Pas de bol! Quoique... [FE]

Miss Pince était toujours aussi...pincée. De Michael, elle gardait assez de mauvais souvenirs comme pour le lui faire remarquer d'un "Hum" fulminant et un regard ombrageux. Prenant son mal en patience, il déclina son identité comme auror et obtint, non sans réticence, l'autorisation de consulter les registres.

Il rejoignit Victoria, qui regardait les lieux d'un œil connaisseur. En la prenant par le bras il l'entraîna vers la section réservée où se trouvaient les registres de l'école.

Du beau boulot en perspective! La jeune américaine, prévoyante, s'était munie d'une fiole de potion d'accélération de lecture. Ils en auraient besoin s'ils voulaient venir à bout de toute cette information, avant d'avoir atteint l'âge de la retraite.

J'en prendrai volontiers après. Je dois te laisser seule pour un moment. McGo m'attend dans son bureau.

Il n'entra pas en détails. Pas question de parler sur l'Ordre du Phénix et autres petits secrets. Une certaine déception se lisait dans le regard de la jeune sorcière de Salem. Michael sourit, rassurant et lui flatta la joue.

Je ne tarderai pas, à moins que McGo ait une de ses idées saugrenues...au fait, McGo est une vieille dame d'au moins 80 ans.

Il lui cligna un œil et s'en alla rapidement. En chemin vers le bureau de la directrice de Gryffondor il avait déjà envie d'être de retour. Minerva McGonagall ne fut pas dupe de son impatience. Elle le jaugea , sévère et lui conseilla de se tenir tranquille. Michael se sentit comme un élève de troisième année en cours de Métamorphose.
La réunion dura trop longtemps pour son goût et quand enfin on lui dit qu'il pouvait disposer, Michael quitta le bureau à toute vitesse sous le regard amusé du professeur.

Victoria s'adonnait à la tâche avec énorme concentration, tant et si bien qu'elle ne l'entendit pas arriver. Arrêté à quelques pas d'elle, Michael prit son temps pour la regarder. Elle était tout simplement adorable avec son expression sérieuse, son joli nez un peu froncé et un bout de sa langue coincé entre ses lèvres. Il se trouva en train de penser que si de son temps, il y aurait eu une fille comme elle, il aurait pu prendre un grand plaisir à travailler à la bibliothèque.

Hey! Je suis là.

Elle releva la tête et le regarda avec un sourire chavirant . Il se sentit comme un adolescent et s'assit face à elle et à la pile de registres.

Alors, tu as trouvé quelque chose?

Son air désappointé lui signifia que non.

Alors, donne moi un peu de ta potion et on s'y met.

Chose dite, chose faite. Ils se mirent au travail avec acharnement et ne virent pas le temps filer. Parfois ils trouvaient une référence intéressante et en discutaient un moment alors que Victoria prenait des notes. Et puis, peu à peu, l'écheveau commença à se dévider.

Regarde ça...j'ai trouvé un autre Standford! Un Edward Cedric Standford. C'est le quatrième du nom. Né en 1595, il aurait quitté Poudlard en 1612....il y a une note en marge, ici.

Têtes penchées sur le vieux registre, les jeunes gens lurent ensemble la dite note:

" Edward Cedric Standford, est le premier ex élève de cette institution à avoir émigré au Nouveau Monde. La dernière référence qu'on a de lui sur terre anglaise date du 5 Septembre 1620 à Plymouth alors qu'il était point de s'embarquer à bord du Mayflower."

Tu sais ce que cela signifie, Victoria? Plein dans le mille. Bingo! Tu as trouvé ton ancêtre sorcier.

Qu’il la laisse face à la monstruosité du travail à faire décontenança un peu la jeune fille.
Tant pis ! Elle s’y attela seule. D’abord, elle s’empara des volumes des années 1800. C’était son point de départ. La généalogie de sa famille ne remontait pas au-delà.
Bien pratique cette potion. On pouvait tourner des pages à une vitesse folle
Rapidement, elle remonta le temps. C’était une sensation bizarre de voir les noms de tous ces élèves défiler les uns derrières les autres et disparus depuis si longtemps.
Elle ne vit pas le temps passer, plongée à fond dans ses recherches.
L’arrivée de Michael la surprit en plein labeur, elle lui expédia un sourire de bonheur ravi. Hélas, non, elle n’avait encore rien découvert du tout. Il accepta de prendre la potion et se mit aussi à la tâche. De temps à autre, à présent, Vic relevait la tête afin de constater la progression du jeune homme si généreux de perdre son temps avec elle. Elle comprenait pourquoi tant de minettes s’étaient retournées sur eux aux trois balais. Il était vraiment craquant. Vic ne se laissa pas entraîner dans des délires sentimentaux et parvint à boucler son registre. Elle en avait marre et ce fut une véritable révélation lorsque Michael trouva le chaînon manquant.

Un Edward Standford ? Comme papa ? Merveilleux, merci !

Son enthousiasme fut tel qu’elle se leva d’un bond et sauta au cou de Michael pour lui plaquer deux bisous sonores sur les joues. Bien sûr, avec Miss Standford, rien ne se passe jamais normalement. La pile de registre ne résista pas à ce débordement ; elle s’écroula avec fracas.
Dans la seconde, une Miss Pince furieuse fondit sur eux. Vic s’empêtra dans des explications sommaires qui firent se tordre de rire Michael. De sa baguette, soudain sérieuse, Vic ordonna aux volumes de reprendre leur place sur les étagères, ce qui rendit Miss Pince moins déchaînée. Sans demander leur reste, riant sous cape, les complices vidèrent les lieux.

Sa tête, c’était trop drôle. J’ai eu une prof comme elle, un vrai glaçon. Si tu me faisais visiter l’école ? On peut, non ?

Michael accepta. Vic eut la curieuse impression que si elle avait demandé la lune, il se serait débrouillé pour la lui offrir ; mais ce n’était peut-être qu’une impression.
Ils repartirent en bas où il lui ouvrit les portes de la grande salle. C’est là que l’on répartissait les nouveaux. Vic se demanda à quelle maison elle aurait appartenu. Sûrement pas Serpentard, non. Ils remontèrent ensuite les étages, De Brent se montrant prolixe en commentaires. Infirmerie, salles de cours, ouvertures vers les salles communes, etc. Victoria était assez emballée. Son école était loin de posséder un tel décorum. Puis, soudain, au détour d’un couloir une très étrange femme les croisa. Vêtues de châles à paillettes, coiffée avec un pétard, de grosses lunettes, Vic se demanda s’il ne s’agissait pas d’une échappée de Ste Mangouste. Cette femme se figea à la vue du couple. Elle regarda l’un, puis l’autre. Cligna de l’œil à Michael à qui elle sourit avec un petit « bon choix » avant de passer son chemin.

C’est qui ? s’informa Vic intriguée.

Il lui expliqua que c'était le professeur de divination. C'était donc normal qu'elle ait eu l'air un peu folle. Cette rencontre paraissait troubler le jeune homme. Vic ne posa pas de question, s'inquiétant d'un coup.

Mince! Mon enquête est déjà finie... Tu crois que je dois rentrer?

Elle ne le voulait pas du tout. Elle avait un mois devant elle, non?

À deux baisers, même si sur la joue, par ancêtre trouvé, Michael se sentit prêt à filer la généalogie des Standford jusqu'à la préhistoire, si nécessaire. Cette fille avait un effet étrange sur lui. Chaque minute passée avec elle se révélait comme une source de surprises agréables, elle lui rassérénait l'âme et le faisait rire...et comment!
L'éboulis de livres déchaîna Miss Pince, qui se rua sur eux comme une furie vengeresse. Victoria se chargea des explication. C'en fut trop pour lui. Sacro saint silence ou pas, il s'écroulait de rire, ce qui bien sûr ne lui fit pas gagner des points aux yeux de l'acariâtre bibliothécaire. Il ne restait qu'à filer sans demander leur reste.

Une visite de l'école s'imposant, Michael se fit tout un plaisir de jouer les guides. Tout y passa. Sauf la salle sur demande. Il n'aurait pas voulu qu'elle découvre ce qu'il désirait voir en sa compagnie. Pas encore! Mais la cerise sur le gâteau fut le rencontre avec Sibylle Trelawney. La dernière personne au monde qu'il aurait voulu trouver sur son chemin ,ce jour là. Toujours énigmatique, le professeur de Divination passa près d'eux en les regardant avec attention. Un éclat de sympathie perça à travers ses fonds de bouteille. Elle alla même jusqu'à lui cligner de l'œil en murmurant un : "Bon choix" avant de se perdre au détour du couloir.

*Bon choix?...Par Merlin, elle en voulait tout de même pas dire que...*

L'étrange prédiction que la femme lui avait fait un certain temps auparavant revint en force à la mémoire du jeune homme. Il regarda Victoria puis de nouveau l'endroit où avait disparu Sibylle Trelawney. Il avait de la peine à y croire. Mais elle avait bien dit ...bon choix. S'il fallait y croire...

Elle est un peu folle, du moins j'ai toujours eu cette impression. Mais elle a fait une ou deux prédictions...très vraisemblables...comme quoi, il y a quelque chose de vrai dans sa science.

Victoria sembla assez satisfaite avec cette explication. La visite arrivait de toutes façons à sa fin. Mais tout à coup, la jeune américaine sembla un peu inquiète.

Mince! Mon enquête est déjà finie... Tu crois que je dois rentrer?

