Un jour... [Fe]

Un jour comme un autre... Un jour pluvieux, un jour recouvert de brouillard, un jour de Septembre, un jour banal pour le plus commun des humains. Et pourtant, ce n'était pas le cas pour une personne, une jeune fille brune vêtue de noir au sourire franc et au rire facile. Elle d'ordinaire si joyeuse venait de retrouver un homme au quel elle tenait énormément, sa joie était à son comble, puis il suffit d'une phrase pour tout faire basculer, pour détruire quinze années de complicité et plonger quelqu'un dans la tourmente. Mais comment tout cela avait-il commencé?

Inutile de raconter toute l'histoire de Daria Marie Rossi, cette jeune sorcière corse vivant à présent en Angleterre, car sa vie est des plus banales. Ce fameux jour où tout changea pour elle, c'était Dimanche, et comme tout les week-ends elle allait se rendre au village de Pré-au-Lard à côté de son collège de magie. Elle avait eu une semaine plutôt difficile, les cours devenait de plus en plus compliqué et durs à suivre, les devoirs se multipliaient de soir en soir, si bien que le week-end venu, elle en profitait pour décompresser. Elle savait qu'elle ne devrait pas, qu'elle devrait rester étudier avec ses amies car elle était en cinquième année et donc passait les BUSES en juin prochain. Mais Daria était une fille intelligente qui retenait facilement ses leçons, elle n'avait pas besoin de les relire dix fois pour les apprendre, alors elle pouvait s'octoyer un moment de répit en allant flâner dans les rues de Pré-au-Lard. Ce jour là, le brouillard n'avait pas encore recouvert le village et semblait ne pas vouloir s'aventurer dans la vallée contrairement aux jours précédents. Cela fit un peu chaud au coeur de Daria qui, même si elle appréciait la grisaille, en avait assez de se retrouver sous ce voile blanc chaque Dimanche.

Elle commença donc sa journée tranquillement, pris son temps pour petit déjeuner, s'accorda un bon et long bain bouillant, se para de ses plus chauds habits et termina les devoirs qu'elle n'avait pu finir la veille. Une fois tout cela fait, il déjà midi, elle alla donc manger avec ses amis dans la grande salle, puis retourna au dortoir pour préparer ces affaires. Vêtue d'un pull blanc, d'un jean noir et de baskets, elle enfila en plus son trench gris favoris et prit sur son dos sa guitare dans son étui, ayant l'intention de jouer un peu si le temps lui permettait. Puis elle partit pour le village. Cette fois, elle se dépêcha et atteint Pré-au-Lard en dix minutes à peine. Elle passa à la boutique de musique pour acquérir un nouveau médiator car elle avait abîmé le sien, s'acheta quelques bonbons chez Honeydukes, pris un Coca au Lard Rock Café, son bar favoris, et termina en s'offrant une doudoune blanche chez Gaichiffon.

Voyant que le brouillard ne se décidait à descendre des sommets et que les nuages étaient trop blanc pour provoquer des averses orageuses, Daria décida de se trouver un coin tranquille pour jouer de la guitare. Il y avait un endroit où elle aimait aller pour s'entraîner, une petite clairière sur les hauteurs du village. Pour cela, il fallait passer par quelques ruelles sombres et étroites que la jeune fille emprunta, n'imaginant pas que sa vie allait être boulversée dans quelques minutes. Elle avait presque atteint le bout de la dernière rue, quand quelqu'un emmitouflée dans une cape noire surgit en travers du chemin et lui barra la route. La Poufsouffle sursauta sur le coup de la surprise, mais continua sa route. Seulement, la personne ne voulait pas s'écarter.

-Euh... Excusez-moi... Je voudrais passer... demanda-t-elle sans oser regarder ce gêneur.

Ce dernier ne s'exécuta pas, mais il enleva sa capuche. Daria ne le reconnut pas tout de suite. Il avait tellement changé. Ses cheveux avaient poussés ainsi que sa barbe, des cernes s'étaient formés sous ses yeux, et son regard s'était durci et rempli de cruauté. Jamais la jeune fille n'aurait pu savoir de qui il s'agissait si elle n'avait pas vu cette chaine en or, un pendentif en forme de Corse accroché au bout, autour du cou de cet homme. Quand elle comprit, la demoiselle n'en crut pas ses yeux et ne pu que bafouiller, ses yeux se remplissant de larmes:

-...Non... Raph?.... Raphael, c'est bien toi?!... Mais que fait-tu ici?!

