? Mais alors ces gens seraient des…
Sorciers, oui ! Les baguettes trouvées sur eux le prouve. Pour une fois que l’on a du bois de chauffage gratuit(rires) De toute façon, des sorciers on en a déjà pêché ; avec ou sans baguette, ici ils ne sont que de banals humains dont nous faisons ce que nous voulons. Personne ne nous en empêchera.
Personne… ? Tu oublies le roi ! Il vient en paix demain avec une délégation qui …
En paix ? Que nous veut-il encore ?
Nos filles ! Eux aussi manquent de main d’œuvre et de naissance.
On leur refilera les gamins pêchés ainsi que nos filles les plus âgées ; ça devrait leur suffire.
Une alliance de nos royaumes ne sera donc jamais possible ?
Jamais ! Ils considèrent les femmes comme des esclaves ! J’ai déjà repoussé trois demandes en mariage pour toi. Tu veux me quitter, ma sœur ?
Nausicaa s’esclaffa :
Non, ma sœur. Surtout pas maintenant que je suis sur le point d’avoir trois ou six filles à moi. Je retourne d’ailleurs à l’ouvrage. Et toi ?
Je le laisse souffler une heure ou deux puis je reprendrai le combat.
Eve et Alix avaient tout entendu. Cet échange édifiant les brisa. Le lieu ne se prêtant pas aux commentaires, elles firent marche arrière. A nouveau dans les toilettes, la grille revissée, Eve déballa ses récriminations que calma Alix :
Moi aussi, j’ai compris. Tais-toi. Il faut que je réfléchisse à tout ça. Nos hommes ne risquent rien pour le moment. Les gamines non plus. Notre objectif premier doit viser Lucas et Kieran. Suis-moi.
Quelle veine que toutes les autres soient abruties par la drogue. Traverser le dortoir en silence, se faufiler dans les cuisines se déroula sans heurts.
Eve, souffla Alix. J’ai repéré diverses substances qui correspondent assez bien à celles de nos potions. Nous allons gentiment agrémenter les sauces à notre façon. Prépare ces flacons, suis mes instructions.
Patiemment, des mixtures s’élaborèrent, certaines furent emportées, d’autres transférées. |
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| Sujet: Re: Les aléas du hasard... (fe) Mar 9 Fév - 0:41 | |
| Routine. Plaisante mais routine quand même. Voilà ce qu'était la vie de Max depuis le moment où il avait ouvert les yeux et découvert la splendide Nausicaa à ses côtés. Pas qu'il s'en plaignit, cela aurait été pécher de difficile, mais au bout de quelque temps, il n'avait plus idée de combien, Von Falkenberg se demandait quand même s'il n'y aurait pas une quelconque variation.
C'est délicieux se laisser dorloter mais quand ça dure toute la journée, ça devient un peu fatigant. Nausicaa avait le remède parfait pour ce genre de défaillance et après une coupe d'ambroisie, Max ne se trouvait même plus l'esprit de bailler. Il se laissait placidement aller à une cotonneuse indifférence et cessait de se poser des questions.
Se trouver dans ce palais fascinant au fond de la mer avait éveillé une certaine, et très normale, curiosité que Nausicaa s'était chargée de lui faire oublier force de câlins et autres délices. Les banquets, que ces reines jumelles semblaient beaucoup apprécier étaient l'unique variation de la journée...et encore! L'assistance ne variait pas d'un poil. Calypso et Nausicaa menaient la voix chantante, les autres femmes acquiesçaient, lui et son unique compagnon de fortune s'en remettaient à répondre vaguement aux questions posées. Rien de trop compliqué vu qu'ils avaient à peine quelque chose à dire et encore moins le temps pour la faire.
N'empêche que ce jour, ou était ce la nuit, le festin fut de courte durée et il n'échappa à personne que les reines jumelles d'Atlantia semblaient avoir quelque tracas qu'elles se gardèrent bien de dévoiler. Les autres dames, aux cheveux de diverses teintes de vert, étaient aussi un peu énervées, parlaient un peu plus et mine de rien, sans le faire du tout exprès, Max saisit un ou deux mots au vol: Lykos...Abysses Laurentides mais comme cela ne signifiait rien pour lui, il remisa cela au fond de sa mémoire et suivit docilement Nausicaa de retour à leur douillet cocon.
Je ne serai pas avec toi quelques heures!, annonça t'elle en lui coulant un regard désolé, les devoirs du Royaume m'appellent.
Ça lui donnerait le temps de dormir une sieste bien méritée.
Pas de souci, je serai toujours là à ton retour!
*Comme si j'avais où aller!*
La belle aux cheveux pistache sourit, enjôleuse et avec son océanique grâce alla emplir la coupe d'ambroisie.
Bois, mon prince, tu pourras te reposer plus à l'aise.
Je le ferai plus tard...à vrai dire je n'ai pas trop soif en ce moment.
Mais pour calmer le léger énervement découvert au fond de ses yeux de mer, il opta pour l'enlacer et lui faire oublier ce désir d'étancher une soif inexistante. Elle échappa à son étreinte en riant, ravie et le quitta après maintes promesses de futurs plaisirs. La coupe demeura intacte sur la table.
Que la porte soit fermée à clé ne l'étonna pas du tout, un léger dépit l'habita un instant, avant d'aller vers le lit et s'y allonger. Le sommeil ne fut pas long à venir. Rêves étranges se succédèrent. Rêves qui furent interrompus par une voix insistante qui disait son nom une et une autre fois.
Il s'assit et regarda autour de lui. Il n'y avait personne à part lui dans cette chambre pourtant la voix se laissait toujours entendre.
J'hallucine ou rêve encore!
La voix lui assura qu'il n'en était rien et le pria de s'approcher de la grille d'aération située au coin de la chambre. Faute de mieux, il allait obéir quand en voyant la coupe, songea à boire. La voix glapit un non!
C'est quoi tout ça!?
Il était tout près de la dite grille quand celle ci sauta et le minois d'une femme chauve se pointa dans l'ouverture. C'était une des filles qui assurait le service au salon de banquets.
Qu'est ce que tu fais là? Tu es une esclave en vadrouille ou quoi? Je suis sûr que si on te trouve là tu vas passer une très mauvais quart d'heure!
Elle lui décocha un regard enragé, très peu approprié à une pauvre créature placée au dernier échelon social.
Que...veux tu? Que me veux tu?
L'éclat de ces yeux bleus ne s'adoucit pas d'un poil, au lieu de cela il sentit qu'il le transpercerait comme pointe de lance. Avant qu'il ait songé à placer un mot de plus, l'inconnue lui débitait, à toute vitesse une histoire assez invraisemblable.
Et moi je gobe ça sans poser des questions?
Abreuvé de quelques noms d'oiseau pas trop seyants, il était à point de se fâcher tout rouge quand une autre tête, tout aussi chauve que la première apparut. Encore là, on y alla pas de main morte et il dût reconnaitre que des choses un peu bizarres se passaient dans ce coin de mer. Boissons trafiquées, puissantes drogues dans les aliments, sûrement dans le parfum de Nausicaa...et Neptune sait quoi encore.
Quand on toucha le point de son hypothétique et pas du tout engageant futur une fois son "devoir" accompli,cela lui fit envisager les choses sous une autre optique.
*Après tout, elle vont pas risquer leur peau pour me raconter une histoire à dormir debout juste pour le fun...*
Il prit la fiole qu'on lui tendait, promit de suivre les instructions données et les vit disparaitre rapidement...pour rester à se poser mille questions.
*Diables...quelle confusion!*
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| Sujet: Re: Les aléas du hasard... (fe) Mer 10 Fév - 13:56 | |
| Choquée était peu dire. Après avoir assisté aux mignardises dont son mari faisait l’objet, Eve demeura longtemps prostrée dès que le vent de la révolte cessa sous l’exemple d’Alix. Reprendre une activité « normale » aux cuisines s’effectua de façon machinale. La tête ailleurs, Mrs Von Falkenberg laissa ses mains agir en tentant de refouler les pensées insidieuses qui affluaient :
*Il ne m’a même pas regardée. Il est vrai qu’ainsi rasée je dois être affreuse. *
Mourir lui parut une voie idéale afin de s’échapper à cet enfer. Peut-être pourrait-elle voler un couteau et se couper discrètement les veines dans un coin ?
*Non ! Pas avant d’avoir réglé son compte à cette pistache ambulante en la lardant de coups*
Imaginer la reine avec un crâne chauve, entrailles à l’air, lui remonta le moral et l’aida à supporter sa condition. Quand le repos (nocturne ?) arriva, Eve ne douta pas qu’elle allait recevoir de la visite. Comme de juste, Alix se glissa à nouveau près d’elle et les esclaves filèrent s’enfermer dans les toilettes. Quel lieu singulier pour recevoir une étreinte réconfortante. En quelques phrases Alix se voulut rassurante et convaincante. Selon ses dires, les hommes n’agissaient pas volontairement. Etrange femme que cette Miss Blackstorm finalement. Elle avait déjà repéré un passage. La promesse de résister à tout ce qu’elles pourraient voir ou entendre durant leur escapade lui laissa néanmoins présager des choses désagréables. Elle ne se doutait pas à quel point elles le seraient. Dur de se glisser dans ce conduit d’aération. S’il était relativement large, sa hauteur laissait à désirer. Ramper n’était pas un sport auquel s’adonnait fréquemment la jeune femme. Docile, elle suivit le mouvement. Plusieurs dérivations au boyau obligèrent des hésitations. Selon l’ex-mangemorte, il fallait monter. Aussi dédaignèrent-elles les voies descendantes ou celles trop étroites. Soudain, celle qui la précédait se retourna :
Ferme les yeux. On continue.
Qu’avait-elle vu qui la force à… Incapable d’obéir, poussée par dieu sait quel démon, Eve tint à regarder. Mal lui en prit. Si elle avait espéré que son Max se contente de quelques bisous et caresses distribués par une des reines, force fut de constater qu’il la trompait, et avec un entrain joyeux, en plus.
*Maudite soit-elle, elle paiera.*
Impossible d’empêcher les larmes de couler. Amères, elles roulèrent en silence tandis qu’Alix poursuivait la reptation jusqu’à une autre grille où elle-même dut affronter les frasques de son fiancé. La confirmation de leur trahison respective n’empêcha pas l’exploration de continuer. A un moment quelque chose sembla captiver sa compagne d’infortune.
C’est un bureau ! J’y descends.