Rentrer à Londres? Nous rentrons ensemble, dans un moment. Chez toi, en Amérique? Pas question...

Du coup, il se sentit presque désespéré en pensant qu'elle allait reprendre un avion moldu et disparaître de sa vie aussi soudainement qu'elle y était entrée.

Il y a encore beaucoup à voir dans ce coin et un peu partout ailleurs. L'Angleterre ça ne vaut pas les USA en surface, mais en histoire et lieux d'intérêt. Tu ne peux pas partir comme ça...si vite. Tu as encore un mois. Profites en. Je t'emmènerai partout où tu voudras.

Il déraillait pour de bon. Il avait déjà assez de problèmes comme ca mais s'en fichait, il ne voulait pas qu'elle parte.

Tu pourrais même louer un petit appartement au lieu de loger au Hilton...ça revient moins cher et je pense que ça te conviendrait mieux. Qu'est ce que tu en dis?...Nous pourrons retourner au Chemin de Traverse prendre des glaces, visiter la Tour de Londres, voir le tour de Garde au Palais...je peux te montrer le Ministère...ou te présenter Apache, mon cougouar...elle va te plaire, toi qui aimes les chats!

Pour peu et il lui promettait la lune.

*Tu perds la boule, mon pote!*

La tirade de Michael laissa Vic sans voix. En point d’interrogation, elle ouvrit ses grands yeux verts.

Michael, tu es sûr que ça va ?

Qu’est-ce qu’il lui débitait comme tirade à vive allure ? Ces histoires d’Apaches, couguar, elle ne pigeait pas trop. Par contre le mot appartement fit tilt.

Tu as parfaitement raison. Il y a trop de choses intéressantes en ce pays pour partir si tôt.

Dans les choses intéressantes, Vic s’en voulut d’inclure son guide. Une rougeur profuse envahit son front, elle baissa brièvement la tête avant de la relever avec un sourire radieux :

C’est ça ! On va chercher un tit appart sympa. Tu connais Londres, toi. Tu sauras me conseiller. Je dirai à mes parents… que les recherches sont… ardues.

Elle éclata de rire comme une gosse qui cache des bonbons dans ses poches.

Maintenant, si tu veux bien, ramène-nous à l’hôtel que j ’y remballe mes bagages. A moins que tu n’aies une idée sublime d’une autre visite ?

Elle aurait inventé n’importe quoi pour… rester près de lui. Miss Standford avait un joli asticot qui se tortillait sur l’hameçon. Y mordrait-elle ? Si elle voulait être honnête avec elle, elle avalait l’amorce, la ligne et la canne avec.

Pas question de s'attarder une minute de plus. Pas question qu'elle change d'avis. Jamais auparavant Michael ne s'était senti en proie d'une impatience aussi délirante.
Ils trasplanèrent directement à la suite du Hilton. Tant pis si les gens de l'hôtel se posaient des questions sur cette jeune femme qui entrait et sortait sans que personne ne la voit. Avec un peu de chance, le lendemain elle ne serait plus là!

Je passe quelques coups de fil. Je suis sûr qu'on aura trouvé quelque chose ce soir même!

Si tant d'enthousiasme la prit de court, Victoria n'en démontra rien. Elle le régala d'un sourire lumineux et cela lui suffit largement. Il s'empara du combiné et mit en branle bas de combat toutes les influences qu'il avait dans le domaine de l'immobilier.
Ça ne tarda pas trop à donner les résultats espérés. Victoria regardait la TV quand il l'interrompit, un large sourire satisfait aux lèvres.

Je crois que nous avons exactement ce dont tu as besoin. On peut aller le voir maintenant si tu veux, ce n'est pas très loin d'ici.

Vite dit. Vite fait. La jeune américaine troqua ses vêtements sorciers pur des jeans moldus et un bon manteau mais Michael continuait vêtu en sorcier et il n'était pas question de traverser le hall du Hilton dans pareille tenue.

Attends, on va arranger ça!

Il claqua des doigts et un instant plus tard Bikita se matérialisa devant les yeux médusés de Vic.

C'est Bikita, elle est une elfe domestique libre.

Il avait tenu à appuyer sur ce dernier mot, pas question que Victoria le prenne pour un esclavagiste. Il donna des brèves instructions à l'elfe, celle ci disparut et revint en un clin d'œil en apportant à son maître une tenue convenable.

Tu vois, c'est formidable être sorcier parfois!

L'appartement était situé dans une rue tranquille, face à un petit square. Tout ce qu'il y a de plus british. Quartier chic, voisins idem. Complètement meublé, et cela avec grand goût. Pas trop grand. Exactement ce dont avait besoin la jeune femme pour son séjour.
L'agente immobilière, un peu chamboulée par le précipité de la situation ne put que se déclarer enchantée devant ce jeune couple. Un seul sourire, renversant de la part de Michael et elle était prête à leur donner les clés à l'instant même. Victoria se déclara ravie et parcourut de nouveau son nouveau royaume ,avec un enthousiasme presque enfantin.

Il ne reste qu'à aller chercher tes affaires au Hilton et tu pourras t'installer dès ce soir.

Pas besoin d'en dire plus. Ce fut fait, avec une célérité...magique.

Une heure plus tard, Victoria était installée. La nuit était tombée sur Londres, en le couvrant d'un épais brouillard, à couper au couteau. Pas question de se balader dans cette purée de pois, au risque de s'égarer au coin de la rue. Pourtant Michael tint à l'inviter dîner, pas trop loin, dans un petit restaurant italien.

Donne moi la main...pas question de te perdre et passer une demie heure à te chercher dans le brouillard!

Petites tables, nappes à carreaux rouges et blancs, des bougies. Ce n'était pas le grand luxe mais ça embaumait la sauge et le basilic.

Je suis heureux que tu ais décidé de rester.

Il pensa une seconde à poser sa main sur celle de Victoria, mais à la réflexion s'empara d'un grisini et le croqua à belles dents, sans la quitter des yeux. Par Merlin, qu'elle était jolie! Ses yeux avaient un éclat merveilleux et son sourire était un baume pour l'âme. Les mots de Sibylle Trelawney lui revinrent et il se trouva en train d'invoquer Merlin pour qu'elle ait dit vrai.

Ce fut un dîner tranquille. Elle était fatiguée après toutes les émotions du jour. Michael la raccompagna jusqu'à sa porte et comme la veille la quitta après un chaste baiser à la joue et la promesse de passer la chercher le lendemain, à 9:00. Quand il voulut savoir si ce n'était pas trop tôt, son lumineux sourire se chargea de dire que non.

À 9:00 tapantes, il arrêta la Range Rover devant le coquet immeuble. Il vit Victoria à la fenêtre. Son sourire lumineux fit pâlir encore plus le timide soleil de Novembre. Elle lui fit signe d'attendre et deux minutes plus tard apparaissait à la porte.

On va faire une promenade en campagne. Apache est dans la voiture, N'ai pas peur, je sais qu'elle est impressionnante mais ce n'est qu'un gros chat.

Victoria le regarda, interloquée, mais sa curiosité fut la plus forte.

Apache leva sa grosse tête et la fixa de ses grands yeux dorés. Michael espéra qu'elle ne rugirait pas, ça ameuterait un voisinage si calme mais la belle bête se contenta d'un léger grognement de satisfaction quand il lui gratta l'oreille.

Victoria, voici Apache...Apache, je te présente une compatriote, Victoria. J'ai trouvé ce gros minet dans les Rocky Mountains, quand elle n'était qu'un tout petit bébé, égarée et solitaire. Des chasseurs avaient tué sa mère. Depuis on se fait compagnie l'un à l'autre. Tu peux la caresser, Victoria, elle ne te fera rien. On va l'emmener pour qu'elle se dégourdisse un peu les jambes et chasse un ou deux lapins pour ne pas perdre l'instinct.

Il était si content qu'il aurait pu se mettre à chanter, uniquement son sens inné du décorum l'empêcha de le faire.

Tout allait si vite ! En quelques heures Vic s’était retrouvée de Poudlard au Hilton puis dans un appartement absolument génial dégotté par un Michael décidément très efficace.

Le repas qui suivit laissa Vic sur sa faim. Pas que ce ne soit pas bon mais… elle avait espéré un geste, un signe… plus intime. Elle ne savait pas quoi penser. Ce gars était charmant, gentil et… ( soupir) très beau. Il lui témoignait beaucoup d’attentions… trop ? Elle aurait souhaité… En fait, elle n’en savait fichtre rien.

Ce fut une soirée calme, un soupçon romantique. Un bisou sur la joue : Bonsoir et à demain…

Quel lendemain !

Là, Vic eut la surprise de sa vie en découvrant Apache. Si elle devait avoir le coup de foudre, elle le reçut à l’instant où ses yeux verts croisèrent ceux du fauve couché sur la banquette arrière. Elle ouvrit les bras, Apache s’y précipita. Michael fut prêt à intervenir, croyant à une attaque, mais les voyant bouler sans encombre sur le bitume, il ne put que rire devant ce déploiement de câlins auxquels ils s’adonnèrent.

Je l’adore, avoua Vic en grattant l’oreille du gros chat.

Elle n’osa pas en dire plus mais, la température montait, elle en était sûre.