Un jour comme un autre que ce Dimanche de Septembre? Non... Du moins pas pour deux personnes, une pour qui la vérité serait révélée, l'autre pour qui le regard chargé de haine et de reproche de sa désormais seule famille serait la chose la plus dure à supporter au monde, bien plus que tout ces saletés de sang de bourbe passant repassant dans la librairie où travaillait Raphael. Il n'aurait jamais douté qu'une seule phrase puisse tout détruire de sa relation avec sa petite soeur, il n'aurait jamais imaginé que le regard ne cette jeune fille puisse être si dur pour lui. En ce réveillant ce matin là, il savait ce qu'il avait à faire mais n'aurait jamais soupçonné la réaction que Daria allait avoir. Quelque part il s'en doutait, et il préférais de loin annoncer lui même à sa soeur quelle voie il avait choisi plutôt que de laisse quelqu'un d'autre lui apprendre cette terrible nouvelle, peut-être lui pardonnait elle une fois le choc passé, même si plus rien n'allait être comme avant entre eux une fois la dure vérité dévoilée.

Comme tout les matins, il se réveilla en n'ayant qu'une envie : se redormir. Il se leva à conter coeur, se doucha, s'habilla, puis sortit de son appartement, ferma la porte à clé, et descendit dans la rue. Il habitait à Londres, juste en face du pub le Chaudron Baveur, où il entra pour y prendre son petit déjeuner au comptoir. Il sortit ensuite par la porte de derrière dans la petite cour, tapa le mot de passe sur les pierre du mur et regarda comme tout les matins une arche se former sur le chemin de Traverse qui s'éveillait lentement. Il savait parfaitement où il allait mais constata, déçu, que la boutique qu'il désirait visiter n'était pas encore ouverte. Cette boutique d'instruments de musique était l'une des rares à être accessible le Dimanche. Raphael attendit l'heure d'ouverture en contemplant les instruments exposés dans la vitrine. Parmi eux se trouvait une magnifique guitare sèche en bois clair, vernie et brillante. Elle semblait appeler le jeune homme, où plutôt lui demander de l'acheter pour l'offrir à une personne pour qui ce sublime objet était fait, ce qu'avait l'intention de faire l'apprenti mangemort. Daria était passionnée de guitare, elle avait hérité de celle de leur père, mais cette dernière devenait trop usée, il était grand temps de la remplacer. Le magasin ouvrit enfin, et Raphael fut le premier à se précipiter à l'intérieur. Il sortit un grand sac de gallions et fit l'acquisition de la belle guitare ainsi que d'un accordeur manuel, de cordes de rechange et d'un étui. Puis il sortit de la boutique, l'instrument et ses accessoire soigneusement rangés dans leur protection et transplana, direction Pré-au-Lard, le village de sorcier situé près de Poudlard, où étudiait sa soeur. Il avait l'intention d'aller lui offrir l'instrument en main propre, mais entendit une jeune fille au Lard Rock café déclarer les mots suivants "Daria va venir faire quelques courses cet après midi, on pourrait se retrouver tous ensembles!" Après avoir discuter une minute avec ces élèves, Raphael appris qu'ils étaient amis avec sa petite soeur et appris l'heure de l'arrivée de sa cadette. L'attente lui sembla pesante et interminable. Pour s'occuper, il traîna dans les bars, discuta avec des sorciers qu'il connaissait de l'école, fit quelques emplettes et enfin ce fut l'après midi!

Assis sur un blanc de la place centrale, Raphael la vit arriver, les cheveux flottants aux vents, chaudement habillée, un sourire radieux sur les lèvres et sa guitare dans le dos. Il la suivit partout sans l'aborder, de la petite boutique de musique jusque dans les bars, et constata avec amusement qu'elle s'était enfin décidée à s'aventurer à Gaichiffon, le magasin de vêtements. Enfin, elle emprunta une ruelle sombre et son frère compris immédiatement où elle allait. Il la doubla en passant par un raccourci, enfila la cape qu'il avait acheté et rabattit la capuche sur sa tête, posa la guitare à terre et attendit, le coeur battant, que sa cadette atteigne le bout de la rue. Quand elle y parvint, il esquissa un sourire malicieux et surgit en travers de son chemin, la faisait sursauter. Il aimait faire des apparitions théâtres dont on se souviendrait toujours, et bien que celle ci ne soit pas spectaculaire, elle créa l'effet désiré.

"Euh... Excusez-moi... Je voudrais passer..." demanda Daria, les yeux baissés.

Elle était décidément adorable quand elle était gênée, Raphael se retint de rire mais sous sa cape son sourire s'étendait jusqu'aux oreilles. Puis le jeune mangemort se décida enfin à lever le voile sur son identité et baissa sa capuche. Daria ne le reconnut pas immédiatement, mais quand ce fut chose faite, elle fondit en larmes et articula:

"...Non... Raph?.... Raphael, c'est bien toi?!... Mais que fait-tu ici?!"