Tu es folle ! N’y va pas. Si on te pince…
Autant parler à une porte. Avec agilité, la grande ex-brune se glissa dans le local en contrebas une fois la grille éjectée à coups de pied. Restant dans le conduit, Eve se mit à prier tandis qu’Alix fouillait. Ce qu’elle y fabriqua demeura un mystère mais une retraite en catastrophe se produisit. Juste le temps de replacer la grille, ne voilà-t-il pas que les reines entraient dans la pièce. Retenant leur respiration, les fugitives ouvrirent grand leurs pavillons. Un dialogue des plus édifiants s’échangea. Plus les reines parlaient, plus Eve se décomposait. Le sort des maris et enfants n’était pas réjouissant. Jugeant en savoir assez, Alix décida de rebrousser chemin. Aussitôt la grille des toilettes fixée, Eve ne tint plus :
Tu as vu ? Tu as vu ce qu’ils font pendant que nous trimons et encaissons des coups ! Je te jure qu’ils ne l’emporteront pas au paradis. Dès que l’on sort de là, je divorce ! Mais ce que ces femelles réservent aux enfants est…
Sa compagne, nullement démontée en apparence, se montra d’un rationnel assez tranchant. Loin d’être affectée, elle entraîna Eve dans les cuisines pour une opération spéciale.
J’ai repéré diverses substances qui correspondent assez bien à celles de nos potions. Nous allons gentiment agrémenter les sauces à notre façon. Prépare ces flacons, suis mes instructions.
Où veux-tu en venir ? A quoi cela pourrait-il servir ?
Elle eut bientôt réponse à ses questions. Goûter de la pointe de la langue, flairer de multiples essences, transvaser, échanger des produits les occupa une grande partie de la nuit. Pas de temps de réfléchir beaucoup, écrasée de sommeil, Eve retrouva son lit où aussitôt elle s’endormit. Il lui sembla n’avoir fermé l’œil que quelques minutes quand le rituel quotidien s’instaura. Les complices furent souvent houspillées en raison de leur lenteur ainsi que certaines maladresses qui étaient soigneusement délibérées. Ainsi certains flacons dorés furent agrémentés. L’ennui est que l’on ne les remplaçait dans les chambres qu’en début de nuit. Eve aurait désiré pouvoir converser plus longuement avec Alix pour connaître ses plans mais les circonstances s’y prêtaient peu en journée. Quoiqu’il en soit, grâce aux astuces de la maîtresse en potions, les deux esclaves purent manger et boire sans souci de déclencher suspicions ou de subir les effets des drogues de soumission. Mille fois, des images cruelles hantèrent la jeune Eve. Ses idées de vengeance la soutinrent. Guettant l’arrivée d’Alix près de son lit, elle soupira d’aise en la rejoignant aux toilettes. Là, les instructions claires se débitèrent. Alix avait recopié un plan du royaume sous-marin. Elle paraissait très sûre d’elle et la poussa à la suivre dans le conduit. Avec réticence, Eve s’approcha de la grille qui scellait la chambre partagée par son mari et Nausicaa. Un coup d’œil la rassura. S’il n’était pas seul, heureusement point de galipettes. A l’entendre il n’avait pas soif et il refusa de prendre la boisson proposée. Un regard échangé avec Alix suffit à lui dicter sa conduite. Dès que Max fut seul, Eve s’approcha des fins barreaux :
Max, souffla-t-elle. Max, c’est moi, Eve.
J'hallucine ou rêve encore!
Non, idiot ! Je suis là, regarde l’aération.
La grille sauta. Eve y passa sa tête rasée.
Qu'est ce que tu fais là? Tu es une esclave en vadrouille ou quoi? Je suis sûr que si on te trouve là tu vas passer une très mauvais quart d'heure!
C’est toi qui va le passer, crétin !.
Que...veux tu? Que me veux tu?
Te prévenir, pauvre cloche, je suis ta femme! Pendant que tu prends ton pied avec cette femelle, je suis prisonnière. Alix est là aussi. Ces créatures ne te veulent pas de bien même si ça en a l’air. Dès qu’elles seront grosses, toi et Michael serez moins gâtés. Elles vous asservissent par des drogues. Ce flacon doré est bourré d’hypnotique. Tu ne dois pas en boire sans y mettre ça dedans avant !
Alix vint à la rescousse et confirma tous les points majeurs.
On n’a pas beaucoup de temps. Ta Nausicca t’a laissé tranquille pour débattre de trucs que l’on aimerait connaître. On s’en va mais je t’en conjure utilise cette potion ; tu y verras plus clair, j’espère !
La grille remise en place, les filles abandonnèrent Von Falkenberg à ses réflexions pour s’occuper de l’autre garnement qui subit à peu près le même traitement. L’abstraction de drogue dans les aliments semblait avoir déjà eu un effet positif sur les esprits masculins. Il fallut beaucoup de maîtrise à Alix pour repousser un Michael très éveillé qui voulait se joindre à elles dans leur expédition. D’autres potions se distribuèrent avec promesses de se revoir bientôt ; il était temps de gagner la salle de réunion. D’après le plan reproduit par Alix, celle-ci se donnerai encore plus haut dans le boyau. Y ramper leur demanda maints efforts et sueurs. Quand elles y parvinrent, le débat commençait. Sans doute avait-on prolongé les civilités de bienvenue ? Le fait est que les reines étaient assises face à un homme à très fière allure. Calypso soupira :
Très cher Lykos, tes propositions sont très flatteuses. Notre royaume aussi subit la dénatalité.
Vous avez besoin d’hommes et nous de femmes, ou est le problème ? Nausicca me plait depuis des années, toi aussi du reste, ma chère. Je me sens très capable d’avoir deux femmes à satisfaire.
Il se trouve que notre récente intervention en surface nous a ramené ce dont nous avons besoin…
Le géant musclé à la tignasse et barbe d’argent s’énerva :
Vous n’allez pas comparer les faveurs de pâles humains à celles que je pourrais vous donner ?
(Rire des filles)
Ils se débrouillent très bien, je t’assure que nous ne manquons de rien.
C’est la guerre que vous voulez ? Je peux, par la force prendre tout ce que je veux.
N’en sois pas si sûre. Nos guerrières valent les tiennes, et tu le sais. Je te suggère un autre marché… Dans notre pêche, se trouvaient deux enfants, des garçons… L’un est bébé, l’autre doit avoir six années terrestres. Je te les donne… en compensation.
Likos caressa sa longue barbe, manifestement alléché puis se dressa :
C’est insuffisant ! Il me faut des génitrices. Vos filles sont fécondes. Donne m’en cinq avec les gosses ! En échange je te donnerai un nombre équivalent d’étalons.
Les reines s’entreregardèrent, tentées. Calypso parut réfléchir un peu :
Des étalons… cinq… pourrons-nous les choisir ?
Qu’as-tu en tête ? Je te vois venir…
Mon cher, nous avons si peu de distractions. Il me semble raisonnable de comparer les… forces de tes hommes. Pas que je te croie capable de nous refiler des ganaches mais nous n’accepterons que les meilleurs, cela va de soi.
L’autre rigola grassement :
Tu veux les essayer, tous, avant ?
Les comparer, simplement. Nos étalons actuels affronteront ceux que tu jugeras nous octroyer. Nous garderons les vainqueurs. Tu choisiras les femmes comme tu l’entends. Qu’en dis-tu ?
Vu les boissons servies ensuite, un accord était conclu. Tandis que les monarques festoyaient, deux captives rebroussèrent chemin. Vite, deux billets se grattèrent donnant un résumé de la situation aux futurs gladiateurs. Une fois lancés par les grilles, les filles changèrent de direction. Alix poursuivait à présent un autre but qui les mena face à une pièce fourre-tout. |
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| Sujet: Re: Les aléas du hasard... (fe) Jeu 11 Fév - 18:44 | |
| Calypso était aux petits soins avec lui, pas de quoi s'étonner, depuis qu'il avait ouvert l'œil dans ce monde singulier le royal personnage ne lui ôtait pas les mains de dessus, peu importait qu'ils fussent seuls ou en plein banquet, Miss Pistache ne semblait pas se lasser de lui.
Le temps tournait à sa façon, réglé uniquement par les courtes (trop courtes!) heures de sommeil, les activités ludiques et les repas...et encore! Ambroisie par ci, étranges aliments par là, Michael se laissait aller joyeusement à sa condition de grand favori de la reine. L'autre blond n'avait pas l'air bien malheureux non plus...donc pas de souci...
Ou oui? Il avalait un mollusque nappé de sauce quand une singulière pensée l'assaillit...Que diables faisait il là à gober des trucs inconnus qui avaient un goût bizarre? Calypso dût déceler cet incertain changement d'humeur car elle s'empressa de lui proposer un autre met qui fut amoureusement fourré dans sa bouche sans lui demander son avis, au préalable. On versa du vin dans sa coupe et suivant la coutume, il en but une gorgée, le trouvant trop aromatisé.
Tiens! L'ambiance était tendue, au banquet, comme si un petit vent de panique planait sur la verte assistance. Michael fut assez conscient des regards échangés entre les reines, des bavardages quelque peu surexcités des autres dames et aussi de la courte durée de ce repas qui normalement s'étendait bien plus.
De retour à l'habitacle somptueux partagé avec Calypso, celle ci se montra peu encline aux habituels épanchements.
Je dois te laisser seul pour un moment, mon beau seigneur!, assura t'elle d'un ton chagrin en caressant ses cheveux blonds qu'elle semblait vraiment apprécier...ça devait la changer de tant de pistache et menthe.
Longtemps?
La belle interpréta cela comme de l'impatience quand en fait l'autre ne pensait qu'à quelques heures de sursis qu'il comptait employer pour un repos bien gagné.
Helàs! soupira t'elle.
Yeah!, pensa t'il.
Avant de partir, elle servit la sempiternelle coupe d'ambroisie et le quitta sur la promesse qu'il n'en laisserait goutte avant d'aller retrouver Morphée. Partie la reine, porte fermée à double tour, Michael s'assit sur le lit avec un soupir dépité, confronté à l'ennui, car là...il n'avait guère sommeil n'empêche que, faute de mieux, il finit par s'allonger...
Et puis quelqu'un dit son nom...et le répéta.
*Ça y est...j'entends des voix maintenant!*
De quoi se faire du souci pour ses conditions mentales mais voilà que cette voix venue de nulle part insistait et le ton était agacé.
*Une hallucination de mauvais poil, le comble!*
On le somma d'aller vers la grille d'aération et surtout de ne pas toucher à la coupe posée sur la table.
Qui diables me donne des ordres!?, gronda t'il.
On l'envoya se faire voir en enfer en réitérant l'ordre. Faute de mieux et surtout parce qu'il était curieux, Michael obtempéra.