Peu après, une forêt, un parc ? Vic ne savait pas où Michael l’avait conduite. Le trajet s’était effectué sagement, en caressant la grosse tête du « chat ».
Il gara la voiture et tous descendirent.
Quel calme !
Malgré le froid, il faisait beau. Vic suivit les évolution du félin, de loin. Quelque chose manquait pour que tout soit parfait. Alors… elle osa glisser ses doigts dans la main du jeune homme. Geste naturel, sans provocation, juste une… reddition ?

La réaction de Victoria face à Apache fut spectaculaire. Décidément, la jeune femme n'avait pas froid aux yeux. D'autres qu'il connaissait auraient minaudé, joué les affolées, cherché sa protection...elle non! Comme si se trouver nez à nez avec un lion des montagnes était la chose la plus courante dans sa vie, elle avait ouvert ses bras et Apache, qui ne demandait pas mieux, lui bondit dessus.
Il se tint prêt à intervenir pour si jamais les effusions allaient trop loin. Aucun besoin, elles s'entendaient à merveille. Apache ronronnait avec la puissance d'un moteur diesel et Victoria était aux anges.

Pas de doute, elle t'aime!

Le sourire de la jeune femme aurait fait fondre un iceberg et Michael n'était pas de glace. Il y correspondit de la meilleure façon possible, tout en mordant son frein...il n'avait qu'une envie, l'embrasser! Mais la petite voix du bon sens lui hurla de se tenir tranquille et il le fit.

Campagne boisée et suffisamment déserte, pour ne rencontrer personne. L'endroit idéal pour lâcher Apache, sans courir le risque qu'on lui tire dessus en criant: "Au fauve!".

Elle s'en donne à cœur joie quand je l'amène ici. Là où nous vivons, elle ne peut sortir que la nuit et encore.

Il suivait les évolutions de la splendide bête mais en vérité avait la tête ailleurs. Pour une fois, le ciel était d'un bleu limpide et le soleil brillait avec éclat, même sans trop réchauffer. La journée parfaite pour ce genre de balade.
Il ne s'était pas attendu à sentir la main de Victoria se glisser dans la sienne mais apprécia ce geste plus que tout. Il se tourna vers elle et pendant quelques secondes, ils se regardèrent, sans mot dire. Il serra ses doigts sur les siens. Son cœur avait démarré, un rien affolé.

Marchons un peu.

Ils le firent, sans trop parler, ça aurait gâté la magie simple du moment. Se contentant de sourires et regards. Il commençait à se sentir comme un collégien à son premier rendez vous. Victoria aussi, semblait un brin nerveuse. C'était une situation inusuelle. Ils étaient là, des vrais ados, timides et indécis. Se demandant comment faire le pas suivant.

Apache réapparut dans leur champ de vision, en bondissant comme un chaton content. Elle voulait jouer, rien de plus clair. Victoria le comprit et lâchant la main du jeune homme s'élança vers la bête. Moment de bonheur pour Apache, qui se prit au jeu immédiatement.

Michael les regarda gambader comme des folles. Elles se cachaient, se poursuivaient, s'attrapaient. Le rire de la jeune femme était un hymne à la joie de vivre. Tout allait parfaitement bien, jusqu'au moment où il la vit courir, toujours à la suite d'Apache, vers des rochers proches.

Victoria! Victoria, arrête...pas par là...VIC!!!

Mais elle ne l'entendit pas et poursuivit son chemin, agile comme un chat. Michael se mit à courir comme un dératé en criant toujours, il sentait le cœur lui cogner dans la poitrine comme s'il allait éclater.

Il était tout près. Victoria courait toujours, en riant. Elle n'avait pas vu le ravin qui s'ouvrait à quelques mètres de là.

Vic!!!

De justesse. Il l'attrapa par le bras et la tira en arrière. Un pas de plus et la jeune américaine aurait roulé jusqu'au fond du ravin. Apache, elle, avait aisément bondi l'obstacle et les regardait dès l'autre côté.
Son seul réflexe, le danger évité, fut de la serrer dans ses bras en essayant de reprendre son souffle et de calmer le tremblement qui secouait Victoria.

Ça va! Tout va bien maintenant! Tu es en sûreté...par Merlin, tu m'as fait une peur atroce...je ne me serais jamais pardonné s'il te serait arrivé un malheur pareil. Ma douce...ma pauvre chérie, tu trembles comme une feuille...

Elle leva vers lui un regard effaré, rempli de larmes. Elle essaya de dire quelque chose mais pas un mot ne franchit ses lèvres.

Shut...tout va bien...

Il lui caressa doucement la joue et se penchant, lui effleura la bouche d'un baiser, appelé plus à la calmer qu'à la séduire. Mais le résultat fut à peu près le même....pour lui. Toucher cette bouche fraîche avec la sienne le bouleversa de telle façon, qu'il se trouva sans paroles...Leurs visages étaient toujours très proches. Il ne sut jamais qui avait fait le suivant mouvement, le fait est qu'il se retrouva en train de l'embrasser de nouveau, en sentant son cœur battre à coups redoublés...

Michael n’avait pas refusé sa main. Vic tremblait de tant d’audace mais d’un autre côté, c’était si naturel et évident qu’elle n’en fit pas tout un plat. Un temps splendide pour la saison, un coin tranquille sans sorciers ou moldus en goguette, ils se promenaient tout simplement. Elle se refusait de penser à autre chose qu’au bonheur tout bête d’être là. Puis Apache fit des siennes, et ça, Vic ne put y résister.
Une partie de cache-cache avec un couguar oui, ça existe. Riant, lâchant la main de son ami, elle joua avec le fauve qui l’avait séduite.
Elle n’entendit pas les cris ou injonctions de Michael. Ce ne fut qu’à l’instant ultime où il la soustrait à la chute fatale qu’elle réalisa… Qu’elle était tombée quand même.
Pas dans le ravin non mais amoureuse, hélas.
Ce doux baiser de réconfort se transforma en une étreinte passionnée. Vic ne se reconnaissait plus. Elle pleurait et riait à la fois. Elle s’écarta, affolée :

Pardon ! Je ne sais pas ce qui m’a pris ( elle le savait très bien mais préféra jouer l’idiote) On rentre ?

Elle était dépassée par les événements. Jamais elle ne s’était imaginé rencontrer quelqu’un comme Michael sur sa route. Confuse, elle baissa la tête à la recherche d’une bonne excuse mais… n’en trouva aucune.

Pardon, répéta-t-elle. Je...

Mr De Brent sembla se moquer de ses faibles protestations.

Ce fut un instant parfait! Magique! Il n'avait presque pas osé espérer que cela se passerait et pourtant, elle était là, dans ses bras et l'embrassait...pleurant, riant, énervée et ravie. Malheureusement, cela ne dura guère. Elle s'écarta et il aurait pu jurer qu'elle était franchement affolée.

Pardon ! Je ne sais pas ce qui m’a pris . On rentre ?

C'était bien la première fois de sa vie qu'une fille l'embrassait puis s'en excusait.

Vic...qu'est ce que tu as? De quoi diables t'excuses tu?...Hey! arrête de t'excuser!

Il la prit doucement par le bras et la rapprochant de lui, lui caressa lentement ses cheveux.

Calme toi. Je t'en prie. Ce qui vient de se passer est normal...c'est abslument normal que j'embrasse une fille adorable comme toi...le contraire serait assez bizarre, tu ne crois pas? Tu me plais à la folie. Je ne sais pas ce qu'il m'arrive avec toi, je me sens prêt à faire n'importe quelle folie. Tu me baignes en salade à la mayonnaise et je perds la tête...

Elle avait relevé la tête et le regardait avec ces merveilleux yeux verts, à l'éclat un tantinet effarouché. D'un geste très doux, il lui essuya une petite larme qui roulait sur sa joue. Son pouce fit un petit detour et flatta sa bouche tremblante.

Te rencontrer a été la chose la plus inespérée et merveilleuse qui me soit jamais arrivée (il avait l'impression d'avoir dit ça auparavant mais cette fois, il était absolument sincère!). Tu es si spéciale, si différente à n'importe quelle autre femme que j'aie croisée. Tu n'as rien à craindre de moi. Je suis en train de tomber amoureux de toi comme un gamin...je ne ferai rien que tu ne voudras pas que je fasse.

Il osa quand même l'embrasser tout doucement.

Si tu veux, nous pouvons rentrer. Je rappelle cette folle d'Apache et nous nous mettons en route.

Michael avait beau sembler tranquille et plein de bon sens, dans sa tête, les idées se bousculaient, en pleine confusion...amoureux? Oui. Ce ne pouvait être que ça. Ce sentiment de vide quand elle n'était pas là, et celui de bonheur délirant en l'ayant près. Il était presque aussi affolé qu'elle. Il ne savait pas que penser, après tant d'erreurs, plus lourdes les unes que les autres, serait ce possible que la prédiction soit si juste?

C’était divin, chavirant et tellement inattendu que Vic en tremblait telle une feuille emportée au vent.
Ces lèvres, elle les désirait, les espérait, elle s’en reput autant qu’il le voulut. Il effaça ses larmes qu’elle ne pouvait empêcher de sourdre sous ses paupières chargées de bonheur et de peine.

Michael, haleta-t-elle, tu me rends folle. STOP

Elle ne le désirait pas mais s’écarta délibérément de ce jeune homme trop attirant.

Je ne sais pas ( menteuse) ce qu’il m’a pris. Je ne voulais pas (oh,si) ramène-moi à l’appartement.