Puis elle se jeta dans les bras de son frère qui la serra de toutes ses forces en caressant ses cheveux. Il profita au maximum du contact de sa soeur, car bientôt il ne pourrait plus en profiter. Il retarda le plus possible le moment fatidique et répondit aux questions de sa cadette avec son humour spécial, ni noir ni cynique, comme d'habitude:

-Allons, tu ne vas pas pleurer parce que tu ne pas pas vu pendant deux mois, espèce d'idiote... T'est pas belle quand tu pleure, tu plaira jamais aux hommes avec le visage tout mouillé...

Puis il se libéra de l'étreinte de sa soeur et posa ses mains sur ses épaules.

-Tu pleure parce que je suis revenu, ok, mais à part ça tu va bien?

Il arborait un grand sourire, celui du grand frère idéal que Daria avait toujours vu. Elle se doutait pas de la véritable identité de son aînée et n'allait pas tarder à l'apprendre, plus le plus grand malheur des deux jeunes gens. Bien sûr Raphael ne souhaitait pas cela, mais il ne pouvait plus reculer, il avait décidé depuis longtemps qu'il ne pouvait plus continuer à se cacher et qu'il devait tout avouer à sa soeur, mais surtout supporter sa réaction. Au fond de lui, il espérait qu'elle comprenne et lui pardonne, cela n'était malheureusement qu'un rêve.

-...Non... Raph?.... Raphael, c'est bien toi?!... Mais que fait-tu ici?! balbutia la jeune fille.

Puis elle se jeta sur son aîné, l’enserrant son torse chaud à l’étouffer, pour ne plus jamais le laisser lui échapper. Daria était possessive et émotive, son frère lui avait tant manqué… Il avait disparu un beau matin de Juillet, ne laissant qu’une brève missive sur la table de la cuisine « Je pars vivre seul, je pense à vous. Raph’ » Et ce fut tout. Par de numéro de téléphone, pas d’adresse, pas de nouvelles durant deux mois. Daria et sa famille étaient fous d’inquiétude. Ils s’imaginaient le pire, ne se doutant pas d’une chose similaire était arrivé à leur frère et fils… Sa sœur dormait dans la chambre de Raphael, mettait parfois même ses habits, se parfumait avec son eau de toilette, elle refusait de ranger le bazar régnant dans la pièce car si Raphael rentrait, il voudrais sûrement tout retrouver comme il l’avait laissé. Il n’avait rien emporter à part un pull et un jean, il n’avait même pas pris son pendentif fétiche en forme de Corse. Une nuit, le précieux bijou disparu mystérieusement et Daria osa croire que Raphael était revenu le récupérer. Elle avait raison mais cela lui semblait si improbable qu’elle abandonna vite cette piste. Longtemps, elle s’inquiéta pour ce pendentif, c’était le bijou préféré de son frère et quand il reviendrait il serait furieux de ne pas le retrouver.

Mais à présent l’inquiétude et la peur avaient fait place à la joie et les larmes coulant sur les joues de la jeune fille étaient imprégnées de bonheur. Elle respira un grand coup par le nez la cape de son frère qui avait déjà son odeur, elle respira ces effluves de parfum d’homme comme si c’était le plus doux arôme du monde. Une des mains de son aîné lui enserra la taille tendit que l’autre se mit à caresser ses cheveux tel que le ferait un maître avec son chat.

« Allons, tu ne vas pas pleurer parce que tu ne pas pas vu pendant deux mois, espèce d'idiote... »

La voix de Raphael n’avait pas changée. Elle était toujours grave et cassée, Daria eut l’impression qu’un homme lui déclarait sa flamme en entendant cette si belle voix familière.

- J’ai eu si peur… répondit elle en corse, si peur…

L’homme ne répondit pas tout de suite, puis déclara plus joyeusement:

« T'est pas belle quand tu pleure, tu plaira jamais aux hommes avec le visage tout mouillé... »

Daria ne put réprimer un éclat de rire étouffé par le tissu de la cape et coupé par un sanglot. Raphael pouvait sembler sarcastique et méchant mais sa sœur savait que ce n’était pas le cas et que c’était en vérité la façon de son frère de lui témoigner de l’affection. De plus il avait raison et disait cela pour son bien, c’est pourquoi la petite brune releva la tête vers lui et s’efforça d’esquisser un beau sourire. Son frère sembla satisfait et la repoussa un peu. La jeune fille tenta de résister, elle ne voulait pas laisser partir son frère une seconde fois, mais Raphael était plus fort qu’elle. Il garda néanmoins ses mains sur les épaule de sa sœur pour lui assurer qu’il n’était pas prêt de disparaître à nouveau.