La grille faillit lui tomber dessus et acte suivi une femme chauve aux yeux étincelants passa sa tête par l'ouverture. Il la reconnut, c'était l'esclave qui lui lançait des regards meurtriers.
Que signifie ceci!?
Son arrogance se vit pulvérisée par un éclat "laser" des ces prunelles bleu nuit, pas à dire celle là ne pigeait rien aux questions de hiérarchie.
Que fais tu ici, femme? Je ne pense pas que ta place soit...
Avant qu'il ne place un mot de plus, la gente demoiselle remit les pendules à l'heure. Chauve ou pas, elle avait un satané caractère et il faut dire qu'après ce qu'il entendit, Michael fut de l'avis de lui donner raison.
Récapitulons...tu es ma femme, moi en état de lavette, drogué et soumis? Euh...Vraiment? sers à...Ah bon! Elle veut des enfants...
Oui. Vraiment! La chose était claire. Ou il obéissait au doigt et à l'œil les directives données par cette énergique créature ou tout le monde était fichu, lui le premier...
Je préfère aller avec vous on finira plus vite.
Et il était tout prêt à la rejoindre mais elle le repoussa en lui donnant des explications plus que rationnelles et lui fourrant dans la main une fiole qui lui rendrait ses esprits.
Je veux...
Rien à faire. Instructions délivrées on le planqua là, grille remise en place, Michael n'eut d'autre recours qu'aller ruminer l'information reçue...après avoir donné bon usage à la fiole de potion.
Ce ne fut pas un Fiat Lux spectaculaire, genre miracle de la première heure, mais peu à peu, la vérité se fraya son petit bout de chemin dans son esprit de moins en moins embrumé.
La notion du temps se perdit en élucubrations plus ou moins tordues. La réception du billet glissé par la grille n'améliora en rien son état d'âme...
*Comme quoi, mon vieux, on continue avec la farce avant d'entrer à l'arène...Foi de De Brent, la prochaine fois je me contente avec un barbecue au jardin!*
À son retour, Calypso le trouva profondément endormi...Pas pour bien longtemps...La vie, c'est dur parfois...
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| Sujet: Re: Les aléas du hasard... (fe) Ven 12 Fév - 20:35 | |
| Ses connaissances profondes en potions conféraient un avantage indéniable à Alix. Très sûre d’elle, l’ex-mangemorte repéra les substances nécessaires à ses plans. Voir Michael, son Michael, s’adonner à des galipettes sous son nez l’avait terriblement affectée. Néanmoins une combattivité nouvelle l’habitait, et c’est avec délectation qu’elle savourait anticipativement sa vengeance. I ne fallait pas rêver, rien ne serait simple. Trop d’éléments manquaient encore avant de chanter victoire. Vu les forces opposées, les contrer d’un coup de baguette( inexistante du reste) tenait de l’illusion. Sans une préparation rigoureuse, le risque serait immense. D’abord il lui sembla judicieux de priver Max et Michael de l’influence des reines. Pas par pure jalousie mais surtout parce que quatre sorciers déterminés auraient plus de chance de récupérer les enfants et de ficher le camp. Eve la seconda efficacement à l’élaboration d’antidotes et autres potions. Leur labeur achevé, la cuisine remise en ordre, les filles gagnèrent un repos bien mérité qui s’avéra bref, tant pis. Jouer la comédie de la docilité passive réclama de la concentration. Chaque manquement étant sanctionné de coups de bâton, plus d’une fois Alix faillit se rebeller contre la chef aussi méchante que laide. Au moins il n’y avait pas de chouchoutes. Toutes étaient logées à la même enseigne sans favoritisme aucun. La terreur régnait en maître, Alix le comprit en tentant vainement de parler à l’une ou l’autre des esclaves. Si nulle n’osa lui répondre, au moins aucune ne la dénonça comme ayant enfreint la règle du mutisme. Peu après le rite du coucher, les complices se retrouvèrent prêtes à une autre expédition nocturne. Alix espérait ne pas se tromper.
Tu as entendu comme moi hier : ces reines vont recevoir de la visite. Il faut saisir notre chance. Max et Michael seront probablement abandonnés à eux-mêmes le temps de cette rencontre. Montre-toi convaincante auprès de Max. Raconte-lui tout. S’il t’envoie au diable… fais de même, sois ferme, Eve !
Ses calculs étaient bons. Appelant son mari à écouter, Eve se montra aussi persuasive que possible. Pourtant Von Falkenberg semblait encore réticent à gober le discours de sa femme. Alix s’en mêla en passant sa tête dans l’ouverture créée :
Les drogues t’ont ramolli le cerveau, Max ! Tu dois nous croire. C’est bien nous Eve et Alix, un poil différente *Tu parles de polis !*Michael occupe l’appartement voisin. On va aussi le « réveiller » Fais comme on t’a dit : ne bois ni ne mange rien sans prendre de cette potion. On te tiendra au courant.
Aborder Michael ensuite fut tout aussi « plaisant »… Michael, tu m’entends ? Viens près des barreaux, vite, NdD !
Presque l’assommer avec la grille chue fut un petit plaisir…
Que signifie ceci!? Que fais-tu ici, femme? Je ne pense pas que ta place soit...
Tu as raison, je n’ai rien à faire ici, toi non plus du reste mon cher futur époux. Ecoute, j’ai pas le temps de badiner. Toi et Max êtes en danger. Vos belles garces de reines rêvent que vous lui fassiez un gosse. Après ça, vous êtes cuits, bons pour l’esclavage ! Elles vous droguent à mort avec ambroisie et autres nectars. J’ai trouvé l’antidote. Bois-en avant d’avaler quoique ce soit.
Ces paroles sèches atteignirent leur but. Un peu déboussolé Michael arriva cependant à faire le point avant de décider :
Je préfère aller avec vous on finira plus vite.
Non ! Ton esprit n’est pas assez clair ; tu nous gênerais. Suis les instructions. Tu as deux flacons un pour résister aux drogues, l’autre pour endormir ta pistache d’amour. On te tiendra au courant.
Là-dessus, elles prirent la clé des champs, ou presque. Le plan du site qu’elle avait recopié et étudié lors de pauses pipi permit à Alix de s’orienter sans trop de difficultés. Bientôt des voix leur parvienrent, elles y reconnurent leurs rivales ainsi qu’un timbre très masculin. Une œillade à travers le grillage de temps à autres, une conversation très édifiante se révéla entre majestés en présence.
*C’est donc ça le nouveau plan de ces femelles ? Trier leurs étalons sur le volet, adopter le vainqueur ? Elles peuvent courir après la proie perdue !*
Jugeant qu’elles en avaient assez entendu, Alix décida de faire demi-tour. A la lueur émanant d’une chambre, elle écrivit à toute allure avec « papier et plume » volés dans le bureau dictant à Eve la réplique exacte de sa missive :
Mon chéri, bientôt ta reine va revenir vers toi. Prends l’antidote dans le flacon vert, verse le bleu dans une coupe et fais-la boire ; tu auras la paix pour la nuit. Elles veulent vous faire combattre des guerriers d’un royaume voisin. Les champions seront choisis en étalons. Tu dois être en forme pour gagner, ta vie en dépend. On s’occupe des enfants. Je t’aime.
PS mange ou détruits ce mot.
Les billets signés trouvèrent leur destinataire, Eve et Alix poursuivirent leur périple rampant :
J’ai relevé un endroit intéressant sur le plan. Si tu es fatiguée, bois ça.
Une gorgée plus tard les dissidentes remontées d’énergie s’affairaient ailleurs. Le lieu visé s’intitulait « vestiges » sur le graphique copié dans le bureau. Alix pria Merlin afin que son instinct ne la trahisse pas. La grille subit le même sort que les précédentes, elles descendirent visiter un étrange capharnaüm. Partout des piles d’objets hétéroclites s’amoncelaient. Ali Baba n’y aurait pas trouvé les 40 voleurs. Inimaginable ! Les reliques entreposées là dataient d’époques diverses. Du sabre pirate au pistolet mitrailleur en passant par des vêtements corsaires ou de militaires multinationaux, on trouvait de tout, en vrac.
Fouillons là-bas, ça a l’air d’époque plus récente.
La tâche semblait démesurée. Pas pour deux sorcières déterminées. Alix osa un « accio baguette » une vibration se répandit dans son corps comme si le bois enchanté l’appelait. Retrouver sa chère baguette réconforta Alix. Celles des autres furent localisées et récupérées rapidement ensuite.
Nous possédons nos armes favorites maintenant. Je sais que tu meurs d’envie de flanquer la pagaille dans ce royaume, ça va venir crois-moi. Michael et Max les auront aussi. Mais je veux voir Tanit maintenant.
Une autre progression à plat ventre s’effectua en douce. Longue fut la descente vers le local baptisé « nursery ». Au passage, les fugitives purent juger de l’étendue du domaine et de ses installations. Une machinerie gigantesque intéressa beaucoup Miss Blackstorm mais avant tout elle désirait s’assurer du sort des enfants.
C’est ici, souffla-t-elle à Eve. Regarde !
Au travers des barreaux, son cœur fondit devant les lits et berceaux. Ses anges dormaient, insouciants, sous la gouverne de deux femmes empâtées aux cheveux courts. Une séparation très nette existait entre les locaux, hélas. Les couchages douillets de Désirée et Tanit baignaient dans une clarté douce avec un défilé d’images marines au plafond et un œil attentif de la part de la nourrice tandis que les garçons, plongés dans l’obscurité sur de simple paillasse, ne bénéficiaient d’aucune attention de leur gardienne qui somnolait, baveuse.
*Mon Lucas, mon Kieran…*
Le cœur serré Alix eut du mal à refouler ses larmes. Si elle n’intervenait pas, bientôt ces chérubins seraient vendus au roi Likos. Sa décision s’arrêta, froide, concise :
Eve, tu t’occupes de la gardienne des filles. Je prends l’autre. Je sais ce que je fais.
Stupéfixer ces femmes ne prit qu’un clin d’œil. Aussitôt Alix bondit dans la salle. Couver Tanit de baisers, embrasser Désirée et Kieran en les laissant là s’avéra très douloureux. Le moment des retrouvailles n’était pas encore venu, elle avait une tâche pénible à accomplir. S’approchant du petit lit de Lucas, elle le réveilla doucement :
Mon chéri, n’aie pas peur, c’est maman.
Prompte, elle étouffa d’une main le cri ébauché :
Je sais, je suis différente. On m’a coupé les cheveux. Je te jure que c’est moi, l’ange au-dessus de la rivière, tu te souviens ?