Apache vint se frotter contre sa robe. Vic s’étrangla presque, elle était perdue. Un regard plongea dans les yeux du garçon… Vic fondit et l’étreignit sans rémission.

Peut-on aimer si vite ? Je suis folle. Ramène-moi à la raison.

Puisse-t-il dire non.

Quelqu'un était un peu fou dans cette histoire...et pour une fois Michael fut presque sûr que ce n'était pas lui!
Victoria était décidément nerveuse. Il savait qu'il causait un certain effet sur les femmes mais de là à leur faire carrément perdre la tête...pas exactement dans le sens qu'on pourrait penser, il y avait une certaine différence.

Il l'embrasait et elle fuyait, sans aller trop loin. En fait, elle n'avait bougé que quelques centimètres.

Michael, tu me rends folle. STOP

D'abord, c'était elle qui l'avait embrassé. Il essaya de garder le calme et analysa la situation. C'était clair qu'elle avait un problème, pas avec lui , il l'espérait de tout cœur, mais peut être avec les hommes en général...ce qui ne le laissait pas, de toutes façons, en position trop avantageuse , vu sa condition masculine.

Victoria...

Il essaya de placer un mot ou deux. Apache était revenue et se frottait joyeusement aux jambes de la jeune femme...satanée bestiole, elle se prenait vraiment pour un chat domestique, ou quoi? Mais le résultat fut meilleur qu' escompté. Il leur suffit d'échanger un regard , de ceux qui valent mille mots, pour qu'elle retombe dans ses bras. Ce n'était pas lui qui allait se plaindre.

Peut-on aimer si vite ? Je suis folle. Ramène-moi à la raison.

Pourquoi donc? Tu es merveilleuse comme ça!

Il éclata de rire en la voyant arquer un sourcil en accent circonflexe et la serra contre lui, sans toucher le thème de l'amour, pas question de la rendre plus nerveuse encore.

Tu as raison, tu es un peu folle mais ce n'est pas seulement ça, hein? Il me semble que tu as un peu peur de moi. C'est ça, non?

Comme elle ne disait rien , il l'embrassa sur le bout du nez et lui entourant les épaules de son bras, commença à marcher.

C'est peut être ridicule d'en parler mais une fois on m'a dit que...j'étais trop beau pour être honnête...je parie que c'est ce qui te dérange? ou as tu quelque chose contre les blonds? Je peux me teindre les cheveux, si c'est ça? ou encore me faire pousser le nez, je ne suis pas trop doué en métamorphose humaine, mais on trouvera bien quelque chose...

Puis, en devenant soudain sérieux, il s'arrêta et la regarda, droit aux yeux (ça semblait bien marcher!).

La dernière chose que je veux est te ramener chez toi et te laisser là. Je sais, tu trouves que ça va un peu vite...alors, on prend les choses avec plus de calme. On se balade, on bavarde, on se connaît...et après, on voit ce qu'il se passe, d'accord?

Et il espérait, sincèrement, qu'elle ne leur refuserait pas cette opportunité!

La tirade de Michael provoqua un déluge de rires et de pleurs mêlés. L’imaginer avec un autre nez ou d’autres cheveux était absolument irrésistible. IL était irrésistible.
Qu’elle en ait peur, oh là oui ! Petite fille sage, échaudée au tendre âge, Vic se méfiait comme de la peste des hommes entreprenants. Elle ne reprochait rien à De Brent. Il n’avait commis aucun acte répréhensible ou choquant. C’est d’elle aussi qu’elle avait peur, de ses battements de cœurs furieux qu’elle avait ressentis contre lui.
Il lui parla si… délicatement que la sauvageonne s’adoucit. Aller lentement ? Apprendre pas à pas à se connaître, à se comprendre sans penser à autre chose ?
Si un miracle existait, alors il était en train de se produire car jamais Miss Standford n’aurait cru qu’un homme du style de Michael puisse se montrer aussi… prévenant.

Je signe, pouffa-t-elle et te demande d’excuser mon attitude assez, euh, déjantée. Je ne veux plus souffrir. Il s’appelait Emmanuel… j’avais 16 ans. Mais on s’en moque, n’est-ce pas ?

Les yeux de Michael, le sourire de Michael…

Ne change surtout rien à ton physique, s’il te plaît. Il m’agrée entièrement. Je ne m’attendais pas à… ça. Je suis peut-être miss catastrophe, tête en l’air et délurée mais je suis beaucoup plus raisonnable qu’il n’y paraît.

De là à lui dire « à moi, on ne la fait pas » il n’y avait qu’un pas qu’elle ne franchit pas.
Elle préféra, de loin, serrer ses doigts dans les siens pour poursuivre cette balade inattendue.
Apache resta collé à ses mollets, ce qui lui plut énormément.

Entre bêtes, on se comprend, rit-elle en voyant l’expression surprise du garçon.

Et si tu me parlais de ton… moi profond, à présent ?

Bon! Après cette séance de promesses acceptées, Michael se sentit, lui aussi, rassuré. Victoria avait eu un désenchantement amoureux qui l'avait marquée et il pouvait comprendre parfaitement sa réticence à entreprendre une relation avec lui, qui était, somme toute, un parfait inconnu. Quant à lui, entreprendre une nouvelle relation amoureuse en ce moment de sa vie, n'était pas la meilleure idée pas que le faire avec Victoria ne le tentait pas...il devait d'abord mettre, raisonnablement, en ordre, le désordre de sa vie affective, dernièrement en état assez catastrophique.

Ils marchaient tranquillement, main dans la main, flanqués d'une Apache soudain très sage et câline comme un petit chat.

Et si tu me parlais de ton… moi profond, à présent ?

Il s'y attendait, à cette requête. C'était juste et absolument normal qu'elle veuille savoir un peu plus sur lui. Il prit son temps, en essayant de se décider par où commencer et préféra attaquer le point algide.

Je suis sûr que lorsque tu as entendu mon nom de famille, ça t'a dit quelque chose. Malheureusement les De Brent sont très connus.

Le "malheureusement" l'avait fait tiquer mais il poursuivit comme si c'était absolument normal de dire ça.

Ma famille a fait son choix, il y a très longtemps, de servir les forces du Mal. Rien d'étonnant, qu'ils soient des fidèles serviteurs de Voldemort. Tous, excepté ma mère, sont des Mangemorts. Elle n'a jamais voulu l'être mais ne s'oppose tout de même pas à leurs idées.

Elle avait marqué un arrêt et le regardait avec une certaine crainte dans ses yeux verts.

J'étais un Serpentard et été entraîné pour en devenir un...mais je n'ai jamais reçu la marque. Je suis passé au camp opposé. Bien sûr, ma famille n'est pas précisément ravie d'avoir un traître portant leur nom mais ils devront vivre avec ça. Je suis un Auror, je travaille pour le Ministère de la Magie même si je suis loin de partager les idées de ces bons à rien...mais enfin...Que veux tu savoir de plus?

Il savait ce qu'elle tenait à savoir mais ne se sentait pas prêt à passer aux aveux complets. Michael en voulait même pas s'imaginer sa réaction si elle apprenait qu'il allait bientôt être père, de jumeaux par surcroît, qu'il était séparé, de mauvaise façon, de leur mère. Qu'il avait une affaire passionnée avec sa meilleure amie depuis le temps de l'école et qu'il ne savait pas où en donner de la tête parce qu'on lui avait fait une étrange prédiction où, vraisemblablement, la jeune américaine avait beaucoup à voir.

Et si ça te préoccupe...je suis célibataire!

Il accompagna ces mots d'un sourire angélique et avant qu'elle finisse de se remettre de ces déclarations, l'entraîna vers la Rover garée non loin de là.

Assez d'air frais pour aujourd'hui. Je suis sûr que les joyaux de la Couronne te tentent plus que la sombre histoire de mes ancêtres, puis on ira déjeuner par là...et après, un tour par le Chemin de Traverse pour une glace au chocolat...qu'en dis tu?

Michael ne s’était pas dérobé. Il avait parlé de lui et de sa famille avec un naturel criant de vérité. Bien sur Vic connaissait la triste réputation des De Brent. Elle crut pressentir comme une douleur cachée quand il parla de sa mère.

`Pauvre femme, pensa-elle sincèrement navrée.

Puis, il avoua être célibataire. Là, elle dut faire un gros effort pour demeurer impassible. Il y avait quelque chose. Elle ne savait pas quoi mais la finaude n’était quand même pas née de la dernière pluie. Un jeune homme aussi séduisant serait seul… ? Mon œil.

Elle fit taire la foule de questions qui se pressait sur ses lèvres pour accepter de monter dans la voiture. Pour un peu, elle lui aurait demandé de p^rendre le volant, histoire de se détendre. Bonne conductrice, Vic n’avait jamais eu le moindre accident et ici, à moins qu’un arbre ne décide de traverser la route, ils ne risquaient rien. Michael semblait avoir encore plus besoin qu’elle de se détendre. Le rendrait-elle nerveux ?
Ils mirent à exécution le plan prévu par l’Auror. La tour de Londres et ses joyaux la laissèrent béate d’admiration. Comment des gens pouvaient-ils porter ça ? Et ces histoires de corbeaux qui devaient rester là sous peine de catastrophe la firent beaucoup rire.