«Tu pleure parce que je suis revenu, ok, mais à part ça tu va bien?» demanda-t-il de sa voix profonde et aimable

Très bien! Elle ne pouvait pas aller mieux, elle était la fille la plus heureuse de la planète depuis qu'elle avait vu ce visage familier réapparaître! Daria essuya ses larmes d'un revers de la manche et sourit:

- Oui! Je suis un peu surbookée en ce moment à cause des BUSES, mais je tiens le coup! Et toi?

Elle lui adressa un clin d'oeil et attendit la réponse de son frère. Elle voulait être rassurée, mais ne se doutait pas de ce qui allait lui tomber sur la tête dans quelques minutes...

Le jeune homme demanda donc à sa sœur comment elle allait, ce à quoi elle répondit qu’elle était un peu fatiguée à cause des examens de fin d’année mais qu’elle tenait le coup. Raph sourit. Lui aussi avait eu beaucoup de boulot durant sa cinquième année d’étude mais il avait réussi à trouver le juste milieu entre son travail et ses loisirs, et de ce fait avait obtenu une grande majorité de O à ses BUSES. Comme il était intelligent et retenait facilement ce qui était dit en cours, les révisions et les examens même n’avaient été qu’une broutille. Sa sœur était comme lui, elle n’avait pas de soucis à se faire de ce côté-là.

« Et toi » demanda-t-elle à son aîné.

Quoi lui? Comment il allait? Physiquement tout était en règle, mais il n’avait pas la conscience tranquille. Mais pourquoi avait-il fallut qu’il naisse moldu? Ses antécédents familiaux étaient sa plus grande honte et il les détestait. Mais en fait il voulait juste ne pas voir la vérité en face : il était un sang de bourbe et le premier des nés moldus qu’il maudissait, c’était lui. Il se haïssait pour détester sa propre famille, lui avoir fui, être devenu ce qu’il était et avoir fait du mal à sa sœur. Mais c’était fini tout ça, il ne la ferait plus jamais souffrir et prendrais dorénavant ses responsabilités.

Le jeune homme sortir de ses pensées et revint à Pré-au-Lard. Daria le regardait comme pour lui demander si tout allait bien. Il sourit pour la rassurer et pencha la tête. Son chaîne en or glissa sur sa nuque, le pendentif en forme de tête de maure faillit sortir un pull mais Raph se redressa à temps. Il avait en effet récupérer son bijou fétiche une nuit un mois après avoir quitté ses parents et sa sœur. Ce soir là, il s’était introduit dans l’appartement par la fenêtre de la chambre de Daria restée ouverte, juste assez pour permettre au jeune homme de passer. En ne trouvant pas sa sœur dans son lit, il s’était inquiété mais avait finalement pensé qu’elle était allée dormir chez une amie. Il s’était donc diriger vers sa chambre, ne se préoccupant même pas de savoir si ses parents étaient là où pas et était entré dans « sa » pièce. Telle n’avait pas été sa surprise en découvrant dans son lit une jeune fille aux cheveux châtains clairs dormant sereinement et respirant lentement comme un bébé. A cet instant, il avait compris à quel point il manquait à sa sœur. Toutes les nuits depuis qu’il était parti Daria dormait dans sa chambre. Les jeune homme avait alors récupéré son pendentif, se l’était attaché autour du cou en faisait la promesse de ne jamais l’enlever, avait déposé un doux baiser sur le front de sa petite sœur et s’était enfui en courant, les larmes aux yeux. L’image de Daria dormant dans le lit de Raphael avait frappé ce dernier à jamais. Il se jura alors de revenir bientôt et tout dire à sa sœur. Mais il sa gardait bien de révélé cette histoire à Daria car il pouvait penser qu’il n’était qu’un lâche de ne voulait surtout pas qu’elle se mette en colère contre lui.

-Moi? Oui, je suis en pleine forme.

Il ponctua sa répondit d’un nouveau sourire hypocrite. Il avait du mal à rester serein ni même à sourire franchement. Il avait presque envie de se rouer de coup tellement il se détestait et s’en voulait de sa lâcheté. Il ne faisait vraiment pas honneur à sa cadette tant aimée.

-Alors? Quoi de nouveau dans ta vie depuis que je suis parti? J’espère que tu n’as pas abandonné la guitare parce que j’ai une surprise pour toi!

Raph adressa un clin d’œil à Daria et la lâcha. Il s’éloigna de quelques pas, et sentant que sa sœur voulait le suivre il se retourna et lui fit signe de ne pas bouger. Il revint dans la ruelle par laquelle il était apparu devant sa sœur et saisit la guitare puis se dirigea à nouveau vers Daria, l’instrument caché derrière son dos. Il souriait malicieusement et sa cadette le contemplait d’un air interrogateur. Raph ne tarda pas donner une réponse à sa sœur et exhiba le magnifique instrument.

-Tadam! Elle te plait?

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