Un « oui » muet et effrayé lui répondit.
Les dames d’ici sont méchantes. Papa n’est pas loin, il va venir bientôt. Tu es un bonhomme très courageux et je sais que tu voudrais défendre tes fères et sœurs
Et Tanit aussi, souffla le gamin.
Oui, mon chéri. Mais pas tout de suite. Tu es le plus grand, tu as un grand rôle à jouer. Je t’en prie ne m’en veux pas mais ce que je vais faire n’est pas amusant.
L’enfant cligna des paupières, interdit.
Tu vas être malade Lucas, très malade et Kieran aussi. Il le faut sinon ces femmes vont vous vendre à d’autres méchants. Tu comprends ?
Une profonde étreinte émue s’en suivit puis Alix leva sa baguette :
Dors mon ange ! Tout ira bien.
Repoussant ses larmes, elle rejoignit Eve dans le conduit. La fin de nuit serait une torture pour beaucoup… |
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| Sujet: Re: Les aléas du hasard... (fe) Jeu 18 Fév - 14:16 | |
| Pour une drôle de soirée, fallait dire que celle là était des plus réussies. Tiré de son bien mérité repos par l'apparition impromptue de celle qu'il tenait pour simple esclave, Max s'entendit traiter d'idiot et crétin ce qui n'avait pas été pour le mettre en joie mais à sa péremptoire question, Von Falkenberg un jour, Von Falkenberg toujours, de quoi on lui voulait, la chauve apparition n'avait pas lambiné en explications:
Te prévenir, pauvre cloche, je suis ta femme! Pendant que tu prends ton pied avec cette femelle, je suis prisonnière. Alix est là aussi. Ces créatures ne te veulent pas de bien même si ça en a l’air. Dès qu’elles seront grosses, toi et Michael serez moins gâtés. Elles vous asservissent par des drogues. Ce flacon doré est bourré d’hypnotique. Tu ne dois pas en boire sans y mettre ça dedans avant !
Soit, pauvre cloche ou pas, il avait pigé le message, surtout qu'une autre femme, qui dit se nommer Alix, lui tint à peu près les mêmes propos sur un ton peu amène. De quoi convaincre l'esprit le plus coincé. En tout cas le sien, encore un peu embrumé, se montra un peu obtus à la détente et une fois que les deux femmes eurent disparu, il resta là, à repasser en boucle leur singulier discours et optant, finalement, pour suivre leurs instructions quant à l'emploi de la fiole. Dire qu'une suprême et méridienne clarté s'établit dans son esprit au quart de tour serait exagérer mais cela fit quand même son petit bonhomme de chemin dans ses joyeuses ténèbres et une certaine logique s'instaura.
Naufragé. Prisonnier livré au bon plaisir d'une reine océanique et cela dans des fins douteuses, ce qui, en plus, s'il fallait croire sa visiteuse nocturne, le transformait en mari infidèle. De quoi réjouir n'importe qui! Il
Il était là, livré à ses réflexions quand un bout de papier fut passé par la grille d'aération. Un message. Nouvelles instructions? Fallait croire que oui.
Mon chéri, bientôt ta reine va revenir vers toi. Prends l’antidote dans le flacon vert, verse le bleu dans une coupe et fais-la boire ; tu auras la paix pour la nuit. Elles veulent vous faire combattre des guerriers d’un royaume voisin. Les champions seront choisis en étalons. Tu dois être en forme pour gagner, ta vie en dépend. On s’occupe des enfants. Je t’aime.
PS mange ou détruits ce mot.
Max relut ces lignes trois fois et faute de mieux, mastiqua allègrement le message et l'avala, comme ça on ne courait pas le risque de laisser des évidences. Si Nausicaa ne tardait pas à être de retour autant préparer la mise en scène. Le souvenir du naufrage le taraudait. Cela avait été un affreux cauchemar et tout pour finir dans cet endroit dément, au fond de l'océan...ça le consolait savoir que tous avaient survécu même si c'était dans ces conditions pénibles, l'idée d'avoir affronter Merlin sait quel guerrier maritime en combat n'était pas pour trop l'enthousiasmer mais enfin...
Nausicaa pénétra dans la chambre dont la lumière, doucement tamisée, lui permit de voir, dissimulé par les voilages diaphanes, son bel amant profondément endormi. Elle s'approcha d'un pas léger et le contempla longuement.
Te perdre briserait mon pauvre cœur, doux seigneur!, soupira t'elle, mais quels beaux enfants tu me feras en attendant!
*Tu peux toujours courir, Pistache!*
Feignant s'éveiller en cet instant, Max s'ébroua comme un chat et l'octroya d'un regard empreint de la plus pure innocence.
Déjà de retour?
Bah! Il était censé de sortir d'un profond sommeil, personne ne s'attendait à d'éloquents discours ni à des joies démesurées. En tout cas pas Nausicaa, qui sourit, attendrie.
T'aurais je manqué, beau prince?
Euh...je dormais!
Romantisme pur! Déjà elle se dépouillait de son léger vêtement et se glissait à ses côtés.
Ces devoirs du royaume t'ont certainement donné soif, ma reine, voudrais tu partager avec moi une coupe de cette ambroisie?
Qui pouvait se résister à ce regard si pur, si bleu, si doux et caressant? Pas cette reine d'Atlantia qui craquait pour les blonds. Sans que l'ombre d'un doute ne l'atteigne, elle but donc l'ambroisie...
Un petit bisou plus tard et elle se laissait mollement aller dans les bras de...Morphée!
Satisfait Max la regarda dormir (pour une fois!) et prenant son mal en patience, attendit la suite des évènements. |
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| Sujet: Re: Les aléas du hasard... (fe) Dim 21 Fév - 12:45 | |
| Suivre Alix dans les méandres des conduites ne fut pas une partie de plaisir. Heureusement les jeunes femmes avaient pu contacter leur bienaimé et tout laissait à supposer qu’ils effectueraient les recommandations à la lettre. Si tout allait bien, avant peu les hommes recouvreraient facultés et esprits. Ensemble alors les sorciers pourraient tenter de s’échapper. Contrairement à ce qu’elle avait supposé, Eve vit Alix descendre dans une autre pièce. Celle-ci étant bourrée d’un tas de trucs des plus simples au plus biscornus, l’ex-mangemorte n’en sortirait pas seule à fouiller ce bric-à-brac. Contrainte, Mrs Von Falkenberg se joignit à elle. Le plus silencieusement et minutieusement possible, elles déplacèrent un vaste ramassis d’objets hétéroclites. A croire que de nombreux naufrages datant d’époques révolues avaient été provoqués et les passagers des navires délestés de leurs biens. Alix semblait poursuivre un but précis : dénicher les baguettes magiques. A force de fouiller, elles mirent la main dessus. C’était vraiment une joie que de retrouver ces bois :
On devrait foncer dans le tas, maintenant, non ?
Non… Miss Bmackstorm la rabroua puis décida de poursuivre leur chemin après avoir rendu à la pièce son aspect antérieur à leur passage. Les femmes descendirent de niveau.
*Où veut-elle aller ? A la machinerie ?*
Encore raté. Le lieu visé n’était autre que la nursery. Au moins furent-elles rassurée en constatant que les enfants n’étaient pas maltraités. Certes les gamins paraissaient moins bien lotis que les fillettes mais dans l’ensemble ils allaient bien. La gardienne fut « endormie » Alix bavarda un peu avec le petit Lucas qui se montra très courageux quand sa « mère » lui appliqua un sortilège qu’Eve n’identifia pas avant de le quitter. Cette fois, les explorations s’achevèrent. A nouveau réunies dans les toilettes familières, les dissidentes tinrent conseil.
Qu’as-tu fait à Lucas ? Je n’ai pas compris.
La réponse la sidéra :
Quoi ? Tu lui as flanqué les symptômes de l’éclabouille ? Pourquoi ? Il va souffrir, et…
Les explications fusèrent, la rassurant à moitié. Alix était sûre d’elle, déjà ça de gagné. Maintenant il fallait dormir un peu car la partie à jouer le lendemain ne serait pas de tout repos. Or question heures de sommeil, elles en manquaient cruellement. A la courte nuit succéda un levé embrumé. Comme un automate, Eve exécuta les tâches commandées s’étonnant à peine de la quantité supplémentaire de nourriture à préparer :
*On aura en plus les fameux étalons à table, je parie…*
Alix joua probablement de sa baguette en douce car on les désigna à nouveau au service de l’étage. Effectivement quatre hommes supplémentaires agrémentaient les agapes. Nombres de femmes tentaient d’attirer leurs attentions tandis que Max et Michael conservaient celles des reines. A bien les observer, Eve remarqua cependant des signes réjouissants. Lorsqu’elle croisa le regard de son époux, elle aurait presque juré qu’il cherchait à lui faire passer un message muet. Amour, excuses, regrets, détermination ? Un peu de tout semblait-il. Risquant un faux pas, l’épouse délaissée involontairement obéit aux ordres d’Alix. Max, avec un seule mot soufflé : « attends », récupéra ainsi sa baguette rapidement glissée sous la nappe tandis qu’une poigne vigoureuse ramenait la fautive dans le droit chemin :
Quelle empotée ! L’autre nouvelle n’est pas mieux. Désolée mon chéri mais le personnel n’est plus ce qu’il est. Passons ! Que dis-tu de ce projet de lutte ? Excitant, n’est-ce pas ? Je veux que tu sois à la hauteur ; j’ai envie de te garder près de moi… toujours !
D’un air benêt à souhait, Von Falkenberg débita des âneries langoureuses qui faillirent faire sourire sa femme. De son côté Alix avait également réussi son coup. Maintenant les sorciers armés, la danse allait changer. Pas de suite, hélas. En plein banquet, une servante aux cheveux courts se présenta à Calypso en déployant maintes courbettes excusant le dérangement. De son coin en retrait, Eve reçut un clin d’œil de sa complice.
Qu’est-ce que tu chantes-là ? Malade, tu es sûre ? Qu’est-ce qu’il a ? Tu n’as jamais vu ça ? Tu radotes !
Presque en pleurs l’autre débita les signes plus qu’évidents aux sorciers : le gamin souffrait d’une maladie affreuse, pustuleuse et inconnue. Le regard de la reine en disait long sur son débat intérieur. Elle toisa tour à tour Michael et Alix, cherchant sans doute lequel des deux réveiller.
Toi ! dit-elle en désignant l’ex-mangemorte, ton fils est malade. Suis Sylvia, soigne-le et viens me rendre compte.