Un passage dans un resto sympa satisfit les estomacs. Vic s’épancha (outre de la sauce sur sa veste) sur sa vie toute simple, voire banale qu’elle menait chez elle. La glace était une tentation… irrésistible. Ce fut elle qui ouvrit le passage du chaudron Baveur.
Chez Florian, entre deux cuillères, elle osa :

Mes parents sont très à cheval sur certains principes. Ils sont catholiques, croyants et pratiquants. Tu imagines leur tête d’avoir une fille sorcière. N’empêche que je les respecte infiniment et ne les décevrai… sous aucun prétexte.

Comprenne qui peut, Miss Standford venait d’élever une certaine barrière. Ce qui ne l’empêcha pas de se goinfrer gentiment en lançant des œillades mutines à son compagnon.

Pour la deuxième fois en trois jours, Michael se retrouva face à une glace au chocolat, chez Florian Fortarôme. Lui, qui même adolescent, n'avait pas trop fréquente cet établissement. Mais voir Victoria déguster la sienne était un plaisir dont il ne se priverait pas.

Parlant de tout et de rien, la jeune femme aborda le thème de sa famille.

Mes parents sont très à cheval sur certains principes. Ils sont catholiques, croyants et pratiquants. Tu imagines leur tête d’avoir une fille sorcière. N’empêche que je les respecte infiniment et ne les décevrai… sous aucun prétexte.

Cette déclaration, mine de rien, lui laissait clairement entendre où était sa place et comment se tenir avec cette demoiselle si spéciale.

Il la regarda, avec un sourire un peu de travers.

Génial. S'ils se font un peu de bile parce que tu es une gentille sorcière, je ne veux pas voir leurs têtes s'ils ont vent de mon existence...à leurs yeux, je dois faire aussi bonne figure qu'un protestant, activiste de la IRA, belligérant et raciste, par dessus le marché.

Avec une moue résigné, il continua de manger sa glace mais ses yeux avaient perdu leur éclat joyeux. Au bout d'un instant, il reposa sa cuillère .

Tu aurais dû balancer ta salade sur un sympathique Gryffondor. Tu es tombée sur le mauvais gars, Victoria.

Michael se sentait incapable d'avaler une bouchée de plus, les paroles de la jeune américaine l'avaient atteint à son point le plus faible: son orgueil. La fille lui plaisait énormément, elle était adorable, intelligente et amusante. Au long de sa vie, il avait connu beaucoup de femmes mais aucune n'avait réuni ces qualités. Des adorables, il y en avait pas mal. Des intelligentes peu. Des amusantes, quelques unes mais aussi bêtes que leurs pieds. Et il éprouvait des énormes difficultés à se lier avec une femme avec laquelle il ne pouvait pas maintenir une conversation cohérente. Victoria, elle...pas une seconde pour s'ennuyer.
Mais elle venait d'ériger entre eux une barrière. Cela le blessa ,en quelque sorte. Trop habitué à dicter sa propre loi, obéir aux restrictions d'autrui devenait un peu ardu.

Il la regarda finir son somptueux dessert, sans rien dire. Dans sa tête, les pensées se bousculaient à toute vitesse et en grand désordre. Sans s'en rendre compte, il affichait le semblant presque boudeur du gosse à qui on a refusé un cadeau , mais qui est en train de manigancer le moyen de l'obtenir tout de même.

Il se fallut d'une apparition, assez surprenante, pour créer diversion et lui permettre de se détendre un peu. Son meilleur ami et son amie, la médicomage venaient d'entrer chez le glacier.

Justin! Kali! mais quelle surprise. Je ne me serais jamais attendu à vous trouver ici.

Il s'était levé et allé au devant du couple, tout content de revoir son copain, qui d'ailleurs ne manqua pas de jeter un coup d'œil vers la jeune américaine, qui suivait leur rencontre avec un sourire poli.

Il me semble que tu as pas mal de choses à me raconter...depuis le temps!

Michael réagit au quart de tour, avec un sourire sans éclat.

C'est une amie.

Puis allant vers la jeune femme procéda à faire les présentations.

Victoria, voici mon meilleur ami Justin Davenport et Kali Leonhart, médicomage réputée et amie très chère. Justin, Kali, voici Victoria Standford, elle vient de Boston et est à la recherche de ses racines anglaises. Mais asseyez vous avec nous!

Leur laissant le loisir de la conversation, il retomba dans ses moroses pensées, ce qui bien entendu, n'échappa à personne même si on se garda bien de lui en faire la remarque.

Ils devaient s'être très bien entendu, car à sa suivante retombée sur terre, il apprit que Victoria et lui étaient invités à dîner chez Justin, le soir même.

Magnifique idée. Je suis sûr que Victoria sera fascinée par ta Folie. Faire du tourisme dans le monde moldu avec moi peut être ennuyeux...tu serais un bien meilleur guide , Justin...au fait Victoria, mon ami était à Serdaigle et vient d'une excellente famille moldue, tout ce qu'il y a de plus comme il faut!

Tant pis si les autres pensaient qu'il râlait, ils auraient raison...il râlait!

Qu’avait-elle fait ? Ou plutôt dit ? Son compagnon tirait une drôle de tête. L’ambiance si douce de l’instant d’avant semblait évaporée.
Michael De Brent était insaisissable, Vic était déconcertée. Qu’entendait-il par son « Tu es tombée sur le mauvais gars » ? Elle lui aurait bien demandé des explication sur ce revirement mais n’en eut pas l’occasion avec l’arrivée de deux personnes sympathiques auxquelles Michael la présenta en toute simplicité.
Qu’en pouvait-elle si ses parents étaient des gens assez bornés. Elle, elle ne l’était pas. Elle choisissait ses amis et fréquentations sans s’embarrasser de la couleur de la peau ou de la religion.
Orgueilleux ? Mister De Brent était risible avec son air boudeur d’enfant gâté à qui on a retiré son jouet. Miss Standford ne serait le jouet de personne. Si c’était ça qui dérangeait Michael, tant pis.
Une invitation à dîner leur tomba dessus et malgré son humeur sombre, l’Auror accepta pour eux deux. Elle était surprise et sa dernière réplique la piqua à vif :

tu serais un bien meilleur guide , Justin...au fait Victoria, mon ami était à Serdaigle et vient d'une excellente famille moldue, tout ce qu'il y a de plus comme il faut!

Mais qu’en avait-elle à faire de ce Justin machin ? Quelque chose s’était passé entre eux deux, aucun doute là-dessus, et c’était tout juste s’il ne voulait pas lui fourguer son pote ?

Vic n’eut plus qu’une envie, voir ce couple filer et en vitesse. Très polie, élevée comme il le faut, elle joua l’enthousiasme en regard à l’invitation, sourit gentiment, et papota gaiement.
Au fond d’elle-même, elle râlait ferme.

Chic ! Voilà les amis qui partaient.

Oui, d’accord, nous viendrons pour 20 heures, blabla.

Ils n’avaient sûrement pas encore tourné le coin de la terrasse que Vic fronça les sourcils :

Michael… je me fous complètement que tu sois un Serpentard doté d’une horrible famille. On ne choisit pas sa famille mais bien ceux avec qui on veut partager… un bout de chemin… ou plus loin.
Il faut laisser le temps au temps.

Son ton ferme, se mit à chavirer, ses lèvres à trembler :

Tu n’aimes pas que l’on te dicte ta conduite ? Eh bien… moi non plus. On ferait tout aussi bien d’en rester là. Tu m’excuseras auprès de tes amis, merci pour tout, adieu.

Elle rejeta sa serviette et se leva, les paupières lourdes de pleurs rentrés. La porte l’attira comme un aimant. Plus vite elle serait dehors, mieux ce serait.

Si l'arrivée de Justin et Kali l'avait sauvé de continuer à se comporter comme un imbécile, leur présence ne l'empêcha pas de se montrer sous son pire jour et leur départ ne lui épargna pas la réaction de Victoria.

Michael… je me fous complètement que tu sois un Serpentard doté d’une horrible famille. On ne choisit pas sa famille mais bien ceux avec qui on veut partager… un bout de chemin… ou plus loin. Il faut laisser le temps au temps.

Il ne répliqua pas mais savoura pendant un instant ses mots partager, bout de chemin ou plus loin. Donc elle pensait à quelque chose d'autre qu'à une plate amitié. Cette constatation le remit d'aplomb mais ça ne dura pas trop longtemps. Le ton de Victoria perdant fermeté, ses lèvres tremblaient et il devina qu'elle était à point de se mettre à pleurer.

Tu n’aimes pas que l’on te dicte ta conduite ? Eh bien… moi non plus. On ferait tout aussi biend’en rester là. Tu m’excuseras auprès de tes amis, merci pour tout, adieu.

Nom d'un gnome! Elle était furieuse. Sa serviette tomba sur la table au temps qu'elle se levait et filait vers la porte presque au pas de course.

Estomaqué par ce revirement de la situation, Michael mit quelques secondes à réagir. Il se leva comme si une vipère venait de le piquer, jeta quelques gallions sur la table et s'élança à la suite de l'américaine. Un serveur, chargé d'un lourd plateau serti de glaces eut la mauvaise idée de croiser son chemin, il ne se gêna pas le moins du monde et le poussa sans contemplations. Plateau et glaces valsèrent dans les airs, qu'importait, ça ferait un petit méfait de plus à son actif.

Victoria quittait la terrasse. En deux bonds, Michael fut près d'elle et l'empoigna par la bras. Il n'avait pas voulu pas se montrer brusque mais son geste ne fut pas trop doux.

Vic...je t'en prie, ne t'en vas pas comme ça.