De Brent dut déployer beaucoup de sang froid pour résister à suivre sa fiancée. On pouvait le comprendre, il n’était pas au courant de la supercherie. Les festivités reprirent mais l’ambiance joyeuse était retombée. Lykos voulut en savoir davantage :
Tu as parlé de malade… Est-ce dangereux ? Contagieux ? Je te jure Calypso que si tu nous as retenu ici pour nous refiler une saleté, tu le paieras.
Mais non, voyons, quelle idée ! Nous nous portons tous bien, tu peux le constater toi-même.
Non loin, une des guerrières cria soudain en se frottant le bras :
C’est quoi ça ? Grande reine, je…
De belles pustules jaunâtres tranchaient maintenant affreusement sur son épiderme rougi par les frictions. Une autre se plaignit suivies par les invités eux-mêmes. Les reines s’énervèrent et bondirent vers des miroirs. Avec soulagement, elles constatèrent l’absence d’éruption chez elles contrairement à tous les autres aquatiques.
Vous nous avez trahis, entraînés dans un traquenard, hurla le roi démangé.
Imbécile, bien sûr que non ! Nous ne comprenons rien. Nos femmes sont atteintes aussi, répliqua Nausicaa verte de rage.
Les seuls autres intacts furent dévisagés avec suspicion. Craignant de voir sa beauté ravagée, Calypso versa un liquide dans des coupes qui se tendirent aux trois sorciers en place.
Buvez et expliquez-nous ce qui se passe !
Très rapide, Eve fit semblant d’avaler sa coupe et créa la diversion prévue avec Alix :
Oh… Mais que… Max, mon chéri, tu es là ? Où sommes-nous ? Euh… Bonjour… qui êtes-vous ? Pourquoi me regardez-vous ainsi, mais… Ô merlin ! Vous avez tous l’éclabouille, ma parole ! C’est très grave ! Pauvres gens, je…
L’écla quoi ? gronda Nausicaa. Ça se soigne au moins ?
Peutt… Peut-être… se navra faussement Mrs Von Falkenberg qui se tourna vers les « désenvoutés »
Vous y connaissez quelque chose ? Moi pas… Vous le savez.
Les deux hommes réagirent comme souhaité en s’étonnant d’abord d’être là puis sur cette maladie galopante. Alix rentra en scène alors. L’air hagard, elle joua aussi le jeu de l’incompréhension jusqu’à ce que, agacée, Nausicaa lui donne le breuvage à boire.
Michael ? Max, Eve, mais…
Elle porta la main à son crâne dégarni et fit semblant( ?) de s’emporter sur les reines qui haussèrent les épaules :
Vos cheveux repousseront. C’est une mesure d’hygiène imposée en ce lieu. Nous savons ce que vous êtes tous les quatre. La maladie est ici par votre faute. Comment soigner nos hôtes et nous prémunir nous-mêmes ?
La solution s’imposa : repos pour tous et isolation stricte afin d’éviter la propagation du mal. Un bref conciliabule fut autorisé entre les sorciers, juste le temps qu’Alix délivre ses instructions. Lorsque les aquatiques furent mis au courant, leur mine s’allongea :
Vous tenez vraiment à ce que l’on ferme toutes les issues et les vérifier ? Mais…
Pas à dire, le plan d’Alix frisait le diabolique. Il ne manquait que quelques détails à son relevé des lieux : les issues extérieures. Avec ces mesures drastiques, tous connaîtraient bientôt la meilleure voie à emprunter pour sortir de là. |
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| Sujet: Re: Les aléas du hasard... (fe) Mer 24 Fév - 1:47 | |
| La douce main de Calypso dans ses cheveux ne le ramena pas, comme elle le supposait, d'un sommeil reposant mais de profondes réflexions mais à la guerre comme à la guerre, il prit son air le plus angélique et feignit s'arracher aux bras de Morphée, à la grande joie de son océanique majesté.
Continuer à tromper Alix de cette façon impudente ne le tentant guère, il joua de la ruse pour amener la reine à boire l'ambroisie aromatisée de narcotique avant de se montrer enjoué et l'inviter à s'allonger auprès de lui, chose qu'elle agréa en toute joie de coeur, anticipant des doux plaisirs qui ne vinrent qu'en rêve, la potion avait fait son effet de façon assez fulminante. Connaissant Alix et ses mixtures, il savait le résultat assuré pour le reste de la nuit et put essayer de dormir à son tour même si cela s'avéra assez difficile.
Quelques heures de paix ne nuisant à personne, Michael se réveilla le lendemain, se sentant frais et dispos, pas ainsi Calypso qui se plaignit de mal de tête et ne songea même pas à s'engager dans ces jeux qu'elle jouait si bien. Il ne s'en plaignit pas le moins du monde, se contentant de poursuivre avec son rôle d'envouté à demeure.
Nous y remédierons plus tard, doux seigneur, je me sens étrangement fatiguée!
Il sourit navré et la regarda avec des yeux de merlan frit ce qui bien entendu fit fondre toute suspicion et lui assura une paix relative pour arriver, intacte son intégrité de fiancé aimant, à l'heure du banquet.
Suivant son ineffable guide vers le lieu bien connu, Michael gambergeait toujours, se demandant quelles nouvelles surprises lui déparerait cette journée. Il en fut pour se frais.
Il y avait du monde dans le grand salon destiné aux agapes royales. La jumelle de sa belle Pistache se trouvait là avec un Max qui avait l'air assez ennuyé, les bien connues dames à la verte chevelure et quatre types inconnus au bataillon qui ne pouvaient être que...
Lykos, mon ami!
Donc...Lykos et ses trois guerriers, ceux que les deux ex- Serpentard devraient affronter en duel. Un coup d'œil de biais à Von Falkenberg l'informa que lui aussi faisait un bilan serré des possibilités qu'ils auraient de ne pas s'en tirer bons à nourrir les poissons de ces abysses mystérieuses.
Grands, solidement bâtis...dans de la pierre (massifs, quoi!), l'air féroce, sûrement nourris au requin et la murène, ils sourirent, carnassiers en montrant leurs dents assez pointues, ce qui laissait de quoi se faire une idée quant à une possible ascendance triton.
*On est fins, là...ils vont nous réduire en charpie!*
Un petit coup de pessimisme compréhensible, vu la situation. Max et lui donnaient la taille mais là, la joute serait tout moins, fair play...et ces quatre là, qui couvaient déjà les reines d'un regard de convoitise, ne se laisseraient pas faire facilement.
Le banquet débuta pourtant sous de joyeux augures. La bonne humeur régnait et tant Calypso comme sa sœur Nausicaa semblaient prendre un malin plaisir à démontrer qu'elle tenaient à leur blonds favoris, ce qui bien sûr n'était pas pour plaire au tel Lykos et à ses gars. Les autres femmes là réunies, rivalisaient de grâce pour attirer l'attention des visiteurs mais ceux là, jouaient les indifférents.
Tu seras mon champion et je te garderai pour toujours!, susurra Calypso d'une voix éprise, à son oreille.
Il débita quelque niaiserie mièvre mais déjà commençait le service. Alix et Eve étaient de la partie. Un regard en douce suffit pour se comprendre...
Et hop, voilà qu'il était près de se prendre u plateau sur la tête lorsque sa belle trébucha, tombant presque sur lui...le temps de lui glisser sa baguette dans la main et lui souffler un "Attends!".
Il dut feindre indifférence quand on malmena un peu son Alix en la traitant d'empotée...mais ce n'était que partie remise. Ils étaient en possession de leur baguettes à présent, le temps de patienter un peu et la situation changerait de façon radicale.
L'apparition d'une femme très énervée que personne ne s'attendait à voir là, provoqua un revirement d'humeur après qu'elle eut soufflé quelques mots à l'oreille de Calypso qui s'écria, hors d'elle:
Qu’est-ce que tu chantes-là ? Malade, tu es sûre ? Qu’est-ce qu’il a ? Tu n’as jamais vu ça ? Tu radotes!
L'autre fondit en larmes en assurant ne rien comprendre, que l'enfant était malade de quelque chose de jamais vu...pour Michael comme pour les autres sorciers, c'était assez clair.
*Quel enfant, par Merlin?*
Mais déjà, après les avoir dévisagés Alix et lui, elle choisit la jeune femme:
Toi ! Ton fils est malade. Suis Sylvia, soigne-le et viens me rendre compte.
Il était censé de ne rien piger et se força, la mort dans l'âme à suivre les faits comme si cela ne le regardait pas.
*Lucas ou Kieran...Impossible autrement...*
Alix partie à la suite de la femme. les festivités reprirent leur cours, mais l'effet était ruiné. Lykos, ne semblait pas du tout rassuré quant à la suite des évènements.
Tu as parlé de malade… Est-ce dangereux ? Contagieux ? Je te jure Calypso que si tu nous as retenu ici pour nous refiler une saleté, tu le paieras.
On essaya de le rassurer mais voilà qu'un des femmes se plaignit des mêmes symptômes...et elle ne fut pas la seule. Au bout d'un instant, tout ce beau monde se grattait joliment...le royal hôte et ses braves, inclus, criant trahison à tous azimuts. Les seules qui semblaient jusque là hors d'atteinte étaient les reines.
Enragée de ne rien comprendre, Calypso réclama des explications et pour cela servit aux trois sorciers présents trois coupes où elle avait mêlé quelque potion de sa composition.
Buvez et expliquez-nous ce qui se passe !
Diligente, Eve fit semblant d'avaler la mixture et créa une superbe diversion en feignant un retour à la réalité, tandis que Max et Michael se dépêchaient de faire disparaitre le contenu de leurs coupes.
Ô merlin ! Vous avez tous l’éclabouille, ma parole ! C’est très grave ! Pauvres gens, je…
Si la situation n'avait pas été si précaire Michael aurait volontiers applaudi cette prestation surtout quand en se tournant vers son mari et lui, elle demanda d'un air innocent:
Vous y connaissez quelque chose ? Moi pas… Vous le savez?
Michael prit son plus air abasourdi, se passa la main dans les cheveux et jeta un regard interloqué autour de lui.
On est où? Qu'est ce qu'il se passe? Diables, Eve et tes cheveux? Où est Alix...Alix?...Quoi? Qu'est ce que vous me chantez là?
Coup d'œil aux pustules des présents, recul d'un pas.
Par Merlin, ils ont tous l'éclabouille!!! On a eu un copain à l'école, t'en souviens Max...Julius machin chose...le pauvre...beurk...Euh...non pas la moindre idée de comment on soigne ce truc...Suis pas toubib, moi!