Elle se dessaisit de sa poigne et lui lança un regard ulcéré, noyé de larmes.

Je suis un imbécile de la pire espèce, un véritable crétin. Je t'en supplie ne pars pas.

Il suppliait? C'était du nouveau ça. Il venait de mettre à bas se propres barrières, fichu orgueil qui ne servait de rien. Il s'en fichait. La dernière chose qu'il voulait était de la voir partir, sortir de sa vie, comme si rien.

Tu as...dit qu'on ne choisit pas sa famille mais bien ceux avec qui on veut partager un bout de chemin ou plus loin...tu penses donc que nous pourrions partager cela. Je le pense...je le veux, je tiens vraiment à partager quelque chose avec toi...en trois jours, tu as mis ma vie sens dessus dessous et je sens que ce ne serait pas du tout facile de me passer de ça...je t'en supplie, Vic, ne pars pas. Gifle moi, si tu veux, roue moi à coups de pied, je l'aurais bien mérité.

Michael De Brent . M. L'arrogant attitré, était en train de faire une scène dans la rue, au vu et au su des passants et s'en moquait royalement. Il ne pouvait pas quitter des yeux le visage de la jeune américaine, de guetter sa réaction, d'attendre son absolution .

Je ne suis pas le meilleur des hommes, ça c'est sûr mais si tu choisis de faire ce bout de chemin avec moi, je te jure que je ferai de mon mieux pour redresser ma vie...Victoria, je crois que je suis en train de me déclarer et ça, je ne l'ai jamais fait avant.

Elle fuyait, le fuyait c’était le mot. Les idées à l’envers, le cœur retourné, elle courait en pleurant comme la fontaine. Michael courut plus vite qu’elle.
Vic ne s’ attendait pas à ce qu’il la rattrape en pleine rue et qu’il la force à l’affronter. Sa première réaction fut de renâcler telle une jument rétive à qui on veut passer la bride. Rien à faire pour s’échapper, il lui faisait mal au bras. Alors, pour éviter un scandale public, elle se calma et écouta le plaidoyer.
Qu’il se traite de crétin, la prie de le rouer de coups la stupéfia.
Il en sortit tellement que la demoiselle en fut… baba. L’idée d’un bout, d’un bon bout, de chemin ensemble semblait l’avoir atteint. Il ne voulait pas qu’elle disparaisse de son horizon ? ça c’était une fameuse reddition.

Je ne suis pas le meilleur des hommes, ça c'est sûr mais si tu choisis de faire ce bout de chemin avec moi, je te jure que je ferai de mon mieux pour redresser ma vie...Victoria, je crois que je suis en train de me déclarer et ça, je ne l'ai jamais fait avant.

Vic en eut des frissons des orteils au sommet du crâne. Ne venait-il pas d’avouer qu’il… l’aimait ?
Elle baissa la tête. Quelque chose en elle palpitait furieusement. Séduite, attirée, tentée ? Comment résister ? S’il baissait les armes, elle pouvait faire pareil sans pour autant perdre la face.
Elle se mordit la lèvre supérieure, soupira un grand coup puis plongea son franc regard dans celui du jeune homme. D’un ton très doux, elle dit :

D’abord, cesse de me malmener le bras, s’il te plaît, ça fait mal.

Michael sursauta, manifestement, il ne se rendait pas compte de la force déployée.

Dès qu’elle fut libre, elle eut un sourire éclatant en se jetant au cou du jeune Auror :

Je crois que c’est la plus belle déclaration que l’on m’ait faite.

Un long, très long baiser suivit, de quoi étonner les sorciers qui passaient. Le couple s’en fichait ; Vic et Michael scellaient un pacte d’alliance de la plus tendre des façons.

Par Merlin! Son discours semblait avait donné plein dans le mille. Il s'était attendu que ses paroles calment un peu la jeune femme mais de là à qu'elle lui saute au cou!!! Il avait presque du mal à y croire, mais le baiser dont il se vit octroyé état des plus convaincants.

Ce fut un baiser mémorable. Il faudrait beaucoup de temps aux passants du Chemin de Traverse pour oublier la scène. Ce n'était pas tous les jours qu'on voyait ce genre de choses dans le coin. La première surprise passée, il y en eut plus d'un ou plutôt d'une, qui finit ,tout de même par, reconnaître Michael et à partir de cet instant, les langues allèrent à un train de diable.
On lui connait pas mal d'aventures, à celui là! N'était il pas avec une jeune autrichienne, une chanteuse? Mais non, il avait une femme enceinte jusqu'aux yeux...on a vu ça dans un magazine moldu! Quelle horreur, ces jeunes quelle décadence! C'est une honte, un fils de bonne famille se comportant de la sorte! Qui est cette femme? Etc, etc, etc...

Ils eurent du mal à s'arracher à l'émerveillement de cet instant magique, mais il fallait bien retomber sur terre un jour ou l'autre. Il suffit d'une seconde pour que Michael se rende compte de l'intérêt qu'ils suscitaient.

Nous ferions mieux de nous en aller, Vic...là on commence à nous regarder d'un drôle d'air. On trouvera bien un endroit plus calme.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Cinq minutes plus tard, ils se retrouvaient dans le Londres moldu, loin des regards censeurs et des commentaires outrés.

Ils entrèrent dans un petit pub, d'aspect accueillant et prirent place à une petite table, dans un coin tranquille.

Il faut vraiment que nous parlions, Victoria.

Le serveur posait devant eux leur commande. Du vin blanc pour elle, un cognac pour lui. Michael attendit qu'il disparaisse pour poursuivre.

Mais je pense que ce sont assez d'aveux pour un jour.

Il avait pris sa main par dessus la table, sans la quitter des yeux, sachant parfaitement qu'elle brûlait d'envie de lui poser mille questions. Questions auxquelles il ne se sentait pas tout à fait prêt à répondre. Le moment viendrait et il savait que ce ne serait pas facile, alors là pas du tout!

Par contre, une visité guidée au musée de Mme. Tussaud nous ferait une fin d'après midi très...enrichissante!

L'option fut acceptée et une fois, leurs boissons finies, ils se mirent en route.
Un charmant tour en taxi londonien plus tard, ils arrivaient à destination.

Si on arrive dans ce musée avec la simple idée de s'amuser ou de voir des jolies choses, on est bientôt déçus. C'est plutôt un parcours, très "vivant", au sein de l'histoire. Aux moments les plus scabreux de l'histoire.

Un petit tour au temps de la Révolution française, fit que Victoria s'accroche à son bras en faisant des commentaires plus qu'horrifiés. Pour ne pas parler de celui à La Tour de Londres, de sombre souvenir, où le billot ensanglanté et une tête dans le coin, faisaient se soulever plus d'un cœur. Quand vint le tour de Jack The Ripper, Miss Stradford tremblait presque d'effroi....malgré les commentaires humoristiques de Michael. Il eut droit à des bonnes claques sur le bras, parce qu'elle n'appréciait pas trop ce sens de l'humour noir. Heureusement que se trouver face à face avec d'autres personnages illustres de meilleur renom, la calmèrent. Elle fut à point de faire la révérence devant la famille royale et ses yeux s'emplirent de larmes en découvrant Lady Di, morte tragiquement, quelques mois auparavant.

La visite pouvait être qualifié de succès et quand ils sortirent du musée, l'esprit un peu chamboulé par tant de découvertes,il était temps d'aller se préparer pour le diner chez Justin.

Je te laisse chez toi et reviens te chercher près de 8:00 pm. On trasplanera directement chez Davenport.

Il se forçait à garder une attitude très comme il faut et prit congé de Victoria au bas des escaliers, après un baiser très tendre.

À l'heure dite, ils se matérialisaient dans le hall de la somptueusement mansion Davenport, si bien nommée " La folie des grandeurs", Victoria ne tarda pas à se rendre compte du pourquoi de ce nom...

Cette visite impromptue au musée de Marguerite Tussaud après une si tendre rédemption anima Vic tout en l’effrayant. Ces Anglais… Quelle histoire ! Longue, sombre, parfois terrible. Plusieurs fois, la jeune sorcière sursauta en s’accrochant au bras de son bien-aimé. Les scènes représentées étaient si réalistes que parfois Vic fut franchement écœurée. A plusieurs reprises, elle dut s’accrocher au bras de son cavalier qui, lui, riait de ses effarements.
Assez désorientée, Victoria sortit du musée de cires. Elle implora de rentrer à l’appartement ce que heureusement Michael accorda.
Le quitter jusque 20 heures… Vic n’en avait aucune envie. Il le fallait cependant. Elle soupira en l’embrassant avant de se couler dans un bain relaxant.
Que lui arrivait-il ? Perdue dans la mousse, Miss Standford riait et pleurait. Ue se passait-il ? Sa vie si simple et calme basculait d’un coup. Ce De Brent… Ses parents, s’ils savaient…

* Je ne dirai rien. Ils ne connaissent pas le monde magique. Michael est … Un être d’exception. Est-ce que je le mérite ?*

Parfumée, maquillée très peu, moulée dans un fourreau de soie du même ton que ses yeux, elle attendit que Mr De Brent vint la quérir.

Pile à l’heure – chose dont elle le gratifia d’un immense sourire – une étole de vison sur les épaules, elle transplana avec lui jusqu’à la « Folie » de Davenport.
Ça, c’était une fameuse « baraque » Jamais Vic n’en avait observé une pareille. Hôtes exemplaires, Justin et Kali les firent visiter ce haut lieu avant de passer à table. Et quelle table !
Tout fut parfait, sans une fausse note. Ces deux-là s’entendaient très bien. Au dessert, Vic se contracta lorsque Kali proposa :

Restez pour la nuit. On a plus de chambres qu’il n’en faut, n’est-ce pas mon chéri ?

Très ( trop ?) vite, Vic répliqua :

Si vous en avez deux, ça va. Sinon, Michael me raccompagnera.

Ils la regardèrent assez bizarrement ainsi que Michael. Vic se serait bien cachée sous la table mais comment avouer que jamais elle n’avait partagé la chambre d’un homme ? 22 ans… une soumission parentale totale… qui pouvait comprendre ?

Tout se déroulait à la perfection. Justin savait faire les choses et était un hôte incomparable. Michael se réjouissait de le voir en si bons termes avec Kali, qu'il avait appris à apprécier vraiment. Victoria semblait très à l'aise en leur compagnie et le dîner se déroula dans une ambiance festive, pointée d'anecdotes et rires.

Le dessert était servi. Victoria, très gourmande était aux anges mais au moment où Kali leur dit de rester pour la nuit, il remarqua, comme tout le monde d'ailleurs, son expression légèrement contractée. Sa réponse ne se fit pas attendre et fut, pour Justin et Kali, un peu déconcertante.

Si vous en avez deux, ça va. Sinon, Michael me raccompagnera.

Lui, il comprit parfaitement bien. Après ce qu'elle lui avait raconté sur sa famille, pas de doutes qu'elle était très à cheval sur les principes. Pas question de la brusquer et supposer que d'un instant à l'autre elle serait ravie de passer la nuit dans la même chambre que lui et comme les autres pensaient, certainement, dans son lit.

Pour ce qui est d'autres chambres je suis sûr que Justin pourra t'en offrir une douzaine au choix, Victoria. Tu as sûrement remarqué que celle ci est une baraque surdimensionnée. Pas de problème, nous pouvons rester, si tu veux bien entendu et demain on fera une promenade à cheval. Ceux de Justin sont superbes. Tu montes à cheval?

Justin et son amie avaient suivi son petit discours d'un air plus que surpris. Depuis quand Michael De Brent se montrait il si prévenant, respectueux et délicat avec une femme? Pas un "je veux" dans sa conversation. Où était donc passée son arrogance princière? Qu'avait cette jeune personne pour l'avoir transformé de la sorte?

Ils suivirent donc ,avec croissant intérêt , la suite des événements de cette soirée. Michael se montrait charmant, bavard et plein d'attentions envers la jeune américaine. Leurs regards s'accrochaient souvent, complices. Il souriait , angélique...en fait ce soir, il avait vraiment l'allure d'un bel ange tombé tout droit du Ciel.

Justin n'y tint plus. Laissant les filles en grande conversation entre elles, il prit son copain du bras et l'entraîna à l'écart.

Dis donc, il se passe quelque chose que je ne comprends pas...c'est quoi ce petit manège avec cette fille?

Quel manège?

Allons, ne joue pas les innocents avec moi. Cette après midi, tu boudais comme un gosse et elle était super énervée et puis hop! ce soir, une réapparition en beauté. Elle resplendit et toi, tu joues les angelots...

On est amis.

Justin semblait consterné par l'empotement évident de son ami.

Amis? Depuis que je te connais tu n'as jamais eu une femme pour amie à moins que pour toi coucher avec elles soit un signe d'amitié.

Victoria et moi on est amis, je ne vais pas coucher avec elle, ni ce soir ni demain. Pas besoin de me regarder comme ça, je ne suis pas malade. Elle es spéciale, Justin, pas comme les autres.

Hum! et parlant des autres...que fais tu avec Kendra, les enfants et encore avec Mystery...parce que là, il y a toujours quelque chose, hein?

Toute placidité s'enfuma de l'expression de Michael. il reprit l'air rogue qui lui était habituel.

On en parlera une autre fois! Je n'ai aucune envie de me gâcher la soirée en pensant à mes divers problèmes.

Justin soupira en secouant la tête, en bon camarade il tapa l'épaule de son copain.

Pauvres femmes! Tu les séduis et elles se transforment en problème. Fais gaffe, Michael, un de ces jours on va pêcher ton cadavre gonflé dans le fleuve et ce ne seront pas les Mangemorts qui t'y auront jeté.

Tu es un ami magnifique, Justin, rien de plus engageant que tes prédictions.

Avec un sourire de féroce morosité, il fit demi tour et laissant Justin à ses réflexions, rejoignit les femmes. Victoria l'accueillit avec un sourire lumineux et il essaya de se recomposer une face plus amène. Mais , bien entendu, elle ne fut pas dupe. Elle se posait des questions, à coup sûr!
Il se contenta de prendre sa main et lui offrir son plus beau sourire, mais le cœur n'y était pas. Les paroles de Justin lui avaient donné de quoi penser.

Pour une belle soirée, c’en fut une. Tout était parfait. Justin et Kali, très complices, se montrèrent des hôtes accueillants et la table de Mr Davenport était à la mesure de la « baraque » la plus démentielle qu’elle eût visitée.
Après l’allusion aux chambres, Justin et Michael s’étaient éclipsés. Vic resta donc avec Kali qui, sans son satellite, paraissait moins à l’aise avec elle. Redoutait-elle une pluie de questions sur Mr De Brent ? Si c’était le cas, Vic lui prouva rapidement qu’elle avait tort de se tracasser.
Elles n’échangèrent que des banalités sur leurs origines, le temps, la « folie » de Davenport.
Au retour, quelque chose avait changé dans l’attitude de Michael. Il eut beau jouer la parfaite innocence, un petit pli sous ses blonds cheveux trahissait son état… d’émotions.

* Se seraient-ils disputés ?*

A la réflexion, non. Justin lui aussi n’était plus trop jovial mais il n’y avait aucun orage dans l’air.
La soirée se poursuivit donc un peu platement et ce ne fut pas une grande surprise lorsque Davenport prit la main de Kali en souhaitant « bonne » nuit aux invités.
Un dernier cognac en tête-à-tête, Michael escorta Vic jusqu’à une des nombreuses chambres.
Prévenant, il n’essaya pas de forcer sa porte, lui baisant juste les lèvres avant de se retirer dans la pièce d’à côté.
Le matin trouva une Miss Standford très en forme. Elle avait entendu parler de piscine et ça, c’était irrésistible. Peut-être devait-elle demander la permission ? Elle jugea que non. Davenport ne s’embarrassait pas avec ce genre de détail. S’il ouvrait sa maison, ses invités y étaient les maîtres et pouvaient même piquer l’argenterie, elle l’aurait parié.
La piscine fut découverte et étrennée par de joyeuses brasses après lesquelles, fraîche comme un gardon, vêtue en amazone, Miss Stanford aurait avalé tout un chaudron. Le petit déjeuné était installé à la salle à manger. Style buffet, service à volonté. Justin et Kali s’y était déjà adonnés, Vic s’inquiéta du devenir de Michael. On lui répondit qu’il l’attendait aux écuries lorsqu’elle désirerait s’y rendre. Vic avala des œufs brouillés et un croissant à toute allure puis fila gaiement dehors.
Elle n’eut aucun mal à débusquer son ami qui flattait l’encolure de deux superbes pur-sang arabes déjà sellés.

Bonjour Michael. Tu es matinal. Cette journée a l’air idéale pour une chevauchée… fantastique.

Un sourire aux lèvres, elle s’approcha en quête d’un bisou avant de coiffer sa bombe.

Quelle nuit misérable. Il s'était retourné dans son lit, en cherchant en vain le sommeil. Celui ci l'avait esquivé jusqu'aux premières lueurs du jour et encore, quand il s'endormit, ses rêves furent peu plaisants. Au bout de deux heures de sommeil agité, il s'était levé plus fatigué encore qu'au moment de se coucher.

Il se contenta de café noir comme petit déjeuner, ignorant les mets du somptueux buffet et éludant, presque impoliment, toute conversation avec Justin, se contentant de lui dire qu'il serait aux écuries.

Michael sella lui même deux chevaux, en prévision d'une promenade avec Victoria. Il avait besoin de s'occuper pour essayer de se libérer l'esprit des idées qui le tourmentaient, depuis la veille au soir. Kendra. Les enfants. Mystery. C'étaient beaucoup de secrets qu'il taisait par égard à la jeune américaine. Secrets qu'il faudrait éventer tôt ou tard et il ne voulait même pas envisager la réaction de Victoria, si à cheval sur les principes...Ces principes qui, il le craignait bien, la feraient le juger très durement et probablement, la feraient le fuir comme à la peste.

Perdu dans ses pensées, il se surprit en voyant arriver la jeune femme, souriante, lumineuse. Il s'en voulut horriblement de se montrer si innocent. Elle était en train de tomber amoureuse de lui. Et lui d'elle, mais ce n'était pas le point. Lui, il verrait bien comment s'en sortir. Victoria, elle, risquait d'en avoir le cœur brisé et cela, il ne pourrait pas se le pardonner.

Bonjour, ma belle, prête pour un petit tour!?

Il essaya de se montrer désinvolte mais quand elle s'approcha, mutine, attendant un bonjour plus tendre, il ne se sentit pas capable de l'embrasser en amoureux et déposa un petit baiser de rien du tout sur son front.