Alix revenant, elle joua sa petite comédie du "réveil".
Michael ? Max, Eve, mais…
Et de s'emporter en constatant qu'au lieu de ses belles boucles ne restait qu'un crâne chauve ce qui ne démonta pas outre mesure les jumelles dont la seul préoccupation était de ne pas s'infecter à leur tour...avec raison, le jaune des pustules jurerait affreusement avec le pistache de leurs cheveux!
Nous savons ce que vous êtes tous les quatre. La maladie est ici par votre faute. Comment soigner nos hôtes et nous prémunir nous-mêmes ?
Michael ne se priva pas d'un sourire mauvais et foudroyant Calypso d'un regard haineux.
Bien sûr...Tu veux pas la lune tant que tu y es?
Alix n'y alla pas par quatre chemins et délivra son conseil, qu'il faudrait suivre, faute de mieux: repos et isolation.
Laisse nous parler un instant!, exigea t'il en s'approchant d'Alix, nous ferons ce qui sera en notre pouvoir pour vous aider...
Les deux reines ne purent qu'acquiescer surtout que Lykos, ses guerriers et le reste de la cour ressemblaient à des sacs à puces, se lamentant profusément.
Enfin réunis, les quatre sorciers s'écartèrent un peu des autres.
Je suis heureux de vous savoir tous sains et saufs...mais Alix...c'est quoi cette histoire? Qui est malade? Lucas...Kieran aussi, pauvres petits...Oui, je sais que tu m'expliqueras plus tard... Maintenant dis nous...quel est ton plan?
En peu de mots, elle les mit au courant de son plan, qui était d'une diabolique simplicité mais déjà on mettait fin à leur bref entretien et les reines réclamaient une rapide mise au point.
Vous tenez vraiment à ce que l’on ferme toutes les issues et les vérifier ? Mais…
Pas de mais qui tienne, ou vous nous laissez agir comme il se doit ou cette maladie se propagera partout et vu cette étrange ambiance elle pourrait subir Merlin sait quelle mutation, ce qui la rendrait cent fois plus dangereuse...et bien entendu mortelle!
De quoi accélérer les décisions mais bien entendu océaniques ou pas, avec ou sans éclabouille, ni Calypso ni sa sœur n'étaient nées de la dernière marée. Bien malgré eux, le quatuor à peine retrouvé, on les sépara de nouveau. Des escortes formées de quelques guerrières marines pas encore malades, munies de beau tridents pointus, assurèrent la sécurité royale alors que chaque reine prenait la tête d'un groupe.
Michael et Max, le cœur serré, virent disparaitre leurs femmes au détour d'un couloir. L'inspection fut vite menée, sans perdre détail de leur parcours et surtout de l'emplacement exact des ces fameuses issues.
Fini cet intéressant parcours, on les ramena à leurs "appartements". Calypso qui avait tenu à rester avec Michael, malgré l'air franchement hostile que celui ci arborait, ferma la porte...à double tour et rangea la clé.
Cela ne change en rien ta situation, mon doux seigneur...
Trêve de simagrées...à quoi crois tu qu'on joue, là?
Tu es l'homme que je veux!, assura t'elle entêtée, et j'arrive toujours à mes fins.
*Cours toujours, ma jolie!*
Ici, tu serais le roi, tu aurais tout le pouvoir voulu...et je serai avec toi!
Il sourit mauvais.
Et on fait quoi avec ta sœur? Parce que si je règne avec toi, je ne tiens pas à partager!
Qu'elle pense ce qui lui plairait, il devait la faire baisser la garde et ravie de cette espèce d'acceptation, la belle aux cheveux pistache n'hésita pas à lui prouver sa joie. Le faire boire l'ambroisie fut le pas suivant, la lui faire partager celui qui suivit.
Suis plus malin que toi, Miss Pistache!, rigola Michael en la déposant sur le lit, profondément endormie.
Il ne restait plus qu'à attendre. Si tout allait comme prévu, quelque chose ne tarderait pas à se passer.
Mortelle attente! Enfin, quand il n'y croyait presque plus, la grille d'aération fut poussée et Alix passa la tête par l'ouverture. En deux bonds, il l'avait rejointe. Derrière elle, Eve demandait à son mari de taire ses amères plaintes sur l'étroitesse du conduit.
Ben on sera deux à en voir des belles!, se résigna Michael non sans avant avoir octroyé la femme de sa vie d'un baiser inoubliable, je doute pouvoir le faire dans ce...tube!
La suite fut réjouissante. Emboutis comme des sardines en boîte dans le conduit, les quatre entreprirent une longue et assez douloureuse reptation.
Mince...c'est pire qu'un mauvais transplanage! Aouch, mon crâne!...Zut Alix! tu viens de me ficher ton pied sur le nez...Allez, poussez pas là!
Merlin soit loué, Miss Blackstorm avait prévu ce genre d'échanges verbaux et protégeait leur étrange progression d'un bon Assourdiato, ce qui au moins leur laissa le loisir de jurer allègrement...en supposant que cela soulagerait quelque chose!
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| Sujet: Re: Les aléas du hasard... (fe) Jeu 25 Fév - 22:43 | |
| Son stratagème avait fonctionné à la perfection. Persuadées qu’une infection galopante allait ternir leur beauté, les reines marchèrent à fond allant même jusqu’à libérer les sorciers de leur emprise. Un jeu d’enfant que de leur faire gober ça après avoir assaisonné les plats de la majorité des convives à la sauce Alix. Comme prévu la mère des enfants dut se rendre à la Nursery. Elle fit mine de beaucoup s’inquiéter de la santé des garçons tout en rassurant Lucas au mieux :
Tu es très courageux mon fils. Ça gratte beaucoup mais ça ne durera pas. Fais semblant d’avoir très mal, c’est un jeu.
Aux gardiennes elle parla d’un ton affolé :
C’est l’éclabouille. C’est terriblement contagieux. Ecartez-vous ou vous serez contaminées.
Les femelles apeurées reculèrent.
Il leur faut beaucoup de soins, laver leurs croûtes avec de l’huile douce. Je m’en chargerai si.. . L’une d’elles la bouscula d’un coup de trique :
On remonte ! Tu t’expliqueras là-haut.
Soi-disant soumise, Alix abandonna à nouveau les enfants et affronta les reines en feignant l’étonnement. Regardant Eve avec effroi, elle se passa la main sur le crâne, y découvrant sa calvitie :
Mes cheveux, qu’avez-vous fait à mes cheveux ?
Vos cheveux repousseront. C’est une mesure d’hygiène imposée en ce lieu. Nous savons ce que vous êtes tous les quatre. La maladie est ici par votre faute. Comment soigner nos hôtes et nous prémunir nous-mêmes ?
Par notre faute ? s’indigna Alix. Par la vôtre oui ! De quel droit nous traitez-vous ainsi ? Il n’y a pas de remède connu à l’éclabouille. Tous vous l’attraperez, et ce sera justice ! Si vous ne tenez pas à en crever repos et isolation sont indispensables. Il faut oindre les zones irritées avec des huiles que je pourrai préparer.
C’est ça, et puis quoi encore ? tu pourrais tenter de nous empoisonner.
Je les testerai sur les enfants. Vous verrez bien…
Son Michael intervint fermement :
Laisse nous parler un instant!, nous ferons ce qui sera en notre pouvoir pour vous aider...
Evidemment, ce fut accordé. Très vite, les sorciers se groupèrent, il souffla :
Je suis heureux de vous savoir tous sains et saufs...mais Alix...c'est quoi cette histoire? Qui est malade?
Tes garçons.
Lucas...Kieran aussi, pauvres petits...Oui, je sais que tu m'expliqueras plus tard...
Comptes-y, mon chéri. Ce n’est pas la vraie maladie. Ils vont bien.
Maintenant dis nous...quel est ton plan?
J’ai rien trouvé de mieux pour leur flanquer la trouille. Elles ne nous laisseront pas à quatre. J’ai le plan du site mais pas les issues. D’où l’idée de les forcer à nous les montrer. L’air qui circule ici est aseptisé ; elles ne couperont pas les conduites. C’est par là que l’on vous retrouvera. Elles vous drogueront probablement à nouveau. Usez des fioles !
Son regard bleu nuit se planta dans les yeux de De Brent lui assurant de « douces » représailles en cas de manquement. Le conciliabule ne pouvait durer. Ensemble ils se tournèrent vers leurs hôtes. Alix parla :
Vous devez clore les issues. Il n’est pas question que quiconque entre ou sorte tant que la quarantaine ne sera pas levée. Nous tenons à assister à leur bouclage hermétique. Nous vous y aiderons au besoin.
Michael y alla de son mot auquel Calypso répliqua :
Vous nous prenez pour des idiotes ? Pas question de vous laisser déambuler ainsi à quatre. Les femmes allez-y. Vous, vous restez avec nous.
Pas folle la guêpe ! Elle devait se douter qu’en gardant hommes et enfants en otages, les filles ne s’évaderaient pas. Comme prévu un groupe de guerrières escorta Alix tandis qu’un autre se chargea d’Eve. La fiancée de Michael avait toute confiance en la jeune Mrs Von Falkenberg. L’ayant formée en potions, elle lui savait la mémoire prodigieuse. Il n’y avait pas à douter qu’elle ferait un rapport précis sur ce qu’elle verrait. Mentalement, Alix analysait le parcours dans les couloirs, le comparant à celui du plan des installations enregistrées par ses soins. Son groupe rencontra trois issues à des niveaux inférieurs. Aucune explication sur ce à quoi correspondaient ces portes ne fut délivrée volontairement. La baguette régla le problème par un impero très réussi. Nantie des précieux renseignements, elle approuva ( en en comprenant le fonctionnement) l’isolation des sorties. On la ramena ensuite au salon où, seule, Nausicaa l’attendait :
Tout est en ordre alors ? Tu vas fabriquer ton huile tout de suite. Au moindre faux pas, les enfants trinqueront, compris ? Tu travailleras seule, ta copine est retournée aux cuisines. Si tu as besoin de quelque chose, Nymphéa te le fournira. Dépêche-toi, le roi se gratte comme un possédé, il est furieux.
Riant sous cape, Alix suivit sa gardienne assignée vers une sorte de laboratoire ; l’endroit rêvé pour y concocter ses mixtures. Bien aménagé et achalandé, l’intérieur révéla un attirail prometteur. Nymphéa ne sut jamais ce qu’elle y prépara puisqu’un stupéfix la frappa sitôt la porte refermée sur elles. Aussi rapidement qu’elle put, l’ex-mangemorte repéra les substances les plus adéquates à ses projets. Les huiles calmantes s’élaborèrent très facilement. Les autres substances requirent du temps. Mais en moins de deux heures tout fut prêt, elle put réveiller sa gardienne, faire mine de travailler un peu puis porter le fruit de son labeur à la Nursery où elle oignit soigneusement le corps des garçons tenus en grand isolement.