Il l'aida à se mettre en selle et monta à son tour. Elle était ravissante dans sa tenue d'amazone. Elle semblait si heureuse, même si un peu surprise par son accueil si froid. Qui sait, peut être elle mettrait ça sur le compte de que quelques uns se réveillent de mauvais poil et sont intraitables jusqu'à bien entrée la matinée!

Mais la journée s'annonçait très belle et peu à peu, la morosité de Michael commença à céder. Victoria faisait les frais de la conversation et il essayait d'y prendre part avec un certain enthousiasme.

Ce fut Victoria qui proposa de faire un galop. Michael accepta, d'autant plus qu'il avait rudement besoin de défouler ses idées et quoi de meilleur que piquer les flancs de sa monture et partir comme une flèche.
Excellent écuyer depuis sa tendre enfance, Michael n'avait pas froid aux yeux à l'heure de franchir des obstacles qui auraient freiné un moins hardi que lui. Ce jour là, emporté par son élan légèrement kamikaze, il força sa monture à fond, sans compter sur l'esprit nerveux de l'animal. Que vit celui ci? Quel petit bruit, quelle ombre furtive effraya la noble bête au moment de franchir la haie?

Victoria qui arrivait à la saga, vit l'animal freiner à mort devant l'obstacle et Michael passer par dessus les oreilles et retomber brutalement le l'autre côté.

Il ne s'y était pas attendu. Jamais un cheval ne l'avait désarçonné. Pendant une fraction de seconde, il se dit que la vie était ridicule. Puis son corps atteignit le sol, avec un fracas sourd. Il lui sembla entendre un hurlement de terreur avant de sombrer dans le néant...

L’humeur de Michael ne semblait pas excellente. Se voir embrasser sur le front déconcerta la jeune fille. Que se passait-il ? Qu’est-ce qu’elle avait encore dit ou fait de travers ?
Il l’aida galamment à enfourcher sa monture. Au petit trot d’abord, sans presque une parole, ils cheminèrent dans l’immense parc qui entourait la propriété de Davenport.
Puis, Vic n’y tint plus, elle défia son compagnon.

Un petit galop ? sourit-elle.

Peut-être n’aurait-elle pas dû ? Michael partit comme une fusée en piquant les flanc du pur-sang. Elle l’admira un instant avant de se mettre à le suivre. Fameuse cavalcade ! Peu d’obstacles se dressaient sur leur route. Pourtant, là…
Elle hurla à mort en tirant les brides du cheval : Michael venait de faire un vol plané épouvantable au-dessus de sa monture.
A terre en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire, Vic fonça derrière la haie qui lui cachait le corps de son amoureux. Les mains plaquées sur la bouche, des larmes ruisselant, elle s’approcha en murmurant :

Ne sois pas mort ! Ne sois pas mort.

La seconde d’après, elle l’étreignait en pleurs.

Michael, Michael dis-moi quelque chose. Tu as mal ? Dis-moi ?

Un examen rapide lui prouva qu’il était vivant. Tous les membres semblaient droits pas de fractures apparentes.
Un peu soulagée, Vic pensa qu’il ne s’agissait que d’une commotion. Michael n’avait pris aucune protection, son front s’ornait d’un énorme hématome.
Le berçant comme un enfant, elle lui murmura des paroles de réconfort alors qu’il reprenait ses sens.

Ça va aller, mon amour, je suis là.

Yeux clos, probablement perdu dans un certain chaos, Michel répondit en secouant la tête.

Kendra… Kendra…

Miss Standford se raidit. Elle tenta de le ramener à la raison; il poursuivit son délire.
Pour de belles, elle en apprit ! Futur père… deux maîtresses… Heureusement qu’elle était à genoux, ses jambes n’auraient pas supporté le poids de ces révélations décousues.
Devenue plus blanche qu’un linge, elle réagit enfin. Sortant sa baguette, elle lança une gerbe d’étincelles rouges qui eurent l’effet escompté en faisant apparaître le couple Justin-Kali.

Tu es médicomage. Voici un patient, dit-elle en se relevant. Pour le reste, excusez-moi. Merci de votre accueil mais je ne peux pas… je ne peux pas rester. Vous lui direz que… je lui adresse mes… félicitations.

Perturbée, meurtrie profondément, Vic transplana à la diable au risque de se désartibuler.

Ce fut une épave qui rentra aux Etats-Unis. Ses parents, compatissants, se doutèrent que leur fille chérie subissait un déboire amoureux. Elle leur dit juste son nom et s’enferma dans la dépression la plus noire. Le temps passa…

La chute de Michael eut des conséquences plus graves qu'on n'avait pu supposer à première vue. Une heure après l'accident, il n'avait toujours pas repris connaissance malgré tous les sortilèges appliqués par Kali , alors la jeune médicomage avait décidé de la le transférer à l'hôpital.
Victoria était partie, sans que personne ne songe la retenir. Un mot, reçu par Justin le jour d'après leur apprit que la jeune américaine regagnait son pays. Il ne fallait pas des longues explications. Justin et Kali le comprirent au quart de tour en entendant le douloureux délire de leur ami. Si Victoria avait eu droit au même lot de confessions hachées, pas de quoi s'étonner qu'elle ait préféré mettre de la distance entre elle et Michael De Brent, les femmes de sa vie et ses futurs enfants.

Ce ne fut qu'au bout d'une semaine que Michael commença à émerger de son état de prostration. Justin se trouvait à son chevet quand il ouvrit enfin les yeux. Pendant un moment, il regarda son ami comme s'il avait du mal à mettre un nom à ce visage puis lentement ouvrit la bouche, mais ne put émettre qu'une espèce de plainte inarticulée.

Calme toi, mon vieux, pas besoin de te mettre à parler...tu es réveillé, c'est ce qui compte.

Que...

Tu es tombé de ton cheval, Michael, tu nous a fichu une trouille de tous les diables.

Il ferma les yeux comme si un souvenir douloureux le tourmentait, tout était très confus dans sa tête...dans sa tête qui lui faisait atrocement mal. En les rouvrant, il fixa Justin d'un regard hagard et faisant un effort parvint à dire quelques mots.

Victoria...où est Victoria?

Surtout calme toi et concentre toi à reprendre tes forces! Tu as mal quelque part? Tu veux quelque chose?

Ma tête...ma tête me fait mal.

Pas étonnant, elle a pris un drôle de coup, ta caboche. J'appelle Kali, elle va t'aider!

Pendant les jours qui suivirent, il vogua dans un état incertain, jamais trop lucide mais non plus totalement absent. Il sentait que quelque chose allait mal mais ne pouvait définir quoi. Justin était toujours là, à le veiller avec le zèle d'une mère. Répondant à se demies questions par des demies réponses, ne voulant pas le brusquer en lui faisant un compte rendu de ses misères. L'absence de Victoria avait été reléguée à un miséricordieux oubli après que Kali lui ait dit que toute visite était interdite mais à mesure que les jours passaient, cette excuse devenait de plus en plus invraisemblable. Surtout après une rapide visite de Mystery, venue faire ses adieux avant de partir pour une tournée, avec son groupe, de durée indéterminée. Une apparition, inattendue, d'une Kendra de fort mauvaise humeur et un passage rapide de Mme. De Brent venue se pencher un instant au chevet de son cadet, dans le plus grand secret.
Justin vit venir la question et ne put que se résigner à dire la vérité.

Elle est partie, Michael. Victoria est retournée chez elle, aux États Unis.

Mais...pourquoi?

Elle a appris une paire de détails sur ta vie...

Quoi?...Qui...?

Toi même. Ce coup sur la tête t'a drôlement délié la langue. Ça n'a pas été trop sympa pour elle, faut la comprendre...elle était tout chamboulée, la petite.

L'expression de Michael lui brisa le cœur, pendant un instant Justin crût qu'il allait éclater en sanglots mais il tint bon. Carrant les mâchoires, il assuma la lourdeur de ses peines et ne dit pas un mot.

Trois jours plus tard, Kali lui permit de quitter l'hôpital et rentrer chez lui, où seules Bikita et Apache lui dispensèrent un semblant de bienvenue chaleureuse.
Il avait suffi de quatre jours avec Victoria pour que sa vie prenne un sens et une chute de cheval pour tout gâcher..pourquoi ne s'était il pas cassé la gueule, dans les plus propre sens du mot!?
Il ne lui restait qu'une option. Il la prit.

Il faisait un froid terrible à Boston. La veille, il était allé à Salem et avait obtenu ce qu'il cherchait...l'adresse des Standford, pour ce qu' il lui avait fallu déployer des trésors de charme, mais il s'en fichait, il aurait embrassé une guenon si nécessaire pour l'obtenir et ce n'avait pas été le cas!

La porte lui fut ouverte par une femme d'âge mûr, qu'il identifia à l'instant comme étant la mère de Victoria, elles avaient les mêmes yeux rieurs, le même sourire franc.

Mme. Standford?

Oui, c'est bien moi. En quoi puis je vous aider?

Elle détailla discrètement l'inconnu qui se trouvait à sa porte et il ne fallut qu'un instant pour deviner de qui il s'agissait. Son sourire diminua radicalement.

Je suis Michael De Brent. Je viens d'Angleterre pour voir Victoria. Je vous en prie, madame, je dois la voir.

» [-16] Gabrielle, gentille ? Non... Quoique... [Fe]

Pas de bol! Quoique... [FE]

Pas de bol! Quoique... [FE]

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