Ça va mieux, mon chéri ? Tu vois ça ne chatouille plus.
Se tournant vers une des nounous, elle s’informa :
On les a nourris au moins ?
Trop peureuses d’attraper le mal bizarre, personne ne les avait approchés, c’était à prévoir.
Je vais le faire. Vous avez intérêt à ce qu’ils ne soient pas négligés sinon je ne préparerai plus de calmants, est-ce clair ?
Tout baignait. Les flacons d’huile furent portés aux reines tandis qu’Alix – soi-disant droguée-regagnait ses tâches ordinaires. Un des avantages de cette « maladie » fut qu’il n’y eut ni banquet, ni luttes ce soir-là. Le travail aux cuisines en était donc allégé. Quelques gardiennes, des chapardeuses, avaient attrapé des pustules, chacun tentait de se tenir à distance des autres, on envoya la chiourme au dortoir bien plus tôt que d’habitude. Dès que leurs compagnes d’infortune dormirent, Eve et Alix se glissèrent dans l’aération. Max fut récupéré au passage avant d’aller chercher Michael. Assez satisfaite de voir Calypso ronfler gentiment, Alix se montra moins froide avec son futur époux qu’elle gratifia d’une étreinte avant d’expliquer brièvement :
Nous allons nous rendre dans la salle des machines. De là, nous disperserons un composé volatile de ma composition. Tous dormiront profondément et nous pourrons aller récupérer les enfants avant de filer. Je passe la première, je sais où c’est.
Le baiser octroyé par son fiancé la réchauffa pleinement. La longue descente vers les installations motrices débuta avec les grognements et jurons des hommes dont les carcasses s’accommodaient mal avec cet environnement restreint. Vive l’assurdiato ! Arrivés à la salle visée, il fallut d’abord s’assurer qu’aucune présence ennemie n’y régnait. Avec prudence, un à un les sorciers descendirent dans le « cœur » de l’antre marin. Des fioles se tendirent, on examina les lieux. Là Alix devait se fier aux hommes pour tenter de comprendre où se trouvaient les pompes à air… |
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| Sujet: Re: Les aléas du hasard... (fe) Ven 26 Fév - 21:51 | |
| Comme suite des évènements il s'était attendu à un peu mieux que rester le reste de la nuit à regarder le plafond en écoutant Nausicaa ronfler doucement...Oui, même les reines aux cheveux pistaches ronflent de temps en temps. doucement, poliment...majestueusement!? Le sommeil dût le vaincre à moment donné parce qu'il venait d'apercevoir la piste en pleine savane et allait poser le vieux coucou quand une légère secousse suivie d'une alanguissante caresse à ses cheveux le fit atterrir...ailleurs, pour découvrir une paire d'yeux verts qui le couvaient d'un regard adouci.
Il semblerait que nous avons longtemps dormi!, dit elle avec une petite moue boudeuse.
Il faut quand même se reposer de temps en temps, ma belle.
Et de s'accommoder plus confortablement et refermer les yeux dans l'espoir de la voir l'imiter. Il fut agréablement surpris par sa réaction, au lieu de protester et essayer de le ramener sur le droit chemin du devoir à accomplir, elle se laissa sagement aller sur les oreillers en soupirant et avouant avoir une inexplicable migraine. Homme pratique jusqu'au bout des ongles, il lui offrit un peu d'ambroisie lui assurant que cela ferait des merveilles sur ce malaise si désagréable. Regard d'agneau amoureux et sourire béat à l'appui, Max l'aida lui même à porter la coupe aux lèvres puis accommoda les oreillers sous sa verte tête. Elle souriait en fermant les yeux et deux minutes plus tard repartait pour un petit trip des plus reposants.
Réveil en fanfare pour être à temps pour les agapes du jour. Pas le temps de cajoleries. Ce jour là, il y avait des invités de marque, impossible de les faire attendre. Se feignant navré, il la suivit, docile comme un gentil toutou, le long des couloirs jusqu'à la salle des banquets.
Se trouvaient déjà là, en plus des dames de la cour avec leur gamme de verts étalée en toute splendeur pour les beaux yeux des quatre individus qu'il ne connaissait ni de cette vie ni d'une autre. Des costauds tout en muscle et l'air aussi commodes qu'une horde de méduses australiennes. Le boss de ce groupe de scouts maritimes se détacha du groupe et vint au devant de Nausicaa en lui coulant un regard de conquérant pour juste après jauger Max d'un œil d'expert, comme s'il calculait en combien de coups il pouvait le réduire en bouillie pour requins bébé.
Ainsi le voilà, ton champion!
À en déduire qu'il ne le considérait pas rival pour lui mais Max n'était pas d'esprit à le détromper même s'il s'arrangea pour prendre un petit air vexé qui attendrit follement sa reine.
Cher Lykos, jouissons plutôt d'un délicieux repas!
Quelle diplomatie! Déjà entraient en scène Calypso suivie d'un Michael réfléchi et on donna cours aux réjouissances de rigueur. Lykos occupait une place d'honneur mais n'arrêtait pas de les lorgner méchamment, eux, pauvres infortunés, qui avaient droit aux câlins et moumours de ce deux reines qui semblaient ravies de le faire verdir de jalousie, ce voisin des profondeurs océaniques.
*Si on t'égorge plus tard, t'étonne pas, mon pote*
La bien connue valse du service commençait. Son Eve chérie et Alix, actrices consommées entre autres talents, exercèrent leur gaucherie avec une science époustouflante, du jamais vu dans le coin et sûrement passible de prison...Quoiqu'il en soit après un superbe faux pas, sa blonde... bon, sa chauve épouse lui tomba pratiquement dans les bras, ce qui n'était pas prévu au spectacle et éveilla la colère de Nausicaa:
Quelle empotée ! L’autre nouvelle n’est pas mieux. Désolée mon chéri mais le personnel n’est plus ce qu’il est. Passons ! Que dis-tu de ce projet de lutte ? Excitant, n’est-ce pas ? Je veux que tu sois à la hauteur ; j’ai envie de te garder près de moi… toujours !
Ah...lutte. Oui, très excitant.
*Surtout que c'est pas toi qui la risques, la peau!*
Qu'elle veuille le garder toujours à ses côtés avait quelque chose de flatteur tout de même, mais il n'était pas à ces considérations près, lors de sa chute, Eve lui avait glissé sa baguette dans la main en lui murmurant un "Attends" qui sonnait à musique céleste.
*On va les remettre à l'heure, les pendules!*
Fort de cette idée, il répondit de son mieux aux requêtes de la belle aux cheveux pistache, se découvrant un génie sûr pour débiter plus de niaiseries que permis...mais enfin, c'était pour une bonne cause!
Comme divertimento on eut droit à l'apparition d'une femme en lamentable état de nerfs qui murmura quelque alarmante nouvelle à l'ouïe de Calypso qui hurla quelque chose sur une maladie jamais vue et allez savoir quoi, Nausicaa était très occupée à lui détailler ce qu'ils feraient une fois la corvée du repas finie. Mais en vue de l'émoi général, Max opta pour suivre les évènements de son mieux. Un des enfants était malade. Ses pensées s'envolèrent d'immédiat vers sa fille mais la suite le rassura...à moitié.
La reine désigna Alix et l'envoya soigner son fils...or les seuls "fils" de l'ex-mangemorte étaient ceux de Michael. Il coula un regard en biais vers celui ci et devina l'effort fait pour ne pas bondir à la suite des femmes qui sortaient. Ils échangèrent un très bref coup d'œil et on continua avec la comédie.
Lykos écumait de rage, culpabilisant les reines de quelque intrigue tordue et au milieu de sa déclamation outragée se répandait la voix de contagion fulminante. D'avoir pu, Max se serait tordu de rire en voyant tout ce beau monde affublé d'horribles pustules jaunâtres d'aspect plus que degoûtant. Le roi hurlait trahison en se grattant comme un babouin plein de poux. La scène tournait au cirque grotesque, les reines réclamaient miroirs pour juger les possibles atteintes à leur beauté qui demeurait, jusque là, intacte.
Calypso perdait la tête, sans pouvoir trouver d'explication elle les réclama aux seuls coupables possibles: les derniers naufragés. Évidemment en cet état de pré-lavette consentante où ils étaient supposés de se trouver, favoris et esclave étaient loin de pouvoir en fournir. Potion de réveil à la clé et les voilà tous prêts et dispos à se rappeler même de leur petite enfance.
Eve en joyeux retour à la conscience ne se gêna pas pour donner le nom de la maladie...ni plus ni moins qu'une magnifique éclabouille.
Jouant à son tour le rôle de celui qui émerge enfin des ténèbres, Max opta pour rejoindre sa femme, sauf que Nausicaa ne l'entendait pas de cette oreille et le retint, possessive.
Dis moi d'abord...que se passe t'il?
Ben tu as bien entendu, vous avez chopé l'éclabouille...Oui, Michael je me souviens du pauvre Julius...quelle mort horrible!
De quoi en consterner plus d'un, les glapissements reprirent de plus belle et Nausicaa s'accrocha encore plus fort à son bras.
Suis pas antidote!
Surtout qu'Alix entrant en scène, jouait son rôle de désenvoutée et envoyait les reines au diable mais Calypso ripostait, outrée:
La maladie est ici par votre faute. Comment soigner nos hôtes et nous prémunir nous-mêmes ?
Elle en avait des bonnes, celle là! Mais s'en prendre à Miss Blackstorm n'allait pas sans mal.
Par notre faute ? Par la vôtre oui ! De quel droit nous traitez-vous ainsi ? Il n’y a pas de remède connu à l’éclabouille. Tous vous l’attraperez, et ce sera justice ! Si vous ne tenez pas à en crever repos et isolation sont indispensables. Il faut oindre les zones irritées avec des huiles que je pourrai préparer.
L'autre de penser, avec justice, qu'on pourrait l'empoisonner et Alix de la rassurer en disant qu'elle testerait le tout sur les enfants. On ne la supposa pas dénaturée et cela suffit pour convaincre les monarques d'Atlantia.
De Brent réclamant droit de réunion qui leur fut accordé, les quatre sorciers se retrouvèrent en tête à tête, pas le temps de repentirs sincères et autres, Alix les rassura quant au sort des enfants et passa à exposer rapidement son plan.
J’ai rien trouvé de mieux pour leur flanquer la trouille. Elles ne nous laisseront pas à quatre. J’ai le plan du site mais pas les issues. D’où l’idée de les forcer à nous les montrer. L’air qui circule ici est aseptisé ; elles ne couperont pas les conduites. C’est par là que l’on vous retrouvera. Elles vous drogueront probablement à nouveau. Usez des fioles !
Le regard aigu de sa femme assura à Max qu'il avait intérêt à le faire. À peine le temps de lui serrer la main et de souffler un "Je t'aime" qu'on les séparait déjà. La future Mrs. De Brent donna des pertinentes explications aux reines qui n'agréèrent pas de trop bon gré.
Vous nous prenez pour des idiotes ? Pas question de vous laisser déambuler ainsi à quatre. Les femmes allez-y. Vous, vous restez avec nous.
L'espoir fait vivre, dit on par là! Nausicaa pendue à son bras, Max, dépité, vit sa femme et Alix s'en aller escortées par quelques guerrières bien armées.
Si elle ne veut pas te perdre, elle a intérêt à ne pas essayer de nous berner...ta petite chose.
Il se contenta de lui décocher un coup d'œil enragé mais se garda ses réflexions pour lui.
Retournons à nos appartements, puisque nous devons être isolés...isolons nous!
Sans résistance possible, il ne put que la suivre. À peine arrivés sur place, Nausicaa versa l'ambroisie et lui tendit la coupe, un sourire mielleux aux lèvres.
Bois, doux prince et soyons heureux!...Bois, je te dis!
Comme quoi avec douceur...Max but mais poli comme il était tint, à tout prix à partager le nectar avec elle. Vaincue par ce regard angélique, Nausicaa n'hésita pas...Un petit baiser de rien du tout plus tard, il la portait sur la couche et la laissait rêver à un monde meilleur!
L'attente lui sembla éternelle mais enfin la grille de la bouche d'aération sauta et Eve fit son apparition le pressant de s'y engouffrer. Quand on mesure un 1.91 et on est large d'épaules il y a des choses plus faciles à dire qu'à faire, dans ce cas enfourner sa carcasse dans un espace si réduit.
Et on va loin?
Malheureusement ce n'était pas la porte à côté. Il enviait l'aisance de sa chérie pour se mouvoir là mais il fallait admettre que la belle était d'une toute autre carrure.
Y a pas un sort pour nous rapetisser? Ce serait vachement plus commode...Serai moulu en sortant de là...Franchement...un sort de désillusion et on pourrait courir dans les couloirs...Ah non? et pourquoi ,s'il vous plait!? Ben oui...Ok, je la ferme!
Mais il continua à râler de plus belle, jusqu'à ce sa petite femme lui pria, agacée, de se taire. Michael subit le même sort et à partir de là ils furent deux à se plaindre amèrement de leur sort.
Combien de temps dura cette excursion exténuante? Allez savoir... pour Max une éternité et quand enfin Alix assura qu'ils étaient arrivés à destination: la salle de machines, le cœur même de ce palais sous aquatique.
Alix leur expliqua son idée: disperser un composé volatile dans le réseau d'aération ce qui ferait que tout le monde s'endorme au quart de tour, ce qui leur permettrait en toute tranquillité de récupérer les enfants et prendre la clé...des eaux.
Fiole en main, il se mit à la quête des pompes à air, sauf qu'une chose le tracassait:
Je suppose qu'avant de verser ce truc dans les pompes, nous prendrons un antidote qui évitera qu'on ronfle comme des ours pareil que tout le monde, non? Ok...Pas la peine d me regarder comme cela, c'était juste une question.
Alix, le cerveau de l'opération avait, bien entendu, tout prévu. La machinerie était imposante, issue de quelque délire futuriste. Max, pourtant assez habitué aux installations moldues avait quand même du mal à s'y retrouver avec ces boutons et manettes, d'autant plus que les explications affichées étaient écrites en un langage qu'il ne parvint pas à déchiffrer. Des symboles étranges jamais vus auparavant finissaient de compliquer la chose. Il se tourna vers Michael, qui se grattait la tête en se perdant en conjectures.
Si la théorie de l'Atlantide s'avère vraie, il me semble que nous sommes tombés en plein sur un des derniers bastions de cette culture. Sinon, comment expliquer tout ceci!?
Il pouvait se perdre en théories biscornues, ce n'était pas cela qui allait les aider. Se laissant guider par l'instinct et un peu de logique bon sens, ils finirent par dénicher quelque chose qui s'accommodait assez bien à l'idée qu'ils avaient d'une pompe. On vida les fioles fournies par Alix. Une légère variation dans le soyeux ronron émis par l'installation leur fit supposer que quelque chose était en train de se passer.
On ferait mieux d'y aller...pas question de rester là si ce truc explose!
Mais les meilleurs plans du monde peuvent faillir...L'ululement sinistre d'une alarme les figea tous sur place. Pas le temps de regagner le conduit...sorties de Merlin sait où des guerrières se pointèrent sur les lieux...
Si quelqu'un a une bonne idée..c'est le moment de le dire!
En tout cas, baguette en main, le quatuor sorcier vendrait cher la peau... |
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| Sujet: Re: Les aléas du hasard... (fe) Lun 1 Mar - 13:58 | |
| Être escortée dans maints couloirs demanda de la concentration à la jeune Eve. Au moindre faux pas on lui enverrait sûrement un coup de gourdin ou une décharge électrique via trident. Pas très marrant ni rassurant comme perspective. Les issues montrées étaient au nombre de deux. Une située tout au sommet de l’édifice. Là Eve eut devant elle le spectacle le plus hallucinant jamais vu. A quelle profondeur étaient-ils ? Bonne question. Le fait est que le fond marin rendait des couleurs multiples sous un éclairage particulier émanant du palais tout entier. Le ballet de la faune insolite ne manquait pas de grâce. Soufflée, elle faillit en oublier sa mission : vérifier le bouclage. Du moins en principe car elle devait surtout enregistrer le déblocage.
*ça m’étonnerait que l’on puisse sortir par ici…*
La seconde porte se trouvait à un niveau moyen. Ayant pu observer le graphique établi par Alix, Mrs Von Falkenberg parvenait à comprendre le plan d’ensemble de cette construction singulière. Il devait exister sept étages, le principal se situant juste au milieu. Les cuisines qu’elle réintégra juste en dessous, la machinerie deus étages plus bas. C’était là que désirait les conduire Alix, elle le lui avait soufflé. Mais avant, il fallait libérer les hommes. D’après Miss Blackstorm , il était dangereux de s’aventurer dans les couloirs. Elles ignoraient tout du rituel interne sauf celui concernant leur propre condition. Elles possédaient leur baguette mais en cas de forte opposition… et il restait le problème des enfants. Impossible de risquer qu’ils paient pour la désobéissance des parents. Récupérer Max se fit sans encombre. Qu’est-ce qu’il pesta d’avoir à voyager dans ces tuyaux étroits. Une veine qu’il ait bien endormi sa gardienne, en cas contraire sa femme l’aurait probablement écorché vif sans le moindre remords. E Brent ne se montra pas plus sage et râla tout le long du parcours. Les vérifications de prudence effectuées, Alix qui menait le groupe accepta qu’ils descendent dans la « machinerie »
*Quel bazar !*
Tenant à la fois du laboratoire et d’une salle de machine parfaitement reluisante de propreté, les quatre sorciers furetèrent un peu à la recherche des pompes à air. Enquête sibylline s’il en est puisque l’on n’avait aucune idée précise sur ce que l’on cherchait.
Je suppose qu'avant de verser ce truc dans les pompes, nous prendrons un antidote qui évitera qu'on ronfle comme des ours pareil que tout le monde, non?
Alix haussa les épaules. Eve lui décocha un regard qui en disait long.
Ok...Pas la peine d me regarder comme cela, c'était juste une question.
Il allait de soi qu’eux ne dormiraient pas. Ils devraient porter une sorte de masque, un simple mouchoir noué sur le nez et la bouche, imbibé d’une substance connue d’Alix. D’après son chéri, ils seraient tombés sur des vestiges de l’ancienne civilisation disparue depuis des siècles. Peut-être bien. Qu’importait ? Le tout était de filer. Dans ce fouillis de machines on repéra ce qui ressemblait bien à des pompes. En tâtonnant un peu pour comprendre comment ouvrir un petit sas, chacun déversa sa fiole dedans. Oui, il se passait bien quelque chose. La cuve fortement éclairée où baignaient quantités d’algues vertes changea de teinte.
*Pourvu qu’Alix ne se soit pas trompée…*
Manquerait que ça qu’ils soient tous empoisonnés. Mais alors que la distribution des mouchoirs s’opérait une sirène se déclenchait. Panique à bord !
Le système se rebelle… fuyons !
Pas le temps de filer, cinq guerrières à la mine patibulaires surgirent, trident en avant.
Si quelqu'un a une bonne idée..c'est le moment de le dire!
On se tourna naturellement vers Alix. N’avait-elle pas déjà tout prévu ? En tout cas, avec le calme olympien qui la caractérisait, sans gestes brusques, elle noua son mouchoir. Inutile de se poser plus de questions, les autres l’imitèrent alors qu’une pistache mi-long leur criait dessus :
Que faites-vous ici ? A quoi avez-vous touché ?
Elle avisa alors la cuve qui commençait à bouillonner sérieusement et… verdit :
L’air ! Vous avez contaminé l’air ? Nous allons tous crever. Vous aller le payer. Appolonia, purge le système ! Androméda coupe la ventilation. Quand à vous...
Propulsé à une vitesse incroyable, le trident traversa l’espace droit en direction du plus proche d’entre eux : Max ! Quatre baguettes réagirent en même temps. Le trident fut dévié et la pistache valsa en arrière. Déjà les effets du somnifère se faisaient ressentir. Appolonia n’arriva jamais à la vanne de purge. Une à une les pistaches s’effondrèrent. Eve avait repéré la destination d’Androméda, elle suggéra :
Si on activait la ventilation… les essences circuleraient plus vite, non ?
Ce n’était pas idiot puisque De Brent s’en chargea de suite. Maintenant, l’ébullition 1ère semblait calmée, tout ronronnait bien. Il suffit de couper l’alarme qui aurait beau sonner en vain sauf qu’elle leur vrillait les tympans désagréablement. Maintenant, les sorciers pouvaient circuler librement. Il fallait impérativement conserver les masques et les imbiber régulièrement au risque de se retrouver aussi à ronfler. Direction : la nursery. |
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